
■ c’étoit la patrie du poëte Claudien. C’eft l’opinion
la plus commune & la plus certaine.
On remarque que l’empereur Adrien avoit fait*
Tepréfenter Canope dans fa maifon de campagne. Ce
lieu y étoit décoré d’un grand nombre de curiofités
égyptiennes, qui, ayant été déterrées dans ces derniers
tems, ont été placées par le pape Benoît X IV ,
à Rome dans le capitole. ( + )
CANSCHI, f. m. ( Hijl. nat. Botaniq.) arbre du
Malabar affez bien gravé, avec la plupart de fes détails,
par Van-Rheede , dans fon Hortus Malabari-
cus, volume /, planche X L I I , page y G. J. Commelin,
dans fes notes fur cet ouvrage , l’appelle arbor race-
mofa Malabarica fruclu triquetro. Les Brames l’appellent
fchivauni. M. Linné, dans fon Syjlema naturel,
édition i z , page 3 6 2 , lui donne le nom de trewia i
nudjjlora.
Cet arbre s’élève à la hauteur de 60 pieds environ.
Sa racine eft épaiffe , ramifiée horizontalement, à
bois blanc, recouvert d’une écorce cendrée brune,
qui eft rougeâtre à l’intérieur. Son tronc eft cylindrique
, de deux pieds de diamètre, fur quinze à vingt
pieds de hauteur,- couronné par une cime fphéroïde
peu épaiffe , formée par des branches cylindriques,
alternes, afféz groffes , écartées fous un angle de
45 degrés au plus d’ouverture, à bois brun & écorce
d’abord verte, puis cendrée extérieurement & verte
intérieurement.
Les feuilles font alternes, difpofées circulairement
autour des branches, de forme elliptique, prefqu’en
coeur, obtufes en bas, pointues à l’extrénlité antérieure
, longues de quatre à huit pouces , de moitié
moins larges, entières, minces , molles, luifantes,
verd-brunes deffus, plus claires deffous, relevées de
trois côtes longitudinales, creufées en-deffus de leur
réunion d’une cavité, & portées pendantes fous ùn
angle de 45 degrés fur un pédicule cylindrique, une
à deux fois plus court qu’elles.
D e l’aiffelle de chaque feuille fort un épi pref-
qu’une fois plus court qu’elles, compofé de 50 fleurs,
dont trois ou quatre femelles mêlées avec les mâles,
ouvertes en étoile de trois lignes de diamètre, &
portées fur un péduncule cylindrique menu, un peu
plus long & écarté fous un angle de 45 dégrés.
Chaque fleur confifte en un calice de trois à quatre
feuilles triangulaires équilatérales, verd-clair, ouvertes
en étoile, & courbées en-deffous, pendantes
& caduques. Les mâlescontiennent 50 à 60 étamines
de même longueur, réunies comme dans le ricin,
ricinus, par la plus grande partie de leurs filets, en
une colonne verte à anthères jaunâtres d’abord,
enfuite rouflatres. Les fleurs femelles, au lieu d’étamines
, contiennent un ovaire fphéroïde, couronné
par trois ftyles veloutés fur leur face intérieure.
L’ovaire en muriffant devient une capfule en écorce
verte turbinée, c’eft-à-dire , pointue en-deffous ,
plate en-deffus, d’un pouce environ de diamètre,
de moitié moins large , portée pendante fur un péduncule
cylindrique menu, de meme longueur, marquée
extérieurement de trois filions longifudinaux,
par lefquels elle s’ouvre en trois valves ou battans
triangulaires, formant par 1& prolongement de leurs
bords, une çloifon membraneufe réunie au centre
du fruit pour former trois loges qui contiennent chacune
une graine fphéroïde affez femblàble à celle du
thé, de quatre à çinq lignes de diamètre, à dos convexe
& deux côtés plans , par lefquels elles fe touchent
& s’attachent au centre de la capfule. Les fruits
pendent au nombre de deux à trois vers le bout de
chaque épi qui pend aufli en forme de grappe pref-
qu’égale à la longueur des feuilles.
Culture. Le canfchi croît fur la côte du Malabar,
dans les terreins fablonneiix ; il quitte toutes fes feuilles
en même tems, & commence alors à fleurir.
Qualités. Toute la plante a une faveur amere af-
tringente.
Ufages. La déco&ion de fa racine fe donne pour
diflîper les enflures du ventre ; on en frotte aufli le
corps dans les douleurs de la goutte.
Il nous paroît que l’ufage qu’ôn attribue aux Ja-
ponnois, de faire du papier avec les rejettons de cet
arbre, provient d’une confufion de noms qui en a
impofé.
Remarques. Le canfchi fait un genre particulier de
plante qui paroît fe ranger naturellement auprès du
ricin, ricinus, dans la famille des tithymales, &
nous croyons que le nom moderne de trewia, que
M. Linné a voulufubftituer au nom Indien, doit être
rejetté , parce que cette innovation, loin d’avoir de
l’utilité,. eft préjudiciable à la fiabilité de nos con-
noiffances, que la multiplicité des noms fuperflus ne
fait qu’embrouiller. Voyez nos Familles des plantes ,
volume I I , pages fSy & 443. ( M. A d a n so n . )
CANTABILE, ÇMuJique. ) a djedif Italien, qui
fignifie chantable, commode à chanter. Il fe dit de tous
les chants dont, en quelque mefure que ce foit, les
intervalles ne font pas trop grands, ni les notes trop
précipitées, de forte qu’on peut les chanter aifément,
fans torcer ni gêner la voix. Le mot canvabble paffe
aufli peu-à-peu dans l’ufage françois. On dit : parlez-
moi du cantabile ; un beau cantabile me plaît plus
que tous vos airs d’exécution. (S).
C ANTACUZENE (Jean ) , Hiß. du Bas-Empire f
eût été un des hommes les plus recommandables de
fon fiecle, fi l’ambition n’en eût point fait un ufur-
pateur. Riche de tout ce que les fciences & les arts
offrent de plus précieux, né dans une^mille opulente
, généreux & compatiffant, il adouciffoit par
fon affabilité l’envie acharnée contre les hommes
fupérieurs. Andronic le jeune le choifit en mourant
pour être le tuteur de fon fils. Il gouverna l’empire
avec une autorité qui accoutuma le peuple à le refi*
peéter comme foii fouverain. Le jeune empereur
étoit prefqu’ignoré, & l’on ne fe fpuvenoit de lui
que quand on employoit fon nom pour mettre de
nouvelles impofitions. Cantacu\ene, familiarifé avec
le commandement, prit des moyens pour le perpétuer
dans fa famille. Il defeendoit d’un Cantacu\ent
qui avoit été créé Céfar par Ifaac Comnene ; ainfi
la naiffance ne pouvoit oppofer un obfiacle à fon
élévation. Les peuples, las de révérer un enfant qui
n’avoit qu’un titre ftérile, appelèrent au trône celui
qui s’en étoit montré digne par la fageffe de fon ad-
miniftration. Ce projet fut découvert ; les gens de
bien furent indignés contre un ambitieux qui vou-
loit s’enrichir des dépouilles de fon pupile. Cantacu-
Z_ene fut condamné à l’exil ; mais par un refie de re-
connoiffance pour la fageffe de fon gouvernement,
on lui conferva la jouiffance de fes biens. Il fut chercher
un afyle à Nicée, où il s’infinua dans la faveur
d’Orcan qui étoit alors l’arbitre de l’Afie. Cantacuzenc
facrifiant la religion à la politique, donna fa fille en
mariage à ce prince infidèle, pour Ven faire un pro-*
teéteur. Orcan fe mit à la tête d’une armée pour
le rétablir fur le trône ; ce fut le premier prince
Mufulman qui porta la guerre en Europe. Conftan-
tinople afiiégée pendant cinq ans , oppofa la plus
vigoureufe réfifiance. Les Mufulmans rebutés de
leurs pertes & de leurs fatigue», levèrent le fiege
après avoir dévafté toutes les terres de l’empire.
L’inconfiance naturelle des Grecs fut plus utile à
Cantacu{ene que les armes de fon allié, ils le rappelèrent
pour les délivrer du joug de Jean Paléologue
qui pour fe faire refpeôer ofa tout enfreindre. L’empire
mieux gouverné, prit une face nouvelle. Les
hommes de néant qui n’étoient pour la plupart que
des favoris fans talent, furent dégradés de leurs emplois.
La naiffance & le mérite furent les feuls
dégrés pour s’élever aux dignités. Les fciences & è s
arts fleurirent, & quiconque avoit dès vertus &
& des lumières, étoit accueilli & réçompenfé. Tandis
qu’il faifoit renaître è s beaux jours de la G rece,
les Génoisil'es Vénitiens & les Arragonois lui enle-
voient la Moréë. Cantacuztne foutenu d’Orcan-, marcha
pour leur ravir leurs conquêtes. Paléologue le
voyant embarràffé dans cette guerre, trouve le moyen
de lever une armée de vingt mille chevaux & de
foixante-douze mille hommes de pied qu’il joint aux
forces des Génois & des Vénitiens. Cantacu{ene environné
d’ennemis fi puiffans-, fe fortifie par de nouvelles
alliances: il affocie âîémpire Matthieu, fon fils_
aîné, à qui il faitépoufer la fille du duc de Servie qui'
lui apporta pour dot l’Albanie. Manuel fon autre fils,
eft élu duc de Sparte, & ce titre met fous fa domination
toute l’aucienne Laconie. Ce fut de foibl'es
reffources contre è s forces réunies de fes ennemis
qui confervèrent leur fiipërïoritë; il fe renferma
dans Conftantinople où il fut bientôt afllégé. Paléologue
avoit dans cette ville de nombreux partifans
qui lui en facilitèrent rentrée. Il s’y comporta moins
en conquérant irrité qu’en prince bienfaifant qui
vient prendre poffeflion de les nouveaux états. Il
étendit fa clémence jufques fur Cantacuzene qui, dégoûté
des grandeurs de la terré, ou plutôt effrayé
de l’avenir , prit l’habit nionaftique au pied du
mont Athos, Ce prince, pour fe confoler de l’ennui
de fa retraité, fe livra entièrement à l’étude, &
de fouverain devenu théologien, il compofa plu-
fieurs ouvrages contre la feûe Mufulmane & è s fu-’
perftitions Judaïques. Ses réflexions fur la philofo-
phie d’Ariftote, décelent un efprit net & cultivé.
Il compofa quelques traités pour applanir è s obfta-
cles qui féparent l’églife Grecque d’avec la Latine.
Après la prife de Conftantinople, tous ces ouvrages
furent t-ranfportés à Vienne, où ils font confervés
dans la bibliothèque impériale. Son fils Matthieu fut
chercher un afyle auprès du grand-maître de Rhodes
, dont il follicita inutilement du fecours pour
remonter fur le trône. Quand il eut perdu tout ef-
poir d’être rétabli, il fe retira auprès de fon frere,
duc de Sparte. Il y paffa le refte de fa vie en homme
privé qui fe confoloit dans le fein des lettres des
difgraces de la fortune. ( T—N. )
ÇANTHARA , ( Hiß. des Juifs.) fils de Simon
Boëthus, fut élevé à la dignité de grand-prêtre des
Juifs, par la faveur d’Agrippa. Au bout d’un an, il
fut obligé de s’en démettre en faveur de Matthias,fils
d’Ananus. Il en fut encore revêtu une fécondé fois
après Elimée, & ne la pofféda encore qu’un an,
Hérodè., roi de Calcide, la lui ayant ôtée pour la
donner à Jofeph, fils de Camith.
C AN T I, f. m. ( Hiß. nat. Botaniq. ) nom brame
d’un arbriffeau du Malabar, très-bien gravé avec la
plupart de fes détails , par Van-Rheede , dans fon
Hortüs Malabaricus, volume V , imprimé en 1685,
PaSe 73 > planche X X X V I I , fous le nom de tsjerou
kara, c’eft-à-dire , petit kara. Les Brames l’appellent
canti & bidani gali ; les Portuguais, fpinho fal-
ftdo 'y & les Hollandois, bittern doorn. Plukenet en
a fait graver en 1691, une petite figure fans fleur,
à-la planche X.CVH, n°. j de fa Phytographie, fous
la dénomination de lycium bifnagaricum acuminatis
minus duriortbus foliis,6r aculeis ex oppofito binis. Ray,
dans fon Hißoria genef. plant, page 14c)y, la défigne
fous le nom de baccifera indica ßofeulis ad foliorum
exortum confettis fruclu dicocco. •
Il s’élève fous la forme d’un buiffon conique , de
flx à fept pieds de hauteur, de moitié moins large ,
affez épais, à tronc fimple de trois à quatre pouces
•de diamètre, environne du bas en haut de nombre
de branches alternes, menues, écartées d’abord fous
un angle de 45 dégrés, enfiiite horizontales cendrées.
Sa racine eft rougeâfire;
Les feuilles font oppofées deux à trois ou quatre
en croix, elliptiques,’ pointues aux deux extrémités
, longues d’un à deux pouces, une fois moins larges
, entières, épaiffes, liftes, verd-noires & luifantes
deffus, plus claires, velues & ternes deffous ,
relevées d’une côte longitudinale, ramifiée en trois à
cinq paires de nervures , alternes & attachées horizontalement
fans aucun pédicule le long des branches
, au nombre de fix à quinze paires, à des diftan-
ces d’un pouce ou environ.
De l’aiffelle de chaque feuille il fort une épine
conique épaiffe, une fois plus courte qu’elle, roide,
ouverte horizontalement.
11 fort encore dès mêmes aiffelles quatre à huit
fleurs verdâtres , ouvertes en étoile de trois à quatre
lignes de diamètre, portées fur un péduncule pref-:
qu’égal à leur longueur.
Chaque fleur eft hermaphrodite, monopétale, régulière
, pofée fur l’ovaire ; elle confifte en un calice
a cinq dents ou pointes fines, & en une corolle d’une
feule piece une fois plus longue, mais à tube très-
court, verdâtre, évafé en étoile, & partagé juf-
qu’à fon milieu en cinq divffions triangulaires, fort
peu plus longues que larges, & portant entre.fes découpures
cinq étamines de moitié plus courtes, verd-
blanchâtres, à anthères jaune-rougeâtres. L’ovaire
qui eft fous la fleur, reffemble à un globule d’une
ligne de diamètre , verdâtre , portant en-deffus un
ftyle cylindrique, épais, blanchâtre, velu à fa partie
inférieure, & terminée par.un ftigmate fphérique
jaunâtre.
Cet ovaire en muriffant, devient une baie fphérique,
parfaitement femblàble à celle du café, mais
plus petite , un peu comprimée par les côtés, longue
& large de cinq lignes fur une face, & de trois
lignes fur l’autre , verte ,, marquée d’un fillon longitudinal
de chaque côté, à deux loges contenant chacune
une graine femblàble à celle du café , c’eft-à-
dire , demi-ovoïde, longue de quatre lignes, une
fois moins large, convexe'fur le dos, plate fur la
face intérieure, & marquée d’un fillon longitudinal.
Culture. Le canti croît au Malabar, fur-tout à Bel-
lange , dans les terres fablonneufes ; il eft toujours
v erd , toujours chargé de feuilles, de fleurs & de.
fruits.
Qualités. Toutes fes parties ont un goût amer, &
fa racine répand une odeur agréable.
Ufages. La décoÛion de fa racine fe boit pour ouvrir
è s obftruftions du foie , purifier le fang & procurer
une certaine gaieté dans è s maladies de douleur.
La décoftion de fes feuilles fe donne en garga-,
rifme contre è s aphtes.
Remarques. Quoique Van-Rheede ne dife pas fi
cet arbriffeau a des ftipules aux tiges , néanmoins il
paroît, par la reffemblance qu’a cette plante avec
le café, qu’elle doit en avoir, & qu’elle forme un
nouveau genre affez voifin du contu ou daun contu ,
dans la famille des aparines. Voye* nos Familles des
plantes, volume II, page 146'. ( M. A d an SON. )
CANTJANG, f. m. ( Hiß. nat. Infeclolog.) efpece
de crabe des îles Moluques, très-bien gravé & enluminé
par Coye tt, au n°. 2.01 de la fécondé partie de
fon Recueil des poiffons d'Amboine.
Cet infeéte a le corps taillé en coeur arrondi au-
devant , terminé en pointe courte par derrière ,
long d’un pouce, d’un fixieme moins large, & entouré
de fix pointes bleues coniques, affez longues,
dont cinq de chaque côté ; fes pattes font au nombre
de d ix, cinq de chaque côté, dont deux antérieures
en pince., affez égales, - un peu plus courtes & plus