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C e genre d’animal appartient à la claffenombreufe
des vers, 6c vient dans une famille particulière à
laquelle je donne le nom de famille des pouffepieds,
dont on verra le détail dans mon Hißoire générale de
tes animaux. (M. A d All S OU.}
Conque de Vénus orientale, f. f. ( Hiß. nat.
Conchyliolog.) efpece de came 6c non pas de peélon-
ele, commun dans la Méditerranée. C’eft une coquille
à-peu-près lenticulaire, de deux pouces 6c
demi dans fa plus grande largeur, allez épaiffe, liffe,
très-luifante , d’un brun-rougeâtre ou incarnat, plus
foncé vers le côté du ligament, autour duquel elle
forme une tache elliptique. On en voit une figure
au volume X X I I I , planche L X X I 1I , au n°. 3. f M.
A DAN SON.}
Conque de Vénus occidentale , f. f. ( Hiß.
nat. Conchyliolog.} Voici encore une efpece de came
qui a été confondue mal-à-propos avec les peéton-
cles. Elle a deux pouces 6c plus dans fa plus grande
largeur j fa furface eft relevée d’environ quarante
cannelures tranfverfales, dont vingt intermédiaires
font terminées par une pointe longue de fix à neuf
lignes, & forment autour du ligament une enceinte
elliptique légèrement bombée, 6c que l’on compare
communément à la vulve d’une femme, & qui lui a
valu fon nom de conque de Vénus, comme à la précédente.
Outre ce rang extérieur d’épines , on en
voit un autre intérieur d’épines plus petites, longues
d’une à deux lignes qui entourent de plus près le ligament.
Cette enceinte bombée que l’on nomme improprement
le devant de la coquille , eft le dos de la
coquille qui fe préfente verticalement en-haut, pendant
que la partie inférieure de la coquille eft enfoncée
dans le fable.
Sa couleur eft rouge-violet affez agréable.
Ce coquillage vient communément de Saint-Domingue
, où il eft affez rare. On peut voir la deferip-
tion 6c l’hiftoire de fon animal, dans VHißoire naturelle
des coquillages du Sénégal, que je publiai en 1757,
page 220, planche XVI. ( M. A d a n s q n .}
Conque , (Mufiq. inß. des anc. } Les anciens fe
fervoient de cette coquille au lieu de trompette,
comme il eft clair par une quantité de pafTages des
poètes. ( F. D . C. }
C.ONRAD ou CONRARD Jgj ( Hiß. d'Allemagne. )
premier roi de Germanie. Ce prince ne dut fon élévation
qu’à fes vertus : il étoit fils de Conrad de Fridz-
lard , que le féditieux Albert, à qui Louis l’Enfant
fit trancher la tê te , avoit tué dans un combat l’an
905. L’origine de la ’famille des Conrad eft incertaine
, 6c ce feroit en vain que pour la découvrir on
prétendroit fonder l’abyme des tems. Elle étoit il-
luftre au commencement du dixième fiecle. L’oncle
de Conrad remplit le liege de Wurtzbourg en Franconie,
6c fon pere, fous le titre de comte, gouverna
la plus grande partie de cette province. 11 eft
à croire cju’il s’étoit montré digne de fon rang, puif-
que Louis l’Enfant vengea fa mort par le fupplice
d’Albert. L’Allemagne encore dite Germanie, étoit
réunie aux Gaules depuis plufieurs liecles ; 6c comme
cette contrée obéifloit aux defeendans de Pépin, il
reftoit à la mort de Louis l’Enfant un rejeton de
cette illuftre tige. Les Germains, fuivant l’ufage con-
ftamment pratiqué jufqu’alors, dévoient y attacher
le feeptre : mais les grands s’éloignèrent d’une coutume
que le tems fembloit avoir rendue facrée, 6c
refuferent de couronner Charles-le-fimple. Ce n’eft
pas que ce prince fut indigne de régner, comme
quelques modernes n’ont pas craint.de le dire d’après
des hüûoriens, vils flatteurs dont la haine ou l’intérêt
avoit égaré la raifon 6c corrompu la critique. Ils
n’avoient d’autre motif que le defir de jouir fans
troubles des privilèges qu’ils avoient ufurpés, 6c
dont ils pouvoient craindre d’être dépouillés par un
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roi légitime ; d’ailleurs, l’ambition des grands, en
rendant le trône éleélif, devoit être flattée de pouvoir
un jour s’y affeoir , eux ou leurs defeendans.
Ce fut à Worms que fe tint cette fameufe affem-
blée , où les nobles 6c les prélats abjurant pour jamais
la poftérité des Pépin, le choifirent non pas
un maître, mais feulement un chef qui devoit les
maintenir dans leurs ufurpations & les défendre.
L’affemblée étoit partagée en deux faélions, l ’une
compofée des états de la Saxe qui pour lors s’éten-f
doit de la rive droite du Rhin jufqu’aux limites
qu’elle conferve encore aujourd’hui.à l’Orient ; au
midi elle fe confinoit à la Franconie ; la mer Baltique,
l’Eder 6c la mer d’Allemagne la fermoient au
nord : l’autre faélion étoit compofée des états de
Bavière, de Suabe & de Franconie. Les autres peuples
qui compofent lé corps Germanique, ri*étoient
encore que tributaires; 6c leurs chaînes s’étendoient
ou fe refferroient fuivant que les empereurs ou les
rois de Germanie montroient plus ou moins de fermeté.
Les fuffrages des deux fadtions fe réunirent en
faveur d’Oton, duc de Saxe ; fa naiffance , fes talens
6c fes vertus le rendoient digne de cet honneur. Il
fut le feul qui refufa d’applaudir au choix de fes
compatriotes. Ce généreux duc répondit aux états
que fon âge trop avancé ne lui permettoit pas de
porter une couronne dont le poids avoit accablé fes
prédéceffeurs. 11 avoit un fils- déjà fameux par fan
courage ; mais ce fage vieillard , trop ami de l’humanité
pour s’aveugler fur le mérite de fes enfans,
ne lui crut pas affez de maturité de raifon pour lut
confier un dépôt dont il n’avoit pas ofé fe charger
lui-même. Il confeilla aux états de choifir Conrad,
comme le plus capable, de les gouverner. Le fuf-
fra'ge d’un dire aflez grand pour refufer une cour
ronne , entraîna tous les autres. Conrad fut à peine
élu , qu’il longea aux moyens de manifefter l'a re-
connoiffance envers Oton. Il l’honora de la confiance
la plus intime , 6c lui donna la première part dans
fes confeils : mais Oton mourut trop tôt pour le bonheur
de Conrad6c celui de la Germanie. Ge duc vraiment
digne du trône où fa modeftie ne lui permit pas
de monter, eut à peine reçu les honneurs de la fé-
pulture, que Henri fon fils lui fuccéda dans le duché
de Saxe , leva l’étendart de la révolte. Le mécontentement
du rebelle fut occafionné par le refus que
fit le roi de lui donner l’inveftiture de la Weftphalie ,
6c de la Thuringe.Ces deux provinces faifoient bien
partie de la Saxe, mais elles avoient toujours eu des
ducs & des comtes particuliers. Le refus de Conrad
étoit fondé fur une lagé politique qui ne permettoit
pas de former un duché capable lui feul de balancer
les forces de la royauté. Burchard, duc de Suabe, 6c
Arnoul de Bavière, appuyèrent les prétentions de
Henri, & mirent en campagne une armée. Suivant le
tableau généalogique des ducs de Bavière, compofé
par Triteme, cet Arnoul étoit fils de l’empereur de
ce nom , 6c d’Agnès, fille d’un empereur d’Orient.
Le feu de la guerre étoit prêt d’embrâfer toutes les
provinces de la Germanie ; 6c Conrad en étoit d’autant
plus au défefpoir qu’il auroit déliré joindre la
Lorraine à fa couronne. Ses libéralités intéreffées
avoient attaché à fon parti plufieurs feigneurs de ce
royaume, & il pouvoit fe flatter du fuccès le plus
entier, lorfqu’il fut obligé de revenir fur fes pas pour
prévenir les ravages d’une guerre civile. Il ufa d’abord
de menaces dont fe jouèrent les rebelles.
Forcé de venger par la force des armes fon autorité
méprifée, il f it , avant d’en venir à ces extrémités ,
plufieurs démarches pacifiques qui toutes furent auflï
impuiffantes que fes menaces. Pour derniere ref-
fource, il engagea Hatton, archevêque de Mayence,
à s’afliirer de la perfonne de Henri, dans un repas
où le prélat devoit l’inviter : mais le duc preffentit le
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piege, & eut aflez de bonheur pour échâppér au
flratagême. La guerre fut déclarée, mais Conrad
qui vouloit ménager le fang des peuples, la changea
bientôt en intrigue; Il engagea le duc de Suabe à
quitter le parti de Henri qui n’avoit aucun motif
réel de plainte. Arnoul fut obligé de retourner en
Bavière pour la défendre contre les courfes des
Hongrois, que l’amour du pillage y avoit attirés :
mais tous ces ménagemens ne firent que fufpendre
lés ravages d’un feu qü’il defiroit éteindre. Arnoul
n’eut pas plutôt délivré fes états des Hongrois qui
furent vaincus dans une bataille, qu’il força le roi
à fe melurer aveedui. Conrad^ vainqueur de cexluc
rebelle, le força de fuir hors du royaume ; 6c l’ayant
dépouillé .de fon duché, il en donna l’invéftiture à
fon frere Ebrard ou Evrard. Arnoul ne fupporta pas
aifément cette difgrace. Son orgueil offerilé ne lui
permettant pas.de mettre des bornes à fon reffen-
timent, il alla chercher des vengeurs parmi ces
mêmes Hongrois qu’il avoit vaincus peu de tems
avant fa dégradation. Ces barbares , contens de
trouver cette occafion pour fatisfaire leur cupidité
naturelle , marchèrent à fa fuite., 6c mirent tout à
feu 6c à fang dans l’intérieur du royaume. Evrard,
attaqué par Arnoul qui commandoit ees peuples
farouches, ne put fe foutenir en Bavière. Le foi fon
frere, que Henri traverfoit fans eefle, fut non feulement
obligé de lui retirer fon duché, 6c de le rendre
à fon ancien poffeflèur, mais encore de payer aux
Hongrois le tribut auquel ils avoient fournis Louis
l ’Enfant. Ces troubles n’étoient pas les feuls qui
agitafîent fon régné. Burchard avoit à peine quitté
le parti de Henri, qu’il avoit embraffé celui de Rodolphe
II, roi de la Bourgogne Transjuranne, ennemi
né des rois de Germanie, qui prétendoient à
jufte titre que l’hommage lui étoit dû de fa part. Çes
défordres multipliés abrégèrent les jours de Conrad t
obligé de paffer fans eefle d’une extrémité à l’autre
de fes états, il n’avoit pu prendre le repos néeef-
faire ppur fe rétablir d’une maladie ocsafionnée par
une bleffure qu’il avoit reçue dans un combat contre
Arnoul. L’hiftoire ne fauroit trop vanter la magnanimité
de ce prince ; fe fentant. près de mourir, il
ne parut occupé que des maux qui défoloient fon
royaume. Son reffentiment fe tut devant l’intérêt
de fes peuples, 6c lorfqu’il pouvoit donner le feeptre
à Evrard fon frere, il l’envoya à Henri, cet implacable
ennemi qui n’avoit eefle de troubler fon régné.
C e prince fage & digne d’une meilleure deftinée ,
mourut vers l’an 919, après environ fept années de
régné. Leshiftoriens d’Allemagne lui donnent, ainfi
qu’à Louis l’Enfant, & à Henri I , le titre d’empereur
qu’ils ne pofféderent jamais* Oton-le-grand fut le
premier qui le porta depuis la mort d’Arnoul ; 6c fi
cette qualité fe trouve fur quelques monumens, c’eft
qu’ils l’adopterent comme préférable à celui de roi.
Ce prince mourut fans poftérité, 6c ce fut de "Wer-
ner de Rothembourg fon frere, que defeendirent les
empereurs de la maifon de Franconie. L’hiftoire a
confervé une difpenfe de mariage accordée jSar
Conrad, contre le gré des évêques. Ses prédéceffeurs
dont l’autorité étoit plus légitime 6c mieux affermie,
ont peut-être joui de ce droit, doht les pontifes
Romains font les tranquilles 6c uniques poffef-
feurs. ( M—y . }
Conrad II, furnommé le falique ou C ancien, (Hijl.
'd'Allemagne. } duc de Franconie, feptieme roi ou
empereur de Germanie, douzième empereur d’Oc-
cident depuis Charlemagne, étoit fils d’Adélaïde de
Franconie , & de Henri, duc de cette province,
qui deefendoit en ligne direfte de Werner, comte
de Rothembourg, frere de Conrad I. Il étoit fans
doute glorieux pour ce prince d’avoir été défigné
empereur par Henri-le-boiteux, fon prédéceffeur
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ceperi'darit, comme ce n’étoit pas-là lin titre fuffi-
fant, tous les. grands d’Allemagne s’afîemblerent ;
6c examinèrent s’il n’y en avoit aucun parmi eux
qui fut plus digne de régner. Çônrad le jeune fon
eoufin, foutenu du crédit d’Ernèft, duc de. Sua-*
b e , & de Frédéric, duc de la haute-.Lorraine,
balança long-tems les fuffrages ; mais enfin, l’archevêque
de Mayence ayant nommé Conrad, l’ancien \
fut fuivi du plus grand nombre. Cette élection dura
fix femaines, pendant lefquelles l’impératrice Cu-
negonde, veuve de Henri II, gouverna l’état comme
régente, fans cependant en avoir le titre. L’archevêque
de May ence fit les cérémonies du facre, après
quoi toute l’Allemagne repréfentée par les fix ordres
delà nobleffe , appellés Us j î x boucliers militai rts ,
& par les députés des villes, prêtèrent ferment au
nouveau monarque dans la plus folemnelle affemblée
qui fut jamais. Il eft incertain fi ces derniers furent
admis ; mais il eft Confiant qu’il n’étoit point encore
queftion des fépt éle&eurs. Conrad 11 éprouva de la
part des Italiens les mêmes contra didtions que fes
prédéeeffeurs. Les rois Germains firent une grande
faute, après avoir tant de fois fubjügué ces peuples,
de leur laiffer leur gouvernement 6c leurs loix, au lieu
de les incorporer avec leurs autres fujets , en décla>
rant leur royaume province de l’empire. Cet affujet-r
tiffement d’aller prendre la couronne des Lombards
à Milan ou à Pavie, fembloit attacher lè droit de
régner à cette cérémonie. Charlemagne avoit introduit
cet ufage dont il n’avoit pas prévu les confé-r
quences; Ses fuçceffeurs qui tant de fois avoient
manqué d’en être la viélime , auroient dû le réformer.
Ce vice fubfifta jufqu’à Henri III. Ce prince
politique fit prendre à fon fils le titre de roi des Ro-,
mains, qui fembloit affurer fa domination fur l’Italie*
Les ItaÜeris, après la mort de HenriII, s’étoient cru
libres de tributs 6c d’hommages envers les Allemands*
Ils s’arrogeoient même le droit de difpofer de l’empire.
Leurs députés l’offrirent à Robert, roi de France
, qui fut aflez fage pour le rejetter ; il vit que ce
titre ne ferviroit qu’à l’engager dans une guerre Fu*
nefte. Guillautfte, due de Guienne, pair de France ,
fe difpofoit à profiter de ce refus , 6c fùngeoit à
prendre la couronne pour lui-même, lorfque Jean X X
& l’archevêque de Milan, toujours fideles au fyftême
d’avoir deux maîtres pour les oppüfer l’un à l’autre.,,
invitèrent Conrad à fe rendre en Italie. Le roi faifoit
fes préparatifs pour aller juftifier fes droits, 6c comme
le féjour d’Italie avoit été funefte à plufie.urs de fes
prédéceffeurs, il voulut affurer la couronne à fon fils
qu’il fît élire 6c proclamer roi avant fon départ. Il
iui fallut encore appaifer des troubles domeftiques
excités par Erneft, duc de Suabe fon gendre, Con■*
rad fon eoufin, Frédéric fon beati-frere, 6c AdalJ
beron,. marquis de Thuringe. Ce fut pour arrêter
ces défordres, que Conrad fit publier cette loi qui
met au ban de l’em'pire quiconque trouble la paix
publique. La peine au ban étoit une efpece d’ex*
communication civile. Voici quelle en étoit la formule.
« Nous déclarons ta femme veuve’ , tes erifans
» orphelins, 6c nous t’envoyons au nom du diable
» aux quatre coins du monde ». Ce fut après avoir1
fait publier cette loi , que l’empereur fe rendit
en Italie. Il étoit accompagné de Canut, roi de Da-
nemarck, & de Rodolphe III, roi de Bourgogne ^
qui tous deux aflifterent à la cérémonie de fon facre,
à Rome, le 16 mars 1027. De retour eh Germanie
, Conrad convoqua une diete folemnelle où les
rebelles furent jugés. Tous étoient fes parens ou .fes
alliés ; aufli eurent-ils part à fon indulgence. Frédéric
6c Conrad obtinrent leur pardon, 6c furent
traités avec beaucoup de douceur; Âdalberon 6c
Erneft, comme les plus coupables, furent punisÿ
l’un par l’exil 6c l’autre par la captivité. L’emp'ereur