
on peut les greffer à demi-tige fur ce fujet : fa greffe
du ctrifur à troehet 6c du cerifur nain précoce y
prend mieux que fur merifier ou urifier à fruit
rond.
Le cetijîcf à fruit rond eft un fujet très-propre a
recevoir la greffe des belles variétés de cette efpece,
ainfique des griottiers, à caufe de l’analogie ;
le fruit y eft plus gros que fur merifier, 6c l’arbre
prend moins de gomme.
Ces mêmes raifons m’ont engage à greffer furma-
haleb & urijîer à fruit rond plufieurs efpeces de
guigniers 6c bigarreautiers fujettes aux dépôts de
gomme, afin de diminuer un peu cette dilpofition
à une fi cruelle maladie.
Mais lorfqu’on veut avoir de très-grands urijiers
pour les vergers, c’eft-à-dire, conferver à chaque
-efpece la hauteur 6c l’étendue dont èlle eft fufcep-
fible par fa nature, il faut greffer fur merifier.
Le merifier à fruit rouge eft le meilleur, parce
qu’il a l’écorce plus mince. L’éeuffon prend difficilement
fur le merifier à fruit noir. Il convient auffi
de greffer les efpeces précoces fur les merifiers précoces.
On multiplie les merifiers, mahalebs & cenjiers
communs à fruit rond par les noyaux : au mois de
feptembre ou d’oétobre, on les ftratifiedans du fable
mêlé d’un peu de terre dans des caiffes qu’on met à
la cave ou dans une ferre. A la fin de février ou en
mars, ils font prêts de germer, 6c quelques-uns
même montrent déjà des bouts de radicules. Alors
on les feme dans des planches de bonne terre légère
& fraîche bien labourées, houées 6c paffées au
rateau, 6c on les couvre d’environ un pouce de la
même terre mêlée de fable 6c de terreau. En a v r il,
le femis commencera à verdoyer : il faut alors le
défendre des taupes, 6c l'arrofer par les tems fecs.
Une planche de mahaleb bien femée, donne des fu-
jets pendant trois ans.
Les fujets arrachés dans les bois, ou ceux élevés
dç graine , doivent être au mois de novembre plantés
en pépinière dans des rangées diftantes de deux
pieds 6c demi au moins, & à un pied 6c demi les
uns des autres dans le fens dès rangées. S’ils ont été
plantés dans un terrein effondré, 6c que le tems n’ait
pas été trop fe c , on pourra les écuffonner dès le
même été. Les merifiers fe greffent dès la mi-juillet.
On peut greffer les mahalebs 6c cerijiers à fruit rond
dans tout le mois d’août.
Les fujets fur lefquels l’écuffon a manqué peuvent
être greffés en fente le printems fuivant.
Si l’on veut avoir des fujets un peu hauts des efpeces
qui croiffent lentement, comme- cerijier nain,
griottier, portugale, &c. il faudra élever d’abord des
fujets à la hauteur de huit ou neuf pieds, 6c les écuffonner
à fix pieds de terre.
Lorfqu’on écuffonne fur bois de l’année , ou fur
bois de deux ans, bien v ivace, il faut délier la greffe
par le haut au bout d’une quinzaine de jours ; mais
lorfqu’on lie avec du jonc, il fe coupe de lui-même.
Si les greffes demeuroient trop lông-tems ferrées,
il s’y amafferoit un dépôt de gomme qui les feroit
périr. Sur mahaleb 6l cerijier k fruit rond, la ligature
ne fait pas le même effet, parce que fes fujets ne
groffiffent pas fi vite que les merifiers.
Il y a auffi une excellente méthode de fe procurer
vite de bons cerijiers pour fon ufage; on fait arracher
dans les bois des cerijicrs de cinq ou fix pouces dé tour
par le bas, 6c des mahalebs de Ia,même dimenfion ,
fi l’on eft voifin des lieux qui les produifent ; on les
plante en o&obre, novembre ou février, dans la
place oîi ils doivent demeurer, foit en allées, quinconces
, ou en files, ou épars dans des maflifs;
dès le même été, on peut les écuffonner fur vieux
bois ; mais il faut s’y prendre dès les premiers jours
de juillet , & laifler la ligature jufcju’en feptembre i
fi l’opération a été faite avec dextérité, pïufieurs de
ces greffes réuffiront ; là où elles auront manqué, on
ménagera, fi l’on peut, une belle p ou lie , pour
l’écuffonner l’année fuivante : la troifieme aimée, on
entera au printems ceux où la greffe aura péri ; ori
peut auffi les enter tous le fécond printems * & ménager
des pouffes au-deflbus des entes qui sauront
pas réuffi, pour les reprendre en écuflon ait mois
d’août de la même année, ou l’été de l’année fuivante.
Les ctrijîers de petite efpece, greffés bas fur ihaha-
leb , forment de jolis buiffons qu’on peut planter à
4 ou 5 pieds les uns des autres, & gouverner comme
on veut : ces arbres nains figureront auffi très-
bien en paliffades dans les bofquets, & le cifeàu ne
fera que multiplier leurs fleurs*
Lorfqu’on met les urijiers en efpalier, on fe pro-»'
pofe pour objet d’avoir des cerifes plus tôt ou plus
tard ; ce font donc les efpeces précoces 6c tardives
qu’il faut mettre à cet ufage ; les premiefes, à l’ex-
pofition du midi > du levant 6c du fud-oueft ; 6c les
autres à celles du nord ou nord-oueft.
Du nombre des premiers, font le cerijier nain précoce,
le cerijier hâtif, le mai duke; les plus tardifs
font la morelle, le cerijier de la touffaint, le paquis, le
duke tardif & la cerife de guyenne. Le griottier noue
mieux fon fruit en efpalier qu’en plein-vent.
On doit retrancher très-peu de branches aux ceri-
Jîers en plein vent ; le moins qu’on y peut toucher ,
c’eft le mieux ; plus la tige eft baffe, c’eft-à-dire ,
plus le tronc eft court, 6c moins la gomme y cau-
fera de ravage ; les dépôts fe feront alors plutôt dans
les branches que dans le tronc ; fi une branche en
eft attaquée, on la retranchera ; fi le dépôt fe fait
dans la tig e, 6c quele fuc propre fe foit entièrement
épanché, l’arbre périt. *
Lescerijîers en efpalier font fournis aux réglés générales
de la taille, avec cette attention de lent*
moins retrancher de branches qu’aux autres arbres j
il fuffira prefque de les bien étendre 6c de les bien ef-
pacer : celles qui fe préfentent fur le devant , peuvent
être coupées à deux ou trois pouces ; elle donneront
des boutons à fleur.
Les merifiers , guigniers, bigarreautiers, font
très-fujets aux épanchemens de gomme, fur-tout
dans les terres fucculentes & humides, 6c fi on les a
trop enterrés en les plantant. Le cerijiervtux. avoir fes
premières racines fort hautes ; voyez-le dans le bois ,
elles font hors de terre à leur infertion,& ce n’eft qu’à
trois ou quatre pieds de la tige qu’elles s?enfoncent,
mais elles s’étendent fous une couche très-mince.
J’ai vu en Franche-Comté une cerifaye fuperbe fur
un rocher où il y a voit très-peu de terre ; je penfe
que les terres fablonneufes, graveleufes, pierreu-
fes, marneufes, font les plus convenables au ««*
Jier.S
i le dépôt de gomme fe forme fur le tronc, &
qu’on s’en apperçoive d’abord , il faut emporter le
dépôt & l’écorce jufqu’au v if , 6c couvrir la plaie de
moufle feche. Si la gomme fe préfente fur le tronc
en plufieurs endroits, il faut le fendre du haut en bas
du côté du nord ; fi le dépôt attaque une branche
moyenne, il la faut retrancher au-deffous ou rez-
tronc ; fi c’eft une branche principale, il faut la traiter
comme le tronc.
Les beaux 6c excellens fruits que donnent les pré-
cieufes variétés des urijiers, nous ont fait oublier
l’agrément de leurs fleurs ; cependant comme on
n’a au printems que le plaifir de v o ir , de fentir 6c
d’efpérer, arrêtons encore nos regards fur les feenes
riantes qui précèdent les richeffes de l’année.
Le mahaleb peut être employé dans les bofquets
du printems, de plufieurs maniérés; on peut en fairè
de petites allées , en l’élevant à fix ou huit pieds de
tige ; l’ëmployer en buiffon dans le fond des grands
maflifs ; enfin, en former des paliffades depuis trois
pieds de haut jufqu’à 12 , félon les lieux 6c le goût
des propriétaires; ces paliffades fe taillent à merveille
6c fe garniffent parfaitement fous le cifeau ;
dès la fin d’a v r il, elles font couvertes de fleurs blanches
& odotantes depuis le haut jufqu’èn bas ; leur
feuillage eft petit & d’un verd agréable comme il
dure jüfqu’en décembre , 6c que fa chute n’eft précédée
d’aucurie altération graduée dans la nuance
du verd, le mahaleb peut être employé dans les
bofquets d’été 6c d’automne; dans les premiers il
figurera encore par le fruit noir dont il eft chargé,
& qui attire des nuées d’oifeaux : j’ai trouvé fur quelques
catalogues une variété de cette efpece, dont
le fruit eft rouge , 6c qu’on feroit bien d’entremêler
avec l’efpece commune ; on m’a dit à Balle que la
meilleure eau de-vie de cërife, kirsh wajfer, fe fai-
foit avec les cerifes du mahaleb , 6c qu’elle fe vendoit
dix fols le pot plus que l’autfe ; je ne doute pas qu’on
ne puifle en faire la bafe du marafquin -, auffi bien
qu’avec la cerife marafcjue de Dalmatie , qui n’eft
qu’une petite cerife rondç., agrefte, femblable à la
cerife aigre de nos vignes. Comme les mahalebs
réuffiffent dans les plus mauvaifes terres, ce feroit
fans doute une très-bonne fpéculation que d’en garnir
des terreins vagues. Le bois qui eft affez dur ,
coloré & odorant, fe vend très-bien aux ébéniftes
6c aux tourneurs.
Le cerijier nain de Canada 6c ragoüminier, eft un
joli arb'ufte qui fe couvre de fleurs blanches au commencement
de mai ôu à la fin d’avril ; on doit le
placer vers les devants de's maflifs des bofquets du
printems, parce qu’il ne s’élève qu’à quatre pieds au
plus ; fes fruits lui affignent une place dans les bofquets
d’éte^
Nous avons parlé des fiierifier 6t cerijier à fleur
double , & du cerijier à fleur femi-double ; les merifiers
à fleur double peuvent être plantés en a ilées,
à neuf Ou dix pieds les uns dès autres, dans les bofquets
du printems^ ou en gros buiffon au fond des
grands maflifs. On peut former avec les autres de petites
allées de .fix ou fept pieds de large, en les entremêlant
avec des lilas à fleurs purpurines 6c à fleurs
bleuâtres, élevees en tiges de fix pieds ; on fera
bien auffi d’en former des buiffons dont l’effet fera
délicieux, dans le fond des maflifs, eh les interrompant
par dès arbuftes de la même hauteur, & à fleurs
diverfement colorées. Le ragoüminier fe multiplie
de graine par les marcottes 6c lesboutures, ainfi que
par les furgeons qu’il pouffe autour de fon pied ; il
n’aime pas les terres trop humides.
Je n’ai jamais vu le cerijier à feuilles panachées , &
il ne fe trouve fur aucun des catalogues que je con-
nois , fi ce n’eft dans le Traité des arbres & arbujles de
M. Duhamel ; mais je crois bien que par la graine,
on a pu obtenir cette variété : on trouve quelquefois
des feuilles panachées fur les mahalebs; en enlevant
le bouton qui eft à l’infertion d’une de ces feuilles,
6c l’ecuffonnant fur lui-même ou fur un autre fujet,
on peut fe procurer des mahalebs panachés.
Lès catalogues Hollandois nous offrent plufieurs
arbres fous le nom de cerijier ; mais ils fe rapportent
à différensgenres, particuliérement au genre mal-
pi ghia ; les deux premières efpeces de malpighia
de Linnæus donnent un fruit acide, reffemblant
beaucoup aux cerifes ; la malpighia des Barbades eft
cultivée dans ce pays pour fon fruit ; Ce font des
arbres de fer^e-chaude. ( M. le Baron d e T s c h o v d i S
* § CERNINUM, ( Hijl, anc. ) Dicliôti. raif. des
Sciences, & c . tom. I l ,. pag. 8 jS , lifez cerinum vefli-
mentum ; c’étoit un habit couleur de cire, e’eft-à-
Tome II,
d iré , d’un jaune-pâle, Comme s’exprime madame
Dacier, fur YEpidicus de Plaute.
* § CERNOPHOROS , lifez urnàphorum ; car
cemephoros figmfie un homme qui porte une coupe ou
Ÿaie à boire ; & cemophitum -, une danfe de sens te.'
nantdes coupes dans leurs mains , Une danfe d’ivro.'
gnes. Lettres fur l'Encyclopédie'.
ÇERODETOS, (Mufy. infir. des ànc.) Ôn tïouvé
quelquefois le mot ceroieios pour indiquer le lifflet dé
Pan, parce qu’il, étoit anciennement formé de plufieurs
tuyaux joints avec de la cire ; & ,remarquez
que plufieurs auteurs attribuent l’invention de cet
infiniment à Marfyas. ( F. D . C. )
§ CERVEAU, ( Anatomie. Phyfioïogiej) Nous né
parlerons ici que du cerveau en général , les parties
trouveront leur place*
Ce vifeere s etend à toutes les ciaffes des animaux l
mais par une gradation continuelle. Depuis l’homme *
dont le cerveau eft le plus grand & le plus com-
pofé , jufqu’aux infeétes, il diminue continuellement.
Les oifeaux l’ont plus grand que les quadrupèdes
, 6c ceux-ci infiniment plus grands que les
poiffons. Dans les infe&es, cè ne font que deux petits
tubercules, dans lefquels fe termine la moelle
de l’épine. Quelques coquillages 6c animaux marins
n ayant point de tête, ne peuvent pas avoir dé
cerveau ; ils. ont cependant une efpece de môëlle
épiniere comme le lievre marin. D 7autres petits animaux
aquatiques n’en ont aucun veftige, comme les
polypes, les orties, les étoiles 6c les animaux mi-
crofcopiques.
Nous avons dit que l’homme a le cerveau plus
vafte que tous les animaux ; on l’a contefté. Il y a
en effet des fihges dont le cerveau eft au poids du
eprps entier, comme i à 14. Il y a encore de petits
oifeaux dont le cerveau eft au poids de tout le corps ,
comme 1 à 27. Dans l’homme, cette proportion eft
dans l’enfant de fix ans , comme 1 à 22 , 6c un peu
plus petite dans l’adulte, comme 1 à 25 j jufqu’à
w M I
Mais l’homme eft fort gras eti comparaifon du pinçon
, du ferein 6c du finge ; cette graiffe étant liquide
dans l’animal vivant, ne peut pas être confédérée
comme faifant partie des folides du corps humain.
Dans Miomme amaigri, nous fommes perfuai
dés que la proportion du cerveau au refte du corps *
feroit beaucoup plus confidérable.
Sa fubftanèe eft plus pefante que l’eau : on a obi
fervé qu’elle devient plus légère avec l’âge, & qu’elle
eft très-légere dans les fous ; il y a beaucoup d’huile
dans le cerveau.
Dans l’homme, l’encéphale reffemble à une ovale
fort épaiffe ; dans les poiffons , il eft trës-applati, il
n’a qu’une très petite hauteur, 6c il lui manque
plufieurs des parties qu’il a dans-l’homme. Les oé
féaux l’ont plus compofé, mais il y conferve des ref*
femblances confidérables 'avec le cerveau des poif-,
fôns, comme la cavité particulière des couches opi
tiques -, le défaut du corps calleux. Les quadrupèdes
l’ont plus reffemblant à celui de l’homme. Il eft fur-
prenant qu’il s’éloigne davantage du nôtre , dans lé
chien, qui paroît être un des plus intelligens des qua-.
drupedes. Cet animal n’a point de glande pinéale^
C erveau de mer , fi m. ([Hifi.nat. Conchyliologi)
On voit,au volume X X I I I , planche X CI du Recueil
d'HÏJloire naturelle, la figure de quatre efpece de Cerveau
de mer, c’eft-à-dire , de ces polypires de mer
doiit la charpente pierreufe eft plus confidérable qué
là partie animale gelatinéufe qui la recouvre, 6à
toute fillonnée en-deffus de lignes ondées j entou-»
rées de tous côtés de ftries ou de filions très-nombreux
, qui rayonnent autour de ces lignes.
C’eft au fond de çes filions que logent ies têtes de
P p ij