
furface de la glace, attendu que cette furface eft très-
polie ; cet enduit métallique y adhéré à raifon de ce
contaft exaft, & la partie amalgamée du mercure ne
s’écoule point, parce qu’elle eft retenue par l’adhérence
qu’elle a contraâée avec l’étain.
La réuffite de cette opération dépend beaucoup
de la netteté de la furface de la glace ; car il eft certain
que la moindre ordure, lés parcelles de; poùf-
fiere interpolées entre l’amalgame & la furface de la
glace , empêcheroient abfolument l’adherence de
contaft entre ces deux corps.
Comme les matières vitrifiées, telles cjue le font
les glaces, ne peuvent point s’unir intimement avec
les fubftances métalliques, il s’en faut beaucoup que
l ’adhérence de l’étamage des glaces foit auffi 'forte
que celle de l’adhérence de métaux fur métaux, telle
qu’elle fe trouve dans l’étamage du cuivre & du fer ;
dans ce dernier, il y a difl'olution, pénétration, union
intime de l’étain, avec la furface du métal étamè;
dans celui des glaces, au contraire, il n’y a que l’adhérence
de limple contaô, ou de juxta-pofition exaéle
qui peut avoir lieu entre les corps quelconques,
quoique de nature hétérogène, par l’application immédiate
& jufte de leurs fùrfaces polies. Auffi le tain
des glaces efl-il fort fujet à s’enlever; il faut, fil’on
veut le conferver, qu’il foit à l’abri de l'humidité, &
des frottemens même les plus légers. C’e ft , par
cette raifon , qu’il eft très-effentiel, lorfqu’on met
les glaces au tain , de ne faire écouler le mercure fu-
rabondant que fort doucement & fort lentement, autrement
cette matière feroit capable d’entraîner avec
elle prefque tout l’étamage par fon feul poids.
L’on a trouvé dans Herculane des carreaux de
verre fort épais , qui fervoient de vitres. Pour en
faire des miroirs en les étamant, il n’y avoit qu’un
pas à faire, mais ce pas n’a été fait que dans le xive.
liecle. i° . L’on doit confulter Pline au fujet de miroirs
métalliques d’étain, d’argent, d’o r , d’acier ; 2°.
Guidonis Panciroli rerum memorabiliumperditarum, aut
repertarum, Francofurti, 1660. in-40. Georgii Pafchii
de no-vis inventis, Lipjîoe GroJJi, 1700, in-40. Pour
■ éclairer les rues & l’intérieur des m aifons, l’on fait
aujourd’hui dans la France quantité de lampes
à reverberes , c’eft-à-dire , à miroirs concaves,
de cuivre étamès en argent. Les miroirs métalliques
font fouvent préférables aux glaces étamées.
M. Francklin en faifantdes expériences à Philadelphie
fur l’éle&ricité, a trouvé le moyen de fondre
une feuille d’or ou d’argent entre deux verres, & de
l’unir au verre. Ne pourroit-on pas tenter d’unir des
feuilles d’argent ou d’o r , à des morceaux de glace
fondue ? Si l’on réuffiffoit, ces fortes de miroirs éta-
més plus folidement qu’avec l’étain & le mercure ,
que la moindre chaleur diffipe, pourroient être utile
s , i°. pour quantité d’expériences phyfiques; 20.
pour faire des miroirs pour les cadrans folaires à réflexion
; 30. pour les miroirs ardens; 40. pour le mi-
crofcope folaire ou nofturne, &c.
Dans’les Remarques de Kunckel, fur Van de lavtr-
rerie de Nery, page 23<T, de l’édition in-40, à Paris
chez Durand, 1752, cet auteur dit que pour étamer
des boules ou des bouteilles de verre, il faut, i°.
fondre dans un creufetun quart-d’once d'étain, & autant
de plomb : z°. y joindre enfuite demi-once de
bifmuth, 3®. retirer le creufet du feu : & lorfque la
matière fera prefque froide , vous y verferez peu-à-
peu une once de vif-argent ; 40. vous ferez un peu
chauffer la boule de verre qui doit être bien nette &
bien feche, & vous y inférerez parle moyen d’un entonnoir
l’amalgame ci-deffus bien doucement, en
empêchant qu’il ne s’écarte du fond de la bouteille ;
car s’il tomboit avec force , fur-tout fur du; verre
«froid, il le feroit éclater: 5°. enfuite vous roulerez
la bouteille dans vos mains, • afin que l’amalgame
étàme & s’étende également par-tout : fila matière fe
grumeloit, on chaufferoit un peu la bouteille pour la
rendre liquide : fi l’amalgame eft trop liquide, on
pourra y ajouter en même proportion, du bifmuth ,
du plomb & de l’étain. 6°. On verfe dans un vafe l’amalgame
qui eft inutile. ( F. A . L. )
ETANG , f. m. ( (Econ. Ruji. ) les étangs peuvent
faire une partie confidérable du revenu des biens de
campagne.
Plus l’eau a d’étendue, plus on peut y mettre de
poiffon. Les grands étangs fervent pour le gros poiffon,
& les petits pour de moindre , particuliérement
pour le jeune qu’en certains endroits on nomme alevin,
ailleur $ feuille. On appelle carpiere, forciere & alevi-
hier ou aleviniere, un petit étang où l’on met des car-,
pes mâles & femelles pour peupler.
Quand on fe propofe de faire un étang, il faut d’abord
examiner fi on en a le droit ; fi on eft propriétaire
de toutl’efpace que Vétang occupera, & fi l’on
peut en conduire les eaux pour la décharge fans nuire
à perfonne. On confultera à ces égards les coutumes
des lieux.
Une autre confidération préliminaire eft celle de
la valeur du terrein que l’on veut inonder, afin de
voir s’il produira davantage en étang qu’en autre nature
de bien, tous frais compenfés.
La pofition la plus convenable pour àffeoir un
étang, eft celle d’un endroit naturellement fpacieux,1
à-peu-près en baffin, où l’eau fe rende fans peine &
d’où elle puiffe for'tir commodément. Les côtés de la
partie déclive étant relevés, la chauffée coûtera
moins à faire. Ainfi le bas des coteaux qui femblent
fe joindre, eft bien favorable pour former un étang.
La profondeur moyenne de l’eau, près de la chauffée
, doit être de fix à dix pieds. Si elle n’en avoit que
quatre, le poiffon pourroit beaucoup fouffrir en été
par la diminution des fources, & en hiver par la glace.
D’ailleurs plus l’eau eft profonde, plus le poiffon eft:
abrité de la chaleur, ainfi que desoifeaux & d’autres
animaux qui cherchent à en faire leur proie. On doit
auffi compter qu’une grande furface d’eau fournit au
poiffon une nourriture abondante. Il faut donc prendre
des mefures pour que l’eau s’y maintienne à une
hauteur & une étendue raifonnables. Un étang qui
couvre cinquante arpens quand il eft plein, le réduit
quelquefois à moitié durant l’é té , ou même âu-def-
fous quand le fol eft naturellement fec. Cette faifon
étant celle oùle poiffon augmente davantage, on f®nt
l’importance de lui fournir une fuffifante quantité
d ’eau. On calculera donc foigneufement la valeur
j de la fource qui s’y rendra alors.
Il eft néceffaire de ne rien épargner pour conftrui-
re une bonne chauffée qui doit fervir de demi-mur
pour réfifter à l’effort de l’eau, & la tenir dans le
baffin. Cefoutien ne peut manquer fans occafionner
de grandes pertes, foit du poiffon, foit des effets de
l’inondation fur les terres placées le long de la pente
des eaux.
Une bonne chauffée dVltang doit être faite d’une
clef de corroi que l’on met entre deux amas de terre
bien preffée, qui vont en s’élargiffant vers le fond ,
& qui du moins par le côté de l’eau font revêtus
d’une couche de groffes pierres pour foutènir & re-
poùffer tant les vagues que la preffion de l’eau. Le
corroi dont il s’agit n’eft qu’environ l’épaiffeur d’une
toife,d’argille bien détrempée,bien pétrie & foulée ;
enforte que toutes fes parties liées enfemble ne laif-
fent abfolument aucune ouverture par oùl’eau puiffe
s’écouler.S’il reftoit le moindre jour,la force & l’impe-
tuofité de l’eau ne tarderoient pas à y frayer un grand
paffage.Cette argille doit être poféeiur l’argille meme
du fond du terrein. L’une & l’autre étant liee enfemble
£ l’eaù eft fuffifamment contenue. Comme l’argille
eft fujett© à fe fendre en fichant, on la laiffe
quelquefois
quelquefois produire tout fon effet, pour remplir en-
fuite les crevaffes avec de nouveau corroi ; ce quij
lui donne plus de force. On^éleve la clef du corroi un .
peu plus haut que la décharge. Potir la fortifier, & en,;:
mêmetems y entrètenir la fraîcheur &: l’humidité, |
on couvre le deffusavec environ deux pieds de terre s
& , comme il;a été dit, on revêt, fes côtés dé beau-/
coup de terre bien battue, qui a fouvent/autant de ?
largeur au pied de fon talut qu’elle porte de hauteur.
Les pierres qui y font enfuite pofé.es du côté de l’eau/
étant auffi en talut, ne font heurtées qù’obliquement/
par les vagues. Tant la hauteur de ce talut que la lar-Ç
geur du chemin pratiqué fur la chauffée , font pour
l ’ordinaire au moins de trois toifes. Lorfque l’eau eft
trop haiite, elle force le. premier endroit qui n’eft pas
en état de foutènir fon impulfion c’eft ce qui fait
qu’on ne doit, pas trop.élevér la chauffée; il vaut
mieux laiffér lieu à l’eau de déborder par-deffus .en
cas d’une crue exceffive. , „ /
M. lé Page obferve que les chauffées que font les
caftors gris, font de bois en fautoir, mais près-à-près,
& fixés par des bois pofés de toute leur longueur fur
la croifée des fautoirs ; lé tojit eft enfuite rempli de
terre pétrie & frappée à grands coups de la queue .
de ces animaux. Le dedans de la chauffée n’a que peu
de talut du côté de l’eau : mais elle eft en talut plat
par dehors, afin que l’herbe ^venant à croître fur ce
talut, les eaux qui y paffent .enfuite n’emportent
point la terre.
Comme on eft prefque toujours dans le cas de
creufer, pour former Vétang, un foffé large & profond
qui régné dans toute la longueur du terrein, & fur
les côtés,plufieurs petites tranchées qui vont en pente
vers la chauffée , afin que les eaux s’écoulent dans un
autre foffé, qu’on appelle le grand foffé ou la poêle ;
la terre qu’on en tire peut fervir à la conftruéfion d e .
la chauffée: ce qui épargne la peine & les frais de
l ’aller chercher plus loin. Au refte, il faut éviter de
remuer la terre plus près de la chauffée, que de dix-
huit ou vingt pieds. L’eau s’y formeroit trop aifé-
ment accès/*. .
Le grand foffé doit être d’un pied & demi ou deux
piëds plus bas que les autres, afin que toute l’eau s’y.
rende, que le poiffon, attiré par l’abondance d’eau,v
s’y raffemble & devienne ainfi plus commode à pêcher.
Pour un étang cinquante arpens, ce foffé
doit avoir environ cinquante pieds de large, & quatre-
vingts pieds de long..
Quand la terre dont on voudroit former la chauffée
n’eft pas-forte, & manque de corps pour fe fou-
. tenir d’elle-même & réfifter aux vagues que le vent
y pouffe avec violence, on doit la foutenir avec des
pierres dures, comme, nous l’avons dit, ou couvrir
de gazons bien fins & arrangés fort près les tans des
autres, toute la partie expofée au flots. Il y a des
perfonnes qui garantiffent la chauffée par des pieux
garnis de faîcinage, qu’on affujettit avec de l’ozier :
mais le tout ne tarde pas à fe pourrir, & à mettre la
chauffée en danger de s’écrouler. Une chauffée de
maçonnerie bien faite fubfifte long-tems en bon état.
Rien n’empêche de planter des arbres ou des arbrif-
feaux Tur la chauffée. L’aune y convient mieux
que le^faule .qui devient - creux en vieilliffant, &
fournit alors une retraite aux loutres. Si l’on y met
des peupliers, il eft à propos de les étêter, finon les
oifeaux.fe perchent dans le branchage pour guetter
le poiffon ; les grands vents font fujets à s’enfourner
dans la tête„de ces arbres & les déraciner , ce qui endommage
.la chauffée : outre'cela, leurs feuilles fe
corrompent aifément dans.l’eau, pù elles tombent;
ce qui forme une mauvaife vafe pour le poiffon. On
a corifeillé d’y mettre des vodres, que. la Maifon
Rujlique nommt charmilles vodres, x arbriffeaux fort
communs en Champagne, qui tracent beaucoup,
Tome II.
lient la terré de la chauffée, & rompent par leurs ra-'
cines les vagues de Vétang. On trouve un pareil avantage
dans les racines du chêne Selle l’orme. '* '
Quand la chauffée n’eft pas expofée au midi, il
peut êtrë particuliéremént’avantageùx d’en faire le
’^côte de- dehors ^plus haut que celui qui eft vers l’eau.
Car on vo it fréquemment que de fortes vagues qui
franchiffent la chauffée ne s’écoulent de l’autre rive
qu’en la dégradant au lieu que ce côté fe trouvant
plus élevé rejetteràTeau dans Vétang, ou du moins
lui réfiftera.
Dans les lieux où le pavé efl?commun, on peut en
revêtir le deffus de la chauffée, pour empêcher que
de grands débordemens ne l’endommagent. Il 'faut
cependant convenir que c e , pavé n’eft pas 'toujours
lui-même à l’épreuve de rimpëtuofité de l’eau : quelquefois
il s’en trouve bien dérangé/Mais on peut prévenir
cet accident en pratiquant deux puvertures aux
deux bouts de la chauffée, pour fervir d’écoulement
ordinaire aux eaux de Vétang, & même pour y faire
paffer l’eau, lorqu’il furvient quelque inondation.
Il faut que ces ouvertures foiënt grillées, pour
empêcher que le poiffon ne forte de Vétang.
On place une bonde , ou pale ; tout au bas de Vétang,
pour faire fortir l’eau quand on veut le pêcher,
ou pour, le mettre à fec toutes les fois qu’on le juge
à propos. Il y a un art particulier dans la conftruâion
& l ’établiffement de cette efpece de vanne; enforte
qu’on n’ait pas à y retoucher fouvent; ce qui eft toujours
pénible & difpendieux, de quelque maniéré
qu’on la faffe : mais il fera bon que l’ouverture aille
toujours en s’agrandiffant vers le lieu où les eaux fe
perdent ; ce qui facilite un plus prompt écoulement:
de même que les tuyaux de cheminée, pratiqués en
hotte, c’eft-à-dire, qui s’évafent de plus en plus en
montant, & dont le bas eft médiocrement étroit, font
de bons préfervatifs contre la fumée.
Au devant de cette bonde, fera une grille de fer
percée de petits trous, pour empêcher que le poiffon
ne fe perde dans ce grand écoulement.
Le principal entretien de lVra/z^confifte à prendre
garde que l’eau ne s’écoule point mal à propos. On
aura foin de tems en tems, de vifiter la chauffée, la
bonde & les grilles, afin que s’il y manque quelque
chofe, on y remédie promptement.
Si on s’apperçoit que l’eau fe perde par un trou éloigné
de Vétang, on peut jetter de la balle d’avoine, du
ion ,. de la paille nachée, ou autre corps affez léger
pour nager, fur la furface de Vétang lorfqu’elle eft en
repos : ces corps légers s’affemblent peu-à-peu, vont
fe rendre vers l’endroit par où l’eau fort, & s’en approchent
en tournoyant. Pour boucher ce trou, les uns
l’empliffent de chaux détrempée qui fe diftribuant dans
toutes les fentes, s’y durcit : d’autres y mettent du
corroi, particuliérement fi le trou eft’un peu grand.
Empoisonnement de Vétang. Les poiffons qui fe
plaifent davantage dans les étangs où la terre eft fan-
geùfe & limonneufe , font la tanche, la barbotte ,
l’anguille, la carpe, le barbeau. La loche, le brochet,
la perche, le gardon & la carpe, fe nourriffent fort
, bien dans ceux dont le fond eft de fable. Outre tous
ces poiffons il y a le blanc, fous lequel nom font compris
la va ndoife, le meunier, le cheveneau, le véron,
la menuife ou menuifaille. Ces fortes de poiffons enfemble
s’appellent le menu fretin de Vétang, comme
la grenouille & l’écreviffe en font nommées les excré-
mens ; quoique quelques-uns les mettent auffi au rang
de la menuifaille. T
. Il faut riè mettre les brochets que deux' ans après
ces petits poiffons, afin que ceux-ci aient le tems de
fe fortifier, fe multiplier ,& devenir plus en état de fe
défendre contre le brochet.
Le mois de mai eft le tems qu’on choifit pour em-
poiffonner Vétang, parce que c’eft la faifon de trou-
T T t t t