
cependant ces deux intervalles font généralement
admis au rang des conformances ; mais ce n eft^ que
dans le renverfement, 8c jamais à l’égard du véritable
ton fondamental, comme on le montrera dans
les articles de ces deux accords.
On peut donc établir pour réglé générale, qu’afin
qu’un ton quelconque faffe une conformance com-
plette avec le fon fondamental, il faut de plus qu’il
.faffe conformance avec l’oélave ôc la quinte de^ce
même fon : or , puifque la tierce diminuée ou 1 intervalle
6: 7 , eft le plus petit des intervalles con-
fonnans, il en réfulte que la confonnance du ton fon-
da ni entai doit faire au moins un intervalle de 6 : 7 ,
avec l’oflave 8c la quinte de ce ton, 8c qu’ainfi la
iïxte même n’efl une confonnance admiffible qu’au-
tant qu’on peut affoiblir la fenfation de la quinte.
Remarquons encore ici qu’un ton qui n’eft pas
dans l’échelle diatonique du mode principal, fut-il
.d’ailleurs confonnant, devient une efpece de diffo-
nance à l’égard du mode auquel ce ton eft étranger.
Il réfulte de ce que nous avons dit jufqu’ic i, que
les intervalles conlonnans font l’oêlave, la quinte,
la tierce, la quarte ôc la fixte. On nomme confonnance
parfaite l’o â a v e , la quinte 8c la quarte, parce
qu’elles n’admettent ni majorité ni minorité fans
•cefler d’être confonnance. La tierce 8c la fixte font
des confonnances imparfaites, parce qu’elles peuvent
être augmentées 8c diminuées ; nous avons vu qu’il
y a trois fortes de tierces, la majeure, la mineure
& la diminuée: il en eft de même des fixtes.
La propriété principale de toutes les confonnances,
c’eft de fatisfaire l’oreille 8c de produire des repos.
Les diffonances au contraire inquiètent l’ouie, 8c
font defirer des tons qui ramènent le repos : ainfi
dans la compofition muficale la diffonance annonce,
en quelque maniéré, le ton qui va fuivre, 8c détermine
néceflairement la progreflion des tons ; au lieu
que la confonnance rend cette progreflion arbitraire ,
& la laifle indéterminée par cela même que, n’ayant
rien de déplaifant, elle ne-fait rien defirer au-delà.
C’eft la raifon pourquoi les accords confonnans forment
des cadences. - »
. Nous avons déjà obfervé que des fons confonnans
, lorfqu’ils font étrangers au mode dans lequel
on joue, forment une efpece de diflonance ; ainfi un
intervalle 8c même un accord entier, quoique confonnans
, peuvent produire l’effet des diffonances. Si
par exemple dans le mode C , fo l, ut,on vient à entendre
l’accord de re avec la tierce majeure, bien
que cet accord fo.it confonnant, il ne laifle pas de
frapper 8c d’étonner ; il prépare l’oreille à paffer dans
le mode G , re , f o l , précisément comme les diffonances
la préparent à l’harmonie qui va fucçéder.
On comprend de-là comment il fe peut faire qu’une
piece entière de mufique n’ait que des accords confonnans,
6c qu’elle conferve néanmoins les grâces
de la variété ; c’eft que dans ces compofitions les
accords étrangers, les tons moins confonnans tiennent
lieu de diffonances. (Cet article efi tiré de la Théorie
générale des Beaux-Arts de M. SuLZER. )
§ Consonn an ce , ( Mujîq. ) Il y a des cas oh- la
tierce, la quinte 6c la fixte , quoique confonnances,
font réellement diffonances, tant par leur origine
q 1e par la maniéré dont on les emploie. Voyeç
Q uinte , Six t e ,T ierce, (Mujîq. ) Suppl.
Les Italiens 6c les Allemands défendent de paffer
d’une confonnance parfaite à une autre parfaite par
un mouvement femblable, à caufe du défaut de variété
: Voye\ O ctave, ( Mujîq. ) Suppl, m d’une
confonnance imparfaite à une parfaite en même mouvement,
à caufe des oûaves 6c de quintes cachées.
Voye^ Cachée, (Mufiq.') Suppl.
■. Mais on peut paffer comme on veut d’une confonnance
parfaite à une autre imparfaite. (F. D . C.)
CONSONNANT, te , adj. (Mujîq.') Un intervalle
confonnant eft celui qui donne une confonpance
ou qui en produit l’effet; ce qui arrive en certains cas,
aux diffonances par la force de la modulation. Un
accord conformant eft celui qui n’eft compofé que de
confonnances. ( S )
Consonnante , ( Luth. ) grand infiniment de
mufique, inventé par l’abbé du Mont, qui participe
du clavecin 6c de la harpe. Son corps eft comme un
grand clavecin, pofé à plomb fur un piédeftal qui a-
des cordes des deux côtés de fa table, lefquelles on
touche à la maniéré de la harpe. (F. D . Cl)
CONSTANCE-CHLORUS, (Hifi. du Bas-Emp.)
fils d’Eutrope 6c de Claudia, étoit petit-neveu , par
fa m ere, de l’empereur Claude-le-gothique. On le
furnomma Chlorus à caufe de la couleur vermeille
6c fleurie de fon teint. Il fit fon apprentiffage d’armes
dans les gardes du prince q u i, juge 6c témoin
de fa valeur 6c de fa capacité, le nomma tribun, 6c
lui donna bientôt après le gouvernement de la Dal-
matie. On prétend que Carus , charmé de fon défin-
téreffement 6c de la douceur de fes moeurs, eut
une forte tentation de le défigner fon fucceffeur, au
préjudice de Carin fon fils , dont il déteftoit les débauches.
Dioclétien, qui l’avoit employé avec fuc-
cès, le créa Céfar conjointement avec Galere, plus
connu fous le nom de Maximien; quoique les deux
nouveaux Céfars euffent été nommés le même jou r,
Confiance eut toujours l’honneur du pas, 6c fon nom
eft le premier dans tous les monumens publics. On
crut devoir cet égard à fon privilège d’aîneffe 6c à
l ’éclat de la naiffance. Sa nouvelle fortune ne changea
point fon caractère doux 6c biënfaifant. Il con-
ferva fa première fimplicité. Ses largeffes le rendirent
pauvre , fi on peut l’ê tre, quand on n’éprouve
point de befoins. Il regardoit l’amour des peuples
•comme le tréfo.r inépuifable des rois. Quoiqu’éco-
nome , excepté dans la diftribution des récompen-
fe s , il foutint la majefté du trône , 6c flatta le goût
du peuple par des jeux 6c dés fpeélacles. Ce
fut par le retranchement des fuperfluités qu’il four-
. nit à toutes ces dépenfes, fans accabler les provinces
d’impôts. Après la mort de Dioclétien 8c de Maximien,
il fe contenta des provinces qu’il avoit gouvernées
en qualité de Céfar. Une défiance modefte
dans fes forces, lui fit refufer le département de
l’Afrique 6c de l’Italie, difant qu’on devoit mefurer
fon ambition à fes talens. Sa domination fut reflerrée
dans les Gaules 8c l’Efpagne , dont il rendit les peuples
heureux, en leur faifant oublier qu’ils avoient
un maître. Maximien, qui n’avoit rien à redouter
d’un prince fans ambition, fe regardoit comme le
maître abfolu de l’empire. Ce collègue impérieux
ne le laiffoit vivre , que parce qu’il étoit convaincu
de fa modération ; mais il ne pouvoit lui pardonner
d’être fon émule. Sa jaloufie, inquiété fans motif,
s’étoit affurée de fa fidélité , en retenant, comme
ôtage auprès de lu i , fon fils Conftantin qui donnoit
les plus hautes efpérances. Les maladies fréquentes
dont Confiance étoit attaqué , difpenferent Maxir
mien d’employer le fer 6c le poifon , pour jouir du
pouvoir fans partage; Son efpoir fut rempli. Cortf-
tance, jaloux d’étendre les limites de l’empire, porta
fes armes dans la Grande-Bretagnequi étoit déjà
fous la domination des Romains : mais fes anciens
habitans appellés Picles 6c Calcédoniens, s’étoient
réfugiés dans la partie feptentrionale, connue aujourd’hui
fous le nom d‘Ecojfe , oit ils. vivoient dans une
entière indépendance. Il remporta fur eux une pleine
viéloire, dont fa mort, caufée par fes fatigues, l’empêcha
de tirer avantage. Il mourut à Yorck en 306. *
II avoit été nommé Augufte une année 6c trois mois
auparavant. En mourant', il déclara Céfar fon fils:
Conftantin qui dans la fuite , fut furnommé le
(Grand. Il l'ayoit [eu d'Helene fa première femme.
Maximien l’avoit obligé de la répudier pour époufer
Théodora. Quoique ce prince fît profeflion du paga*
nifme il ne perfécuta jamais les Chrétiens qu’il
combla de bienfaits , 8c qu’il éleva par préférence
aux premières dignités ; il avoit en horreur les apof-
tats difant que ceux qui facrifioient leur dieu à leur
fortune , étoient toujours difpofés à trahir leur
prince;
Constance ( Flavius-Julius ) , fils du grand
Conftantin, fut défigné fon fucceffeur pour régner
conjointement avec fes deux freres. Son pere , par
fon teftament, leur avoit encore affocié fes deux
neveux ; mais le peuple , l’armée, 6c le fénat, refu-
ferent de foufcrire à fes dernieres volontés. Les neveux,
dont les moeurs 6c les talens donnoient les
plus hautes efpérances , qui promettoient de rendre
les peuples heureux , furent inhumainement maffa-
erés par les foldats qui ne vouloient d’autres maîtres
que les fils de Conftantin. Les amis de ces deux princes
innocens furent enveloppés dans leur carnage ,
6c on laiffa leurs corps fans fépulture. Les affaflins
exigèrent avec tant d’infolence de Confiance , le
falaire de leur crime, qu’on le foupçonna d’être l’auteur
de ce carnage. Quoiqu’il y eût plufieurs empereurs
, l’empire n’avoit point encore été divifé. Les
enfans de Conftantin partagèrent le pouvoir, 6c fe
rendirent indépendans les uns des autres. Confiance
eut la Grece, l’Afie Ôc l’Egypte. Les blafphêmes
d’Arius avoient rempli la capitale 6c les provinces
de diffentions civiles. Quoique Confiance favorisât
Ouvertement les partifaris de cet héréfiarque , il
rappella dans leur fiege tous les évêques exilés.
Athanafe fut rétabli dans l’églife d’Alexandrie, 8c
Paul dans celle de Conftantinople. Tandis qu’il cal-
moit les fureurs religieufes, les Perfes , après avoir
paffé le T ig re , s’étoient rendus maîtres de l’Arménie,
dont ils avoient chaffé le ro i, allié 6c ami des Romains.
Confiance marcha contre eux , 8c quoique
fon armée eût fecoué le joug de l’obéiffance , il obligea
Sapor à rentrer dans fes états , où il eut bientôt
réparé fes pertes. Deux ans après, il reparut avec
des forces lupérieures dans les provinces de l’empire.
Vainqueur dans ces combats , il feroit refté le
dominateur de l’Orient, fi les barbares , voifins de
fes états, ne l’euffent rappellé pour les défendre.
L’Occident étoit également ébranlé par des tempêr
tes. Magnence, qui de {impie foldat étoit parvenu
au commandement des armées , profita de l’amour
des foldats pour fe faire déclarer empereur. Vitra-
nion fut proclamé le même jour par les légions de
Pannonie. Conftans 8c le jeune Conftantin furent
dépouillés de leurs états. Leur frere Confiance quitta
l’Orient pour venir à leur fecours. Vitranion, trahi
par fes foldats, fe fournit à la clémence de fes maîtres
offenfés. Confiance eut la générofité de lui pardonner
; il lui afligna même un revenu fuffifant pour
fubfifter honorablement. Le vainqueur tourna en-
fuite fes armes contre Magnence qui fut vaincu en
Efpagne. Il leva une nouvelle armée dans les Gaules,
pù il effuya une fécondé défaite. Alors craignant de
tomberai! pouvoir de Confiance, il fe donna la mort.
L’empire qui avoit été divifé, fut réuni fur une feule
tête. Confiance fe tranfpojta à Rome pour y recevoir
les honneurs du triomphe. Quoiqu’il y témoignât
beaucoup d’égards pour les habitans, il aigrit les
efprits par fa çomplaifanee pour les adorateurs des
faux dieux. Il permit qu’on relevât dans la falle du
fénat l ’autel de la viûoire. Les privilèges des veftales
furent maintenus dans leur intégrité. Il revêtit du fa-
cerdoce les païens les plus diftingués parleur naiffance.
Des fonds furent affignés fur le tréfor public,
pour fournir à la dépenfe des facrifices. Ces égards
pour les relies de l’idolâtrie , firent murmurer les
I Chrétiens qui ne putent lui pardonner d’avoir accepté
le titre de grand-prêtre de Jupiter. C ’étoit
moins par attachement pour l’idolâtrie, que par
le defir de réunir tous les fuffrages , qu’il avoit
cette çomplaifanee criminelle ; car d’ailleurs il avoit
du zele pour le chriftianifme, qui prit fous fon régné
de nouveaux accroiffemens. Le murmure des Chrétiens
fut appaifé par un édit publié en leur faveur;
Ceux qui avoient été dépouillés de leurs biens pendant
les perfécirtions , rentrèrent dans leur droit dé
propriété ; 6c pour furcroît de faveur, ils furent
élevés aux premières dignités de* l’état , dont ils
avoient été exclus. Tandis qu’il les favorifoit, Julien*
vainqueur dans les Gaulés , réprimoit les courfes
des Allemans, 6c affermiffoit l’empire par fes victoires.
Confiance, jaloux de fes profpérités, le rappella
dans fa cour ; mais les légions accoutumées à
vaincre fous ce guerrier philofophe , ne purent con-
fentir à fon départ, 6c pour mieux fe l’attacher ;
elles le proclamèrent Augufte. Confiance , pour
étouffér cette rébellion , leve une puiffante armée *
6c précipitant fa marche , il effuya tant de fatigués *
qu’il fut attaqué d’une maladie auprès du Mont-Tau-
rus. Sentant fa fin approcher, il fe fit conférer lé
baptême par un évêque Arien, dont il avoit toujours
favorifé la feéle. Il mourut dans la quarante,-cin*
quieme année de fon â g e , dont il en avoit régné
vingt-quatre. Son zele pour l’arianifme , 6c la per*
fécution contre les évêques 6c les prêtres catholiques
, rendront toujours la mémoire odieufe. C’étoit
un prince médiocre 6c de peu de talens* ( T-n . )
CONSTANT I , ( Hijl- du Bas - Empire) fils du
grand Conftantin, fut appellé à l’empire conjointement
avec fes deux freres, Confiance ôc le jeune
Conftantin. Les trois princes s’affemblerent dans la
Pannonie , pour partager une fi riche fucceflion.
Confiant, qui étoit le plus jeune , eut l’Italie, la
Macédoine , la G reee, l’Illyrie 6c l’Afrique. Dès
qu’il fut revêtu du pouvoir fouverain, il fe livra à
- fes penchans pour les plaifirs. Jeune pféfomptueux *
il fe croyoit le plus grand capitaine de fon fiecle >
parce qu’il réufîiffoit dans tous les exercices militaires
, 6c qu’il étoit adroit à tirer de l’arc 6c à lancer
un javelot. L’encens de fes flatteurs acheva dé
corrompre fa raifon. Quoique plongé dans les voluptés
, fa foi n’en fut ni moins vive , ni moins pure;
Il fe déclara le défenfeur de l’ortodoxie , 8c fut lé
fléau des païens ôc des hérétiques. Les minifttes dé
l’autel furent comblés de biens 6c d’honneurs ; les
facrifices païens furent défendus. Ses offrandes enrichirent
les églifes ; il fit fermer les temples de l’idolâtrie
, mais il défendit de les détruire , parce qu’ils
embelliffoient Rome , 6c qu’ils occafionnôient des
jeux ôc des fêtes, où le peuple trouvoit le délaffe-
ment de fes fatigues. Ce prince, proteéleur de la
religion, la deshonoroit par fes débauches. Il vivoit
au milieu d’une troupe de jeunes efféminés qu’il
ehoififfoit parmi les otages , ou qu’il faifoit acheter
chez l’étranger. Paflîonné pour la chaffe , il s’enfon-
çoit dans les forêts pour fe livrer- à cet amufement ;
fes excès 6c fes fatigues épuiferent fon tempérament.
Tourmenté de la goutte , il perdit l’ufage des pieds
6c des mains. Ses douleurs le punirent fans le corri*
ger. Confiant, devenu odieux à'fes fujets, autant
par fes v ice s, que par la tyrannie de fes miniftres *
ne récompenfoit que fes flatteurs. Marcellin * intendant
des finances, 6c Chrefte , capitaine expérimenté
, formèrent une conjuratiôn pour élever
Magnence à l’empire. Marcellin , chef des conjurés,
dédaigna le trône où il pouvoit monter , aimant
mieux être le maître de l ’empereur que de l’empire.
Il invita à un grand feftin Magnence 6c les principaux
officiers de l’armée, dont la plupart étoient
fes complices. Le plaifir de la table fut pouffé bien