
que le fpe&acîe auroit été trouble, ik que les coupables
n’auroient pas' été découverts oc punis par les cenleurs , l’état-major devroit, dis-je, punir le
premier capitaine 8c le premier lieutenant-, non
parce que le fpe&acle auroit été troublé, mais
parce que ,ces deux officiers , qui font les çen-
feurs -nés de leurs camarades , n’auroient pas
rempli les devoirs que leurs places leur impofent.
Par un réglement dont nous ne connoiffons ni l’époque ni l’auteur , il eft défendu aux officiers
de jouer ia comédie dans leurs garnifons & dans fes environs , non feulement avec les afteurs
de profeÛion , mais même avec les perlonnes.
qui la jouent . .pour le u r propre plaifir. Ce réglement
doit être maintenu avec loin , il prévient
une fouie d’abus dont il . eft inutile d’ex-
pofer les fuites.
COMITÉ INTIME DE LA GUERRE.. Une
ordonnance relative à l’étahliffement-. du eonfeil
de la guerre à créé le comité intime de la guerre.-
.Ce .comité devoirj être çonipofé du miniftre
principal du ro i, du fecrétaire d’état au département
des affaires -étrangères , d’un ou aïeux
miniftre s d état ,id u . fecrétàire d’état au département
de la guerre, de deux membres du eonfeil
de la guerre , d’ûn ou plufieurs maréchaux de
France, & de quelques officiers généraux dans
les talens defquels le roi auroit le plus de
confiance.
Le -public, trop fouvent Jnjàfte , ne pouvant
calomnier ia formation - de ce comité intime,
qui eft vraiment précieufe, calomnia les motifs
de celui qui -l’ayoit -forme-; -mais que nous importent
les motifs qui font agir les adminif-
trateurs , pourvu que les relui rats de leurs opérations
forent-heureux. La formation d’un fem-
blable comité eft néeeffaire pendant la paix, &
indifpenl’able pendant la guerre. Qui paieux que
ce eonfeil pourroit dilcuter & arrêter les mesures
& les opérations relatives aux armées? qui
mieux que ce eonfeil pourroit lever les doutes
qu’un bon roi doit à la place qu’il occupe 8c
à l ’éducation qu’il a reçue? qui mieux que ce
eonfeil pourroit mettre des bornes aux injuftices
des mini lires ? qui mieux que «ce eonfeil leur,
auroit donné des lumières sûres-,i 8c prévenu les
maux que leur légèreté pu leur ignorance ont
fait éprouver au .royaume?
Ou je m’abufe étrangement, ou la nation placera
autour du ■ miniftre de la guerre un ^conleil
çorappfé à peu près __ comme dévoie 1 eue le
comité' intime , & ’confiera à ce eonfeil , outre •les détails dont nous avons - parlé ,• le foin de
juger en dernier refiort toutes les aceufations
intentées par3 les militaires contre ceux de leurs
chefs qui auraient abufe de leur autorité, ou bleffé
les lois. Ce eonfeil, tel que je le conçois ,
ferait nomçié eonfeil fuprémè de là. guerre 5 &
compofé de tous les maréchaux de France, de
tous les commandans en chef des provinces, &
des feerétaires d’état de la guerre 8c des affaires
étrangères. Ce feroit à la pluralité des voix qu’il
déciderait de toutes les affaires qui lui fer oient
fb.umifes > & on lui foumettroit toute la partie
légiftative militaire , ainfi que tous les grands
détails relatifs aux pians de guerre 8c de campagne;
lui défendant néanmoins de donner aux
généraux, aucune efpèce d’entrave , car le cher
d’une armée d oit‘ avoir une carte blanche entière.
Fayq[ C onseil , §. 3 , 8c CARTE-
B L A NCHE .
COMMANDANT. On fe fert également du
mot commandant pour défigner la perfonne qui
commande dans une grande province , dans un
petit diftriél., dans une ville , dans un fo r t,
dans un petit pofte ; on fe fert aulfi de ce nom,
pour défigner le chef d’ un corps militaire quelconque.
§ , I.
Des Commandans de province.
Les commandans de province font membres de
l’état-major de la province dans laquelle ils font
employés.; ils y commandent lorfque les gouverneurs
8c les lieutenans-généraux de ces provinces
en font abfens , 8c ils y ont alors la
-même autorité qu’eux ; comme eux, ils doivent
veiller à contenir les habitans dans l’obéiffance
due à l’autorité fuprêçne, & à les faire vivre
entre eux en bonne union ; comme eux , ils commandent
aux officiers généraux employés dans
d’ étendue de leur commandement, aux troupes
qui y font en garnifon , à celles qui y féjour-
nent ou qui y paffent ; comme eux , ils doivent
tenir la main à l’exécution de toutes les ordonnances
militaires , veiller a la garde 8c a la con-
fervation des places ; comme eux, ils peuvent ,
en cas de befoin , affembler, les troupes de leur
commandement, mais ils doivent fur le champ
rendre compte au miniftère des motifs qui les y
ont déterminés.
L’autorité des commandans de province eft a (fes
ordinairement limitée , par les provifions ■ qu’ils
reçoivent,, à trois ans de durée ; ces provifions
doivent être enregiftrées dans les cours fouveraines
de leur commandement. Quoique les provifions des
commandans de province foient limitées, on n’a
guère? d’exemples qu’on les ait renouvelées ; cet
oubli ou, cette' négligence ne pourroit - elle pas
faire naître , quelque jour , de grandes difficultés ?
Les provifions que recevaient jadis les commandans
des provinces laHToient pr.efque toujours
des doutes fur l’étendue de leurs pouvoirs : le
nouvel ordre de chofos qui vient de paraître diffipera
para fans doute toutes ces incertitudes ; on faura
à l’avenir quels font les droits , quelles font les
prérogatives des commandans des provinces ‘ 1 on
prendra les mefures les plus juftes pour qu’ ils
jouiffent de l’autorité entière dont ils ont befoin.,
mais auffi les précautions les plus grandes pour
qu’ils ne puiffent jamais franchir impunément les
bornes qu’on leur aura données.
Un commandant de province qui veut remplir -
dans toute leur étendue toutes les fondions qui
lui font confiées , parcourt plufieurs fois chaque .
année la fu.rface de fon commandement : il obferve
tout ce qui eft relatif à la défenfe 8c à l’attaque ;
il reconnaît les camps , les polirions , les chemins
, les défilés, les communications & les ma-
gafins militaires : il tourne enfuïce fon attention
vers le commerce , & il s’occupe des moyens
de le faire fleurir ou de l’étendre : il fonge
principalement , dans fes voyages , aux moyens
d’encourager & de perfectionner l’agriculture :
il doit favoir quelle eft la qualité & la quantité
des denrées que fon commandement produit : il
feroit bon qu’il eût un état ex ad de la population c ; 8c un état particulier du nombre d’hommes en
.état de porter les armes , dès femmes , des
vieillards , des enfans , des agriculteurs, des
ouvriers, des artiftes de chaque efpèçe , & même
des bêtes de fomme & de trait. Il pourroit faci-
ïèment faire ce cens général & particulier , en
tirant parti des déléguésdu gouvernement répartis
«dans les différentes villes de la province.
Bes qualités les plus néceflaires à un commandant
de province font celles qui peuvent lui concilier
Je plus sûrement le coeur des habitans Sc
des gens de guerre auxquels il commande ; fon
autorité eft bien plus sûre lorlqu’elle ;eft fondée
fur l’ eftime & fur l’amour , que Iorfqu’elle a la
crainte pour bafe. On en a vu des commandans
de province qui auroîent d'un, feul mot appaifé les
troubles les plus grands , & d’autres qui, par
leur préfence feule , auroîent excité des incendies
: les premiers étoient acceflibles , affables,.
bons ; les féconds fiers , hautains , durs & re-
jpouffans : ceux-là étoient à la cour les follici-
teurs ardens des grâces qu’avoient méritées les
habitans & les gens de guerre de leur commandement
; 8c les autres , . . . . on s’eftimoit
heureux , quand ils ne rendoient point de mauvais
offices : ceux-là faifoient tomber les grâces de
la cour fur les hommes qui en étoient dignes
& qui en avoiant befoin ; ceux-ci les attiroient
fur leurs vils flatteurs , fur leurs parens , ou fur
eux-mêmes : ceux-là faifoient quelquefois les
frais des grâces qu’ils avoient fait efpérer & qu’ ils
îfavoient pu obtenir ; ceux-ci , pour ne rien folli-
citer , ne rien donner , ne promettoient rien :
ceux-là .s’étoient fait une loi de depenfer dans
leur province le traitement qu’ ils en recevoient,
àuffi leur maifon étoit-efle le rendez-vous d’une
Ar t. Milit. Suppl, Tome IV^
foçiété, noïtibreufe , mais choifie , ils agiffoient
a in fi plus par principe d’économie i olitique qu®
pour fatisfaire leurs goûts ; les autres avoient pouf
loi défaire régner dans leur maifon- me étiquette
févère , une trifte monotonie , ils agiffoient ainfi
moins par amour de l’ordre général , que par
principe d’économie perfonnelle : G e u x - la aimeient,
recherchoient, diftinguoient, encourageoient les
hommes inftruits ; ceux-ci, véritables Welches,
auroîent anéanti, s’ils Pavoient pu» les lettres
& les lettrés. Terminons ce parallèle , peut-être
déjà trop lo n g , & que nous, aurions effacé nous-
même , fi nous n’avions penfé qu’il préfente
quelques vérités qui peuvent un jour être utiles.
Les commandans des provinces font divifés en
quatre claffes ; en commandans généraux , en commandans
en chef, en commandans en fécond & en.
commandans en troifième.
Un feul gouvernement, celui de' Flandre , a
un commandant général ; vingt-cinq gouvernemens
ont des commandans en c h e f ; vingt-deux des
commandans en fécond ; fix des commandans en .
troifième. Cette variété , cette multiplicité de .
commandans va bientôt difparoîtce : l’afîerâblée
nationale détruira fans doute , dans fa fageffe ,
cette multitude d’êtres parafites qui fe gênent
mutuellement, 8c qui abforbent fans néceffité une
portion immenfe des contributions des peuples.
Vingt provinces militaires fuffifent à la France ,
& par conféquent vingt commandons\ en premier
& vingt commandans en fécond.
Les commandans'des provinces -font tirés de la
claîTe des maréchaux, de France , de celle des
lieutenans ^généraux & des maréchaux de camp.
Ces officiers jouifferit d’un traitement particulier
qui eft très-confidérable.' Ce traitement fera fans
doute réduit par l’équité. Les fêtes que le com- ■
mandant Tune province donne dans fon palais ,
n’ajoutent rien au bonheur , ni même aux pîaifn*
du peuple qui en fait les frais.
La dignité de gouverneur de province & celle
de commandant en chef ne font point incompatibles
par le fait : il en eft de même de-celle de gouverneur
particulier de telle ou telle ville , 8c de
commandant en chef de la province dans laquelle
cette ville eft fituée. Une.de ces places devroit
fuffire , ce me fembie , à l’ambition d’un citoyen ;
mais comment affouvir la cupidité des courtifans?
ils font tous avares ou prodigues. Combien ne
feroit-il .pas heureux que la loi fi fage, relative à
la multiplicité des emplois , fût: accomplie à la
lettre! mais il eft à craindre qu’.elle fera encore
long-temps placéé à côté de celle quj proh&e la
multiplicité des bénéfices. L.e.s chefs de l’adminif-
tration militaire ont encore, avec les chefs de la
hiérarchie eccléiiaftique , une autre relTemblance 5
c’eft leur dégoût pour la réfidence. Sic’ eften vain
que les canons fie l’ églife rélèguent les évêques dans
I leurs diocèfes 3 c’eft yaineî^ent que les ordoa