
çb B R E
aufli, article V a l e u r , valeur, brdvoürt\ vaillance
, vertu qui conjifie a s* expo fer courageufe-
tnent à tous les périls de la guerre ; l’homme qui
cherche à ■ s’inftruîre relie donc , après avoir lu
ces articles , dans l’incertitude où îl étoit plongé
avant de commencer fes recherches f i , pour en
jfortir , il confulte le di&ionnaire de littérature
qui fait partie de cette Encyclopédie , il y eft
.replongé plus profondément que jamais , car la
valeur eft mife dans cet ouvrage bien au-deflous
'de la bravoure. En attendant le moment où les
légiflateurs de la langue françoife auront levé
nos doutes à cet égard , nous demanderons fi l’on
ne peut pas dire que la bravoure eft à la valeur
comme la poltronnerie eft à la lâcheté : un nouveau
danger rend le ppltron lâche J de meme ,
des, pallions ardentes , de grandes récompenfes ^
"de vives, harangues rendent 1 e brave~ valeureux. .
On ne peut donc que relever la bravoure abattue ,
fa fortifier, l’augmenter , voye[ E n c o u r a g e r ;
maïs on peut faire naître la valeur : il faut par
: conféraient que tous les gens de guerre foient
* braves.
La bravoure n’ayant rien d’éclatant , d’en-
traînant, ne fuffit pas à l’officier, il lui faut de
la valeur. La valeur a encore cet avantage fur
la bravoure , c’eft qu’eiîe tient au moral , au
courage, '■
Nous demanderons avant de terminer eet article
, s’il n’y a pas une différence réelle entre
l ’homme' brave & l’homme qui à de la bravoure ;
l ’homme brave peut, ce me femble, être comparé
à l’homme totalement adonné au vin , &
que nous nommons ivrogne , tandis que celui
qui n’a que de la bravoure peut être comparé a
l ’homme qui n’eft que très-rarement furpris par
le vin. Si l’on adoptoit cette différence, le mot
-■brave défîgneroit un homme conftamment difpofe
à braver les périls de la guerre, tandis que ce-
: lui à qui on n’accorderoit que de la bravoure n’y.
feroit difpofé qu’accidentellement.
BRETELLES DE FUSIL, (punition militaire.)
L’ordonnance du I er. juillet-1786 , met les bre-
‘ telles de fufil au nombre des punitions militaires :
cetfe' punition eft régâfdée comme" infamante >
elle eft infligée à celui qui eft convaincu d’avoir
été le chef d’un complot dé déferler* quoique ce:
complot n’ak point été exécuté; Celui qui £ été
paffé par les bretelles eft chaffé avec une car-1
..touche jaune.
Nous n’entrerons point dans des détails fur
: ]a manière de paffer par les bretelles-, les raifons
j de ce filence font motivées article Baguette. Mais
i nous demanderons pourquoi on a rendu les bre-
- telles infamantes-, tandis que les baguettes ne
‘ le font point. Si l’une des deux punitions pou-,
- iVoit ne point être infamante , c’étoit certaine-'
■ nient les bretelles -, elles font une^porti.on de-
^ ’équipement du. foldat : il parole d’ailleurs que
B R Ë
le mal caufé par les baguettes doit être plui
grand que celui qui eft caufé par les bretelles.
BRETTEURS. L’auteur de l’article bretteurs j
dans le di&ionnaire militaire portatif, dit, « quoi- !
que ce terme ne foit pas militaire , & qu’il
paroifle ne devoir pas avoir rang dans ce die-
tionnaire, cependant je l’y place pour dire que
les bretteurs, qui étoient plus en vogue autrefois
qu’ils ne le font à prélent, font regardés J
aujourd’hui comme la lie & le déshonneur des
troupes , & toujours les premiers à lâcher le
pied dans les occafions a. Voye[ notre article
D u e l , Tom. I I , pag. 222.
BREVETS.Parmi les changemens heureux, opérés
d’après les avis du conlèil dp la guerre , on 1
doit placer au rang dés heureux ceux que les brevets
militaires ont éprouvés. On en a changé le
protocole & la forme.
Le changement dans la forme des brevets
eft heureux en ce qu’ il offre , au premier coup |
d’oeil , la date à laquelle l’officier a joint ion j
corps -, l’époque à laquelle il a été reçu -, les campagnes
qu’il a faites dans chaque grade -, les blef-
lures qu’il a reçues -, les aélions auxquelles il a
affilié -, les grâces pécuniaires qu’il a obtenues,
& le s motifs qui les lui ont values-, la date de
fon admiflion aux ordres de chevalerie militaire ",
en un mot , toutes les récompenfes qu’il a obtenues
, & toutes les a&ions. diftingué.es qu’il a
faites.
Le changement dans le ftyle des brevets eft
heureux : ils font rédigés en langage , moderne :
ce langage eft un peu trop fec, à la vérité , mais,
comme on ne vouloit être que laconique , il
a bien fallu fupprimer tout ce qui pouvoit
flatter l’amour propre. Les changemens que le
temps a produits dans notre conftitutibn en produira
aufli fans doute dans le ftyle dès. brevets ;
on jugera fans doute à propos aujourd’hui de
faire ufage de la louange-, elle eft, un fi suif
fant motif d’émulation i
Les officiers françois ont vu avec peine l’ar
ticle de la loi relative aux brevets, qui les for-
çoit de les lai fier entre- les mains des • chefs
de leur régiment : ils ont cru reconnoïtrt dans
cette difppfition une qfpèee de chaîne : fi le
réda&eur » a dit ce qu’il a voulu dire, ils
! ont eu raifon. Pour qu’on remette fon brevet a
un officier, il faut qu’il meure, ou qu’il pafTe
à un grade fupérieur , ou qu’il obtienne fa retraite
: s’il vouloit quitter fans retraite , pourquoi
ne lui donneroit-on pas fon brevet. iVlais
à quoi bon s’appefantir fur de pareils objets :
' l’efprit qui dirigea l’ordonnance du 17 mars 17^
n’exiftant plus, toates les difpofitions abufives
qu’il a enfantées difparoitront bientôt fans doute.
Une nation ne peut concevoir, & moins encore
exécuter le projet d’avilir les défenfeurs, & êe
B R O
tes priver de leurs emplois, lorfqu’ils n’ ont point
frété légalement jugés indignes de les remplir.
; BRIGANDINE. On fe fervoit fous Louis XI,
du mot brigandine , pour defigner une efpece
particulière d’armé défenfive. La brigandine ,
[étoit une armure faite de lames de fer, pofees
Jës unes fur les autres , & appliquées fur de
petits matelas. Les brigandines recevoient divers
noms fuivant les endroits où elles etoient
appliquées. La plupart des Bourguignons por- ,
toient des brigandines lors de là guerre du bien
public. Les brigandines étoient plus ou moins
fortes & pefantes fuivant l’épaiffeur des plaques
’de fer dont elles étoient compofees, & des petits
matelas fur lefquels elles étoient appliquées.
[Les petits matelas des princes & des grands fei-
-gneurs étoient faits en latin.
I BRONZER. Bronzer le canon d’un fufil, c’eft
[lui faire prendre , au moyen d’une opération
[bien fimple , une couleur d’eau.
| Nous ne parlerons point ici de la manière dont
[cette opération s’exécute ,. elle eft infiniment
'aifée, elle eft d’ailleurs décrite dans le diélion-
fnairè des arts & métiers, article A r q u e b u s ie r .
| On bron^oit jadis tous les canons des fufils de
munition -, pourquoi ne les bronze-t-on plus ?
'C’eft, je penfe,à des erreurs qu’on dôit attribuer
•ce changement: un militaire aura lu dans Plu-
[tarque que Philopoemen recommandoit à fes
foldats de tenir leurs armes très-propres , très-
brillantes, parcé que , difoit ce grand homme ,
l ’éclat & le brillant des armes en impoferit à
l’ennemi , & contribuent ainfi à diminuer fa fermeté
-, & de là ce militaire aura conclu que nous
devons donner aux canons de nos fufils un poli
miroité : un autre aura lu dans l’hiftoire que
Scipion occupoit de cinq en cinq jours fes foldats
à fourbir & à éclaircir leurs boucliers , leurs,
dards , leurs javelots , & il aura imaginé que
nous devons de même , pour bannir l*oifiveté:
de l’armée, éclaircir tous les cinq jours nos fufils,
nos moufquets , nos carabines. Si ces militaires
avoient fait attention à la différence immenlè qui
exifte entre nos armes & celles des Grecs &
des Ronàains, ils ne feroient certainement point
tombés dans cette erreur -, c’eft ainfi qu’un paflage
de quelque auteur ancien ou moderne que l’on
tronque , que l ’on applique mal , ou qu’on n’entend
point, caufé fouvent des maux encore plus
funeftes que celui-ci4, & plus difficiles à réparer.
,,On a dit encore pour autorifer le poli miroité ,
qu’il eft dangereux de confier aux foldats le foin
de bronzer leur fufil , parce qu’ils en brûlent
I quelques-uns -, cela peut être -, mais je deman-
• derai s’il ne vaut pas mieux s’expofer à voir quelques
' fufils mis hors de fervice par l’opération du‘bronzer,
que l’armement entier des troupes détruit, dans
> un petit nombre d’années, j?ar la potée , l’émeri,
B R O 91
le brnnlflfoîr, la baguette , &c le demanda rai
encore s’il eft quelque raifon qui nous empêche
de confier aux armuriers que nous avons da
nos régimens, la direétion de la chaude , ou coup
de feu , qu’il faut donner au canon pour le
bronzer , laifTant feulement au foldat le foin de
le.frotter avec la pierre languine. Au moyen deé ,
précautions que j’indique, nos fufils ne feroient
jamais ni endommagés par le feu , ni confumés
par la rouille , ni affoiblis par des frottemens
violens & fouvent réitérés : nos foldats ne
verroient plus une partie de leur paye abforbée
par les ingfédiens qu’ils font obligés d’acheter
pour entretenir leurs armes ', ils ne craindroient
plus autant la pluie, les brouillards , & c. l \ è
auroient enfin du temps à donner aux objets
eflentiels auxquels on pourrait, on devrait même
les occuper. Cet article étoit fini quand un excellent
ouvrage de M. Mauvillon (■ e-ffai - fur Fiil- '
fluence de la poudre à canon dans l’art de la
guerre moderne ) m’eft parvenu. Cetf écrivain
veut prouver que nous aurions tort de bronzer
le canon de nos fufils. Ses réflexions font très- '
fages, mais font-elles faites pour convaincre ? Nous
allons , en tranferivant l’opinion dè M. Mauvillon ,
mettre le le fleur à portée de décider cette qiïef- •
tion , plus importante qu’on n’eft d’abord tenté de
le croire.
«J’ai lu quelque part, fans potfvoîr me rappeler
où, que l’on feroit bien de brunir les fufils de
l’infanterie-, ,les raifons alléguées en faveur de ce
fentiment font frappantes. D’abord l’ufage de polir
les armes comme un miroir les rend minces, &
fujëttes à crever, ce qui ne peut que caufer. de
fâcheux inconvéniens. Enfuite dos troupes , Toit
en marche, foit en embufeadé , font' bien, plus
aifément découvertes, & de trèsdoin, àu moyen
de ces armes brillantes, que fi elles étoient brunies ;
& ce n’eft pas tout de décéler les troupes ,> elles
découvrent la direâion de leur marche, ellesTôur-j
nilfent des lumières fur leur nombre I fur leur-
pofition , enfin fur une infinité de chôfes qii’il
convient communément de . cacher à l’énnemu-
Tout cela ne fauroit fe conteftér. Mais obfer^
vons d’un autre côté que la rouille’ eft -le plus-
gratid ennemi des armes à feu , & les fait crever
bien plutôt & plus sûrement que le frottement;
que la malpropreté dans leur entretien , à laquelle
la parefle ne pouffe que trop le foldat, dès qu’on
lui ouvré les moindres moyens de s’y livrer, fait
bien vite naître cette rouiile •, que la moindré
tache frappe l’oeil fur des armes polies, au lieu
qu’il en échapperait beaucoup à une recherche
même exaâe fur des armes bru'nies -, ce n’eft
pas tout : tous les peuples du monde ont
toujours attaché lin point d’honneur à leur propreté,
& à l’éclat brillant qu’elles jetoient au
loin, parle poli qu’ils leur donnoienf, ils y onc
même mis une certaine confiance par l’idée de
M 2