
ment avantageufe pour habituer les officiers & |
fous-officiers à conferver les diftances & lsalignement
, à faire les commandemens néceflaires,
à juger des points de direction & d’alignemens,
des intervalles à parcourir , & du tems néceffaire
pour l'exécution.
E x e r c ic e d e cam p a g n e.
Ici les vues agrandirent , les objets deviennent
plus compliqués, les travaux plus vaftes,
les exercices plus difficiles, les réfultats plus effen-
tiels.j ici les corps fe réunifient, les différentes
armes fe joignent enfemble , & l’on s’occupe de j
tout ce qui peut avoir rapport à la guerre.
Le grand Frédé;ic eft peut-être le premier
& le feul qui ait jamais fait des exercices de
campagne utiles pour les foldats , les officiers &
les généraux. On avoit dû fuppriroer en France
Fufage de quelques raflemblemens de troupes
qui furent faits à très-grands frais, bien plus
pour aider l’ambition de quelques généraux ou
de quelques mi ni {1res , que pour inftruire le militaire
Français j mais fous une conftitution différente
, avec des foldats & des officiers plus
citoyens & plus militaires, avec un plan tout
différent pour l’inftruêtion des uns & des autres ,
les exercices de campagne deviendroienr indif-
penfablement néceflaires. Sans s’appéfantir fur
les détails , on fe bornera a quelques idées fur
ces exercices.
Les armées deftinées aux grandes manoeuvres
de la guerre , après quelques campemans, com-
menceroient à exécuter l’ordre parallèle, après
différentes marches de front , & enfuite on l’exé-
cuteroit après des marches de flanc.
L'ordre parallèle , après une marche de front,
s’exécuteroit d’abord par un déploiement fur la
droite, enfuite par un déploiement fur la gauche5
on pourroit aufïi en faire un fur le centre.
L’ordre parallèle s’exécuteroit au (fi après une
marche de front fur la droite , & après une marche
de flanc fur la gauche.
De l’artillerie légère & des grenadiers ouvri-
roient la marche de chaque divifion.
Le général marcheroit à l’avant-garde (1) 1
(1) On ne fauroit trop s’appliquer à connoître
toutes les reffources que l’on peut tirer d’une avant-
garde : il faut qu’elle ait du canon : c’eft-là que j
dok fe tenir le général, c’eft de là qu’il doit re- I
connoître l’ennemi 5 c’eft de là qu’il doit déterminer j
l’ordre de bataille qu’il veut prendre. C ’eft avec *
avec les officiers généraux commandans les di-
vifïons, fon état-major , des aides-de-camps ,
& ce feroit de là , que par des fignaux convenus
, il avertiroit les colonnes de fe mettre en
mefure & de fe déployer.
Cette avant-garde feroit portée enfuite elle-
même ou ■ en réferve , ou pour renforcer des
parties foibles ou attaquantes.
Après' l’ordre parallèle , on en viendroit à
l’ordre oblique , on exécuteroit l’un & l’autre ,
mais on s’attacheroit particuliérement à celui
par échelons , & l’on exerceroit d’après »toutes
les maniègps différentes dont on peut l’exécuter,
Après avoir prémédité l’exécution de toutes
ces différentes marches. & de ces déploiemens ,
les avoir exécutés fur un terrain uni & découvert
> comme à la guerre les terrains & les
circonftances changent abfolument les données ,
& que fouvent le moment doit décider le généré
, après avoir bien fait connoître le méca-
nifme de la guerre d’une manière ifo.lée , il faut
enfuite en tirer parti j pour cela, il fau iroit en
venir à manoeuvrer dans des terrains variés, & tel
que le pays/les offriroit.
Alors on n’auroit rien prémédité, & ce feroit
toujours de fon avant-garde que le général don-
neroit l’ordre de bataille que l ’armée devroit
prendre.
On fe tiendroit en colonne jufqu’à ce que
l’ordre de bataille fût déterminé : on fe procure
par-là le grand avantage de reconnoître
l’ennemi avec toutes les forcés de fon armée ,
de lui préfenter le combat où l’on juge à
propos, de l’induire à de faufies manoeuvres
& d’en profiter avec rapidité.
Dans toute« les circonftances, le général dé-
cideroit , tant pour l’infanterie que pour la
cavalerie, quand & comment il .faudroit combattre
, & il tirerait de fes troupes bien exercées
un parti d’autant plus grand , que lui-même
cette avant-garde qu’il mafque fes mouvemensj &
quand fon parti eft pris, c’eft de là qu’il donne fes
ordres à chaque commandant de colonnes qui font
j avec lui , & que faifant enfuite les fignaux convenus,
il porte fon avant-garde en tout ou en
* partie en renfort au point d’attaque, ou pour maf*
quer les côtés qu’il refufe, tandis que les colonnes
le développent.
Dans les retraites, l’avant-garde devient l’arrière-
garde , & l’on peut s’en lervir avec le même
fuccès.
auroit de profondes connoiffances de fon art,
& une grande capacité.
Pour rendre les inftruêfions plus réelles, on
pourroit partager l’armée en deux corps & les
faire agir l’un contre l’autre. C’eft dans de pareils
exercices que les officiers généraux appren-
droient à remuer des troupes , à faifir d’un
coup-d’oeil toute l’analogie d’un terrain avec les
differentes armes & tous les principes qui naiflent
des circonftances.
L’avantage feroit cenfé à celui qui , par le
choix de fa pofition, auroit le mieux fuppléé
au nombre , ou qui, par fes manoeuvres & fes
déploiemens , auroit préfenté fur les points
d’attaque ou de défenfe, des moyens fupérieurs
à ceux de l’ennemi.
On s’arrêteroit dès que les manoeuvres ceffe-
roient d’être vraifemblables.
Pour exécuter les exercices de campagne, tous
les citoyens de la fécondé clafie défignés dans
chaque commune de chaque département, pour
chaque divifion , par l’adjudant-géneral ou l’un
de fes adjoints pour remplir les cadres , fe ren-
droient, ainfi que les officiers & fous-officiers
en congé, dans leurs bataillons refpe&ifs , ^ &
là , une fois clafles dans chaque compagnie,
ils fe mettroient en marche pour fe rendre au
lieu défigné cette année dans chaque divifion,
pour le camp & les manoeuvres.
Arrivés au camp , après avoir formé les. bataillons
de grenadiers, de chafieurs i pied, de
huffards & ceux de chafieurs à cheval, & enfin
ceux d’infanterie & de cavalerie de ligne, on
exerceroit toutes les troupes au maniement des
armes & aux manoeuvres de détail ; après quoi,
on formeroit les brigades , puis les divifîons , le
corps de l’armée , l’avant- garde & la réferve ,
& on emploieroit les troifièmes & quatrièmes
décades aux grandes manoeuvres. Les matins, les
détails de la guerre , grandes gardes , attaques
de pofte , défenfe d’un village , établiflement
d’un camp , d’un pont, convois , fourrages, &c.
Les loirs, des marches, des déploiemens , des
combats , des batailles , des difpofitions , des
retraites , des paffages de rivières , de défilé
, & c. .
Après avoir employé la première décade à
arriver au camp , la cinquième ou la fixième
feroit deftinée à faire rentrer chaque citoyen-
foldat dans fés foyers,. &c.
E x e r c ic e d e f ie g e .
* Avant d’entrer dans des détails fur les exercices
de lièges , ne feroit-il pas. à propos de
fixer fes idées fur les places dites fi fouvent,
mal-à-propos, fortifiées ?
La France ne paroît pas vouloir chercher à
s’aggrandir davantage , il fuffit à fa fplendeur
de (avoir tirer parti des avantages de fon fol
aétuel &c de l’induftrie de fes nouveaux & de
fes anciens habitans. C’eft donc la paix & non
la guerre qui convient à ce que lord Lanfdawn
appelle fi iuftement, la Grande-Nation, & les
forces militaires qu’elle peut foitrnir, doivent
être particuliérement appliquées-' à un fyftême
défenfif.
Dans la guerre de mer, le fyftême défenfif
n’eft applicable que pour les côtes : on fent
affez que la protection du commerce maritime
ne peut exifter que par de,s forces navales ,
-toujours prêtes à agir , & que fur cet élément
qui appartient en entier à tous , fi la conduite
peut être pacifique , les difpofitions doivent pouvoir
être hoftiles.
Il n’en eft peut-être pas de même de la
guerre de terre j on conçoit un ordre de chofe
tel que les frontières d’un grand empire feroient
inexpugnables , c’eft à-dire , qu’elles ne pour-
roient être attaquées qu’avec un défavantage
évident j & dans cette fuppofition , on feroit
fondé à en conclure que cet empire., toujours
libre de faire la/guerre, ne pourroit jamais être
forcé de la recevoir.
La France jouit-elle de cet avantage? Eft-il
poflible qu’ elle en jouiffe ? Telles font les deux
queftions que l’on croit important d’examiner.
Sur la première queftion , il ne faut que
jetter les yeux fur la carte de la France avant
la révolution , pour s’aflurer que malgré la multiplicité
des places de guerres qu’elle renfer-
moit, les frontières étoient encore ouvertes &
qu’on pouvoit y pénétrer par plufieurs endroits,
en négligeant les places voifines ou même en
en prenant très-promptement quelques-unes.
Les places da guerre empêchèrent-elles les
ennemis de pénétrer dans la République pendant
les premières campagnes de la guerre de
la liberté ? Pour arriver dans les pleines de la
Champagne , les pruffiens s’étoient montrés devant
Longwi & Verdun, & en moins de huit
jours , ces places avoient été en leur pouvoir.
Dans la fécondé campagne ', ils étoient aux
portes de Strasbourg & de Saint-Quentin. Du
côté des pyrennées, avec plus de hardkfle, les
efpagnols auroient marché fur Narbonne , fur
Pau, & auroient ravagé ' les départemens des
Pyrennées-Qrientales Se des Landes. Landau ,