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mum, & qu’en pluviôfe an (janvier 1707),.
1 y ^vüit .préféns Tous les armes 381,900 hom-
mes, & Hi.ojfi hommes effêflifs, indépendamment
de. ia gendarmerie , des compagnies d‘ n'-
va.ntes ce des troupes attachées au direétoire &
au corps Iegiflatif.
Ecrivant au n ouent où la.paix générale eft
fut le point de. fe conclure,.U fcroit inutile de
s appelai!tir davantage fur lajconllituticn de la
«force publique en France, entièrement changée
uepu:s la ré v o lu t io n & encore prête à l'être
au mo tient de 1a prix. Ainfi, après avoir donné,
un appetçu du perlonnel, nous croyons inutile
de nous arrêter fur le matériel & la comptabilité;
car tout ce qui peut, regarder la folde, les
perlions , les vivres , pain , viande, fel, riz
legumes, lalaifons , liquides , les fourages , les
étapes ,. 1 habillement, équipement & campement,
les hôpitaux, le cafernement & chauSme
la mai fou nationale des invalides, la remont’
des troupes ., le ferrage & entre tien des chevaux,
les tranlports militaires de l'intérieur,
les équipages d'artillerie, les équipages' militaires
& des vivres , artillerie, armes à feu ,
armes blanches, fonderies, canons, mortiers
obuSers, caiflons , chariots, affûts, &c. les
fortifications, &c..... Tous ces,objets doivent
erre traités & arrêtés de Ja manière la plus économique
& la plus avantageufement combinée
pour.les individus & la nation.
S E G O N D E P A R T 1 E.
P A R T I E C R I T I Q U E .
Après avoir parcouru la manière de confirmer
la force publique chez les dilferens peuples anciens
& modernes, il eft bien douloureux de
voir qu elle • ait- été deftinée ou employée partout
à perpétuer le- fléau de la guerre, à affermir
le defputifme ou la tyrannie, de à aider les
fouverains à lever des impôts Se à les multiplier.
Parmi les peuples les plus éclairés , chez les
Grecs d’abord, les Romains enfuite, on ne voit;
pendant tout le temps de la durée de leur empire,
que des guerres continuelles, & le def-
potifme finilfant par dominer dans toutes ces
contrées, où la liberté avoir fait de vains efferis
pour jetter de profondes racines ; tant il eft
vrai que. 1 efclavage- des peuples eft néceffaire-
ment la fuite de longues guerres...... Que'ques
hommes ambitieux, quelques grands capitaines
ne manquant jamais de réduire la force publique
& de s'en fervir pour enchaîner les peuples
trop crédules , qui ont contribué à ces évené-
niens li^communs, en fe foumettant trop faci-. J
leraent a prendre les-armes., fans aucune nécef- 1
I M 1"ur‘ tl0llt fans aucun, avantage pour leur
bonheur ôr leur liberté; tien en effet ne comprime
davantage que la guerre , la fûreté des
perlomus & dis propriétés. Quitter un inftant
j la , charrue, pour aller reppulfer l'ennemi qui
1 viént nous attaquer; voilà ce que demande U
j jurete publique. Mais s'enrôler pour aller porter
i la guerre loin de:Ton champ, relier plufieuis
1. années fous les armes, facrifièr fa liberté per-
formelle, les revenus* foi-même, pour p upé-
tuer cette guerre & acquéiïr de h gloire' à
quelques hommes , ou fatisfaire les paflîons ,
I ambition , l'avarice de quelques rois Sé de
que.qiies miniftres ; c'eft là le comble de l'avi-
hBernent, la grande caule de I'efclavage, l'af-
rerrnifiêment de la tyrannie , & l ’anéantiffement
des droits de l'homme.
Ànx empires anciens fuccéda l’empire féodal,
qui ne fur, à proprement parler, que la multiplication
des tyrans.
A cet empire en fuccedèrent d’autres-non
moins despotiques , mais où les d.efpotes en titre
furent moins multipliés; quoique cependant ceux
(ubalternes n'en reftaffent pas moins nombreux;
& on a p p e l l a les temps qui virent opérer ces
changement, des fièeles-de lumière &. de phi-
lofophie ; 8c des.hommes bas & vils, à Tinftar
des, courtifans d'Augufté , oferent accabler de
louanges 8c de flatterie les fouverains qui voulurent
bien alors leur donner quelques penfions
pour avoir menti impudemment .à l'univers entier
; ainfi , pour nous, arrêter à. des temps & à
un roi plus rapproché de nous, la vanité-ex-
ceflive de Louis X IV , foiv defir de palier pour
un conquérant & grand capitaine , lui fit écouter
avec complaisance les confeils pernicieux de
Lonvois, d ou il s'enfuivit les maux qui s’éten-
d rent fur toute l’Europe, & dont nous famines
encore la viélime.
l e premier mal & le plus grand peut - être
que fit Louis XIV' , celui qui en a tant occa-
fionné jufqu’ à nos jours , ce fut le nombre
énorme de troupes que ce foi- voulut avoir fur
pied. Dès-lors les autres puiffanccs de -l'Europe,
qui rivalifoient avec la France^, imitèrent cet
exemple dangereux , & elles augmentèrent leur
militaire; mais elles adoptèrent, pour l’tntrete-
nir, des moyens infiniment moins pénibles pour
les peuples & moins onéreux pour les finances.
Quant a nous , toujours perfuadés que nous
devions être une puilL.nce prépondérante , nous
ne diminuâmes point nos forces; & notre noi:-
veau régime militaire , infiniment. onéreux à 1 Etat, fut plus exp.ofé qu’aucun autre à une
j infinité d'abus. -
Voulut on foutenir 1-e fyfiême nuifiblè des ar-
| me es trop nombreufes, on fut.'obligé de faire
de grandes levees pour la guerre.; mais 1°. ces
nouveaux foldats étoient long-temps ou inutiles
ou nuifibîes , parce qu’ils n’étoient ni formés
ni ir.ftnms. 2°. Ces levées rendant très-ditficiles
les recrues néceffaires au complément des autres
troupes, on et oit obligé de prendre, ou de gré
ou de force , tous les hommes qui fe préfen-
roient ; d’où s’enfuivoient de très-grands maux :
la plus grande partie de ces recrues faites fans
choix périfioit dans les hôpitaux, après y avoir
langui long- temps & avoir coûté fort cher à
l'Etat. 30. Pendanc lés premières campagnes les
ennemis, avec des troupes mieux exercées,
«voient la fupérioricé ; ce qui prolongeoic le
fléau de la 'guerre.
Mais quand on examine ces mêmes objets plus
en détail, on voit les maux & les abus fe multiplier
; les armées ainfi compofees perdoient
Chaque année un cinquième, i°. parce que les
recrues & les nouvelles levées font prefque
toujours incapables de réfifter aux fatigues ;
2®. parce que les foldats eux-mêmes , de la ma-|
nière dont ils étoient entretenus pendant la paix j
ne valoient pas mieux pour -la guerre; ils étoient
mal-fa in s par rapport au-fé jour nuifiblè qu’ils fai-
foier.t dans les villes fortifiées ; ils étoient fans
forc'e, parce qu’ils avoient été très-peu ou très-
mal nourris, & énervés par l’oifiveté & les maladies
; enfin ils n’étoient pas foldats , parce
qu’on n’avoit employé aucuns moyens pour les
rendre adroits, forts & robuftes.
Tous ces maux réunis en occafionnoient de
nouveaux; les armées affaiblies par les défer-
teurs , les hommes aux hôpitaux , les foldats qui
languiffoient 8c ceux qui mouroient, avoient
toujours plus befoin de recrues nouvelles à me-
fure que la guerre continu oit; mais ne trouvant
plus aucun moyen pour recruter, on avoit recours
aux milices ; nouveau malheur qui occa-
fionno’t de plus grands abiis : jnfque là les arts
& le libertinage fembloient recruter les armées;
||| c’étoient des bras arrachés à l’agriculture ,
c’étoient de miférables citoyens armés malgré
eux pour combattre, après les avoir obligés de
payer pour avoir des combattans ; quel feroit
aujourd’hui le fort de l'Europe & fur-tout celui
de la France, fi Louis X IV , au lieu de fe livrer
à l’ambition de faire des conquêtes, avoit
cultivé la paix avec fes voifins, porté la fécon-'
dité & l’abondance dans fes provinces , 8c fait
régner dans le royaume ces loix falutaires 8c
faintes, qui ne l’auroiont fait craindre qu’en le faisant
aimer & refpeéfcer.
A peine les fuzerains eurent-ils permis à leurs
vaffaux & à leurs fujets de fe racheter du fer-
vice militaire , en payant un fubfide ou une
contribution, qu’ils ne fentirent plus , comme
auparavant, la néceffité'de ménager des hommes
armés qui pouvoient fe défendre. Des ciroyeas
qui n’ Itoient plus foldats , livrés aux foins de
leurs aff ires dum .ftiques, las de fe plaindre inutilement
des rapines & des violences des mili-
-taires, prirent le parti de garder le filence; de
là l’avil tfament dans les âmes, l ’anéantifTement
de l ’amour de k gloire & de la patrie, & la
perte totale de l’énergie dans les efprits.
Pour trouver des foldats citoyens, il faut
que les citoyens M’achetant plus des foldats pour
fe défendre, fe croient defbnés à fepouffer l’én-
; nemi de la patrie les armes à la main ; la repu-
i blique romaine fut invincible tant que fes citoyens
’ furent foldats , & que fes foldats comptèrent
pour quelque chofe dans les charges de la république
; c’eil parce qu’ elie n’admit d’abord dans
fes légions que dès hommes intéreffés à la gloire
& au fai ut de la patrie, qu’elle put établir cetce
difciplme rigide 6c favance qui fut l ame de Es
. fiiccès & de fes triomphes.
Tandis que dans vos inftitutions modernes ,
où vous attachez fi-non un-déshonneur,au moins
l ’idée de la fervitude à l’état de' foidat; -où, à
l’exception des. grades faperieuis , qui ne font
peut-être un peu plus conlïdérés que parce qu’ils
appartiennent à la riche fie ou à la faveur, tous
les autres font on o fer oit dire avilfifans... Dans
vos inftitutions, où ies hommes que vous avez
o fé prendre.pour foldats , les moyens don: vous
vous êtes fervi pour vous les procurer , l’avili
fiement dans lequel vous avez tenu vos officiers
, Ja manière dont vous les av.z traités,
ainfi que- les foldats, pendant & après leur fer-
vice ; les aèles continuels de dçfpotifme dont
vous les avez fait les foutiens & h-s complices;
tous les moyens enfin ayant été accumulés pour
rendre la force publique infiniment odieufe, 8c
ne la faire confiiérer que comme l ’infiiument
du defpotifme : on a dû craindre & on a craint
en effet d’en devenir membre ; dès-lors on a dû
fe croire trop heureux quand , au moyen d’une
(orame quelconque, on a pu s’affarer l’exemption
d’un fervice aufli méprifable fous le régime
arbitraire , qu’il doit être honorable fous, celui
jes loix & de la liberté.
Rendez les peuples heureux , & ils auront
bientôt un intérêt puiflant à défendre la patrie,
&c vous aurez bientôt une nation militaire.
N ’oubliez pas fur-tout de donner des moeurs
à vos foldats, quelquefois elles tiennent lieu de
loix , toujours elles tiennent à l’ordre .& i la
jufiiee...... Tempérance, amour de la .gloire ,
amour du travail, refpedt pour; la religiom,
fans le fecours de ces quatre vertus, un peuple
ne fera jamais que de vains efforts pour être
jufte, prudent 8c courageux.
Mais ce qui n’eft pas moins important, c’eft
de donner de ia fiabiliré à vos inftitutions, quelles