
•voient accompagné leur trépas , étoient pour eux
autant de récompenfes.
On fait enfin que les cendres de Barba fan, de
Turenne ont été confondues avec celles d,e nos
fotiverains , 8c. celles de Vendôme avec pelles des
Infans d’Efpagne.
ENTERINE MENT DELETTRES DE GRACE,
voyei L e t t r e s d e g r â c e .
ENTÊTEMENT. C’efl parce qu'on a confondu
la confiance avec l’opiniâtreté , avec Ventêtement,
qu on a dit que le général le plus entêté efl
ordinairement victorieux : îl y a cependant bien
loin de l’une de ces qualités à l’autre-. La première
efl une vertu , la fécondé efl un vice ; ceile-
• la eR le produit de la réflexion , celle-ci a. pour
eaufe la préfomption dans l’efprit , l’orgueil dans
le coeur, la roideur dans le caraélère. Nous laiderons
a l’Auteur du Dictionnaire de Logique lé foin
de définir l'entêtement, 8c d’indiquer les moyens
de s’en garantir -, à l’Auteur du Dictionnaire de
Morale le foin de faire connoître aux hommes
lés motifs qui doivent lés porter à s’en corriger,
& nous, nous montrerons , par un feul exemple
que ce vice éfl très-funefle aux généraux, 8c
qu’il efl- difficile à la bravoure , même la plus
grande , de réparer les maux qu’ il a faits : je veux
parler de la célèbre bataille de Saint-Quentin. Tous
les hifloriens conviennest que l'entêtement du
connétable de Montmorenci fut la eaufe de notre
défaite , & que la valeur de nos troupes ne .peut
répa-ei les fautes que l’ entêtement avoir fait faire
a notre général : voye^ dans tous les hifloriens
françois le récit de cette journée défaflreiife ,
eile efl trop connue pour avoir bel'oin d’être
tra,nfcrite ici.
'5ENTHOUSIASME. S’il efl vrai, comme on
n’en peut douter , que la nature a gravé très-
pi oron dément dans le coeur de l’homme la crainte
de la douleur & l’horreur de la mort, il faut
pour rendre les hommes braves, c’eft-à-dire, pour
les déterminer à braver la douleur & la mort ,
ehaffer au moins momentanément les impreffions
que la nature a gravées en eux : de toutes les
maniérés de produire cet effet, la meilleure &
la plus sûre c’efl: l’éducation ; voye? ce mot. Mais
efl-il pofïlble de fuppléer au, vice ou au défaut
d éducation ? Cela efl pofliblë' juf’qu’à un certain
point. Il faut-pour cela allumer dans le coeur
de l’homme une pafTion qui, portant le trouble
dans les fer,s , lui faffe publier le fentiment de
fa propre confervation : plus cette paillon fera
ardente. , plus elle fera heureufe -, fi elle parvient
jufqu’à l’enthoufiafme, fes effets feront certains.
Pour rendre braves des hommes que l’éducation
k’.x point fait tels , il ne s’agit donc que d’allumer
en eux les pallions les plus capables d’exciter
un enthoujîafme aufli violent que durable."
P°Je{ r pour le choix de ces pafiions , les articles
P h i l o s o p h i e d e l a g u e r r e , A m o u r
p r o p r e , E n c o u r a g e r , E d u c a t i o n , P a t r i e ,
G l o i r e , R e l i g i o n , R é c o m p e n s e s .
ÉPITAPHES , ( récompenfè militaire. ) Les
peuples élevoient finirent , comme nous Pavons
vu dans l’article E n t e r r e m e n t , fur la tombe des
guerriers qui avoient bien mérité de la patrie
des monumens qu’ils chaegeoiént d’inferiptions
glorieules &: qui contenoient le détail de leurs
actions : les nations modernes ont imité cet exemp
t , & les écrivains militaires ont confeillé aux
généraux 8c aux légiilateurs d’en faire une loi.
Philippe de-Clèves recommande au général de
faire, apres une bataille, enterrer honorablement
les hommes qui s’y feront diflingues' par leur
valeur, & de leur accorder des épitaphes hono-,
râbles -, cela vous fera, dit-il , aimer de chacun
oc aurez honneur.
Parmi les épitaphes dont on a chargé la tombe
des guerriers -célèbres , il en efl deux qui m’ont
paru dignes dêtre confignées dans cet ouvrage;
telle du général Merci 8c celle de Chevert. La
première par fon lacomlme , & la fécondé , parce
qu’elle peint avec peu de traits le guerrier
qu’elle doit faire connoître.
S ta Viaior, hereetn calcas Merci.
Sans dieux, fans fortune , fins appui, orphelin
dès l'enfance , il entra au fervice dès l'âge de on^e
ans ; il s'éleva, malgré l'envie, à force de mérite ,
& chaque grade fut le prix , d'une action d’éclat. Le
feul titre de maréchal de France a manqué, non
pas à fa gloire , mais à l'exemple de ceux qui le
prendront pour modèle.
CQmhien lés.épitaphes ne produiroient-elles pas
des effets heureux, fi chaque homme devoir avoir
la fienne tracée par la main de la vérité. L’académie
des inlcriptions trouvéroit - elle au-défions
d’elle de compofer ces épitaphes % Un de nos
moralifles a eu fur les épitaphes une idée qui m’a
toujours pin. Il faudroit que chacun fît de bonne
heure fon épitaphe • qu’il la fît la plus belle pof-
fible , 8c qu’il pafiat la vie à la mériter.
' Il efl une ef'pèce d’hommes pour qui cette
ef'pèce de récompenfè paroitra ridicule , mais.auffi
n’efl ce point pour cette çlafiè d’hommes que je
parle; jamais ils ne mériteront d'épitaphe honorable.
.
Les épitaphes font , avec le refie des honneurs
funèbres , une preuve évidente que les '•sécom-
penles ont été inftiruées moins pour ceux à qui
on les accorde , que pour ceux qui font les
témoins de leur diflribution.
ES CA LA LE , (fuppl, ) Attaque .d’une place eu
cPufl pofte, qu’oft exécute en gagnant le haut des
murs ou des remparts par le moyen d’échelles.
Je ne fais fi je fuis dans l’erreur , mais je crois
fermement qu’ il feroit infiniment plus ai fié de
s’emparer de nos places modernes au moyen d’une
efc a la de , que des places fortifiées à l’antique.
Les murs en font infiniment moins élevés , les
fieffés moins profonds , les remparts plus larges
8c moins coupés : le peu d’ufage qu’on a fait
de ce genre d’attaque , a rendu d’ailleurs les
défenfeurs des places beaucoup moins foigneux à
cet égard. Nos ouvrages avancés, qu’on cite avec
complafiance, n’oppofentà cette ef’pèce d’attaque
que des ob fia cl es fçibles ; il efl ail’é de les éviter
en fie dirigeant vers la capitale des bâfrions,
ou peut-être même depaffer dans leurs foffés , fans
être découvert par les afïiégés : j’ai été affermi
dans cette opinion, par ce qu’a écrit fur les
efcalades l’Auteur qui a compofé l’article Escalade.,
dont celui-ci n’efl qu’un fupplément , &
fur-tout par un paffage de M. Mauvillon. Cet
écrivain , qu’on ne peut pasSoupçonner d’adopter
trop facilement les opinions des anciens fur
la guerre , dit, dans fon EJfaï fur l’ influence de
la poudre a canon dans la guerre moderne , qu’on
fe rendroit maître de nos places avec moins de
temps , moins de déperife 8c moins de fin g , fi
on eficaladoit une place en cinq ©u fix endroits
différens , qù’en l’attaquant en forme. Déterminé
par ces raifons 8c ces autorités , je vais raf-
fembler ici les maximes militaires relatives aux
efcalades, & indiquer les lources où l’on peut
puifèr les exemples les plus célèbres en ce genre.
Avant de fe réfoudre à employer l'efcalade
pour fiurprendre une place , il faut fie procurer
toutes les connoiffances qu’on doit avoir acqui-
fes ayant de fe réfoudre à attaquer une place
ou un pofte par Nfui'prife. Voye{ le mot furprife
& le chapitre XII du Guide de l’Officier en campagne.
La manière de fe procurer ces connoiffances
efl détaillée dans les articles R e c o n n o i s s a n c e ,
S u r p r i s e , & dans l’ouvrage que nous venons de
citer.
Après avoir acquis ces connoiffances & s’être
affuré par.des vérifications, voyei V é r i f i c a t i o n s ,
faites avec loin qu’on n’a pas été induit en erreur ,
•on s’occupe à faire conflruire des échelles : voye^
dans ce fupplément notre article E c h e l l e s . Qu’on
fe louvienne toujours que les efcalades de Naples,
par Bel il aire ; de Marlèille, par Confiant in ; du
château de Milan, par S’alvoiian ; de Gcnes , par
le comte Rangone ; de Quiers , par Briffac ; de
Sienne , par le marquis de Marignan, & de
P ÿ fiance , par Montluc , manquèrent , parce que
les échelles fui ent trop courtes.
Comme les efcalades ne peuvent réùfiir qu’au-
tant qu’elles font enveloppées du iecre-c le plus
profond, on fera toujours conflruire les échelles
dans des endroits clos où les ouvriers feuis entreront
, 8c on prendra les précautions les plus grandes
pour qu’ils ne puiffent éventer le fecret. On
peut faire conflruire ces échelles dans des endroits
éloignés les uns des autres ; ce fut ai ni! qu’en
agit le marquis de Guebriant , lorfqu’il voulut
efcalader la ville d’Aire,
Les échelles cônflruites, on les raffenïbla dans
la ville d’où on doit partir , & on prend , pour
mafquer ce rafle mbleiment , les précautions les
plus capables de le bien déguilèr.
Les échelles raffemblées , on s’occupera des
objets fuiyans. Des moyens de détourner l’attention
de l’ennemi ou d’endormir fia vigilance ; du
choix de la laifon , du temps & du moment
le plus favorable aux efcalades : ces entreprîtes
font, fur tous ces objets, fou mi fes aux mêmes
principes que le relie des furprifes ; voye\ eë mot
8c le chapitre XIV de l’ouvrage précédemment
cité. On fixera enfuite le nombre & l’eip-èce
d’hommes que l’on doit mener avec foi ; les chemins
que l’on doit fuivre ", les armes , les munitions
de guerre ; les outils & les provilious de
bouche que l’on doit porter avec foi : pour tous
ces objets , voye* encore les articles dè l’ouvrage
précédemment cité. Pourvu de tous ces objets ,
on divifera fes troupes en autant de corps lèpa-
rés qu’on voudra donner d'efcalades differentes ;
on doit fe fouvenir que ce n’efl qu’en mu h i pliant
les points d’attaque, qu’on peut parvenir à détourner
l’ennemi, '8c à gagner le haut’ du rempart.
En d fiant qu’on doit multiplier le nombre à’efcalades
, nous avons fuppôle qw’on n’a point foi me
d'intelligence dans la place qu'on n’efpere point
s'y introduire furtivement , 8c qu’on veut, fi l’on
peut s’exprimer ainfi, s’y introduire par une ef salade
d’emblée.
La manière dont on doit marcher , depuis l’err-
«droit d’où l’on part jtifqu’à celui où l’on va, doit
être' calculée lu r les mêmes principes que celle
qu’on exécute pour les furprifes.
Arrivé à une petite di flan ce, de la place , os
fait halte, on diflribue les échelles, & chaque
détachement fe dirige vers, l’endroit qu’il doit
efcalader ; le choix de cet endroit efl important:
c’efl toujours vers les points qui ne font, pas flanqués
ou qui le font moins, qu’on doit fe diriger.
On doit, tout égal; d’ailleurs , ehoifir des endroits
éloignés des quartiers , des gardes , des
fentinelles. .
On fait précéder chaque détachement par une
très-petite avanc-garde d.eflinée à aller aux écoutes
; cette petite troupe effaye de fe giâfièr dans
le foffé , elle ie fort pour cela de cordes 0«
d’échelles •, dès qu’ils ont gagné le fond du fofieÿ
on leur fait atteindre des échelles qu’ils dre fient;
; le long de la contreicai'pe 8c dont ils afiiqettvl