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a perdu fon commandant immédiat •, une brigade ,
fon chef -, un régiment , fon colonel -, une compagnie
, ton capitaine -, un peloton , fon lieutenant
&c. On a vu une nation entière porter
le deuil d’ un général qui l’avoit fait triompher *,
les Efpagnols à la mort de Vendôme.
Le deuil d’un homme tué fur le champ de
bataille , ou mort à la fuite de fes bleffares. ,
devroit être différent de celui qu’on porteroit
pour l’homme mort naturellement. On fent ailé-
tnent pourquoi je demande cette différence. On
voit qu’à l’exemple des anciens & même de nos
peres, je veux en faire une récompenfè militaire.
Voye\ Récompense & Sépulture.
Les'lois devroient entrer dans ces détails. Ils
font plus intéreffans. qu’o.n. n’eft tenté de le
croire au premier afpeC-.
La, manière de porter les deuils individuels
devroit aufli être graduée. La peste d’un père
devroit être défignée par des marques différentes
de celles qu’on emploie pour un pareht éloigné.
Ces détails ne doivent point être négligés par les
fous-ordres du légiflateur , ils tiennent à l’imi-
formité , à l’harmonie générale.
D e nos jours, les drapeaux portent des cravates
de crêpe noir , lorlq.ue le roi , le général
de l’armée à laquelle ils font attachés, ou le
colonel du régiment meurent. Les officiers ne
portent le deuil .que de leurs parens & du roi.
C ’eft un crêpe noir tourné- autour- du bras
gauche qui eft la marque du deuil. Quelques
militaires portent ce crêpe au bras , d’autres à
l’ avant-bras. Quelques - uns portent pour leur
fère ou leur mère des crêpes à leurs épées & à
leur chapeau ; d’autres n’en portent point. Voye[
l’irticle H o n n e u r s F u n è b r e s ;
DEVISE ( récompenfè militaire ). Peu de
temps apres; l’invention des armoiries les devifes
parurent •, elles furent dans les- premiers temps
le cri de guerre de celui qui les portoit ; bientôt
elles furent l’exprefiion de la voix publique ; aujourd’hui
ellès font l’effet du goût 8c du caprice.
- Il eft jufte fans doute de laiffer leurs devifes
aux maifons qui les portent de temps immémorial,
mais i l faudrôit empêcher les maifons nouvelles,
& même, les maifons anciennes qui n.’en ont
jamais eu , d’en, adopter. Je regarde les- devifes
comme une portion du tréfor des grâces militaires
, ai'nfi la nation 8t fon chef ont feuls. le
droit d’en accorder».
Po'ur devijè , le roi d’Efpagne accorda au baron
d’Âsfeld , le droit d’accofler les armes de Valence
à celles, de fa m.aifon , & d’y joindre cette devife :
hdlïc.æ. virtutis in. Hifpa/iia grcpmium.
Ce que j’ai dit des. devifes relativement aux
particuliers, «ft également applicable aux coçps*
Les rlgïmetis qui ont des devifes devroient êtPrf
autorifés à les garder -, ceux qui n’en ont point
devroient les mériter avant d’en obtenir.
DIRECTOIRE. On a donné le nom de 'df~
refaire à une efpèce de tribunal chargé de diriger
quelques parties de l’adminiftration générale d©
l’armée.
Le eonfeil de ta Guerre perfuadé que toute compagnie
compofée d’hommes guidés par l’amour d»
gain, finit toujours par s’approprier une partie très-
confidérable des fommes que l’ état a deftinées à.
l’habillement x à la nourriture., à la guérifon de
l’ armée, avoit imaginéqu’il devoit confier aux officiers
eux-mêmes , le foin de nauntir ,. de v êtir, 8c
de faire guérir leurs foldats. mais comme il craignait
les erreurs de l’ inexpérience 8é quelques-
autres abus qu’il^ étoit important de prévenir , il
créa de petits comités auxquels, il donna le nom-
de directoires, & qu’il chargea du foin de diriger 8c
furveilleries. opérations des corps militaires. Ces
directoires étgieht au nombre de trois : le directoire
des fubfiftances militaires ; le directoire de l ’habillement
, & le direâoire de l’ adminiftration des
hôpitaux».
§. r.
Directoire des Subji/lances Militaires •
Le directoire dès fubjijîances militaires étoie
compofé de neuf membres •, deux officiers généraux
membres du eonfeil de la guerre , un com'-
miffaire ordonnateur, 8c fix membres tirés des
anciennes-compagnies, ou régies des vivres.
Les deux officiers généraux préfidoient le
directoire ' 8c rendoient compte au eonfeil & aia,-
fecr-étaire d’état de la guerre. En l’ ahfènce des.
officiers généraux c!étoit le commiffaire ordonnateur
qui préfidoit , 8c en l’abfence de ceïuirqî
efetoit un des membres, du directoire, choifi par
le fecrétaire. d’ état deJa guerre. -
Les fondions du directoire confiftbient a prendre
foin des approvifionnemens en grains- entretenus
dans le royaume pour parer aux augmentations
trop grandes du prix des denrées ; à commettre
àr la garde des magafins confervés, dès prépofés
dont la geftion leur étoit foumife ; à- faire délivrer
aux troupes- les grains qu’elles ne pouvoient
pas fe procurer à un prix déterminé à faire
; exécuter les achats qu’exigeoient les réapprovi-
fionnemens. des grairrs confômmés.; à faire toutes,
les difpofitions relatives, fok aux raffemblemens
de troupes., fait à; l’éventualité, de la guerre■ ; il
ctoit encore chargé d’éclairer les. troupes par des
; inftr.uétions, fur le choix des. grains , fur leurs
j manoeuvres ,; fur leu* conferyaiion ainfi que
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!eS procédés de la fabrication afin qu’ eïîeS ^hîPëfft
remplir , avec connoiffance , les fondions qui
leur étoient confiées. En un mot , fuivant les
expreffions de la'loi , les membres du direâoire
ne dévoient d’abord être que les adminiftra-
teurs cou plutôt les ordonnateurs du département
‘des fubfiftances militaires •, tandis que les eonfeil«
d’adminiftration des régimens étaient chargés des
achats de grains , du foin de la mouture, de la
fabrication du pain , & c. Le eonfeil de la guerre
avoit mis cependant de juftes bornes' a cette
liberté , qu’ il accordoit aux régimens de faire
eux-mêmes l’achat des grains ; il avoit ordonné
que les garnifons occupées par plus de deux,
régimens recevroient , des mains des prépofés du
direâoire, la-quantité de grains néceffaires a leur
eonfomination •, 8c qu’il en feroit de meme dans
toutes les garnifons quand le prix des memes
grains s’élèveroit à un taux plus haut que celui
que les régimens pouvoient payer d’apres la maffe
de boulangerie. Voyez Masse de boulangerie 8c
Pain. Pour mettre le direâoire à portée de^ faire
ees fournitures , la-^loi les autorifoit a établir
des magafins de grain dans les différentes parties
du royaume qu’ ils voudroient choifir.
Cétte loi étoit fage , aufli la durée n’en fut-elle
point longue; le directoire fe chargea de fournir
tous les grains néceffaires à l’armée ; ils les remit
d’abord aux régimens en nature & fans être
mélangés ; puis il les leur donna mélangés ; puis
réduits en farine. Aujourd’hui enfin les regimens
reçoivent deux tiers de grains mélangés en leur
préfençe , & un tiers de farine.
Quelles raifons ont déterminé les adminiftra-
teurs à tous ce s changemens ? Il en eft fans
doute qui font l’effet d’une fage prévoyance ;
mais cette prévoyance n’a-t-elie pas été portée
trop loin ? fi .c’eft défiance , elle eft injurieufe,
& des foupçons font nés des foupçons. C’eft,
dit-on, pour gagner fur l’ achat des grains que les
prépofés du direâoire ont perfuadé au eonfeil de
la guerre, que c’eft à eux à faire l’acquifition des
grains ; c’ eft pour fe maintenir dans l’adminif-
ttation & faire bientôt renaître la régie que les
anciens adminiftrateurs des vivres font entrés
dans le direâoire 8c qu’ils ont çonfervé tous leurs
anciens prépofés. A quoi bon tous ces prépofés ,
difent les homme's qui ont fucé les principes des
économiftes ; accordez une liberté légale, c’eft-
à-dire une liberté furveillée, & les régimens parviendront
avant peu à donner aux foldats, dans
tous les temps , & dans tous les lieux, du pain
d’une qualité ' bien lupérieure à celle que le
direâoire diftnbuoit : il arrivera fans doute
quelques mécomptes ; des régimens feront, dans
le .principe , de fauffes fpéculations ; mais bientôt
éclairés par l’expérience ils ne commettront plus
erreur ; & d’ ailleurs le direâoire ne s’ étoit-il
jpas réleryé les. moyens de réparer ces erreurs , oc
d i r m
3e futvShîr à la Tiauffe momentanée des .grains »
en gardant à fa difpofttion les deux cinquièmes du
prix que la ration de pain coûte à l’état. En effet ,
l’état payoic la ration fur le pied de trente deniers,
& les régimens n’en avoient que dix-huit a leur
difpofition ; avec ces deux cinquièmes qui
s’élevoient à une fomme d’environ deux millions
cinq cent mille livres , le direâoire pouvoit parer
avec facilité, foit aux erreurs , foit aux augmentations
trop grandes du prix des grains. Comme
nous ferons forcés de revenir, dans l’article P ain ,
fur pette portion importante de l’adminiftratioa
militaire , nous renverrons nos leCeùrs a cet
article que nous venons de citer, & au reglement
concernant l’adminiftration des vivres en date du.
premier avril 1788 ; nous les renverrons aufli
au -réglement arrêté par le roi, le même jour, concernant
la compofttion & les fonctions du direâoire
des fubfiftances militaires ; nous les renverrons enfin
à quelques décifions émanées depuis du eonfeil de
la guerre 8c qu’on trouvera dans la colleétion
des ordonnances militaires. Nous devons recommander
fur-tout , non-feulement aux militaires,
mais à tous les citoyens, la leéture d’une inftruc—
tion publiée par le gouvernement fur les procédés
qui doivent être fui vis par lès troupes relative-,
ment à la manutention de leur pain. Cette inf-
truétion eft courte mais claire , elle eft en un
mot très-bien faite.
§. H .
Direâoire de VHabilletnetité
Le direâoire de l’habillement & équipement des
troupes tenoit fes féancés à Paris ; il étoit préfidé
par deux membres du eonfeil de la guerre &
compofé d’un officier général ou fupérieur nommé
infpeCeur général ; d’un autre officier fous le
titre de fous - infpeCeur , & de deux com-
merçans direâeurs , verfés dans le commerce 8c
la fabrication des draps & des autres étoffes ©a
fournitures relatives aux troupes.
Le but qu’ on avoit eu en créant le direâoire
étoit, dit l’ordonnance, du 17 mars 1788, de fe
ménager des approvifionnemens en cas de guerre ,
d’encourager les manufactures , de multiplier les
atteliers de fabrication 8c de pouvoir tenter des
effais.
Le direâoire n’étoit primitivement chargé que
de la fourniture des étoffés de laine , mais il crue
depuis devoir faire les achats de toile, & bientôt
fans doute il auroit fourni le refte de l ’habillement
8c de l’ équipement.
Un direâoire qui auroit été chargé d’empêcher
les fabrieans, de de mauvaifes étoffes auroit
été fans doute très-avantageux à l’état, aux manufactures
& aux troupes ; mais il feroit' aifé de
prouver qu’un d i r e â o ir e marchand ou du moins