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réplique« , une réplique péremptoire comme ils
difènt . ;... . Cès abus font: /le cous les temps '(‘ ce
qui elt vrai ) & de tous les pays (c e qui; ne :
l’eft pas ). •r-
Grâces donc (oient rendues aux faifeurs de
lois au nom de tous les miférables pour cette
confolation topique. Ainli dans votre logique ,
longueur d’abus^ fa it droit , & fans 'doute longueur
de mal doit faire bonheur.
L’examen de ces différences vérités arrache du
fond de l’ame d’ un horaweun peu lenfible comme
yn cri douloureux : que de maux & comment y
remédier ? répétons-le encore : en changeant les
.conflitudons , en mettant de la raifon à la place
de la légéreté , de la juftice. à la place d e l’incon-
féquence , de l’humanité à la place de l’égoïfme ,
.& fur-tout en réfléchi (Tant bien que nous avons
à nous plaindre autant de neus-même que des
autres , que notre caractère fait trop louvent nos
lois , & que ces lois confervent notre caraâère.
P. S. Técrivois ce fupplément au moi déferteur,
lorfque les états - généraux étaient à peine cpnvo- ■
qués. . . - Quand f a i vu V Ajfemblée nationale détruire
dïauffi grands abus , f a i efpéré qu’ elle s’oc-
Cuperoit suffi à diminuer, ceux de la eonjlitution'
militaire r & à détruire la défertion en n’ayant plus .
que des foldats citoyens. Le décret qui a continué
le recrutement de P armée par les moyens ufîtes depuis
f i long-temps a trompé mon attente. Ces moyens ,
ont nêceffité jufqit a préfent la défertion. La raifon
en ëji fîmple : on ne recrute communément a prix ,
d’argent qit avec le fecours des racoleurs qui, ■
obligés de féduire 9 emploient les femmes, le jeu
if le v in, pour décider les y eunes gens quils veulent
engager ; ainfî entraînés au fervice par la débauche
ou leurs vices , vos foldats doivent être en général
des fujets affe[ médiocres , qui après avoir rompu
tous les liens qui, attachent le peuple à la vertu , à peine fournis aux lois , fans amour pour leur pays ,
doivent être expcfès plus que tout autre citoyen à
céder au caraêlère de légéreté qui nous domine.
L otfqu’on propofe la confcription dans le comité
militaire, tous les députés qui le compofoient ne
purent s’ empêcher de convenir que ce moyen fage,
canfiitutionnel & politique , avoit fur-tout le grand
avantage de détruire la défertion . . . êf on a rejeté
la confcription militaire . . . Heureufement Paffem-
blée nationale a laifsé au peuple tous fes droits v
(f le feul moyen de réparer les légères erreurs dans
lefquelles elle aura pu tomber.
Le Cher. d e S e r v a n .
DÉSESPOIR. Un a falus viêlis,
rare falutem. Cet adage latin eft
qu’on avoit dit long-temps avant
ion ne ■, c’ efl ren ire à un ' ennemi
partie de fa force que de le réduire
nullam fpe-
une preuve
Profper Go-
, àjfoibli une
au défefpoir.
Le général fage fe gardera donc de mettre l’ennemi
dans là cruelle alternative de mourir ou
de vaincre; il fe gardera encore de ne lui offrir
à choifir qu’entre la honte & la viéloire , car
la honte paroît à quelques hommes plus cruelle
que la mort. C’efi en l’affurant qu’ il trouvera
un vainqueur humain & généreux qu’on le détermine
à pofer les armes ou à combattre avec
moins d’obftinàtion. J’ai lu quelque part qu’un
général pour animer fés troupes à combattre
leur avoit montré quelques foldats de fon armée
a qui il avoit fait couper les mains en
leur difant que l’ennemi préparoic le même
traitement à tous les prifonniers qu’il-feroit.
DÉSINTÉRESEMENT. C’efl la vertu de celui
qui ne fait rien par le motif’ de fon intérêt particulier.
Demander que les hommes ne fa (lent rien
en vue de leur intérêt perfonriel , .c’efl trop exiger
d’eux ; c-eft exiger' peut - être plus qu’ ils ne
peuvent accorder. Trop heureux fi , avec le
fecours de l’éducation & du gouvernement, nous
parvenions à les déterminer à ne rien faire en
vue d’un intérêt bas & fordide. Nous ne demanderons
donc point aux guerriers de porter
le dèfintéreffenient jufqu’à oublier le défir de
captiver l’amour & l’eftime de leurs concitoyens,
nous ne demanderons point non plus qu’ils re noncent
à l ’efpoir de la gloire & de .l’immorta
lité ; nous ne leur demanderons même point
qu’ils renoncent à l’ efpoir des honneurs & des
diflinéUons glorieufe.s ; nous nous bornerons à
leur demander de ne' prendre jamais l’intérêt
pécuniaire pour motif de leurs a étions.
Nous- avons rapporté dans l’article Général,
paragraphe du défntérejjèment, plufie.urs faits qui
prouvent combien il importe aux généraux de
ne jamais prendre l’intérêt pécuniaire pour guide.
Nous allons cependant en tranfcriyre ici quelques
autres. Le défintéreffement eft une de ces vertus
dont on ne peut de nos jours trop multiplier
les exemples.
Thémiftocle après une .célèbre victoire , marchant
fur les dépouilles des ennemis , dit à ceux
qui le fuivoient, « ramaffez ces dépouilles pour
« vous, car vous n’êtes pas Thémiftocle. » Il y
a peut-être trop de jaétance dans ce m o t,
mais il vaut mieux qu’un général foit haut que
viL
Ses concitoyens offrirent à Pittacus la poffef- -
fton d’ iine grande étendue de terrain , il n’ac- •
jcepta qu’une petite partie de ce qu’on lui offroit..
L’exemple de mon définiérejjement fera, d it- il,
plus utile à ma patrie que la pofleffion des
plus grandes richeffes. Ah 1 oui , tous les peuples
modernes auroiejit befoin de pareils exemples.
. Ariftide prétendoit que- la plus grande vertu
du général, c’eft d’avoir les mains nettes , 8c de
n’etre point l’efblave de l’ argent , il joignit :
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l’exemple au précepte. Il vécut & mourut pauvre ;
aufïi avoit-il obtenu le furnom de jufie.
Lyfandre , général Athénien , prié par Cyrus de
Jui demander ce qu’ il voudroit , lui dit , je
vous conjure d’ajouter une obole a la paye des
foldats. Cyrus lui accorda fa demande , '•& liih !
donna pour lui dix milles dariques. Lyfàndfe
employa cette fora me à fournir une obole d’aug- ;
mentation à la paye des matelots.
Phocion n’accepta ni l’o r , ni les villes qu’A-
lexandre vouloit lui donner, il le borna à lui
demander la liberté de quelques prifonniers.
Si votre maître, répondit Epaminondas aux
ambafladeurs d’Artaxaces ne délire rien que d’avantageux
à ma république, il n’eft pas nceef-
faire qu’il me foilicite, mais fi fes intentions
font contraires a mes devoirs, faites-lui lavoir
qu’ il n’eft point affez riche pour acheter mon
fuffrage.
Cincinnatus. regardait la pauvreté comme la
compagne de la - liberté & de la vertu. Il ne'
retint jamais pour lui aucune1 partie du butin
qu’on-lui offrit ni accepta* les préfens qu’on
voulut lui; faire.
Quitus Dentatus ne garda que fept des cinquante
arpens de terre que fes concitoyens: lui
avoient accordés comme une réeompenfe dej les
viftoifes.
Fabricius ht porter a l’épargne tout ce qui
lui relia après qu’ il eut remboiirfé aux citoyens
romains ce qu’ils avoient avancé pour les- frais
de la guerre':, & réeompenfe fes foldats.-Il ré—
fufa également l’or de Pyrrhus 8c l ’argent des
Samnites.
Paul Emile ne conferva, en rentrant à Rome,
aucune portion du butin qu’il avoit fait en Ef-
pagne. :
Scipion reçut afïïs fur fon tribunal , en
ptéfence de fon armée, les préfens qu’Anthio-
cfeus roi de Syrie lui envoyoit ; .il ordonna aux
quefteurs de les dépofer dans le tréfor public,
& de les dillribuer aux foldats qui fe diftin-
gueroient.
Marius ne garda après une viâoire remportées
fur les Teutons aucune des parties du;- butin
que fes foldats avoient dépolê à fes pieds., >
Céfar ‘ facrifioit tout, aux Tiens pour gagner
leur amour & augmenter leur courage.
Quant aux preuves du défintéreffement de l ’immortel
Duguelclin , de Bayard , de Briffac , de
Malbonroug , de Turenne , voye% l’article Ge->
neral , paragraphe défintéreffement, 8c l’article
Libéralité. Nous terminerons celui - ci par
quatre anecdotes modernes qui nous ont paru
également inftruiâives & curleufes. .
Un grenadier François rendit à des officiers
«fpagnols la bourfe d’un de leurs camarades qu’il
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• venoit de tuer en leur difant, ce n’eft pas pour
gagner de l’argent, mais de la gloire, que. nous
combattons.
Au fiège de Namur en ‘1746, un aide-major
général, place.des grenadiers François, dans un
ouvrage, i-l.Jèur donne un certain travail à faire
& il leur promet une double, paye s’ils travail--
i lent avec a^ivité : ils. firent beaucoup plusvd’ou-
vrage qu’on ne l’avoit efpéré » 8c ils réfusèrent
la double paye qu’on leur voulut donner; Onu
ne fait point cela pour de l’argent, dirent-ils.
Un gouverneur de province à qui on offroit
-des préfens magnifiques , ' répondit , je ne fuis
: pas venu ici pour' prendre vos richeffes , ' mais -
i pour les conferver
Catinat qui n’avoit que 2000 ' écus de pen-
fion j répondit à ceux de fes amis qui l ’enga-
geoient à demander line augmentation de traitement.
Je ne veux point être comme les valets
qui faliffent leur attachement pour leur maître
en demandant une augmentation' de gages. Oh
Catinat , quel exemple oh mes contemporains ,
quels reproches 1 «
DESSEIN MILITAIRE. Savoir, tracer fur le
papier une image fidèle des objets qu’on a vus
: eft un art utile 8c même néceffàire aux militaires
de tous les. grades. Comme perfonné
; ne doute de la vérité de cette propofition j nous
nous difpènferons d’én préfenter des preuves-,
mais nous“ allons examiner' quel eft le genre de
dejfein' qui eft lé plus utile à un militaire.
Il e ft, pour les. militaires , deux manières
de deffiner- les objets que Ta nature préfente ou
que l’art modifie ; la perfpeclive & le plan à
vùe d'oifeau : ce dernier eft le plus aifé, il. eft
celui^qui.exige le moins de connoiffances étrangères,
à l’ art de la guerre,,. & cependant celui q ui.
: repré fente le mieux les détails qu’il importe aux
gens dé guerre de ne point ignorer, c’eft donc
le l'eul dont nous parlerons.
On donne le nom de plan a vue d’oifeau à
un dejfein qui .repréfente- les objets tels qu’un
oifeaw eft içenfé les vqir à l’inftant où il volé
: au deffus de ces objets., • ou tels que les oht
vus,les,hommes intrépides qui ont monté dans
nos machines aré.oftat.iques» ,
: Il eft deux manières ! de faire les defj'eins à
vue d’oifeau. Le lavis .& la plume ou le trait :
• Le lavis entraîne après, lui un attirail cohfidé*-
rable de :boîtes , de couleurs, de plumes , de
• pinceaux ; il exige. une efpèçe de papier particulière
, 8c çonfume ;. beaucoup de. temps. Lé
dejj'ein a la plume n’exige qu’une plume de cor*»
beau , un godet , & un bâton d’encre de la
Chine; encore -.peut-on remplacer l’encre dé la
Chiné par de l’encre ordinaire , la plumé de. corbeau
par une plume d’oie , & le godet par ufi