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culées pour la guerre j 2°. néceflairesj 5®.promptes
j 40. Amples-j y°. uniformes 3 6°. d’une exécution
facile fur toute forte de terrein; y 9 . elles ne
doivent exiger ni une grande intelligence, ni une
extrême attention, ni un nombre d'hommes déterminé
i 8°. elles ne doivent fournir qu’un feul
moyen pour exécuter la même chofe & faire ufage
des mêmes moyens toutes les fois qu’ils font applicables.
Tels font les principes généraux des manoeuvres
de détail : leur juftefle eft.fenfible 5 elle le deviendra
cependant encore davantage lorfque nous aurons
parlé des manoeuvres de régiment.
Les inftruCtions relatives aux-manoeuvres de détail
ne peuvent être trop claires 3 elles ne peuvent
être trop divifées & fubdivifées ; elles doivent
énoncer les devoirs de chaque officier & de chaque
fous-officier, indiquer à chacun la place qu'il doit
occuper, les mouvemens qu’il doit faire, la manière
de les exécuter, & les attentions qu’ils doivent
avoir. Chaque militaire devroit favoir par coeur,
non-feulement les détails relatifs à l’emploi qu’il
occupe actuellement, mais encore ceux qui appartiennent
aux places qu’il eft dans le cas de remplir
momentanément.
Les manoeuvres de détail fe bornent, parmi les,
troupes françaifes, à ouvrir & ferrer les rangs ,
rompre & fe remettre en bataille, former & rompre
le peloton, palier un défilé, fe mettre fur la
droite ou fur la gauche en bataille, faire la contremarche,
former le peloton fur deux rangs5 peut-,
être auroit-on du y joindre la manière de border
la haie, 3c de fe mettre fur trois de hauteur, ou
quatre, celle de fe mettre fur fix de profondeur,
ou huit î ce qui s’appeloit autrefois d o u b le r le s f ile s .
N’auroit - on pas dû auffi recommander d’exercer
les foldats à fe former avec "promptitude, dans
tel ou tel endroit, fur tel ou tel point, en tel ou
tel ordre, &c.?
M a noe u v r e s d e r é g im e n t , de b a ta i l lo n o u d e b r ig a d e .
Les manoeuvres de régiment font foumifes, comme
les manoeuvres de compagnies, à des réglés générales
qu’il importe de connoïtre pour juger
avec facilité de leur bonté abfolue & de leur bonté
relative.
i°. Un régiment ne doit apprendre que les manoeuvres
qui peuvent lui être utiles à la guerre :
c’eft uniquement pour vaincre les ennemis, qu’il
faut enfejgner à un. régiment à faire des manoeuvres.
Toute manoeuvre qui ne peut être exécutée
que pendant la paix, doit être févérement bannie
de l’inftruCtion.
20. Les manoeuvres des troupes d’infantèrie
doivent avoir toute l’analogie poffible avec celles
de la cavalerie, afin que ces différentes armes ne
fe nuifent point mutuellement lorfqu’elles ont à
exécuter des mouvemens femblables.
39. Les manoeuvres doivent être exécutées uniformément
dans tous les régimens de la même
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arme : toute différence dans les moyens d’arriver
au même réfultat eft v ’cieufe 3 elle peut produire
des réfultats, des chocs dangereux.
4°. Les manoeuvres doivent être fûres, c’eft-à-
dire, combinées de manière à ce que la troupe qui
les exécute, ne foit jamais dans un état de grande
foiblefte: on ne doit jamais faire des manoeuvres
à portée de l’ennemi, dira - 1 - on peut-être : ce
principe eft donc fuperflu? Non, car on peut être
forcé de manoeuvrer à une petite diftance de l’ennemi
, ou être furpris par dès troupes légères au
milieu d’une manoeuvre.
5°. Les manoeuvres doivent être promptes : une
troupe qui change d’ordre ou de pontion, eft dans
un moment de défunion & par conféquent de foi-
bleffe 5 elle doit donc chercher à arriver au réfultat
le plus tôt poffible.
6°. Les manoeuvres doivent être (impies & faciles
: toute manoeuvre qui exige des calculs difficiles
à fai«e,qui fuppofeauxtroupesuneinftruCtion
accomplie, une intelligence rare, une attention extrême,
& qui ne peut être exécutée que fur un ter-
rein uni, doit être remplacée par une autre qui
puiffe être exécutée fur tous les terreins, dans tous
les inftans, dans toutes les pofitions, & pour ainfi
dire par toute efpèce de troupes.
7°. Il faut que les manoeuvres fourniffent les
moyens de faire prendre aux troupes là forme la
plus avantageufè au terrein fur lequel elles font, &
à la circonftance dans laquelle elles fe trouvent.
8°. Les manoeuvres doivent être analogues au
caractère de la nation pour laquelle elles font def-
tinées, à fa manière de combattre & à fon genre
de valeur.
5>°. Les manoeuvres doivent être relatives à l’armement,
à la formation intérieure, &c. de la
troupe qui doit les exécuter.
io°. Il ne faut changer les manoeuvres anciennes
que pour y en fubftituer de fenfiblement meilleures
, & quand on eft affuré d’y habituer parfaitement
toutes les troupes avant la guerre.
De la variation dans les manoeuvres naît l’incertitude
, de l’incertitude la confufion, & de la
confufion, les défaites.
1 1°. Les manoeuvres doivent être calculées fur
un nombre fixe d’hommes} elles doivent fè prêter
cependant à une augmentation ou à une diminution
affez confidérable.
120. Il faut donner à toutes les manoeuvres un
air offenfif, même à celles qui ne doivent être
employées que pour faire retraite.
Parmi les manoeuvres que les Macédoniens exé-
cutoient avant le règne de Philippe, il en étoit une
qui avo.’t l’air d’une marche en retraite : ce prince
la remplaça par une autre qui produifoit le même
effet, & qui avoit cependant l’air d’une marche
en avant : ce prince habile favoit qu’il ne
faut rien négliger de ce qui peut encourager le
foldat, & que les manoeuvres offenfives produifepe
cet effet.
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130, Les manoeuvres des troupes particulières
doivent, autant qu’il eft poffible, être en petit ce
que les manoeuvres d’armées font en grand.
14°. Enfin toute manoeuvre doit être calculée,
de manière à ce qu’on puiffe l’interrompre au
moment où on le juge néceffaire, & en exécuter
une autre fans embarras & fans délai.
Tels font les principes généraux que préfente
fur les manoeuvres l’analyfe des opinions & des
ouvrages des tacticiens anciens & modernes.
Si l’on vouloit voir de plus grands détails fur
les évolutions, la petite & la grande taCtique, on
pourroit lire, dans un ouvrage intitulé le S o ld a t
c itoy en , depuis la page 338 jufqu’à celle 403.
MARAUDE. On a infiniment varié fur la manière
de punir les maraudeurs : les détails des peines
qui leur ont été infligées par les anciens, font
conngnés au mot Dé l it , §. d u v o l . Les peuples
modernes fè font, prefque de concert, déterminés
à condamner les maraudeurs à la corde 5
mais les écrivains & les généraux ne fe font point
laiffés entraîner par cette opinion : les écrivains ont
dit, prefqu’unanimement, que toutes les raifons
qu’ils avoient apportées pour fauver la vie aux dé-
ferteurs, étoient encore plus particuliérement applicables
aux maraudeurs, & peu de généraux ont
fait fuivre la,lettre de la loi. Le vainqueur de Ber-
guen entr’autres, le maréchal de Broglio, n’a jamais
fait punir les maraudeurs que par le bâton. ( V o y e£ Bastonade.) Le maréchal de Saxe défapprouvoit
auffi la punition de mort pour les maraudeurs :
cela fait, difoit - il » que\perfonne ne les arrête,
parce que chacun répugne à faire mourir un mi-
férable pour avoir fouvent été chercher de quoi
vivre 5 il faudroit qu’il y eût, au lieu de cette punition,
à -la fuite de chaque armée, une chaîne comme
les galères} que les foldats maraudeurs y fuf-
fent au pain & à l’eau pendant quelques mois,
qu’on leur fît faire toutes les corvées de l’armée,
& enfin que la veille d’une affaire ou lorfque le
général les jugeroit fuffifamment punis, on les renvoyât
à leur corps. Cette idée nous paroît infiniment
heureufe} peut-être pour la rendre plus utile,
pourroit-on exiger des maraudeurs qu’ils euffent
fait quelqu’acte de valeur pour être réhabilités.
MARCHE. On donne en général le nom de
marche à toutes les manoeuvres que fait un corps
militaire, pour fe tranfporter d’un lieu dans un
autre.
Lorfque le maréchal de Saxé, d’accord avec les
écrivains les plus célèbres , a dit : L e fe c r e t d es
combats eft d a n s les jam b e s , a-t-il voulu parler de
l’art qui preferit aux foldats la manière de lever
& de pofer le pied, & qui lui enfeigne à marcher
au pas cadencé? A-t-il voulu parler de l’art qui
apprend à faire marcher alignés quelques bataillons
difpofés en ordre déployé, art minutieux,
auquel on a donné depuis trente ans une attention
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extrême.Non, fans doute} ce grand-hommen’a-
voit même point probablement en vue l’art de
marcher militairement, art utile cependant, puisqu’il
enfeigne à parcourir en bon ordre, dans un
tems donné, unefpace déterminé. Il eft bien plus
à préfumer qu’il vouloit parler des marches militaires,
art vafte & fublime que l’homme de génie,
éclairé par l’étude,-la méditation & l’expérience,
peut feul pofféder ; art fi bien connu des anciens,
que les Guftave & les' NafTau ont perfectionné ,
dont Turenne, a. donné de fi grands exemples , &
qui a valu à Vendôme, à Luxembourg, à Catinat,
à Villars, à Berwik, à Maurice lui-même, & à
Frédéric, les victoires & les campagnes qui les ont
illuftrés.
§. Ier.
D,e la m a rch e caden c ée.
Nous avons lu , comme la plupart des militaires,
les éloges donnés à la marche cadencée ,
& le récit des avantages confidérables que les
Grecs & les Romains en retiroient. Ces éloge»
font-ils mérités? Ces récits font-ils vrais ? On fe
croira autorifé à en douter jufqu’au moment où
l’on aura vu nos troupes marcher le pas cadencé,
mefuré & emboîté , ailléurs que dans une cour
bien unie ou fur une efplanade exactement nivelée.
Pour exécuter cette efpèce de marche, il faut
en effet que tous les foldats lèvent toujours le
même pied en même tems, qu’ils le pofent à
terre dans le même moment, à une diftance égale ,
à l’endroit ou leurs chefs-de-file avoient placé
le leur , & qu’ils confervent encore une êxaCte
uniformité dans la pofition & les mouvemens du
corps, le port de l’arme, &c. Or, nous demandons
fi des foldats, d’une taille & d’une force
différentes, peuvent obferver toutes ces chofes ,
lorfque , leur fac fur le dos 8è leurs armes à la
main, ils graviffent contre une montagne ou def-
cendent une hauteur dont la pente eft un peu rapide
} s’ils le peuvent dans un champ nouvellement
labouré ou détrempé par des pluies abondantes
} s’ils le peuvent dans un bois , dans un
taillis, dans un champ parfemé de ronces, de
fougère , ou feulement de légumes les moins
forts ou des herbes les moins rudes 3 s’ils le peuvent
dans un chaume un peu haut ; s’ils le peuvent
même dans le chaume le plus ras. Non , dans
chacune de ces circonftances, tous les foldats ne
peuvent faire les pas auffi longs & auffi vifs les
uns que les autres. Pour s’affurer de la vérité de
cëttë affertion, on n’a qu’.à fuivre le bataillon
d’infanterie le mieux exercé : on verra que, dès
l’inftant où il quitte fon champ de Mars ou fon
hangard , fes rangs ne font plus auffi exactement
ferrés , & fes pas, ni mefurés, ni cadencés, ni emboîtés.
L’auteur de Y E fp r i t m i lita i r e a penfé,
comme nous, que la marche cadencée eft impraticable
à la guerre. « On s’eft donné, dit-il, beau