
rentrans * & d’une courtine joignant les deux
flancs.
En examinant ce premier trait de fyftême des
battions, on y voit ;
i° . Que les faces font entr’elles un angle très-
ouveri de 144 degrés environ, & qu’elles ne
peuvent fe défendre mutuellement, par leur trop
grande obliquité , qui ne peut pas permettre de
les prolonger jufqu’à ce qu’elles fe rencontrent,
& a faire recourir à d’aut es moyens de les
défendre en formant les flancs qu’on a déterminés
en prolongeant dans la direction des faces, &
par - delà leur interfeétion des lignes qu’on a
appel é lignes de défenfe.
Deux raifons ont engagé à les prolonger autant
qu’elles le font ; la première qu’étant moins prolongée
, les flancs euffent été trop peu étendus >
& la fécondé , que fi la courtine n’eût pas eu
à-peu-près la longueur qu’on lui donne, le peu
de talus des parapets n’eut pas permis à cette
élévation, de découvrir de toutes les parties
du rempart, dont tous les points doivent être
vus j fuivant la règle rigoureufe , qu’on s’eft
faite aflez mal- à-propos dans cette occafion , par
la très-grande largeur du fofle vis-à-vis de la
courtine, qui ne permet point d’en approcher.
20. On voit que dans cette conftrnétion, le
très-grand efpace compris entre les fl .mes & la
courtine , eft perdu totalement , & pour la
capacité intérieure de la place, .& pour fa défenfe.
La tenaille qu’on place dans le prolongement
des faces, dont le pa apet ne fe leve qu à
quelques pieds au deflus de la fur fa e de l’eau
du fofle, n’eft qu’une dépenfe de plus & fans
aucune utilité, étant dominée par tous les ouvrages
extérieurs.
De ce très-grand efpace perdu, naît 13 peu
d’étendue des battions & le reflerrement de leur
gorge , dont les remparts occupent prefque toute
la capacité nous l’avons déjà obfervé, c’eft-là
le vice radical du fyftême des battions.
30. Orrvoit que cette forme contournée des
remparts à battions a encore l’inconvénient ..de
ne pouvoir fe fuffire à elle-même. Les approches
vis-à-vis du rentrant de la courtine étant très-mal
défendues dans toute la partie ( x ) , (1) par la
grande obûqaité des faces, ce qui a fans doute
décidé à mettre devant la courtine la demi-lune
étrangère au rempart 5 mais c’eft une grande
dépenfe & un foible obftacle, parce que tout
ouvrage placé en avant du grand fofle ne peut
être défendu, ne pouvant être foutenu, faute
de communication.
4®. On voit enfin, que moyennant cette pièce
indifpenfable, en avant du grand fofle, ce n’eft
plus la forme contournée des remparts à baftion
qui s’oppofe aux approches de l’ennemi, c’eft
une forme toute angulaire.
Ce font les angles faillans des demi-lunes & des
battions qui forment les obftacles à furmonter.
Un homme attaqué ne préfente pas fon corps
pour fe défendre, il préfente fon bras & fon épée
au bout.
Mais les demi-lunes étant les plus avancées,
doivent être les plus fufceptibles d’oppofer les
plus grands obftacles ; cependant mal défendues
par les feux élevés des faces des battions, retrouvant
féparés du corps de la place par le grand
fofle très-large dans cette partie, elles n’en
oppofent que de bien foibles.
Ces longues courtines &ces flancs retirés, déjà
nuifibles à la defenfé du corps de la place , le
font donc également à la défenfe de la demi-
lune ; c’eft donc la forme même de ces remparts
qui eft nuifible.
Il femble donc qu’une enceinte Amplement
angulaire, dont tous les rentrans feroient à angles
droits, telle qu’on pourroit la former par la rencontre
des demi-lunes, prolongées jufqu’au rayon
intérieur du polygone feroit plus lïmple , &
n’auroit aucun des inconvéniens de l’enceinte
baftionnée.
Le grand fofle dans cette hypotbèfe fe trouvant
placé en dehors , laifleroit tout l’intérieui/ de
l’ouvrage être fufceptible des retranchemens les
plus forts. Quant à l’angle mort dans les rentrans
, rien de plus aifé que de le faire difparoître.
Voyons les autres défauts.
Premier défaut.
Les battions attaqués dans les fièges & leurs
collatéraux, font des foyers où tous les feux
de l’afliégeant fe réunifient, & leur forme leur
donne ce défavantage infini que chaque batterie
de l’afliégeant dirigée, ou fur léur furface ou fur
Jeur flanc, remplit deux ou trois objets à-la-fois.
Il eft aifé de voir que tous les coups deftinés
à battre de front la face ƒ g 3 battent de. revers
& la face a & le flanc b (1).
11 en eft a'nfi des batteries deftinees à battre
de front la face a 3 elles battent de revers &
(1) Figure 3 , f u p p lém e n t . («.) Figures S & y , planche fu p p lém en t.
prennent à dos tout ce qui peut fe trouver placé
le long de la face ƒ g , & fur le flanc g k (1 ) .
De même, tous les coups deftinés. à battre la
face ƒ g s enfilent la face a , & battent encore
de revers le flanc b (2).
Enfin , fi tous ces feux ne fuffifoient pas pour
démonter entièrement l’artillerie des flancs, on
pourroit les prendre encore en rouage par une
batterie placée fur la direction de leur prolongement
> alors comment y faire tenir du canon , &
comment y tenir des canonniers pour le fervir,.
furtout lorfqu'un tel baftion devient encore lé
point de mire de plufieurs batteries de ^mortier ?
En confidérant l’effet prodigieux que ces feux
croifés doivent produire, on ne fauroit être
étonné de la facilité avec laquelle on détruit
toute l’artillerie d’une place , & les flancs des
baftions à'oreillon étant fujets aux mêmes incon-
yéniens , il paroît démontré que cette^ forme
de remparts n’eft nullement propre à en défendre
les approches.
Second défaut.
Dans la conftru&ion de chaque front baftionné,
on ne peut pas profiter de toute l’étendue des
armes à feu>
Il eft fenfible que dès que chaque face des
baftions a & b doit être defendue par les flancs
oppofés ƒ e , il fe Dit un croifemenc de feu à
l’endroit de la perpendiculaire c d en pure perte ;
car fi l ’on füppofe les. deux flancs tranfportés,
favoir le flanc ƒ du côté de la face n , & le
flanc e du côté de la face b (3) , de^manière
qu’étant dirigé perpendiculairement , d’ un côté
fur le prolongement de chacune de ces faces,
ils viennent de l’autre aboutir à chaque face du
réduit c , (4) de la demi-lune ; ils deviendroient
les flancs du réduit prolongé, tenant lieu des
flancs du corps de la place.
Il eft: clair que dans cette fuppofition, le feu
de ces flancs feroit rapproché de la diftance
de f f pour l’ un, & ee pour l’autre; diftance
dans cet intervalle de plus de 6$ toifes , près
de moitié de la diftance totale. Àinfi, par cette
forme donnée au rempart, on auroit gagné ces
deux efpaces pour la portée du fufil les angles
flanqués auroient dû être reculés de cette même
diftance de g en h3 & de m en n ; & dès ce moment
le coté h n (5) du polygone auroit pu être de
trois cents fix à trois cents dix toifes, au lieu
(1 et i) Figures 8 & 5».
Cî) Figure 4, planche du fupplément.
(4) Figure 4.
(ƒ) Idem.
de cent quatre-vingt, fans rien changer de la diftance
des flancs à l’angle flanqué dont on prétend
qu’il foit défendu.
— II en réfulte de grands avantages :
i°. Moins de toifes de remparts, proportionr
nellement à l’étendue des côtés du polygone.
20. Moins de côtés à ces mêmes polygones.
3°. Des flancs mieux couverts & n étant expofés
qu’au feul feu de front.
Il eft évident que les flancs, félon cette méthode,
feroient moins expofés en fe bornant à faire de
la demi-lune un fi m pie couvre-face en terre 5 ils
"ne feroient plus incommodés du ricochet 5 le
boulet ayant a franchir deux parapets , ne pour-
ro t avoir autant de juftefîepour prendre en rouage
les batteries placées le long duparapec cf&c ce (6)
Mais ces flancs dans cette dernière pofition,
quoique mieux couverts , ne feroient pas moins
éteints quoiqu’un peu plus tard, par la grande
fuperiorité de l’artillerie de l’afliégeant fur celle
des remparts des àflîégés, dans quelqu’endroic
que cette dernière puifie être placée.
Ce fera toujours en vain qu’on efpérera pouvoir
du haut d’un rempart, expofé à tous les
feux de l’ennemi, s’oppofer à fes travaux dans
fon comblement du fofle.
Troi fie me défauti
Les flancs retirés 8c les feux croifés ayant
forcé-de borner à 180 toifes les côtés des polygones
à fortifier, tandis que l’on pourroit en
avoir plus de 300, il en eft réfulté que toutes
les parties eflentielles à la défenfe , font trop
petites dans les fronts de 180 toifes ; celle qui
n’y fert de rien , la courtine, eft la plus étendue ;
fa dépenfe eft par conféquent inutile, & elle
pourroit être employée p us avantageufement à
former de bons retranchemens, revêtus en dedans
des .angles flanqués.
En admettant de rendre les fronts plus grands ,
on gagneroic au moins roo toifes de rempart.
' En outre , ces côtés de 180 toifes font de
beaucoup trop peu étendus , toutes les défenfes
y font refiferrées & dëfeétueufes.
Nous venons de voir que les angles flanqués
des baftions a 8c b, ayant été portés au point k n ,
ces angles font à la même diftance de leurs
flancs qu’ils étoient du flanc concave, lorfqu’ils 6
(6) I d em . Planche du fupplément*