
les bis-officiers que pour les foldats, dans le I
complet général, du régiment y il vaudroit cependant
mieux qu'elles ne fuffent point comprîtes
dans la force ordinaire. Ces compagnies ne doivent
point ec-re confondues avec les compagnies auxiliaires
, qui doivent être toujours éloignées des drapeaux,
Scqui ne font véritablement qu’une efpèce de
dépôt. V o y e f ci-dévant C ompagn ies a u x il ia ir e s .
COMPAGNON. Mot dont on fe-fervoit autrefois
pour défigner les foldats Suiffes. Les compagnons,
difent nos anciens mémoires , ne veulent pas
marcher.
' Ce mot était encore d’étiquette dans les che-
vaux-légers de la garde du roi y lorfque le capitaine
lieutenant adreffoit quelque ordre par écrit
à un çhevau- léger abfent, il mettoit au haut de
la lettre , Monjieur mon compagnon. Voyeç chev
a u x lég ers. Il y avoit, ce me fë’mble , beaucoup
de noblelfe dans cette étiquette y elle honoroit le
chef, & élevoit le lubalterne. Il feroit heureux
que la loi introduisît & fou tînt un pareil ufage
dans l'armée entière.
COMPLET. Un régiment eft complet quand il
a le nombre d’hommes fixé par les ordonnances
militaires y il en eft de même d'une compagnie.
Ce mot s’emploie auffi fubft an rivement y il dé
ligne le pied lui même fur lequel les troupes
doivent .êtref Tel régiment éft au complet • le
complet eft aujçurd’hi à çent feize hommes par -
compagnie..
On. -diftingùe vulgairement- deux .efpèces de :
complet , le grand & le petit : le grand complet
eft le pied de guerre , & le petit , le pied
„de paix. Cette dernière expreffion eft préférable à
la première-.
CO.MPLETTER. Completter une armée , un
corps militaire quelconque , c’eft ' lui procurer Je
.nombre d’hommes nécelfaire poifr le mettre fur
le pied porté par les ordonnances. La manière
4# completter les troupes- eft infiniment importante
y nous nous en fofnmes occupés dans l'article
Augmentation ,, & nous examinerons dans •
l’àrticle Conscriptio-n , quel eft le moyen qui
convient le mieux à un peuple qui aime la
liberté.
COMPTABILITÉ MILITAIRE. Toutes les
peribnn.es qui , par la place qu’elles occupent ,
. perçoivent des fonds deftinéi par la nation à
l’entretien de la force publique , doivent à la
nation un compte clair de l’emploi des forames
qu’elle^ ont reçues. On donne à toutes les personnes'qui
font chargées d’une adnjirtiftration pécuniaire
quelconque le nom générique de comptables,
8g. celui de comptabilité aux méthodes qu’ils
put imaginé» s , ou qu’on leur a preferites, poup
montrer qii’eltes ont réellement confommé ,
à l’objet de leur deftination , les fonds qui leur
ont été confiés.
Un vieil adage bien connu , dit » tout comptable
eft pendable , & il n’y en a jamais un de pendu.
Voler le roi eft un métier f i commun qu’ il n’ eft plus
honteux de le faire ». Telle étoit, il n’y a pas fix
mois , la morale publique, Les militaires avoient
il. eft vrai, porté dans tous les temps le manque
de délicateffe» moins loin que beaucoup d’autres
claffes de citoyens y mais il a exifté même parmi
eiix, on ne peut en douter,des hommes que l’amour
de l’argent égaroit. Si la révolution heureufe donc
nous l'ommes les témoins ne change point nos
moeurs & nos manières , fi voler l’état ne
devient point un crime capital aux yeux de tous ,
la- France couche au terme de l’on exiftence ;
oui, ce n’eft que du moment où nous verrons
l’argent du tréi’or public facré pour sous ,
que nous pourrons nous croire régénérés & que
nous le ferons. Pour hâter ce moment heureux ,
il faut que les lois viennent à l’appui de l’opinion
, & l'opinion à l’appui des lois y je veux
dire, qife les légiflateurs effraient les coupables
par la févérité des peines , & qu'ils conduisent
les hommes honnêtes en leur traçant une méthode
auffi ?ûre que (impie , tandis que les phi—
lofophes établiront l’opinion & qu’ils la fortifieront
par i’elprit public.
Une manière hier, vûre de juger de la probité d’une
nation conlifte à examiner les formes qu’elle a établies
pour les comptables. Si les formes l’ont fimples ,
la probité règne y fi elles font compliquées , la'
dilapidation eft certaine. Ce n’eft en effet que
du moment où l’on reconnoît des malverfatiôns ,
que l’on cherche à donner des entraves à la cupidité.
Si on vouloit , d'après ce principe généralement
vrai, juger l’armée Françoife , on feroit
tenté de la croire pompofée d'hommes fans délicateffe
y car jamais un banquier méfiant n’a multiplié
avec une fi grande profufion, les regiftres,
les feuilles, les états : cependant jamais l’armée,
jamais les officiers lubalternes n’ont porté la
probité, la délicateffe plus loin qu’ils ne la portent
aujourd’hui. Je l’ai dit, il n’y a pas long temps
encore , les militaires fubalternes ont pris l’honneur
pour apanage , la probité pour loi , &" P amour du
Joldat pour récompenje. Cependant depuis le dernier
des militaires comptables, jul’qu’au premier , tous
ont à remplir un nombre effrayant d’états à colonnes
multipliées y mais tous ces états ont - ils rendu
la comptabilité plus sûre ? Non y on à réuffi tout
au plus à rendre les fripons plus .adroits; Ilétoit
poffible jadis de trouver les traces d’une malversation
, aujourd’hui , dès qu’elle eft faite avec
adreffe , il n’eft plus poffible de l’atteindre. F h
comment un vérificateur ne fe perdtoit-il point
au milieu de cette foule d'états & de regiftres ?
il faut quatre hpiïunes vigoureux pour traniporter
ceux d’un régiment, avec les pièces justificatives
d’une feule année. Comment fera un infpe&eur
pour fe retrouver au milieu de ce labyrinthe .
Un homme feul tient le fil, & ce fil il p garde
toutes les fois qu’il croit dangereux de le donner,
ou il ne le prête que pour arriver aux réfuitats
généraux dont il eft sûr y & le prêtât-1-il
pour les détails , il ne derroit point être effrayé :
la parelfe & le peu de lumières des verificateurs
font pour lui de sûrs garans que la comptabilité
ne fera jamais profondément ferutée. J’olerois affirmer
que parmi les hommes qui ont été charges
cette année de vérifier la comptabilité des corps
militaires , il n’en étoit point quatre affez inf-
truits pour en fuivre les détours, & deux affez
patiens pour fe livrer à ce travail. Convenons-en
.cependant, cette comptabilité eft belle , mais elle
p’eft point militaire y fi elle avoit fublifté, le roi auroit
été obligé, comme l’a été l’empereur, de prendre
à la fin dé la première campagne les réfultats
qu’on lui auroit offerts , & d’ordonner a toute fon
armée d’en agir de même. Pour ne nous trouver
jamais dans cette pofition qui produiroit, des méfiances
funeftes , hâtons-nous de faire éprouver à
tiotre comptabilité militaire un b ouïe verfement général
y ramenons-la à ce qu’elle étoit jadisy rendons-
3a auffi courte qu’elle étoit longue y aufli ftmple qu’elle
étoit compliquée y auffi claire qu’elle étoit ob-
feure y airifi elle fe trouvera auffi militaire qu’elle
l'étoit peu. Banniffons fur-tout les états à colonnes
, ils flattent la vue, ils foulagent la pareffe y
mais ils aident à la mauvaife foi. Ces états ont
été imaginés par des hommes adroits pour des
■ chefs qui vouloient tout fa voir fans rien apprendre
: ce n’eft que par des journaux , des journaux
qui fe lient tous , depuis celui du miniftre
de la guerre jufqu’à celui du caporal, que nous
pouvons donner à notre comptabilité militaire le degré
defimpùcité & d’évidence- qu’elle doit réunir.
Nous n’entrerons point ici dans les détails
relatifs à la comptabilité générale particulière de
l’armée, mais nous devons donner une idée de
la liaifon qu’ il feroit poffible d’établir entre les
différens journaux des comptables.
Suppofons qu’une loi a preferit que tout comptable
tiendra lui-même un journal général de
recette & de dépenfe de fon adminiftration , &
que les vérificateurs ne pafferont aucun article
fans avoir vile la pièce juftificative qu’il devra
fournir à l’appui de chacun d’eux : dès ce moment
tout eft fimple & clair dans la comptabilité
militaire. On peut aller, de journalen journal,
depuis la fource générale de l’argent, jnfqu’aux
plus petites ramifications dans lesquelles il s’eft
<livifé. Le quartier-maître de chaque régiment
«doit porter en recette toutes les fômmes que le
miniftre à portées en dépenfe pour le corps dont
âl eft le tréforier y chaque capitaine ou chaque
'■ Comptable particulier , doit porter de même en
*Ar.t. Milit. SuppL Tome IV .
reoette ce que le quartier - maître lui porte en
dépenfe y chaque foldat ' enfin doit porter en
recette ce que fon capitaine a porté en dépen e
pour lui.
L’affemblée nationale ou les 1 égi fi a tures doivent
être les vérificateurs généraux dés miniftres y
les confeils de département doivent vérifier les
comptes des dépenfes faites dans leur reffort .
les diftfî<fts & les municipalités doivent de même
vifer les dépenfes faites dans leurs departemens
relpe&ifs y ainfi en fonmettant les militaires
comptables à des perfonnes qui n’ont point l’efprit
militaire on obviera à un grand nombre d abus, qm ,
fans être des dilapidations réelles , n’en lont pas
moins répréhenfibles.
Mais ce n'eft pas tout encore , il faut vérifier
fi chacun des individus du corps a reçu les
fournies qui lui ont été attribuées par la loL,
& fi chaque partie de l’adminiftration militaire n a
réellement abforbé que les fonds qui lui étoienc
deftinés. Cette partie de la comptabilité militaire
doit être feparée de l’autre , ou n’eft même peut-
être point une comptabilité dans le fens propre
de ce mot. Des militaires peuvent feuls juger dè
ces objets : ils y parviendront aifément en faifanfc
faire ou en faifant eux - mêmes un relevé du
journal général de chaque quartier-maître, 8c ett
faifant écrire féparément les fommés employées
au recrutement, à l’habillement, l ’armement, &c.
Quand à la comptabilité en effets ,- elle -doit
être de même débarraffée. d’états a colonnes &
réduite à un feul journal de recette & dépenfe,
avec cette différence , que chaque efpèce d’étoffe*
doit avoir des pages particulières.
Ce que je propofe me paroît fimple, court &
clair y j’ai cherché à rendre la comptabilité militaire
courte , parce que les comptables ont d’autres
devoirs à remplir y fimple , afin, que la probité
foit la qualité la plus nécelfaire au comptable ;
claire , afin que .les yeux les moins exercés , puifi*
fent en fuivre les détours , & que la naiffance
du foupçon foit fuivie de très-près par fa mort.
COMPTES MILITAIRES. Des comptes militaires
y 6’ de la manière de les rendre. On n’a pas
tiré jufqu’à préfent de ligne de démarcation bien
fenfible entre les objets dont on doit rendre
compte à fon fupërieur , & ceux dont on doit
lui faire le rapport. On pourroit cependant tifec
cette ligne , & dire : on doit rendre compte de
tous les détails relatifs à la police, a la difet-
pline , & c. y & faire le rapport de tout ce qui eft
relatif à la guerre. Un caporal qui auroit trouvé
un de fes foldats manquant à la difeipline, en
rendoit compte au fergent de fa fübdivifio-n y 8c
celui qui auroit ? en faifant -une patrouille *
aperçu un. corps ennemi , ou fait quelque autre;