farmer das maftes avec promptitude , ni les développer
avec célérité & l’ignorançe. mutuelle
des deux partis oppafés. faifoit la fureté tks uns.
I& des autres. Pour vous convaincre de ces affections,
gers d’avoir derrière lai une ville.comme. Vafçuciçpnes* i
il. crue pouvoir, êtreauffi heureux fur Lahdrççies. Ses
oeagafins étpient à Marchieimes.; ain.fi. fe.s, vivres,
écoient obligés, de parcourir par terre., une lieue &f
demie, de Marchienn,es à Q.enain j ils dévoient: de
plus paffet i’Elcaur, & faire enfuite- trois lieues environ,
de Denain au Quefnoy, fans erre a couvert
de la gàrnifon de V'aleticieones que par un petit
ruiffeau , Sf de l’armée franco if© que par la rivière
de la Selle.
Pour affûter cette longue & dangereufe 'communication,
‘ le prince Eugène avoir fait, traeçr une
double ligne depuis Marcbiennes'jufqu’à Denain.
Cette ligne , ou négligemment imaginée , ou plus
négligemment exécutée, écoit gardée par dix-huit
bataillons oc dix ’ efeadrons : il y avoir un pont à
Denain , & un autre au village de Frouvi , couvert
par une redoute placée fur la rive gauche de l’Ef-
oaur. ' ■ N ■ , • • •• ; .. . i ■
De pareilles difpofitions auroient été abfolument
infuffifanres fi le prince Eugène- n-a voit pas cru y
fuppléer en éclairant par de très-forts détachemens
de fa droite- tout ce qui- fe paffoit entre Denain,
Prouvi & les rives de l’Efcaut les plus voifines.
Dans cette pofîtion , il paroiffoit être à portée de
foutenir fes ponts & lépofte fi important de Denain;
mais fa double ligne étant abfolument hors d’état;
de pouvoir être ioutenue par-tout, Villars paroît
avoir été le maître d’iaquiétêr l’armée du fiège au
point d’obliger le prince d’abandonner l'Efcaut &
Denain p ,ur la protéger uniquement. En lui faifant
prendre ce parti, Villars pouvoir fe porter fur ces
points importans; une mar-che de nuit St une de jour
lunâfôient pour remplir ce grand objet ; & quand le
prince Eugène eût pu arriver aifêz à tems pour foutenir
Denain, il n’auroit pu y faire palier allez de
troupes fur de feul pont qui; y- écoit, pour empêcher
la ligne d’être forcée à une lieue ç»u une demi-lieue
de Denain, & alors fes troupes auroient couru le
plus grand danger, fe trouvant féparées de leur
armée par une rivière.
Sans s’arrêter à examiner tout ce qu’auroit pu
faire Villars , remarquons qu’un gros détachement
de l’armée françoife ayant pafte la Sambre, cette
démonft-ration engagea le prince Eugène à étendre
fa gauche de manière à foutenir l ’armée faifant le
fiège de Landreciës.
Ce général paroî,c avoir fait ici la grande faute
de ne pas alîez éclairer* lçs prouve mens de l ’armée
françoife , foie en s’approchant plus près d’elle, Toit "
en portant en avant- d’alïez gros détachemens pour l
pouvoir poulfer les huifàrds & découvrir les mou-:
vemens de Villars.
lifez avec attention les Mémoires de M. de
Feuquières, 8c vous, vous perfuaderez fans peine
, de l’embarras qui régnoit dans lès differéns mou-
r venions exécutés.par le^ttaupes.^ poux at.taq.uer, j fe détendre, ou pour changer de pofîtion, &c. &c.
Vous-.b: aimerez, peuc-êsre âufli cet officier-général
; d’avoir trop peu apperçu.* ou d’avoir fait trop.
Le prince Eugène s'étant ainsi éloigné de l’Efcaut
? l’armée frünçoife .»y porta toute entière ; elle
avoifr été précédée- par un corps qui jetca des ponts
lut- ce fleuve > entre Bouchain Sc Denain fans rencontrer
entre-ces deux polîtes ennemis pas même une
patrouille.
Cette avant-garde profitant avec célérité de’cette
incroyable négligence,, fé porta en avant & pénétra
au travers de prairies très-molles ' & très-maréca-
geufes,. jusqu’au-dela de Haute/ive & de Neuville.
Ayant ftaneni ces dangereux défilés dont la têre aurait
pu être gardée par quatre efeadrons au plus,
elle fe forma en bataille , & bientôt elle fut jointe
par le relie des François.
La grande fécùrité qui'régnoit dans les lignes de
Denain à Marcbiennes, & la négligence du chef, de
ne les- avoir pas mifès dans un état de défenfe plus
refpeétable, furent la caufe de la facilité avec laquelle
ces-lignes furent renverfées : le polie de Denain fut
emporté la bayonnette au bout du fufîl. Les fûyards
eurent, bientôt fait rompre le feul pont qui étoit à
Denain ; & tout ce qui fe trouva, par cet accident,
en-deçà de l’Efcaut Sc féparé de l ’armée du prince
Eugène, fut détruit ou fait prifonnier.
En vain le prince, averti trop tard, accourut fur
les hauteurs de la rive droite de l’Efcaut ; ce fut
pour y être témoin de la deftru&ion total« du corps
de Denain : il dut alors fe reprochër amèrement ,
fans doute, de n’avoir fait jetrer qu’un feul pont.
Cette grande négligence fut certainement une des
caufés principales de cet événement.-
Cette fuite de témérités & d’imprudences n’au-
■ roit pu avoir lieu fi ce prince avoit pu obtenir le
Quefnoy pour le principal dépôt de fes munitions,
de guerre Sc de bouche pendanc le fiège de Landre-
cies. Mais tant de faites capitales commifes dans
cette oeçafion furent punies comme elles méritoient
4e l’être.
Quatre ans après, on voit le prince-Eugène donner
de grands exemples dé capacité & de valeur contre
les Turcs au fiège de Peterwaradin ; & à celui de
B.ellegrade, à la bataille de Peterwaradiq, on vit les
JannilTaires. çhafget fi valeureufçment les troupes
impériales formées eu colonnes, que celles-ci enfon-
‘cées , divilées;, :fur/snt obligées de fe mettre à l’abri
{ derrière des retranebemens L malgré tous les avantages;
que quelques taéliçieus modernes veulent atta-
î cher à .çççte Lfetmatipn.
peu de cas de ces défauts auxquels tenoit cependant
en partie la conduite des généraux, dont il
examine, loue ou critique la conduite. Malheu-
reufement pour les progrès de la fuence de la
guerre, les bons principes encore ignorés ,-avoient
été à peine développés d’une manière un peu
lumineufe dans l ’ouvrage du maréchal de Pui-
fégur fur l’ art de la guerre. Cet ouvrage, précieux,
& infiniment étonnant pour le tems où il Fut fait,
expofe des principes clairs 8c précis ; il enfeigné
à calculer la marche & la profondeur des Groupes,
l’efpace pour fe mettre en bataille ; il pofe les,
vraies bafes de l’art; & furtout il porte la feience
géométrique dans celle des évolutions ; ce q u i,
on ofe le .dire, .a dû feul contribuer à perfectionner
la taôlique moderne., & à la rendre peut-
être, fupérieure à l'ancienne. C ’efl dans ce livre
encore trop ignoré ou trop méptifé , ou l’ on
trouve des idées fur l’ordre oblique, avec un
plan & une difiertation fur la bataille de Nort-
îingen, qui reflemble infiniment au, pian conçu
par l ’immortel Frédéric pour la bataille de Collin.
Ainfi-j tandis que tous les arts marchoient àpas
de géant vers la perfection, celui de la guerre
ayant eu quelque'éclat >fous les grands généraux
de Louis XIV & fous l ’illuftre Montécuculli,
avoit paru dépendre encore plus de la capacité
des chefs., que de principes poficifs & de maximes
certaines, dont l ’exaéle obfervation affurât au
général qui les mettoit en pratique, des avantages
décififs fur celui qui les négligeroit.
Ce grand a r t, à-peu-prè.s abandonné à la pratique
8c au hafard, paroît avoir été alors fi peu
approfondi, que la révolution dans la taélique
dont nous venons de nous occuper, fe joignant
en France à ,un mauvais choix de miniftres & de
généraux, avoit fait pafier toute la fupériorité
du coté des ennemis -de la France, jufqu’au moment
où Villars, s’élevant, par la force de fon
génie, de son audace & de fa fortune, au-deffiis
de tous les obftacles oceafionnés fans cefife par le
peu de théorie des généraux & des troupes, fut
profiter avec capacité de quelques momens favorables
pour rendre aux armes françoifes quelque
partie de leur ancien éclat ; malheureufement ce
grand homme s’étoit fans doute trop élevé d’abord
pour redefeendre aux détails précieux qui forment
ie-s bafes de la eonft-itution & la formation
des troupes, & defquels, par conféquent, :dé-
pend ahfolument une grande partie 4e leur upi-
lîté..
Montécuculli, au contraire , n'a-t-il pas donné
une preuve décifive-dé l’excellence de fon jugement,
on s’arrêtant d’abord avec le plus grand
foin & le plus grand détail fur -les bases de la
eonfticutipn ,'de la formation, de l’armement &
des exercices de l’armée ?! 1
.S xl avoit exiflé, 4. çe-t^e époque, pn ouvr^g,^.
françois fu r ie militaire, traitant les mêmes objets
avec jugement & génie, ces bafes fi importantes,
qui, depuis les trois quarts d’ un fiècle ,
n’ont pu encore être fixées , & dont, l’indécifion
a caufé tant de malheurs, & publics et particuliers
, feroïènt à préfent déterrninément & invariablement
po fées.;
Alors devenant chaque jour, comme celles de
tous les autres arts., plus connues & plus démontrées.,
elles préfenteroient, comme et s dernières,
la grande 8c belle perfpeélive d’une carrière dont
la yaftë étendue pourroit être déterminée fans
erreur 8c 'fans exagération, 8c dans laquelle on
ferôit toujours à portée de mefurer la force de
fes. talens avec la tache qu’on s'eft impofée.
Malheureufëment, au contraire , au lieu de
s’occuper de ces bafes fi efîentielles, on vit s’élever
un grand fehifrae dans les-opinions des militaires
François à ia fin de la,guerre de la fuc-
ceffion. Il s’agifioit de favoir fi ia découverte de
la poudre 8c l’ ufage des armes , à feu dévoient
changer la taélique , 8c fi l’on devoit rejetter
l’ordonnance des anciens à caufe de fa profondeur 8c des effets de l’artillerie fur de pareilhs maflfes.
On écrivit de part et d’autre.. Le chevalier Folard
propofa fon fyftême des colonnes ; il l’appliquoit
à toutes les opérations de la guerre ; & il ouvrit
une nouvelle carrière, en développant dans fes
Commentaires. Sitr Polybe, toutes les parties de
la fçience militaire. Son fyftême, établi fur d’ex-
cellens principes, mais défe&ueux à beaucoup
d’égards, eut fes partifans & fe,s détraéleurs ; il
fut vivement combattu p.ar -les partifans de la
routine . auxquels Folard répondit avec .plus de
dédain que de raifons. D’un côté il s’aginoit .de
reprendre les piques & de fe former en phalange ;î
de l'autre^on ne pouvoit être fur un ordre trop-
mince pour éviter les ravages de Èartillerie. Mais
n’y av.oit-il pas un milieu à prendre ? ne pouvoir
on pas combiner ce fyftême avec les armes et lès
ufages aéluels ? & n’auroit-il pas fourni la bafe4
d’une excellente théorie, facile 8c avantageufe à
mettre en pratique, fi l'habitude, les préjixgés , 8c peut-être l’intérêt perfonnel, n’y avoient forme
de puiflans obftacles ? On n’étoit pas plus décidé
fur la cavalerie. En France, elle avoit de la vàléuç 8c point d’ordre ; chez le,s autres peuples, d e
Fordre et point de légéreté ; chez nous,, combattant
à la d é b a n d a d e ; c h e z lés autres, err
ffiaffé. Ôn ignoroit fi fa force étoit dans Ton*
choçi ou dans fâ vite fié ; on avoit même- crû
qu’elle devoit fe fervir de l’aélion du feu. Les
généraux^ régardoient comme au-dess-ous d ’e u x i
de fè mêler de ces difeuffions polémiques ;i ils
reftoient dans rignorançe, 8c ne cherchoienc p a s
4 acquérir des ■ ççuinoïfîâijces qui leur auroient
été F riëcéffaires ; mais de la privation defquèlles
ils s^appércévoient d’autant moins, que les