
eux devant ceux qui Soient plus âgés ; ceux-ci '
les excitoient & remarquoient les plus courageux.
Un citoyen , choifi parmi les plus fages, diri-
geoit toutes les claffes, il pouvoirdes affembler,
les réprimander » les faire jeûner..... Les jeunes
gens prépofés à commander les différentes claffe*,
n’infligeoient les punitions que devant les ma-
giftrats &' les vieillards} ceux-ci n’interrom-
poient jamais celui qui punifioit-} mais lorfque
les enfans étoient retirés, il étoit puni lui-même,
s’il s’étoit montré trop indulgent ou trop févè- t
re.... Les jeunes gens étoient exercés àchaffer,
nager, lutter', courir, fauter, lancer le difque,
prendre & garder les rangs, fe rompre, fe former
& combattre s ils avoient même des combats
réels, mais nuds & fans armes.
Après ces combats & quelque repos, ils dan- *
foient au fon des flûtes ; c'etoit leurs délaffe-
jnens & leurs plaifirs > cependant l’oifiveté n’étoit
pas permife à ceux qui fortoient de l’adolefcen-
ç e , ils continuoient les mêmes exercices jufqu’à
l'âge de trente ans, où ils pouvoient entier dans
les charges civiles ou les emplois militaires.
Ces lois fur l ’éducation, quoique contraires à
toutes les autres, produilïrent une race extraordinaire
, grande , robufte , grave , filencieufe ,
Supérieure à tous les plaifirs recherchés par les
autres hommes, principalement occupés de l’art
de la guerre, n’afpiraot à d’autre gloire qu’à
celle des armes, & fi exceffivement auftère en
fes moeurs qu’il lui étoit difficile , en rétrogradant
, de revenir à la corruption.
A g e du f e r v i e e m i l ita ir e •
A l’âge de la puberté, fixé à dix-huit ans, on
fe relâchoit un peu de l’autorité de la difcipline;
©n permettoit aux jeunes gens de laiffer croître
leurs cheveux, de porter des armes & l’habit
des hommes » la carrière militaire leur étoit ouverte,
ils recevoient le titre d’apprentifs ou de
nouveaux, & faifoient ferment d’avoir les mêmes
amis que leurs rois, & de partage? avec eux,
en tons temps & en tous lieux, les biens & les
maux. Alors ils vivoient dans la ville fous la
même discipline que dans un camp, uniquement
occupés du fervice de la république, & agiffant
conftammënt d’après ce principe, qu’ils n’appar-
tenoient pas à eux , mais à la patrie.
Les Lacédémoniens étoient obligés au fervice
militaire jufqu’à .environ quarante ans après l’âge
de puberté.... Les affranchis étoient auffi admis
au fervice militaire} quelquefois même, lorfque
les befoins preffans l’exigeoient, on armoit les
k i îo t ç s ( efpece d’efclaves chargés de l’agriculture
U des arts mécaniques. ) J
A d m ; f i on au f e r v i c e . . . . G r a d e s .
Lycurgue divifa l’infanterie & la cavalerie en
fix corps , appelles m o r e s , commandés chacun
par lin p o lém a r q u e , quatre lo ca g u e s ƒ huit p e n te -
c o jie r e s , feize én om e r ta g u e s .
Il eft probable que depuis Lycurgue, le nombre
des jeunes gens en état de porter les armes
s’étant accru, on augmenta le nombre des mo r es
ou leur force, & peut-être l’un & l’autre.
11 y a voit, dans les troupes de Lacédémone,
des efpèçesr de f e r v a n s ou écuyers , nommés
a p o fp ite s 3 qui étoient chargés de porter les armes
des chefs, & de rapporter les blelîès hors dû
champ de bataille, &c.
Les lois & les ufages militaires des autres républiques
& colonies grecques font très - peu
connus} en général elles fe modeloient plus ou
moins fur les Athéniens... Quant à Lacédémone,
on l’admiroit plus qu’on ne pouvoic l’imiter.
R o m a i n s .
Le peuple romain fut d’abord divifé en tr ib u s ,
à la tete de chacune desquelles étoit un tr ib u n y
chaque tribu étoit divifée en dix c u r ie s , dont les
chefs étoient appellés cu r io n s ; enfin chaque
curie étoit fous-divifée en d é cu rie s , & le chef
de chaucune appellé d é c u r io n .
A ce-te divifion Succéda bientôt après l’éta-
bliffement du cens, ou la*divifion du peuplé en
cinq claffes, fuivant la valeur du bien de chaque
citoyen.
Dans la première, furent compris ceux qui
avoient un capital de 135,000 liv.
Dans la fécondé, de 101,250 liv.
Dans la troifième, de 67,500 liv.
Dans la quatrième, de 33,750 liv.
Dans la cinquième, de 14,850 liv.
La première claffe fut divifée en quatre-vingt
centuries, dont quarante, compofées des plus
âgés , furent deftines à la garde de la ville ; quarante
, compofées des plus jeunes , furent employées
dans les expéditions extérieures.
On fépara de la fécondé les citoyens au-deffus
de quarante-cinq ans, de ceux qui avoient l’âge
militaire, & on forma des premiers dix centuries
deftinées à garder la ville ; des lèconds,
dix autres centuries chargées des guerres extérieures.
La troifième & la quatrième furent auffi divi-
fées en vingt centuries, en fuivant l’âge.
La
La cinquième en trente centuries, dont quinze
des plus âgés & quinze des plus jeunes.
U y eut de plus quatre centuries fans armes,
deux pour la conflruétion & le tranfport des
machines, la fabrique & l’entretien des armes}
deux de trompettes & autres inftrumens.
Tous les citoyens dont les biens étoient au-
deffous de 14,000 liv. furent exempts d’impofi-
tîon & de fervice militaire} ceux-ci formoient
une fixième claffe, beaucoup plus nombreufe que
chacune des cinq autres.
Ôn diftingua cette claffe exempte de la milice,
en p r o lé ta ir e qui n’avoient que 2025 liv., & en
c a p ite c en fi qui n’avoient aucun bien.
Dans les befoins extrêmes , on armoit les p r o lé
ta ir e s aux dépens de la république.
Les citoyens au-deffous de dix-fept ans étoient
comptés au nombre des enfans p u e r i ; ceux qui
étoient entre dix-fept & quarante-fix ans , inf-
crits comme foldats & comme capables de fervir
la république, étoient nommés ju n io r e s , & au-
deffus , f e n io r e s .-
De dix-fept ans à quarante-fix ans, les citoyens
pouvoient être enrôlés pour les expéditions militaires
} ils étoient libres cependant de fervir
avant ou après ces deux termes} mais le fervice
avant dix - fept ans n’etoit pas compté : après
quarante-fix ans, on n’obligeoic au fervice militaire
qu’en des cas extraordinaires 3 alors 011 in-
vitoit les citoyens au-deffus de cet âge à s’en- ;
rôler volontairement , & on les nommoit
c v o c a t i .
L e v é e d e s trou p es.
Dans les premiers temps de la république ,
lorfque la guerre étoit réfolue, le peuple alîcm-
blé par curies décernoit aux confuls & quelquefois
aux préteurs le commandement des troupes,
& les généraux faifoient auffi-tôt les préparatifs
de la campagne. On piaçoit au haut du Capitole
deux vexilles, l’une rouge étoit le fignal de l’infanterie
j l’autre vert de mer, étoit celui de la-
cavalerie. Le fénat régloit alors le nombre de 1
troupes & ordonnoit l’enrôlement} le jour où
les citoyens qui avoient l’âge militaire dévoient
fe préfenter , étoit indiqué dans Rome par un
édit confulaire} 'hors de Rome, par des hé-
jaults.
Affis fur un tribunal ou fur la chaife curule,
le général faifoit appeller -les jeunes citoyens}
ceux-ci étoient obligés de répondre, &: on les
infcrivoit fur le catalogue.
On adopta dans la fuite une autre forme de
levée, qui étoit en ufage du temps de Polybe :
le peuple & les confuls défignés nommoient d’a-
A r t A l i U t . S u p p l . T om e I V .
bord quatorze tribuns, tirés de.ceux qui avoient
cinq ans de fervice, & dix de ceux qui en avoient
dix } le jour prefcric pour la levée > les plùs
jeunes des tribuns fe partageoierit en quatre di-
vifions, parce que la première & la principale
levée étoit de quatre légions. Les quatre tribuns
nommés les premiers étoient affignés à la première
} les trois fuivans à la fécondé j les quatre
autres à la troifième} les trois derniers à la quatrième...
Des dix tribuns les-plus âgés, les deux
premiers nommés étoient placés dans la première
légion; les trois fuivans dans la fécondéj
les deux autres dans la troifième } les trois derniers
dans la quatrième.
Ces répartitions faites de manière que les légions
euffent un égal nombre de chefs, ceux
de chaque légion fiégeant féparément, tiroient
au fort les tribus les unes après les autres , &
appelaient celles dont le nom venoit de foriir »
ils y choifîffoient quatre jeunes gens auffi égaux
qu’il étoit poffibie par l’âge & la Itature ; les
tribuns de la première légion en prenoîent un,
ceux de la fécondé un autre , & de même en-
fuite ceux de la troifième & de la quatrième :
quatre autres jeunes gens ayant été choifis en-
fuite , les tribuns de la fécondé légion avoient
alors le premier choix} ceux des autres enfuite,
les tribuns de la première fe trouvant les derniers,
& ainfi en fuivant toujours cet ordre
alternatif de manière que les légions étoient
à-peu-près égales. Après avoir levé de cette maniéré
le nombre de foldats preferit, on choifif-
foit les cavaliers.
Lorfqu’on n’avoit befoin que d’un petit nombre
de troupes, on tiroit au fort les tribus, &
celles qui fortoient, fournrffoient feules des foldats
; mais le peuple ayant accufé les confuls ,
l’an 602, d’ufer de partialité dans les levées,
le fénat ordonna que, pour former ou complet-
ter les légions, on tireroic les foldats au fort.
T em p s d u f e r v i c e ,
La durée du fervice fut réglée, pour la cavalerie,
à dix ans} pour l ’infanterie, à feize, &
même prefqu’à vingt, quand les circonftances l’exi-
geoient. Aucun citoyen ne pouvoit exercer de
charge civile qu’ après avoir fervi dix ans.
Ces loix varièrent fous les empereurs, &
quelquefois les légions fe révoltèrent, parce
qu’il n’y avoit rien de fixe pour la durée du
fervice.
Le tommencement du fervice militaire ne fut
pas mieux obfervé. Hadrien avoit quinze ans
lorfqu’il ÿ entra ; parvenu à l’empire , il défendit
de recevoir des foldats trop jeunes, & de
les retenir au-delà du terme fixé par les loix anciennes....
Cependant l’abus continua. Sous An