
degrés, la circonférence enriere en contiendra
cent vingt-fix , qui cubant cent trente-hait toifes
chacune , donneront pour toutes dix - fept mille
trois cents quatre-vingt‘ huit toifes , en tout vingt-
huit mille cent quatre-vingt-huit toifes cubes y d’où
il réfulte que ia fortification propofee emploie-
XOlt trente-quatre mille cent trente-quatre toifes cubes
•de maçonnerie de moins que l'hexagone au front
moderne baftionné : en outre , on peut voir que
les rayons devenant plus grands, leur circonférence
peut réunir plus de feu fur le même point 5
ce qui , dans ce troifième exemple , donne quatre-
vingt-do u^e pièces 3 au lieu de fo i Xante.-do u^e fournies
dans le fécond exemple.
En fera-ce donc affez pour faire fentir l ’extrême
ridicule, pour ne pas dire la coupable
ignorance des officiers du génie , qui ofent dire
8c imprimer que toute nouveauté propofee en fortification
foit une preuve certaine de l'ignorance de
fon auteur 3 parce que tout cft trouvé dans ce grand
art.
En examinant plus en détail ces nouvelles méthodes
d’enceintes de places, dans le neuvième
volume de Y Art défensif du général Montalem-
bert 5 en étudiant, en méditant fur- tout les différentes
manières qu’il propofe de fortifier plus
de douze places infiniment importantes, tant en
France que dans les deux Indes ; on ne pourra
s’empêcher d’être toujours de plus en plus l’admirateur
et le partifan de cet homme de génie,
8c de fes précieufes découvertes.
Cependant quelques hommes ignorans ou de
mauvaife foi fe récrieront peut- être fur l’énorme
quantité de canons qu’ il faudroit dans de pareilles
places; mais le général leur répond qu’il n’a pratiqué
ce nombre d’embrâfures dans toute la circonférence
de fes enceintes , qu’afin de pouvoir
s’affurer les moyens de placer quatre, fix & huit
fois plus de canons que l’ennemi à chacune de
fes batteries correfpondantes à celles que l’affié-
geant voudra élever contre la place, fur quelque
point qu’il puiffe les élever ; tandis que dans le
fyftême des battions , Tafliégé ne peut rien changer
à l’emplacement de fes batteries, & confé-
quemment ne peut pas répondre à celles de l’ennemi
, qui place les fiennes ou il juge à propos :
d’où il réfulte qu’avec les conftruétions proposées
par le général , l’ajfiégeant n’auroit plus
aucun moyen à employer contre l’afliégé , qui
ne fût fi inférieur à ceux qui pourroient lui être
oppofés, qu’il lui feroit impoffible d’avoir
aucun fuccès dans une pareille entreprife, puif-
qu’ il ne pourroit confetver fon artillerie devant
une telle p'ace , 8c qu’ inutilement voudroit-il
prendre Je parti de la bombarder. L’emploi des
mines eft également impoffible ; d’abord, à l ’é->
gard de toutes celles dont l’eau fe trouve à
moins de dix ou douze pieds de profondeur,
Sc dont le. terrein eft de rocher ; Mais même
pour celles iituées fur les terreins les plus favorables
, puifquon ne peut commencer ]çs
premiers puits que lorfqu’on eft parvenu fur la
troifième parallèle ; & comment y arriver 8c s’y
maintenir fous un feu de canon auifi confîdérable?
i1 renverferoit toutes les fappes & raferbit les travaux
avancés des allié geans....... En outre, pour
répondre à ceux qui cherchent leurs objections
jufques dans les chofes -impoffibles, le général
a pratiqué dans l’efpace entre le chemin couvert
8c les calemates angulaires, une cunette
de feiçe pieds de profondeur au-deffous du niveau
du terrein , & plus fi le niveau de l’eau
fe trouvoit à une plus grande profondeur........
Cette cunette eft défendue par une pièce, dë
canon, qui en enfile chaque branche placée un
peu au-deftus du niveau de fon fond , de manière
que s’il étoit poflible qu’un mineur vint
jufques-là , il ne pourroit traverfer cette cunette
fous le feu de la cafemate.
Et à tous ces avantages incalculables & infur-
montables de défenfe, il faut encore ajouter
ceux fi précieux d’une méthode infiniment moins
coûteufeque n’eft l’ancienne, 8c avec un nombre
d’hommes beaucoup moins confidérable.
Enfin , le général Montalembert termine fon
neuvième volume , déjà fi intéreffant 8c fi inf-
trudtif , en parlant des forts mixtilignes, ainfî
nommés parce qu’ ils font formés de lignes droites
& courbes de différens diamètres & de différentes
longueurs dans leurs parties droites :
toutes propofitions qui peuvènt favorifer à l’infini
& qui doivent toujours être relatives à
l’objeT"qu’on a à remp ir 8c au degré de force
qu’on a à leur donner. ,Plufieurs( de ces forts
n’ont en maçonnerie que leur enceinte extérieure
, quelques-uns même ont les embrâfure*
de ces enceintes formées avec des bois , pour
pouvoir fe difpenfer d’employer les pierres de
taille, dont l’efpèce & la main-d’oeuvre font toujours
très-chères, & dont beaucoup d’endroits
font dépourvus.
Cette méthode fut adoptée par le général
pour, le fort qu’il fit conftruire à Tille d’Aix*
la célérité qu’il falloit y mettre, lui fit une né-
ceffité d’imaginer un nonvé/tu moyen de conf-
truélion. L’enç.einte même, circulaire extérieure
du fort fut çompofée d'un nombre d’aflifes de
châlfis de charpente de cinq pieds de largeur hors
d’oeuvre, & de trois pieds de vide dans oeuvre,
conftruits dans le port de Rochefort, tranfporrés
par des barques à l’ifle d’Aix ; ( ils euflènt pu
l’être en Amérique ) l’in.térieùr de ces. châflis
fut rempli de maçonnerie de moëlon , jettée à
pierre perdue; ce qui donna une grande promptitude
à l’exécution; •
Dans quelques-uns de ces fortes de fo r ts , le
oénéral a placé jufqu’ à deux épa:ffeurs de terre,
dans deux différens étages, pour tenir heu de deux
voûtes,& oppofer un double obftacle aux bombes
de l’ennemi ; précaution cependant fuperflue,
étant plus avantageux d’ augmenter, fi on le ju-
ceoit néceffaire, l’épaiffeur d elà première terre,
en plaçant, comme cela doit ê tre , entre la terre
& le plancher qui la foutient, une lame de plomb,
au moyen de laquelle on n’aura à craindre aucune
filtration des eaux de pluie dans le fort ;
& alors ils réuniront beaucoup plus d’avantages
que les forts tous en maçonnerie ne peuvent
en avoir.
Ce qui prouve évidemment la borné de la
méthode dont nous parlons , c’eft q u e , malgré
l’abandon total où les ingénieurs ont laiffé le
fort de l’ifle d’Aix depuis fi long - temps, au
moment où la guerre eft furvenue, toute^ fa
conftru&ion en bois s’eft trouvée en même état
que lorfqu’ il a été fait, à la grande confufion
de ceux qui ont ofé confirmer au miniftère qu’ il .
était en ruine 8c qu’il fa'.loit le détruire.
C’ eft donc avoir reculé, dans cette partie,
les bornes de l’ art défenfif, puifque cette méthode
réunit la célérité de l'exécution avec le
moyen d’augmenter la force défenfive : des ca-
fcmates voûtées, foutenues par des bois debout,
n’ayant en pierre que leurs murs extérieurs ,
pourroient être conftruites avec beaucoup plus
d’économie....... Les embrâfures étant en bois ,
liées au-deffus 8c àu-deffous par des aflifes de
bois, la maçonnerie s’y trouveroit enclavée 8c
maintenue de façon à ne pouvoir être renverfée, i
même par des fecoüffes de tremblement de terre,
qui détruifent en un inftant les édifices les plus •
folides.
Si l’ on fermoit chaque embrâfure avec des
mantelets crénelés , faits de doubles madriers
de fix pouces d’épaiffeur, 8c qu’on les armat
de fufils à clapet ( Voye^ fufil ) , il en partiront
un leu de moufqueterie fi rapide, qu’ il feroit
impoffible à aucune troupe d’en approcher fans
être détruite.
En calculant auffi que l ’on peut préparer d’avance
8c emmagafiner tous les châflis & les bois
néceffaires pour ces forts , 8c les transporter
enfuite fur les lieux où l’on les croiroit néceffaires
, on concevra quel parti on pourroit
en tirer à la guerre, pour fortifier, même momentanément
, telle ou telle pofition, 8c la
garder auffi long-temps qu’ on le croiroit nécef-
(aire, 8c c.
Q u e lq u e s fu c c in é t e s q u e f o i e n t l e s i d é e s q u e
n o u s v e n o n s d e d o n n e r d e s s o u v r a g e s d u g é n é r a l
M o n t a l e m b e r t , o n y r e c b n n o i t l a g r a n d e im p o r t
a n c e d e s o b j e t s d o n t i l s ’ e f t o c c u p é , 5c c o r n -
bien ils doivent contribuer aux progrès de l’art
défenfif..... Tout militaire ambitieux d’acquérir
des connoiffances utiles à fon é ta t, ne faurôit
trop lire & méditer mûrement ce grand & bel
ouvrage.
FORTIFICATION de campagne. Nous venons
de voir combien l’attaque des places, fui-
vant les méthodes ufitées, avoit de fupério-
rité fur la défenfe ; nous avons vu de même
que celle des vaiffeaux fur une >©te en avoir
une encore plus décidée, par I’infuffifance des
moyens qu’on eft dans l’ufage de lui oppofer >
nous allons trouver, en traitant de la fortification
de. campagne, que leur attaque a encore
plus d ’avantages que les précédentes , par la
très - grande foibleffe de la nature des retran-
chemens employés en campagne, ainfi que par
les mauvaifes difpofitions des troupes deftinées
à les défendre.
On doit fe retrancher, quand on eft foible;
& l'on peut êtrev foible de deux manières, ou
par le nombre d’hommes, ou par l’étendue du
I terrein à occuper : dix mille hommes font foi-
bles contre cinquante mille, 8c doivent fe retrancher
pour leur réfifter ; cinquante mille
hommes font foibles contre dix mille, s'ils doivent
occuper une grande étendue de terrein ;
les retranchemens, ainfi que les lignes, doivent
égalifer les forces , 8c même donner l’avantage
au plus foible ; l’objet eft manqué, fi ces conditions
ne font pas remplies; il faut donc de
bons retranchemens, ou point ; c’ eft-à-dire des
retranchemens qui ne puiffent être emportes
l'épée à la main. On ne craint pas d’ avancer
que tous ceux qui ne font pas de cette efpece ,
font nuifibles bien loin d’être avantageux; mais
comme cette condition effentielle eft impoffible
à .remplir dans une grande étendue de lignes,
il' fuit qu’il faut fe borner à des points d’appui
placés à des diftances convenables , 8c rendus
fufceptibles d’être foutenus avec avantage ; ce
font les feuls moyens qu’ une défenfive éclairée
doive admettre. Ces points d’appui feront proportionnés
à l’importance de l’objet, au temps
qu’on aura pour les établir, 8c à la dépenfe
qu’on pourra y faire ; mais le principe fera le
même dans tous les cas.
Avant de traiter de la partie de la fortification
de campagne, qui s’occupe des retranche^
mens 8c des lignes , voyons d’abord la partie
non moins intéreffante des redoutes.
Des redoutes en campagne* ..
Un des problèmes les plus importans à réfoudre
dans l’art militaire, c’eft celui de trouver
le moyen de mettre un petit corps en fûreté &
en peu de temps.