
les partifans du bâton veulent-ils- que nous
adoptions ? ce n’eft certainement pas la première
j ce n’eft point une peine capitale qu’ils
cherchent , c’eft un châtiment léger, & fi l’on
peut s ’exprimer ainfi, une punition d’avertifte-
ment. Seroit-ce la fécondé efpèce de bafionnade?
cette punition pouvoit être bonne à Rome , où
le préjugé avoit établi une différence cbnfldé-
râblê entre la vigne & le bâton* où Topinion
n’avoit pas prononcé que tout homme libre ne
pût être frappé finis être flétri, fans être déshonoré
j où il étoit de l’effence du gouvernement de
mettre une diftance immenfe entre les citoyens 3t les etrangers':-ce n’ eft donc que parce qu’on
rfavoit pas une connoiffance approfondie des
jufages des Romains , au l'ujet de la bafionnade 3
qu’on a prétendu s’appuyer fur l ’exemple de ce
peuple,..
L ’exemple de quelques nations modernes ne
doit pdsr; être d’ un . plus grand poids que celui
des Romains. Si. tousv le.s François.;étoienr . ex-
pofçs".comme,tous. iesr;ÇKinois à-recevoir quarante
,,cpups_- ide; paqtfée, pour une faute légère.}
i l ;'pès coups .étoîept regardés comme une cor-
re&ion fraternelle ; fi en France, comme chez
les Turcs 3e les RuiTes, la bafionnade étoit une
punition civile , on pourroit l’introduire dans
notre code militaire pénal : . mais jufqu’au moment
où la bafionnade. fera établie en France
comme peiné civile , ce qui n’arrivera fans doute
jamais', elle ne -devra pas , ce me femble , être
placée parmi les punitions militaires françoifes.
Je fie réfuterai point férieufement cet officier,
qui prétendoit s’être également bien trouvé d’avoir
reçu 8ç, donné des coups de bâton : on ne
peut difputer dès goûts ni des befoins.
Il én 'eft dé l’exemple des régimens étrangers
qui font à notre férvice , à-peu-près comme;dés
propos du militaire dont 'nous venons de parler.
Les gâtions ç n t , comme les individus , leurs ,
befoins & leurs goûts.
Quant à la bafionnade introduite dans notre armée
* pendant la dernière guerre d’Allemagne, on
ne peut que l’approuver 51 elle n’étoit établie
que contre des valets , ou contre des foldâts que
la loi condamnoit à la mort 5 & il vaut toujours
mieux avoir un homme bâtonné qu’ un cadavre.
Mais ne nous" bornons point à prouver, que
les autorités fur lefquelles s’ appuyent les: amateurs
de la bafionnade font foibies pu fauflçs .} faifons
voir encore que cette’ punition 3 ne füt-élle: pas.
rejettée par l’opinion , n’en devroit pas moins
être exclue de notre code pénal, au moins comme
peine -légèté.
Tous les écrivains militaires qui ont parlé ;de
h bafionnade a VQntxoüs regardé« comme peü faite
pour des foldâts} une punition dpuloureufe peut,
difent-ils , corriger des enfans 5 mais elle révolte
un homme d’un âge mûr. Vous voulez , ajoutent-
ils , que le foldat, braye , méprife la douleur,
& vous youlez punir par la douleur : quelle
inconféquence !. Vous croyez proportionner la
peine au d é lit , en condamnant le coupable à recevoir
un nombre plus ou moins grand de coups de
bâtonS } mais commandez-vous au bras de l’exécuteur
de vos ordres î N e peut-il pas aggraver ou affaiblir
la punition à fan gré ? N ’avilillèz-vous pas
les bas-officiers, en les forçant à remplir des obligations
de cette nature.? On a vu des caporaux
aimer mieux recevoir des coups qu’en donner >
des foldâts refufer les galons pour n’être point
obligés d’être les- minillres de la vengeance dés;
ioix. Cette manière de voir n’eft point nouvelle
en France} auffi l’opinion ne permettoit-elle point
il-y a . deux fîècles-, aux gentilshommes François
de prendre des places de bas- officiers., parce quils
font tenus de mettre la main,fur le foldat qui a fa illiy
qui font traits que le gentilhomme abkore , pour le
moins en notre nation franfoife. Voye£ les M e t
moires de ,1a Vieilleville,
Un foldat à qui Ton chef vouloit, il y a quelque
tems , faire donner des coups de bâton ^ &
. a qui il commandoit de tourner le dos , lui ré*
pondit, « je ne montre jamais le dos à mes ennemis
}, il fpt;. bâtpnné } ôn admira fa réponfe ,
& le lendemain on regretta fa perte. Que vous
1 donniez,.la .bafionnade en public-, que vous la
i donniez en particulier, dès Tinftant où la loi
l’ordonnera , n’efpérez plus Taire de bonnes recrues
, le pere fera affuré de conferver fan fils
en lui montrant un bâton levé fur lui. Donnerez--
vous les coups fur les épaules , fur les feffes ,
ou fur la plaqte 4es pieds ? l ’homme qui les
recevra ferâ-^t-ïl droit > courbé ou couché ? Quelque
parti q u e ‘vous preniez la punition fera toujours
dangereuse par fes fuites phyfiques , &
plus encore' par fes fuites morales. Je fais bien
que quelques officiers fe permettent de frapper
leurs foldâts avec, le bâton , & qu’il ne s’enfuit
pas des effets très-funeftes j mais là loi n’a pas
parlé ,' niais c’eft fans appareil, mais c’eft dans
un moment dè colère , d’emportement} le foldat
fe venge par la haine:, le-mépris , l’indignation
} il ne fe regarde pas plus déshonoré que fi
un infenfé Iç bâtonnoit au fcoin d’une, riie. Il
n’en feroit certainerpent plus de même fi la loi
avojt prononcé.
De ces diverfes obferyations , riaus croyons
pouvoir conclure que. la bafionnade ne doit point
être, fnife parmi ‘les peines ipilitairèS’1 françôiie^ ;
ou que fi on veut absolument' l ’y faire entrét, il
fau t, à l’exemple des Romains , la réferver pour
les fautes capitales, La placer parmi les châti-
B A T B A T 71
mens ce feroit ravaler le foldat aux yeux de la
nation, ce feroit l’avilir aux Tiens ; & on ne
fait jamais rien de grand avec des hommes qu’on
a réduits à l ’aviliffement. Voy& P HILOSOPHIE
DE LA GUERRE , A MOUK*I>R‘">I>RE > HONNEUR ,
P ein es’ , & c .
B A T . Selle pour les bêtes de famme. L ’auteur
du didionnaire militaire portatif, a placé
fous le mot hât la defcriptîoh de l’ ufage des
différentes parties, dont un bât. doit etre .compofe >
nous croyons devoir tranfcriré ce qu’ il en a d it,
parce qu’ il peut être utile à des militaires, qui fe-
roient, pour la première fo is , fur le point d’entrer
en campagne'.:
« Il faut, pour le harnois complet d’un mul
e t o u d’un cheval portant 'b â t un :bât„ une
fangle , une billadoire, une carcàdoire ; une b ille ,
[une foufre, une fur-foufre, un "cordonnet, une
feuquière , une fouventrière , un poitrail, Un
moreau , un bridon , un ernadou , - ’urie couverture
, un pollier. ??
’ *-&■ Le bât, comme tout le monde le fait^ fert
à porter la charge } la fangle , à fangler le mület
avec le bât ; la billadoire , à tenir-la charge en
état1} la carcadoire E à tenir la charge ; la bille ,
qui eft un morceau de bois , à biller la charge}
laToùfré, qui eft de cuir, àfoutenir la feuquière}
la fur-foufre, eft un ornement de laine ou de foie y
qu’on met fur la foufre-} le cordonnet fert à tenir
en état la foufre & la feuquière } ia feuquière1 eft
ce qui empêche, dans les defcentes , que le bât
n’ailie fùr le garot} la fouventrière chafle les mouches';
le poitrail empêche que le bât,n’aille trop
fur le derrière dans les montées. »?
B A TA IL LE . (Supplément.) On donnoit, dvtns
le1 16e.' fièclè, le nom de bataille à cette partie
d’ iine armée , que nous avons nommée depuis
corps de bataille. La veille de la journée de Ceri-
foles , le’ fleur de Boutieres commandoit l’avant-
garde , difent lés mémoires contemporains ;d conduire
la bataille , M. d’Anguien ; en l’arrièrè-gar-
dé , lé feigneur de Dampière. Voye^ les mémoires
de Martin du Bellay , Montluc , la Vieille-
ville , &c.: Ç
, Bataille rangée. C ’eft un combat dans lequel
toutes les troupes donnent ou peuvent donner;
cette expreffion eft néceffaire pour diftinguer les
groues éfcarmbuches , les attaqués de poftes ,
les combats qui s’engagent peii-à-peu, d’avec les
bâtâmes générales & préméditées. * ■
Champ de, bataille. Endroit fur lequel deux armées.
combattent. Voye^ C h am p .
j ®rdf ,e de bataille. Manière dont une armée eft
difpofee pour combattre. Voy e iQK m ^ &: T a c -
Ranger une armée en bataille,. C ’ eft Ja difpofér
de la" tnanière dont elle doit être ordonnée pour
combattre.
Marcher en ordre de bataille , fe dit d'une armée
qui marche dans le même ordre qu'elle doit prenr
dre pour combattre.
Marcher en bataille 3 fe dit-d'une troupe qui
■ marche > déployée 3 fur trois rangs de hauteur.
royei M a r ch e , j
Pr^fenier la bataille. C'eft fe montrer hors.de
fon camp pour combattre.
B A T A IL L O N . ( Supplément.) C e mot n'a pas
.toujours defigné un corps militaire de fept à huit
cens hommes -ail plus , faifahc partie d'un régiment
d'infanterie.1 Dans le feizième iiccle on d'oii-
11 oit ce nom a des corps compofés quelquêfôis(de
huit à dix mille fantaffms. Les Impériaux , lôrs
de la- bataille de Çerifolesâ.ne formoient que trois
bataillons* . les François en formoient autant. Le
mot bataillon n etoit donc primitivement qu'un
diminutif du niot bataillé, pris dans le feus dont
nous avons parlé dans le premier alinea cle l'article
précédent.
uée que nous y attachons aujourd'hui ; leur bataillon
quarré ¥ à centre plein ou à centre vuidé ; leur
bataillon triangulaire i oétogone j ou fond ri'é-
roit jamais compofé du même nombre d'hommes;
il étoit fuivant les cir'cdnftanceS, ou plus fort ôu
plus foible., Nous allons nous arrêter un inlîane •
iur les différens bataillons \ que nous venons de
nommer, non pour prouver qu'ils peuvent être
employés utilement, mais au contraire pour montrer
leurs vices , & pour empêcher ainfî les jeunes
militaires de perdre, à en créer de nouveaux
ou a.en etudier d'anciens, un tems qu'ils peu-’
vent employer d'une manière plus utile Se fur-
tout plüs agréable.
Loftelneau eft de tous les écrivains didaéti-
ques militaires celui qui s'eft le plus attaché à
former des bataillons ronds , oétogones triangulaires
Sec. ; cet auteur enfeigne dans fon ouvrage
intitulé le maréchal de . bataille , à former
des octogones à çenjtre plein ,8e à centre vuide
à encoignures plpines & a, encoignures vuides-
îl propofe auffi de plaper. un gros bataillon
quatre au centre d'un? difpoirtion, Se un petit
peloton auffi quarré, à chacun des angles de
Cégtos bataillon. C e bataillon qu’il regarde comme
tres-bon , & qui l'ell réellement, n'eft autre
chofe que la. colonne de Guftave Adolphe, dont
Jeân Jacques de Walhaufen nous a confervé le
fouvenir 8e que M. Dutheil a perfeâionné«.
royei notre article C olonne.