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année , on les incorpore dans nn des régi me ns
où ils doivent fervir huit ans*, les régimens qui
les reçoivent doivent payer ioo-liv. , 50 liv. à
l’élève &'50 liv. à l’école.
Ces enfans portent un habit , verte 8c cul o te
bleu de roi, pour la parade , & un gilet 8c une
grande culote de tricot pour le travail. x
, Tels font les principaux détails relatifs à l’école
des xenfaris de Vannée. Combien ne feroit-il pas
à fouhaiter que le gouvernement put multiplier. ,
allez ,1e nombre des mailbns de ce genre , pour ;
ouvrir un débouché à tous les enfans de foldat , j
& à une clarté plus nombreufe encore , à ces
enfans qui, le fruit du vice , les propagent trop
fouvent prefque tous. Combien ne feroit-il pas_à
détiret que nous puflions , à l’exemple de l’empereur
, nous occuper des jeunes tilles que nos
vivandières mettent au jour. Hâtons-nous de les
enlever au vice , en les recueillant de bonne
heure dans une'école d’éducation. Combien ne
feroit-il pas. ailé , fur les fonds deftinés aux charités
publiques , de fonder dans une des mailbns
delàirtties par nos religieufes , un holpice pour
elles.. Ces- ma if on s bien dirigées finiroient par
n’être plus à charge à l’état. Je ne fais fi mon
imagination me fêduit & me trompe , mais
j’ôferois prédire que nous verrons avant peu ,
s’élever dans chacun de nos departemens au moins
une école des en fa ns de Varmée. Ce fera là que
l’on rartemblera le fils de l’artifan , du cultivateur
& du foldat fans fortune ; on y rartemblera
encore des orphelins , & ces enfans qui n’ont
jamais eu le bonheur de nommer leur père. Ces
écoles feront toutes- fituées dans un payfage
•agréable 8c_ fain , fur le bord d’une rivière
navigable , non loin d’une ville du tècond ou du
troifième ordre. Mon imagination me tranfporte
fucceflivement dans chacun de ces afiles -, je fuis
le témoin des foins que l’on donne à ces enfans
de la nation-, de tout' ce que l’on fait pour
fortifier leur corps, éclairer leur efprit , & perfectionner
leur coeur. Ils reçoivent une nourriture
laine & abondante *, ils font commodément
vêtus, mais en n’aperçoit ni dan scieur vêtement
, ni dans leur habitation aucune trace de.
luxe.. Les fonds que la nation leur a deftinés ne
font con tommes que par eux. On s’eft bien gardé
d’attacher à ces établiflemens des hommes décorés
d’un titre éminent*, ce font toujours des frelons
& quelquefois des vampires. Avec quelle fatisfac-
tion ne vois je point ces enfans intéreffans par
leur malheur 8c par les elpérances qu’ils me donnent,
s’adonner tantôt aux exercices ' militaires qu’ils
peuvent apprendre , tantôt apprendre à fauter
des'foflfés , à gravir contre des rochers , a grimper
fur des arbres, à parter des rivières à ,1a nage ,
& pl us, fouvent encore s’occuper dans leurs atte-
lîers au métier dont ils doivent un jour tirer
• leur fbbfiftance. On s’occupe par tous les moyens
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portables à leur înfpirer du goût pouf l’état militaire
, à leur donner la bravoure nécertaire à ceux
qui embraffent la proîellion des armçs -, voye\ Euu-
c a t i o n *, mais aucune loi ne les obligera jamais
à devenir foldats. Quand ils auront atteint-leur
vingt-unième année ils feront libres, abfolument
libres de le dévouer au 1er vice de la patrie , ou
de s’adonner à une autre profeflion. 11 eft aufli
impoîitique que barbare de forcer un jeune
citoyen à fe faire foldat , parce que l’ état a pris
foin de fon enfance. C’eft un .attentat aux droits
de.- l ’homme 6c à la liberté publique. Non , je
ne conçois point comment nos adminiftrareurs
ont pu imaginer que les gouvetnemens ont le
droit d’impofer une condition de cette efpèce
aux' enfans de Varmée , & moins encore comment
dés écrivains ont pu conleiller de faire de nos
orphelins & des bâtards la pépinière de nos
matelots & de nos foldats. Lairtons aux Turcs
cette barbare méthode de recruter leurs janiflaires ;
laiffons-là aux defpotes du nord *, mais nous ,
foÿons plus juftes & plus généreux *, n’oublions
jamais que fi notre armée eft bien conftituée ,
nous ne manquerons point de foldats -, n’oublions
pas que nous n’ avons pu par une jufte bienfai-
lance acquérir le droit de devenir injuftes , tyranniques
*, n’oublions pas enfin, que l’état fera
dédommagé des avances qu’il aura faites pour un
orphelin , un bâtard ou le hls d’un foldat, s’ il eft
parvenu à en faire un artifan utile , 8c un bon
citoyen. Voye? A g e M o g l a n s .
L’empereur a fondé auiïi des maifons d’éducation
pour les enfans de foldat. Les pères qui s’engagent
à fervir la maiion d’Autriche pendant
tout le temps de leur vie , peuvent , dit
M. Muller, mettre leurs enfans dans cette
maifon , 8c ces derniers feront aufli obligés de
fervir pendant toute leur vie. •
Depuis le i er novembre 1782, , on a élevé
g r a t i s , dans chacun des cinquante régimens
allemands & hongrois , quarante-huit enfans des
foldats , pour lefquels l’empereur paie 2,000 florins.
Cette maiion d’éducation eft formée par quatre
divifions , dont chacune comprend douze jeunes
garçons qui font arrangés luivant leur. âge. On
y reçoit auiïi. les enfans de la religion protef-
tante. Chaque régiment a fa maiion particulière
dans une des principales places de la garnifon.
Les c o m m an dan s de chaque . v'giment & les
autres .officiers de l’état-major en ont la furveil-
iânee Supérieure *, les détails font confiés à un
officier fubalterne 8c à deux bas-officiers. Ces
derniers enlèignent en meme temps l’écriture &
l’arithniétique aux élèves. Outre cela , il y a quatre
hommes sûrs 8c de probité, pour me fervir de
1 exprefhon de l’ordonnance donnée aux régimens
, placés dans chaque divjfion , de manière
que l’un d’eux eft-en môme temps infpéfteur &
garde des • élèves. Un infpeéieur eft chargé de
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teiller en même temps fur lacuifine. Ôn enfreigne
aux élèves la religion , à lire , à écrire, l’arithmétique
; on leur .enfeîgne aufli à faire des tabelles
militaires , &. autres chofes de cette efpèce,
ainfi que les exercices militaires. En général.,-
dans toute l’éducation , on a foin d’accoutumer
févérement les’ élèves à toutes les qualités nécef-
faires à un bon foldat. La manière dont on traite
& punit les jeunes-gens eft très-raifonnable. On
ne- les frappe que fur le derrière , & il n’y a que
les officiers de l’état major , ou d’autres officiers
prépofés , qui. puiflent preferire une de ces punitions,
& on ne- lé fait- que lorfque toutes les
remontrances ont été inutiles.
On doit fans doute favoir gré à l’émpereur des
foins qu’il a pris de pourvoir à l’éducation de
quelques enfans *, mais , je le répète , la force
feule peut les obliger à devenir foldats. 'Un père
n a même point le droit de contra&er en ce genre
pour fon fils.
Nous terminerons cet article en payant à
M. le comte de Paulet un jufte tribut d’éloges
pour 1 établiflement qu’il a formé à Paris en
faveur des enfans de foldat 8c des jeunes orphelins.
Si Ton fe réfolvoit jamais à faire des écoles
pour tous les enfans de Varmée , on devroic con-
lulter ce citoyen^eftimable. Il a fur cet objet des
lumières très-vaftes , . une très - belle théorie &
une longue pratique.4 L’établiflement qu’il a formé
prefente bien quelques petits inconvéniens -, mais
il les feroit difparoître lui-même , dès que l’état
lui fourniroit tous les fonds qui lui ieroient
néce flaires.
ENFANS-PERDÜS. Les enfans-perdus étoient
dçs foldats tirés des bandes ou des compagnies
pour, aller avant une bataille attacher l’elcar-
moiiçhe. A la bataille de Cérifoles , ce fut
Mo ntl u p , dit Martin Dubella-i^, 8c deux autres
capitaines difpos 8c de bon entendement , qui
eurent le commandement -des enfans-perdus. La
«erniere bataille où l’on trouve des enfans-perdus
eft celle des Dunes, livrée en 1658.
, Les enfans pe/yû/s marchoi.ent auiïi les premiers
aux affauts 8c à toutes les attaques, ils ont été
remplacés par les grenadiers , les, chafleurs 6c
les volontaires. Voye^ ces trois mots.
E n f a n s -t r o u v è s , ( Conftitution militaire. )
Dans la partie de l’économie politique du Dictionnaire
de l ’Encyclopédie, par ordre de matières
, on a parlé des enfans-trouvès , mais l’on
s’eft borné à la manière dont ils font traités
dans l’hôpital des enfans-trouvés de Paris 8c dans
les maifons ou établiflemçns qui en dépendent,
& l’Auteur, craignant de devenir trop long , n’a
pas voulu donner les ideès lur la manière dont on
pouvait tirer parti de ces enfans.
L’académie de Metz avoit propofé, pour fujèc
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d’un de fes prix , les avantages que l ’on pouvoic
retirer des enfans-trouvès, & cette quèftion académique,
nous a valu l’excellent ouvrage de M. Boü-
femard , capitaine au corps du génie y auquel on
a adjugé le prix.
Enfin , dans le Mercure de mai 178 7, un certain
Abbé & un ,M. Grouber de Groubental proposèrent,
relativement aux enfans-trouvès , un projet
dont je parlerai, 8c contre lequel s’éleva fortement
, dans le Mercure de juin même année ,
un M. Peuchel ...... Beaucoup d’autres per fon nés
ont écrit fur ce même ob je t, mais aucune, à.ce
qu’il paroît , d’ une maniéré bien-’ fatisfaifame ,
fur^ tout relativement au parti que Fon pou voit
en tirer pour nos milices & notre marine.
Dans un Ouvrage que le public â.bien voulu
recevoir avec indulgence, j’avois propofé d’employer
les enfans-trouvès dans nos troupes à la
partie a fiez nombreufe des muficiens , tambours
& ouvriers, 8c dans la marine, aux moufles, matelots
& canonniers, penfant qu’il ne failoit pas les
mettre au nombre des foldats •, mais alors je n*a-
vois pas eu le bonheur d’avoir l ’idée fi heureufe
de M. B.oulemard , de faire adopter ces enfans
par des citoyens , parce que, d’après cette adoption
, ces enfans fe trouveroient au pair de tous
les autres par la naiflançe , mais ayant plus que
d’autres de grandes obligations envers la nation *
dont ils ne pourroient mieux s’acquitter qu’en fe
vouant à fa défenfe.
Loin de moi cependant cette idée' de l’Abbé
dont j’ai parlé plus haut, qui , ainfi que. M. Grouber
de Groubenthal propoie d’employer les enfans-
trouvès à former le militaire de la nation ainfi
que fes matelots, de manière. qu’ils foient foldats
jufqu’ au moment de leur caducité ou de leur
invalidité-, point de congé , ni limité , ni perpétu
e l\ point de per million de fe marier à ceux qui
ne feroient pas de très-beaux homnves , 8cc. ; 8c
fi l’on en a voit de trop, on leur feroit garder
les places , les grands chemins, les barrières-
( car M. l’Abbé veut des fermiers-généraux 8c
tous les maux qui les fuivent , . commis , tar des
, Sec. ) fi au contraire on n’en ayok pas a fiez
on multiplie roi t les Suifles , les Allemands les
Etrangers y Sec. ; car M. l’Abbé n’oublie rien fi
ce n’eft de propofé r des chofes raîfonnables -ou
même poffibîes... C’eft ainfi que la manie des
projets fait éclorre les plus injuftes fyftêmes 8c qu’on, oublie les plus imprefcri'ptibles droits
de l ’humanité, pour donner un air d’importance
à de prétendus plans patriotiques... On ne peut
voir cependant ce nouveau genre d’efclavage ainfi
propofé de fang-freid i aulli M. Peuchel , que
nous avons déjà nommé , s eîève-t-iî contre ce
projet auiii barbare- qu’ inlenfé , de forcer ces enfans.
à embrafler un état qui pouuoit fort bien
ne pts leur convenir, 8c pour lequel même ils
pourroient avoir une grande averfion. Iis ne font