guer, foutenadt les premiers, les preflant & ajou-
tant à leur impulfion.
L'auteur cite, pour appuyer ce fyftème , la bataille
de Chéronée , où les Romains ne purent enfoncer
leurs efclaves déferteurs, qui formoient les
remiers rangs des bataillons de Mithridate ; une
ataille des Tlaficalefiqu.es , peuples du Mexique ,
contre les Efpagnols.
A cette occafion, l'auteur s’attache à prouver
1 excellence de la hauteur de la phalange toujours
de feize, quelquefois doublée, ii cite pour preuve
les Athéniens a Némée , & ajoute que c’étoit le
fyftème univerfel des Grecs, chez lefquels la hauteur
étoit la force de l'infanterie : il ne diffimule
pas cependant des cas où cet ordre a peu de fuccès,
& par des caufes qui ne tiennent pas à la queftion $
mais ôtez la ftupeur ou 1a terreur panique, il croit
les fuccès de l'ordre profond infaillibles. 11 forti- !
fie encore ce principe des exemples de Délie , de 1
Miltt 3 d’'Alexandre , contre les T.bulliens j de la
bataille de Timbré , où Cyrus , fur une profondeur
bien calculée & donnant une mobilité facile
a /Hs corps 3 bat de beaucoup plus épais à la
vérité* mai? qui l’épaiffeur exceffive eft caufe
de 1 immobilité, & plufieurs autres que nous ne
rapportons pas ftridtement, tels que le combat
tfJrdonea, dans Tite -L iv e , où Curius-Fulvius
eft. défait par cette caufe par Annibal.
Enfin , l'auteur s'appuie du fendaient des modernes.
Le maréchal de Puyfégur , fi excellent
juge en cette matière , dit qu'il eft certain que
des bataillons fur fix rangs, quand ils chargent
dés bataillons qui n’en ont que trois, les ren-
verfent dans le moment par leur poids.
Cependant la hauteur doit avoir des bornes j
car, paffé un certain nombre , elle peut devenir
inutile. Turenne & Çondéy avec de petites armées,
n’étendoient pas leur front ; ils fe mettoient fur
huit.
On ne craint pas d'être débordé par l'ennemi
quand on eft fur un ordre qui /peut l'enfoncer &
le diffiper : auflï c’eft la règle du maréchal de Puyfégur.
Lorfqu'on eft débordé aux ailes , les armes
blanches doivent décider /'affaire au plus vite,
C'eft l'ufage de combattre de loin & à coups
de fu fil, continue l'auteur r qui a engendré le
fyftème de l’ordre mince , qui ne peut être approuvé
que par ceux qui ne fe Tentent pas allez de
courage pour aborder bravement l'ennemi. Et
en e ffet, pour fe battre ainfi, il n'eft- befoin ni
de puiftance, ni de choc > ni de mouvement, ni
de légéreté } mais fi l'ennemi , plus brave , marche
à la charge > s'il eft ftir un ordre profond, il
doit éteindre le feu & diffiper la troupe qu'il
choque.
d L’au£.eur, expliquant enfuite tous les avantages
de Ton ordre, démontre celui de la fécurité dés
«flancs de chaque, cprps , de façon à les rendre in-
dépendans des événemens qui arrivent, aux corps
collatéraux., qui, quand même iis feroient écrafés ,
ne donnevoient pas d’avantages fur eux à l’ ennemi,
puifqu'ils font toujours aufli forts que lui dans les
parties qu’il pourroit attaquer.
Il donne des preuves des avantages de la viteffe
dont un corps ainfi formé eft fufceptible. Dans
cet ordre , il n'elt pas queftion de craindre de fe
mouvoir} le mouvement doit être au contraire
1 fon ob je t, & la viteffe , combinée avec la maffe
de la difpofition, donne à fon choc la plus grande
puiffance : elle doit jinfpirer de la confiance aux
troupes, & jeter la terreur chez.l'ennemi. A l’oç-
cafion de cette légéreté, l'auteur dit que les
anciens alioient à la charge à la courfe } mais
a-t-il bien calculé le paflage de V ég èce, qu’il allègue?
D'après cet auteur, notre pas de manoeuvre
feroit un pas de courfe. En vain allègue-t-on
la bataille de Pharfale : les expreffions même de
Céfar feroient une preuve que, fi la courfe fer-
voit à s’emparer vivement d’un pofte dans une
aétion, cependant la charge à ce pas étoit au
moins fyftématique , & même regardée comme
dangereufe. Ainfi l'exprefiion de courfe pourroit
n'être pas prife à la lettre, & fignifier plusjudi-
cieufemem le pas de charge} c ’eft même ce qu’indiquent
les paroles de Céfar : Inter duas actes
tantum erat reliëtum fipatii , ut fatis ejfiet ad concur-
fum utriufque exercitûs.
L'auteur , en s'appropriant le'fyftème de la
colonne, lui fait changer de nom. Néanmoins
ces dîvifions, quelque nom qu’on leur donne,
n'ont pas d’autres objets que celle' que Folard
affeéte à la fienne , & le nouveau nom qu’il lui
donne , nom grec connu pour fignifier plufieurs
phalanges l’une derrière l’autre pour former une
maffe plus épaiffe , ne donne pas l’idée pofitive
de fon ordre. Pléfion, en effet, donne bien l’idée
d’ un corps très-épais, mais encore plus étendu
par fon front que par fa hauteur. f
Quoi qu’ il en fo it , l’auteur appelle ainfi la colonne,
& fixe fa pléfion à fept cent foixante-huit
hommes, vingt-quatre, de front & trente-deux
de hauteur, à caufe de la facilité des manoeuvres
& de la pluralité des divifions.
Il la divife en la partageant en deux de la tête
à la queue, ainfi douze de front & trente-deux
de hauteur , & appelle manche chacune de ces
divifions.
Il la divife enfuite fur la longueur : chaque moitié
ou la hauteur de fe ize , & le front de vingt-
quatre, s'appelle pléfionnette.[Quand elle fe préfen-
tera à l'ennemi fur fa plus petite dimenfion , ce
fera une petite colonne j quand elle préfentera à
| l'ennemi fa plus grande, ce ne fera plus qu’une
portion de phalange. C ’eft dans ce cas, que l’au-
j teur veut qui foit rare, qu'il appelle cette divifion
j pléfionnette.
Chaque pléfionnette, coupée en deux parallèlement
au front de la pléfion, donne deux fedtions
de vingt:quatre de front fur huit de hauteur. Cha-
1 que fedtion, compofée de deux compagnies l’une
à côté de l’autre, forme chacune un carré long
de douze de front & huit de hauteur, les officiers
rangés à la tête & aux flancs de la pléfion & des
divifions fur ce principe.
A la queue de la colonne, & à certaine diftance
à droite & à gauche, une compagnie de grenadiers
à pied de quatre-vingt-feize nommes, comme les
autres en deux pelotons, avec une compagnie de
grenadiers à cheval, à caufe de l’avantage du
mélange des armes} ainfi cette pléfion, avec fes
grenadiers à pied & cheval, eft de neuf cent dix-
huit hommes. Il fortifie au furplus ce fyftème de
l’opinion des anciens & des habiles modernes fur
ce mélange des armes.
s’éloigne de fa ligne, fes flancs font découverts,
& fi l’ennemi s’y porte avec v iv a .ité , il eft expofé
à être mis en déroute.
L’auteur s’applique enfuite à montrer les avan- i
tages de cet ordre pour le combat, & combien il
eft facile à garder dans les mouvemens les plus
violens} la valeur qu’ il infpire au foldat, même le
plus timide, étant entraîné malgré lui par les plus
Draves} combien les mouvemens les plus hardis
lui conviennent, tandis qu’ ils font fi dangereux
aux frêles bataillons à trois de hauteur. 11 pafiè
de là à l'examen des mouvemens refpedtifs que
peuvent exécuter les deux ordonnances.
Il prétend que le bataillon ne doit ni ne peut
même faire aucun mouvement à portée de l'ennemi,
que celui de marcher en avant} il examine les
moyens par lefquels ces mouvemens pourraient fe
faire, en cas qu’ils fuffent fi néceffaires qu'on dut
tenter de s’y expoler. Si c’étoit pour faire à droite
ou à gauche, d’abord la converfion eft lente : dans
un terrein difficile, il eft impoflible de conferver
de la régularité, & en prêtant le flanc à l'ennemi,
il faut s'ifoler de la ligne pour la faire.
Les convergions par divifions ouvrent la ligne,
& en fuppolant le tems fuffifant pour fe remettre,
les inégalités du terrein en auront fait perdre entre
la tê.e & la queue} mais fi ce mouvement ne
s’exécute pas avec une régularité inadmiffible par
l’expérience, & que l’ennemi puiffe attaquer dans
ce moment, on fera infailliblement battu. Quant
au pas defl.mc, on en connoît tous les dangers, à
moins que la diftance où l’on fe trouve de l'ennemi,
ne donne la certitude qu’il ne fera point en
mefure d'attaquer que les files des bataillons n aient
rétabli leurs diltances. Quoi qu'en difent les auteurs
de ce moyen, il fera toujours à peu près im-
C ’ eft donc avec raifon que l’on prétend que ces
corps ne font fufceptîbles d’aucuns mouvemens
fans être expofés à être battus : d’où l’auteur témoigne
poffible, furtout dans un terrein difficile : que le
foldat puiffe fucceffivement porter invariablement'
fon pas fur la trace de celui qui le précède} le ;
moindre défordre y occafionnera des ouvertures
d’abord imperceptibles , mais qui augmentent
bientôt d’une manière dangereufe..
A l’égard de la marche^ oblique, on me peut
s’en fervir que pour parcourir un efpace très-court,
& le corps qui l’exécute, fort de la ligne.
Il n’y a donc , pour un bataillon à trois de hauteur,
q ie la marche en avant, encore ne peut-il
l’exécuter qu’avec des ondulations multipliées qui
le font bientôt s’ouvrir. Pour peu d’ailleurs qu’il
fon étonnement de voir garder un ordre,
dont l ’unique propriété eft la plus paffive immobilité.
- A toutes ces caufes d’impuiilance de fe mouv
o ir , attachées à l’ ordre mince, l’auteur oppofa
les facilités de la pléfion, & les avantages de lui
faire faire les mouvemens les plus hardis au milieu
même des bataiûons ennemis : au lieu des quarts
de converfion, fi dangereux, & qui mettent tou- .
jours en défordre & en fi grand danger les troupes
à trois de hauteur qui les exécutent, un fimple à
droite de la pléfion eft fuffifant, & fa marche en
avant eft toujours en force} car fi le front, devenu
hauteur, s’alonge, cet inconvénient eft bientôt
réparé, vu le peu de quantité de files qui forment
le front. La pléfion peut auffi faire un à droite ou
un à gauche f i, ayant enfoncé par fon front un
bataillon ennemi, elle veut fe porter fur fes flancs
en fe partageant en deux de la tête à 11 queue ) ce
que l’auteur appelle partir par manches.
Il prétend auffi tirer parti de la difpofition fondamentale
de cet ordre pour le faire agir de tout
fens, d’abord pour enfoncer l’ennemi ; puis fe di-
vifant en manches ou en pléfionnettes prenant en
flanc les lignes rompues, attaquant les deux lignes
ennemies en même tems, il en conclut une vidloire
affurée, les parties de la pléfion étant toujours en
force.
Selon l’auteur, cette difpofition n’exige point
de feu } cependant fi des fituations le rendoient
néceffaire, ou qu’après avoir difperfé line partie
dé l’ennemi il fe trouvât un autre corps qu’on ne
pût aborder ni en être abordé , un fimple déploiement
fuffiroit pour étendre le front, & dans ce
cas l’auteur pvopofe de donner aux parties de ces
corps une difpofition en Taillant pour croifer fes
feux > mais ce moyen doit être employé bien rarement.
L’auteur tire encore de fon déploiement une
forme pour tirer. Après avoir laiffé le front de fa
colonne à hauteur néceffaire pour faire feu , il
fait longer de droite & de gauche des divifions ,
qui, après avoir été découvertes , font front &
commercent le feu ; ce qui procure un front par
échelon & un feu de même. Quand chaque tête
de divifion a fait fon feu , elles fe retirent vers &
derrière le centre ; ce qui donne la facilité aux
fécondés parties des divifions de faire leur feu
pendant que les premières rechargent & reviennent
enfuite reprendre leurs places pour recommencer
leur feu.
Mais fi les pléfions, trop près les unes des autres
, ne permettent pas les déploiemens , dans ce
I cas les premières files, ayant fait feu en fe re