
L’ordonnance qui a créé les places de c h a r p e n t
i e r vouloir , cela n’eft point douteux , qu’elles
fuflent données à des foldats habitués à manier la
hache : j’oferois affirmer cependant qu’ il n’y a
peut-être point , parmi les c h a r p e n t ie r s de chaque
régiment, trois hommes habiles à manier l’inf-
trument qu’on leur a confié. Qui a-t-on donc
choifi, demandera-*t-on fans doute ? On a choifi
des hommes d’une taille avantageufe , d’une belle
tournure , à la barbe noire & touffue , au vifàge
dur y des hommes que les: jeunes colonels montrent
avec complaifance y des hommes propres à effrayer
de vieilles femmes 8c de petits enfans , mais qui
feront totalement inutiles à la guerre. Né nous
corrigerons-nous jamais de: la ridicule manie qui
nous fajt tout facrifier à une vaine parade. ? les
troupes feront-elles, toujours commandées par des
hommes qu’à leur conduite on prendront pour des
enfans.? feront-elles toujours furveillées. par des
chefs ou foibles ou peu occupés de ce qui devroit
être l’objet de leur attention & de leurs travaux ?
V o y e i , relativement à la manière de choifir les
c h a r p e n t ie r s , notre article G r en ad ier , & à leur
bifarre accoutrement , notre article M o.u st aÊhe.
& T en u e .
Un écrivain militaire à qui nous devons un
nouveau plan de conftitution pour notre armée ,
Voudroit que les c h a r p e n t ie r s , difféminés dans nos.
régimens, fuffent, fous le nom de J a p eu r s , formés
en compagnies. Cette idée de M. Jarri eft heu-
reule & faite po.ur être adoptée : on pourroit avec
les iept cent trente-ûx c h a r p e n t ie r s que nous entretenons,
former dix compagnies d’ouvriers , compo-
fées chacune de quarante-huit c h a r p e n t ie r s , huit
caporaux & quatre lérgens. Chacune feroit commandée
par un capitaine &-un lieutenant. Pendant
îa paix,. les c h a r p e n t ie r s feroient répartis dans nos
magafins , nos arfenaux, nos ports., nos villes ,
& nos campagnes : pendant-la guerre on en don-
neroit a chaque armée une divifion proportionnée
à fa force.. Ainft chaque colonne en marche pourroit
avoir a fa tête quatre ou cinq efcouades de
c h a r p e n t ie r s qui ouvriroient des marches devant
elle -, chaque divifion deftinée à donner un aflaut,
des ouvriers qui , par leur adreffe à. manier la
hache , auroient bientôt détruit la palHfade la
plus force.
Lesfix cents, c h a r p en tie r s c o û t e r a i e n t moins, en
y comprenant leurs officiers., que ne coûtent aujourd’hui
les. fèpt cent trente-fix que nous avons ,
& ils feroient d’une utilité- plus grande..
CHARRETIERS- On- trouvera dans l’ouvrage
qui nous a fourni les. articles S ubsistanc e
m i l i t a ir e , C aissons , & c , les loix de police
qu’on doit établir parmi les ch a r r e tie r s qui font
employés dans les. armées > on trouvera, auffi
quelques, détails fur. le* même objet , dans le
titre: 2.7 j&i réglement proyifoire pour le feryice
de. l’infanterie encampagne ; 8c enfin, dans notre
article Surprise , les précautions que l’on doit
prendre avec les charretiers que l’on conduit aux
opérations de ce genre.
CHASSE. Aébion de chaffer. Les ordonnances
militaires ont conftamment prohibé la chajje aux
; foldats françois , 8c elles ne l’ont permife aux
officiels que dans le cas où il y a voit aux environs
i des places des terrains de réfèrve a ce deftinés;.
Les décrets rendus le 4 août par l’affèmblée
nationale ayant fù'p,primé les terrains de réferve
; deftinés aux officiers , 8c connus fous le nom de
plaifirs , les officiers François fèront-ils abfolument
privés du plaifir utile 8c faîutairede Vxchaffe , ou
j rentreront-ils dans le droit commun des François ?
& les foldats rentreront-ils auffi dans ce droit,
ou laiffera-t-on fubfifter pour eux les difpofitions
de la loi ancienne ?-
Il n’eft point douteux qu’on ne puiffe , qu’on
ne doive traiter les officiers avec la même faveur
que le refie des citoyens y il n’eft point douteux
non plus qué fi l ’on accorde à tous les François
le droit dé chaffer avec des armes à feu , qn
puiffe , fans s’écarter dès principes , refiifer le
même droit aux bas-officiers 8c aux foîda.ts. Mais
fi on leur accorde ce droit illimité , n’en rëful-
; tera-t-il point de grands inconvénlens. Lafolution
i de ce problême eft difficile à trouver ; car le
1 refus feroit injufte en principes-, la liberté, dan-
gereufe par fes effets. La chaffe doit donc être
! mife au rang des droits du citoyen dont le bas-
1 officier & le foldat fera obligé de faire le façrificé
j a. fa patrie : ce facrifice eft peu çonfidér.able ,
! mais il n’en doit pas moins être reconnu pour tel.
î Quoique j’aye avancé que la chajfe eft utile Sc
même néceffaire, aux officiers François , je ne
i dirai cependant point avec Machiavel. , qu’il eft
néceffaire d’être chaffeur pour être grand capitaine 9
j & je ne recommanderai pas-, comme lui , aux
| généraux & aux princes de fe livrer fouv.ènt à
| cet exerciee. Frédéric le Grand nous a appris par
fon exemple ,. & dans l’ouvrage qu’il a compofé
pour réfuter celui du fecrétaire de Florence,
qu’ il eft pour les rois & pour les chefs des armées,
des plaifirs plus nobles, plus doux 8c plus purs:
rendre leurs états floriffans 8c leurs fubordonnés heurèux ; protéger les. beaux-arts , les cultiver
même , telles font les jouiffances qui font
vraiment dignes d’eux : fhiftoire nous prouve
auffi qu’ il n’eft pas befoin de courir fouvent la
chaffe pour devenir grand capitaine : Scipiôn
Alexandre , Céfar , Guftave-Adolphe , Turenne,
Malbouroug n’ont- jamais paffc pour des déterminés
chaffeurs-: je crois de même qu’on peut en
fe promenant , avec le projet dé raffembler des
obfervations militaires , faire des réflexions plus
judicieufes , plus folides fur les différentes fitua-
tions. d’un pays , relativement à l’art de la guère© 5
m 3
8c un maître
nue loifqu’on eft préoccupé par u'ne perdrix qui.
s’envole , ou par un cerf qui fuit en bohdiffant ,
que lorfqu’on eft «filtrait par le bruit du cors,
étourdi par le galop des chevaux , les hurlemens
d’une meute vivement animée en un mot
entraîné par l’ardeur impétueüfe de la c h a jje : je
crois enfin qu’on dévroit défendre ablblument la
ch a ß e dès' que lès troupes fönt raffemblées dans
un Camp , 8c quand elles font en quartier
d’hiver fur la frontière , ôii dans le pays ennemi,
parce que la cha ffe entraîne alors de grands incon- ;
véniens -..mais pendant la paix, & dans l’intérieur
du royaume , il n’en eft plus de meme j 1 officier
doit rentrer dans le droit eofnmun -, il feroit
même heureux que fes chefs l’ehgàgeaffent avec
adreffe à fe livrer fouveht a cet exercice *, car,
-fuivint Xénophon , tom 1 , pàg. 11 ; Vegece ,
PaS* 37 j fetnpéréur Léon le philofoplie -, Santa
Crüx, tom. 1 , pag 12-, Folard-, tom^ 1 , pag. §£y
'iai , 22a , 8c plufieiirâ autres écrivains , la
c h a j f e contribue Infiniment à former le coiip-
d’oeil -, v o y e { CoUp- d’oeil -, elle êhfeigne à juger
avec promptitude d’une vàfté etendué de pays *,
elle fortifie le corps , le rend plus adroit, plus
fouple , plus agile, Voye^ Je u x . Le temps que
l’on confume a là c h a f e eft volé à dés plaifirs
moins nobles , ou même moins purs i elle eft
enfin plus puiffànre que tout-ës les lötx de la
morale, pour amortir les foùgüeux défirs de la
jëuneffe. V o y e ? M en to r.
CHASSEURS A CHEVAL. Les chaffeurs à
cheval font un corps de troupes légères dëftiné
au fervice extérieur & avancé de l’ armée.
Ce corpsr eft compofé de douze régimens.
Chaque régiment eft divifé eh quatre efea-
drons. Chaque efeadron en deux compagnies. -
Chiqüé Compagnie ëft cômpôféé , fur le pied de
paix, de foixan té-dix-rièüf hommes, dont foixante-
quinze feulement font montés. Sur le pied de
guerre la compagnie doit être compofée de cent
cinq hommes dont cént ferönt montes.
Chiqué ëfeadron a pour chef un capitaine diftin-
gué par lé titre dé c h e f d ye f e a d r o n .
Chaque compagnie éft commandée par un capitaine
, un lieutenant, un fous-lieutenant , & un
fous-lieutenant furriunlé'raïfe‘ ou porte - étendard.
Ses bas-officiers font un maréchal dés logis eh
chef, deux maréchaux des logis, quatre brigadiers,
quatre appointés & un trompette. Ces douze hautes
payes font comprifes dans la force de la compagnie.
Chaque régiment de ch a f fe u r s a c h e v a l a un état
major compofé de dix-neuf perfonnès. Un colonel,
ifii lieutenant-colonel , un major , un major en
fécond, uri quartier-maître , quatre.porte-étendards
, deux adjudans , un chirurgien-major , un
aumônier , un premier trompette , un maître
maréchal, un maître felîier , un maître armurieré
p e r ô n n î e r , u n m a î t r e t a i l le u r ,
b 'o t t i e r .
C hasseurs a p ied . O u t r e l e s chaffeurs d o n t
n o u s a v o n s p a r lé d a n s n o t r e a r t i c l e C h a s s e u r ,
i l y a e n F r a n c e u n c o r p s d e chaffeurs à pied ,
d e f t i n é s , c o m m e les chajjeurs à cheval, a u f e r v i c é
e x t é r i e u r 8c a v a n c é d e l ’ a rm é e .
L e s chaffeurs à pied f o n t d i v i f é s e n d o u z e b a t
a i l lo n s -, c h a q u e b a t a i l l o n f o rm e u n c o r p s f é p â r é .
C h a q u e b a t a i l l o n e f t c o m p o f é d e q u a t r e c o m p
a g n i e s . . • • ; .! ^ ;
C h a q u e c o m p a g n i e a t r o i s p i e d s d i f f é r e n s : u n
p i e d d e p a i x , u n p i e d d e g u e r r e , u n p i e d d e
g r a n d e g u e r r e .
L e s o f f ic ie r s & l e s b a s - o f f i e i e r s d e c e s c o m p
a g n ie s f o n t e n n o m b r e é g a l fu r c e s d i f f é r e n s
p i e d s : f a v o i r , d e u x c a p i t a in e s , d e u x i i e u t e n a n s *
d e u x f o u s - l i e u t e n a n s . L e u r s b a s - o f f i c i e r s f o n t u n
f ë r g e n t - major u n f o u r i e r , q u a t r e . f ë r g e n s ,
h u i t c a p o r a u x , h u i t a p p o in t é s 8c d e u x t a m b o u r s .
U n e c o m p a g n i e fu r l e p i e d d e p a ix é f t c o m p
o f é e d e f o i x a n t e - d i x - h u i t chaffeurs , d o n t d o u z e
c a r a b in i e r s & d e u x e n f a n s -, f u r l e p r em ie r p i e d
d e g u e r r e , c h a q u e c o m p a g n i e d o i t ê t r e d e q u a t r e -
v i n g t - d i x - n e u f h o m m e s , & f u r l e g r a n d p i e d d e
g u e r r e , d e 1 2 4 .
L ’é t a t m a jo r d ’ u n b a t a i l l o n d e chaffeurs à pied.
e f t c o m p o f é d ’ u n l i e u t e n a n t - c o l o n e l , d ’ u n m a j ô r ,
d ’ u n a d ju d a n t , d ’ u n c h i r u r g i e n -m a j o r , d ’ u n
t a m b o u f -m a jo r , d e q u a t r e m u f i c i e n s , d’ u n
a rm u r i e r , d ’ u n m a î t r e t a i l l e u r 8c d ’ u n m a î t r e cordonnier.
R é f exions fur les Chaffeurs a cheval & à pied.
D a n s u n m o m e n t o ù l e s f in a n c e s d e l ’ é t a t f o n t
d a n s u n d é l a b r em e n t d i f f i c i l e à c o n c e v o i r , m a i s
p e u t ê t r e e n c o r e p lu s difficile à r é p a r e r , n e
p o u r r o i t - o n p o in t n e f o rm e r q u ’ u n f e u l c o r p s
d e s chaffeurs à pied Sc d e s chaffeurs à* cheval ?
N o u s a u r io n s p o u r l o r s d o u z e régimens d e
t r o u p e s légères, o u - , f i fon v ê t i t , d o u z e légions;
C h a q u e l é g i o n f e r o i t p a r t a g é e ë n q u a t r e d i v i -
f i o n s .
C h a q u e d i v i f i ô n f e r o i t c o m p o f é e d e d e u x c o m p
a g n i e s d ’ in f a n t e r ie & d e d e u x c o m p a g n i e s d e
c a v a l e r i e .
C h a q u e d i v i f i o n f e r o i t a u x o r d r e s d u p lu s a n c i e n
d e f e s c a p i t a in e s , q u i f e r o i t n o m m é c h e f d é
d iv i f i o r i .
C h a q u e c o m p a g n i e d e c a v a l e r i e f e r o i t c o m p
o f é e , c o m m e l e f o n t a c t u e l l e m e n t c e l l e s d e
chaffeurs a . cheval ; c h a q u e c o m p a g n i e d ’in f a n -
t e r i e f e r o i t f o rm é e d ’ u n e d em i - c o m p a g n i e d e
chajfeurs à pied. C h a q u e c o m p a g n i e d ’in f a n t e r i e
n ’ a u r o i t q u e d e u x o f f i c i e r s , u n c a p i t a in e 8c u n
l ie u t e n a n t ; c h a q u e c o m p a g n i e d e c a v a l e r i e n ’ e n
a u r o i t q u e t r o i s , u n c a p i t a in e , u n l i e u t e n a n t ,
8t l’ ô f f iô i e f d e r em p l à c em e h t .