
7« B E S
§. I V .
Des penflons fur les bénéfices eccléfiafiiques , donnés
a des militaires.
Lorfque le père Lachaife , croyant connoître
mieux que les Pères1 rafifemblés en concile à Leptine
te à Soifions , Pulage qu’il eft permis aux
princes de faire des biens eccléfiaftiques ; ou plutôt
lorfque ce Jéfuite , animé par le defir de fe
faire un plus grand nombre de créatures , te de
procurer à fon ordre une plus grande quantité
de prote&eurs , eut perfuadé. à Louis X IV qu'il
ne devoit plus faire part aux défenfeurs de la
patrie des biens fuperflus du clergé ,■ on ceffa de
donner aux militaires des abbayes , des évêchés ,
te c. ; mais comme la trace des établiffemens
miles fe confervc toujours, malgré les efforts
des hommes ignorans , mai intentionnés on avides
, on prit alors le parti de donner à un ecclé-
fiaftique, parent d’un militaire qu’on vouloit
récompenfer, un bénéfice eccléfiaftique 3 à condition
qu’il en partageroit le produit avec celui
dont les talens guerriers, ou la bravoure, le lui
avoient fait obtenir. C e fubterfuge , heureufe-
ment imaginé , eft encore employé quelquefois ,
mais point aufli fouvent qu’il devroit l’être f car
la voix du peuple, du fage & de la raifon nous
difent que quand le prince voudra donner à ceux
qui ont verfé leur fang pour l’Etat , des penfîons
fur des bénéfices 3 lefquels bénéfices font une partie
du patrimoine de l’E ta t, non-feulement tous
les officiers de guerre , mais tous les inagiftrats,
.tous les cultivateurs, tous les citoyens béniront
le prince ; te quiconque s’oppoferoit à une inf-
titution fi falutaire, feroit regardé comme un
ennemi de la patrie.
On a donné, il n’y a pas encore très-long-
tems , un projet excellent, relativement à l’objet
qui nous occupe : c’étoit de rendre l’ordre de
S. - Louis fufceptible de bénéfices. Le Roi , d it ,
avec , raifon l’auteur d’un petit ouvrage intitulé :
Tombeau de la Sorbonne 3 le roi ne pouvoit faire
un plus grand bien au royaume , & l’ancien
évêque de Mirepoix, qui fit rejetter le projet,
un plus grand mal. Nous ne croyons pas avoir
bèfoin de prouver en détail la vérité de ces deux
aliénions : il fuffit d’avoir une certaine juftefte
d’efprit pour découvrir tous les avantages que
l’exécution de ce projet auroit néceftairement produits.
K
. BESOGNE ou BISOGNE. On trouve fou-
vent ce mot dans les mémoires du Teizième fiè-
cle ; il.défigne un foldat peu fort ou peu valeureux
, en un mot urr mauvais foldat. L ’étymologie,
de ce .mot dû bifogne , terme gfpagnoj 3 qui
fignifie foldat de recrue»
B I E
BIENFA ISANC E . Vertu qui nous porte à
faire du bien à tous les hommes. Avec quel
plaifir n’auriqns-nous pas retracé dans cet article
, tous les motifs faits pour déterminer les rri'ili-
I taires à fe montrer bienfaifans ! Avec quel plaifir
ne leur aurions - nous pas dit 3 que Dieu , la
nature & la raifon les invitent à faire du bien
à leurs femblables ! Mais forcés par le plan de
notre ouvrage à abandonner cette tâche à l’auteur
du dictionnaire de morale , nous nous bornerons
à préfenter aux gens de guerre les motifs
purement militaires 3 capables d’exciter leur bien-
faifance envers leurs fubordonnés, & à leur indiquer
les objets vers lefquels elle doit fe tourner.^
Si nous avons prouvé, dans l ’article A m ou r
du s o l d a t , qu’il importe infiniment aux militaires
de tous les grades d’obtenir l’amour des
hommes auxquels ils commandent, fi nous avons
démontré la nécefiité te les avantages de la bien-
faifance ,• car , ainfi que le dit un poète moderne :
Qui n’eft que jufte eft dur , qui n’eft que fsgè eft trifte ;
Mais le Bienfaiteur charme , & lui feul eft aimé.
| Il eft certain que l ’amour de la gloire, le defir de
Fhonneur foliicitentle général te tous les militaires
élevés en dignité , à perfuader à leurs fubordon-
nes qu’ils font animés par la bienfaifance : mais
comment y parviendront-ils ? C e n’eft -point en
répendant l’argent à pleines mains 3 quelque con-
fidérable' que fût la fource de leurs richefïes elle
feroit bientôt épuifée; ils trouveroient d’ailleurs
beaucoup d’hommes avec lefquels ce moyen feroit
inutile , & plus encore avec lefquels il feroit dangereux
5 pour y parvenir ils doivent donc accueillir
avec bonté ceux qui leur font fournis, voyeç A c c e s s
i b l e ; leur parler avec amitié, voye% A f f a b i l i t é ;
les aider de leurs confeilsjles foutenir par leur
crédit; compatir à leurs infortunes , & adoucir,
par des manières obligeantes, la rigueur de leur
fort. La bienfaifance^ telle que je la conçois, eft
l’amour de l’humanité porta à fa perfection ; c’eft
une humanité fenfible, affe&ueufe; elle n’attend
point pour agir d’être pouffée, vivement follicitée ;
elle prévoit, elle devine , elle agit : elle n’attend
point les grandes occafîons pour fe démontrer ;
elle faifit toutes celles qui fe préfentent, grandes
comme petites ; mais quoique tendre elle n’en
eft pas moins éclairée. Parler pour tous , donner
à tous, être le même pour tous , c’eft ne
donner à perfonne ; e’eft ne parler pour per-
fonne , c’eft n’être bon pour aucun ; c’eft les
confondre, te par conféquent les décourager
tous, c’eft enfin fe nuire à foi-même : combien
ne pourroit-on pas citer d’exemples de cette dernière
vérité ! - On a vu fouvent des chefs militaires
, qui après avoir été adorés pendant les pre-
rai.èjes années de leur commandement, finifTajpnt
B I V B 1 L 77
- ar être hais & mdprifés. Quellé faute avoient-ils
commife ? Aucune, que de promettre
de leur pouvoir , te peilt-etre meme au-dela de
leur volonté. Cette bienfaifance parliere, pour
me fervir de l’expreffion énergique de Montagne,
doit être placée plutôt parmi les vices que parmi
les vertus. Voyei I n s p e c t e u r , paragraphe des
qualités morales.
On trouvera des exemples de bienfaifance > te
des modèles fur la manière de l’exercer , dans
les articles , A c c e s s i b l e , A f f a b i l i t é , G é n é -
BIENVENUE. Les foldats, qui jadis étoient
mis en prifon , étoient obligés de payer au geôlier
un droit appellé de bienvenue > l’ordonnance
des places du premier mai 1768 , a profcrit cette
efpèce d’exaétion ; il eft néanmoins encore des
endroits où elle fubfifte, & cet abus n’eft mal-
heureufement pas le feul qu’il y ait à réprimer
dans nos prifons militaires. Voye1 P r i s o n s .
BILLETS D ’HON N EUR . (Supplément)
On s’eft contenté de donner dans l’article B i l L e t
d ’h o n n e u R la définition de cette expreffion , en
renvoyant les_ détails au mot H o n n e u r . C e
renvoi ayant été oublié , nous allons effaÿer de
le remplir.
Le tribunal des maréchaux de France , jaloux ’
de conferver parmi la noblefle françoife , te parmi
les officiers des troupes du ro i, les fentimens
d’honneur qui font la force te la .gloire de la
nation, s’eft conftamment occupé, .non-feulement
à réprimer les abus qui peuvent fe glifter
parmi ces deux clafîes de citoyens , mais encore
à les prévenir ; c’eft dans ces vues que meilleurs
les maréchaux de france ont , fous le bon plaifir
du r o i, donné le 2.0 février 1748 un réglement
au fujet des billets d'honneur.
Par ce réglement, tout gentilhomme ou officier
qui fait, pour quelque caufe que ce fo it, un
billet d‘honneur à un marchand ou autre particulier,
non jufticiable du tribunal des maréchaux
de france, te qui ne fatisfait pas à fon engagement
d’honneur , eft puni par. un mois de prifon
, ou plus, félon que le cas le peut exiger, te
le marchand ou particulier qui n’eft: point jufticiable
de ce tribunal, eft renvoyé à fe pourvoir
par devant les juges ordinaires.
Lorfqu’un gentilhQmme ou officier confent
qu’un billet d’honneur foit fait en fà faveur ,
en prêtant, en cette occafton fon nom aux marchands
ou particuliers qui en font les véritables
Peut-être fuis-je dans l ’erreur ; mais j’ai penfé
que la loi relative aux billets d'honneur, auroit
prévenu la ruine de beaucoup de gentilshommes
te la perte de plufieurs militaires', fi elle avoit
prononcé uue peine févère contre tout gentil-
tilhomme te contre tout militaire qui auroit-
manqué d’acquitter au jour préfix , un billet d'honneur
créanciers , celui qui a prêté fon nom eft puni
de trois mois de prifon, te celui qui l’a fait,
feulement d’un mois ; l’un te l’autre font punis
d’ une plus longue prilon, félon que le cas eft
plus grave, te -peut l’exiger.
, fait même à une perfonne jufticiable du,
tribunal : un homme aflrtré qu’il fera forcé de
payer au terme convenu , te qu’il fera punî
s’il ne paye point, ne contra&e p a s s e s dettes
avec autant de facilité que celui qui efpère obtenir
des délais, te qui n’eft menacé d’aucune
peine. Il me femble encore que toute lettre-de-
.change proteftée , devroit mériter au militaire qui
Tauroit foufcrite, une peine févère; peut-être
,même tous les corps qui compofent l’ armée fran-
çoife, devroient-ils faire,chacun un réglement,
par lequel il feroit défendu à leurs membres de.
foufcrire une lettre-de-change. Toutes les cours
fouveraines on t, à l’exemple du parlement de
Paris, adopté un réglement femblable : pourquoi
les corps militaires ne l’adopteroient-ils pas auffi ?'
C e réglement préviendroit beaucoup de maux ;
il mettroit des bornes au luxe , au je u , a la
dépravation des moeurs , tec. te ne prodyiroit
aucun inconvénient ; l’homme fage que des cir-
! confiances malheureufes mettroient dans l’abfo-
1 lue néceffité de “faire un emprunt, offriroit fqa.
billet dJ honneur , & ce billet feroit accepté , car
! il feroit plus sûrement acquitté que les lettres-
de-change. Il faudroit peut-être encore défendie
aux militaires de ligner des billets d'honneur avant
l’âgede vingt-cinq ans, te punir tousceuxqui con-
treviendroient à cette loi fage; il faudroit, fit
cela étoit poffible, punir auffi les perfonnes en
faveur defquelles ces billets feroient pafles ;. il
faudroit enfin que tout militaire qui n’auroit point
payé au jour préfix une dette dont un de fes
camarades auroit été caution, fût puni par la
prifon, te peut-être par des peines plus grandes.
F~sye^ D e t t e s te C r é d i t .
B IV O U A C S DE PO L IC E . (Supplément.)
Outre le bivac, dont on a parlé dans l’article
b iv a c , il en eft un journalier connu dans le s ’
ordonnances militaires , fous le nom de bivouac
de police : ces bivouacs font compofés de deux
efcouades par bataillon, commandées par un fer-
g e n t i l s font fournis par les piquets; ils s’af-
femblent à la retraite ; ils fe portent à cinquante
pas en avant du centre du régiment, où ils fè
réunifient & paffent, la nuit au bivouac. Ces bivouacs
font fous l’infpeétipn. d’un capitaine te
d’un lieutenant du piquet de la brigade ; ils relèvent
les fentinelles du piquet , te veillent au
bon ordre du camp 5 ils ne font relevés ordinaire-
Iment que le lendemain une heure avant l’af-
femblée des gardes. Les devoirs des bivouacs font
'confignés dans les articles 36 Si (divans, du tiw»