
par leur inftinét, vous montrent quel doit êtrë ”
dans peu le deftm de la viile 5 ils la quittent par
rapport à l'embrafement dont elle eft menacée.
Les Huns acceptant cet augure ,. redoublèrent
leurs affauts te enlevèrent la place.
Une biche J effrayée par le bruit que fait l ’armée
de C lo v is , traverfe la Vienne au moment où
le prince fe prépare à la palTer î'auffitôt on dit que
cet animal eft envoyé-du ciel pour indiquer un
gué aux Français : l’air paroît enflammé du côté
de l’églife Saint - Hilaire de Poitiers ; auflitôt
on affine que ce météore, très-ordinaire te très-
naturel , eft une marque de l’ effet & de la protection
que le faim accorde aux Français comte 1rs
Vifigoths, qui font Ariens.
Un moine, tour-à-tour politique te prophète,
faifoit voir aux Milanais là poffibilité de chaifer
les- Français de l’Italie , te en intimoit l’ ordre de
la part du ciel ; il communiqua un tel enthou-
fiafme, que les habitans de Milan,, qui n’avoient
que deux écus ,en portèrent un pour continuer la
guerre , te ceux qui étoient en état de porter les
armes, offroisnt de fervir fans folde.
La fupeiTtition, dit Voltaire, eft à la religion
ce que l ’aftrologie eft à 1 aftronomie, la fille très-
folie d’une mère très-fage : ces deux fiiles fubju-
guent encore une partie de la terre, te c’ eft avec
beaucoup de fuccès que l ’on peut, même de nos
jours , faire ufage de la fuperftition.
SYSTEME. Pl a g e s , l e u r f o r t i f ic a t io n ,
LEUR d é f e n s e ,.’ & c. Ce n eft pas. fan s- étonnement
qu’on lit dans VEncyclopédie méthodique, Art militaire
mot F o r t i f ic a t io n , « que M. de Vauban
»: a complètement réfoîu le problème dés battions,
» & qu’ il a eu la gloire de porter à fa perfection
» l’art de fortifier les places. ».
Sans vouloir rien ôter au mérite du maréchal,
de Vauban, il nous.paroît plus effentiel que jamais,
de prouver que cet officier, firëfpeCtable à
tant de titrés, avait laifte l’art des fortifications
à peu près dans F en fan ce , puifqu’ il avoir rendu
l’attaque infiniment fupérieure à la défénfe , te
qu’ une place qui ne peut pas fe défendre affez
long - tems pour recevoir des fe cours ou pour
exiger une attaque longue, difpendieufe te d’une
réuffïte très-douteufe, devient bien plus nuifible
qiï utile , puifqu’elle coûte des fommes confidé-
rables pour être fortifiée, indépendamment de
celles affez fortes pour l’entretien de fes fortifications
& d’autres pour les magafins , les garnirons
te l’état major de la place.
Dailleurs, -au moment où nous 'écrivons , nous
fommes peut-être arrivés à une telle fituation des
chofes , ’chez nous te chez les autres ; la face de ;
FEurope a changé à un tel -point.,, les.puiflànces
refpeétives vont être forcées d’adopter une poli- ,
tique fi différente de celle fui vie jufqu’à préfent,
qu’il rie paroîtroit pas très-abfurde d’ aflurer qu’en- |
core quelques années, te nous aurons la fageflè de |
ha plus entretenir uneauffi grande quantité de fol-
dats cominuellement fous leurs drapeaux ; mais aucune
révolution ne doit pouvoir nous ôter des
frontières, te aucune raifon ne. doit nous faire
croire qu’ il faut les- laiffer fans defenfes.
Ces détentes peuvent être naturelles ou artificielles
: on peut auflî joindre les unes aux autres;
mais quelles qu’elles foient, la feule manière de
pouvoir les regarder‘comme avantageufes, c’eft
lorlqu’on peut les perfectionner, foit enfemble,
foit féparement, au point de rendre la défenfe
fupérieure à l’attaque : ce font ces defenfes a in fi
perfectionnées,.■ qui affurent la tranquillité des citoyens,
la confervation de leurs propriétés, & qui
importent à 1 humanité entière pour fon bonheur;
car on ne fauroit trop le dire : de la force ou de
la foibleffe de cette défenfe doit s’enfuivre naturellement
la paix ou la guerre. En effet; on ne
peut livrer de bataille que dans la vue de fe rendre
maître d’ un pays; mais on n’en eft véritablement
maître qu’au tant-qu’on en occupe les places fortes.
Si donc ces places étoient telles qu’on ne pût rai-
fonnablement en efpérer la conquête, toute armée
mife en campagne feroit une force déployée fans
objet, & fes fuccès devant fe borner à des ravages
inutiles, la guerre, qui ne pourroit plus être die»
tée par la politique ni par l’ambition, ne le feroit
plus que par le délire de l’atrocité.
Mais peut - on efpérer de porter la défenfe au
point de cette perfection fi defirable? Les moyens
en font-ils impoffibles ou feulement inconnus ou
non développes?Telle eft laqueftion qui doit fixer,
plus que jamais* l’attention de la nation françaife.
Un officier-général, d’un très-grand mérite, a
dit : « Depuis l’ufage formidable qu’on fait faire de
l ’ a r t i l l e r i e .la défenfe des places eft beaucoup inférieure
à l’attaque : changez donc vos méthodes,
devenues in fu f f ifa n t .e s ; adoptez celles propofées
dans l ’ouvrage de Y Art défenfif; elles vous fourniront
des moyens de conftruire des places imprenables,
c’eft-à-dire, qui pourront fe défendre au
moins pendant toute une campagne.
Meilleurs les officiers du génie ont répondu :
ce Nous avouons que la défenfe eft inférieure à
l’attaquemais elle eft telle par fa nature, te c’eft
un mal irrémédiable île projet delà rendre fupérieure
eft une chimère, A l’égard des îméthodes
que vous nous propofez, bien loin de remplir vos
promettes, la défenfe qu’elles procureroient, feroit
encore inférieure à celle que nous obtenons par
les méthodes en ufage. »
Ainfi, nous voyons d’ un côté un officier-général
que l’impülfion de fon génie femble avoir
porté , dès fa plus tendre jeunette , à l’étude de la
fortification , quia puifé fon expérience dans cinquante
années de.fervice,pendant lefquelles quinze
campagnes & neuf fiéges, dont il a fuivi;les travaux
jour par jour ; qui a facrifié à fon inftruCtion,
pour cet ob jet, fa vie entière & la plus grande
I partie de fa fortune > dont les idées ont été en
.partie développées à Auclam, à Stralfund, dans
l’île d’Oleron te dans l’Ile-d’Aix ; qui enfin n’a
publié fes ouvrages qu’avec l ’approbation d’un comité
d’officiers-généraux nommés à cet effet par
le miniftre de la guerre, te fous le privilège de l’Academie
des fciences, dont il eft membre.
D’un autre côté, quelques officiers du corps du
génie, qui, à la vérité, s’appuient de l’expérience
d’un fiècle, te des obfervations fur plus de cent
trente attaques ou défenfes de-places.
Mais comment meilleurs les officiers du génie
pourroiem-ils être entendus ou crus dans une pareille
caufe, convaincus, comme ils le font, que
la ligne baftionée eft celle par excellence? Bien
loin de fe livrer à des recherches fur cet objet,
ils blâment fortement ceux qui s’en occupent,
«s En parlant des préceptes de fortification que les
profeileurs enfeignent à la jeunefle militaire, on
ne pourroit croire, difent-ils, jufqu’où vont les
inconvéniens te les conféquences de cette vicieufe
éducation ; te plus bas, tout nouveau fyftème de
fortification eft aujourd’hui l'un des cara&ères dif-
rinélifs de l’ignorance fur cet art. »
Après de pareils principes adoptés par la pluralité
d'un corps, on fent que ce n’ett pas de fes
membres qu’il faut attendre des découvertes nouvelles,
ni l’examen impartial de celles que l’on
peut leur préfenter. Ainfi , de ce que meilleurs lés
officiers du génie fiiivent depuis deux fiècles le
même tracé pour l’enceinte des places de guerre,
on ne peut pas en conclure que ce problème ne
puilfe pas être réfolu par d’-autres d’une manière
nouvel^ te plus avantageufe.
D’ailleurs, meilleurs les officiers du génie conviennent
que le tracé, fuivant la ligne baftionée,
ne produit par lui-même , te dans fa plus grande
perreélion , par le mérite des fortifications, te indépendamment
des autres reffources de la guerre,
à une attaque bien conduite, qu’une défenfe de
n 3 30 te au plus, mais très-rarement de 40 jours;
V affurément il eft bien difficile de né pas trouver
^ pareilles fortifications, infiniment trop foibles,
nêirie dans un état comme la France, où l’on peut
e*e toujours dans le cas d’envoyer une armée au
feours de toute place qui feroit affiégée, foit
paie que c’eft s'impofer mal à propos la néceffité
d’u\ fecours très-difpendieux, foit parce que c’eft
met^e le fort des places au hazard d’une bataille.
P ai'eurs , fi ces fortifications font évidemment
infuffantes pour toute puiffance dont les poffef-
fions’onc éloignées les unes des autres te n’ônt
que d$ communications difficiles 3’ elles ne peuvent
qnc non plus convenir à aucune puiffance
pour 1 «défenfe de fes colonies.
Ce r>ft donc pas comme préfentant des avantages
Cififans, que leproblêmé du tracé de l’enceinte
d^ne place de guerre peut être regardé
comme ffifamment réfolu j ce n’eft pas non plus
qu il loit'èmontré qUe tout autre feroit moins
avantageu..Meilleurs- les officiers du génie conviennent
qu’après un fiècle d’expériences, les
fronts baftionés que fit conftruire M. de Vauban ,
n’avoient que ,7 à 24 jours de défenfe, te cependant,
de leur aveu, l=s tracés du général Mon-
talembert donnent déjà , à leur naiffance, 18 , 21
te 22, jours de défenfe. Ne pourroit-on pas ea
conclure que ce fyftème , fuivi te médité pendant
un fiècle, porteroit la défenfe bien au-delà de
30 jours qu’a fournis jufqu’ici la ligne baftionée?
Encore n’eft-il pas démontré que le géfiérai Mon-
talembert ait trouvé le meilleur tracé primitif, fi*
comme le difent ces meflieurs, les bornes d’un art
ne font pofées que lorfqu’il eft parvenu à imiter
la Nature. On ne voit pas fur quel fondement on
tiendroit pour ftiffifamment réfolu le problème
du tracé de l’enceinte d’une place de guerre. -
Mais, difent-ils, ce n’eft pas feulement la force
abfolue de ces fronts qu’il faut confidérer , c eft
auflî la dépenfe de leur conftruction ; c’eft avec
ces deux élémens qu’on parvient à fixer leur valeur
relative.
Eh bien ! voyons donc ces élémens ; mais pour
nous faire entendre, hazardons de prendre un
langage différent de celui de meflieurs les officiers
du génie : peut-être parviendrons-nous à prouver
que, malgré leurs tables te leur méthode, la
queftion n’eft pas réfolue en leur faveur.
En effet, fuppofons deux fyftèmes, qui tous
deux procurent une défenfe d’un mois. Si le premier
occafionne une dépenfe de quatre millions ,
te le fécond une de fix, fans contredit le premier
fera préférable ; mais fi le fécond procuroit une
défenfe de fix mois, & qu’il coûtât trente-fix
millions, nous ofons dire que, quoique fa défenfe
ne fur que cinq fois, & fa dépenfe huit fois plus
forte, on ne devroit pas en conclure que le premier
fyftème fut préférable. Si, par exemple, cette
place ne peut être fecourue qu’en trois ou quatre
mois de tems, par la puiffance à qui elle appartient,
ne fera-t-il pas évident que le fécond fyftème
fera le feul dont on [pourra faire raifonnablsment
ufage , s*il eft important de conferver cette place ?
En vain meflieurs du génie diront-ils, d’apres leur
méthode, que dans cette fuppofition le rapport
fera en faveur du premier fyftème , comme 3
eft à 2. Cependant il fera démontré à tout homme
râifonnable, que le fécond eft, dans tous les
cas, de beaucoup préférable ; car non-feulement
une place conftruire d’après ce fyftème fauveroit
toute une province & peut-être un état, mais fi
l’on confidère la dépenfe de tems, d’hommes te
d’argent néceffaires pour en former le fiége avec
quelqu’apparence de fuccès, on verra qu’il y a
tout lieu de croire qu’une telle place ne feroit
jamais attaquée. On ne peut donc pas regarder
comme fuffifante la méthode comparative adoptée
par meflieurs les officiers du génie, pour juger
du mérite des fortifications.
Jiifqu'ici cependant nous avons fuppofé exactes
les données fur lefquelles cette méthode eft fon-
Tttt.t 2