
donner moins à boire } on a remarqué que ceux
qui boivent beaucoup avant de travailler, digèrent
mal.
4 °* Quand le cheval a bu le matin (ans avoir
mangé , il eft falutaire de le promener en main ,
dès-lors l’eau qui patte plus facilement le rafraîchit
& excite fon appétit $ d’ailleurs cet exercice
modéré les délafle de la fatigue qu’ils . avoient
prife la veille.
5~°* 11 faut éviter de faire boire un cheval
quand il a chaud, quand il eft elfouffté, ou qu’il
n’eft pas parfaitement panfé & refÏLiÿé 5 encore
feroit-il prudent de lui faire manger auparavant
quelques bouchées de foin.
6°. Aux chevaux d’ ardeur & délicats qui s’ef-
Jlanquent & fe fatiguent beaucoup au travail,
donnez-leur de l’eau blanche pour barbotter,dans
la nuit qui précède le jour où ils devront travailler.
7° . Ayez l’attention de ne pas laitter boire vos
chevaux * tandis qu’ils font en marche.. Le Chevalier
de Servait.
BONHEUR. Félicité, état heureux. Quels
moyens les officiers françois doivent-ils employer
pour être auflï heureux qu’ils peuvent être ï Ce
n eft point dans cet article que nous répondrons
à cette queftion , c’elt dans l’article M oeurs : ce
qui nous a déterminé à faire ce renvoi, c’eft l’intime
liaifon qui fe trouve nécettairement entre
les nroeuüs & le bonheur des militaires. Voyez
M oe ur s . j x
Bonheur g frgnifie etfcore évènement heureux
produit parte hafard, ou ce qui eft plus vrai, par
des caufes qu’on n’a ni prévues ni calculées. Il
Il ne^ faut jamais tromper les hommes, je le
crois ; Terreur produit prefque toujours les effets
les plus funeftes , j’en fuis convaincu r malgré
conviction je n’hélîterois cependant point ,
fi j ’en étois le maître, à tromper les guerriers fur
l’article du bonheur , car je leur perfuaderois qu’il
n’influe en rien fur les opérations militaires. Cette
opinion , qui eft une erreur,, ne peut en effet 1
produire aucun mal r é e l, tandis que l’opinion !
contraire, qui eft une vérité , peut enfanter des j maux tres-conndérables. L’homme qui croit que le I
Æo/zto-influe fur les fuccès, marche,il eft vrai,avec
une grande confiance , & là confiance eft fouye.nt
viCtorieufe 5 il eft ferme jufqu’à l'opiniâtreté, &
à la guerre il ne faut -quelquefois que de la confiance
j il agit^ pendant quç les autres délibèrent
& Tactivité l’emporte, par fois fur la prudence :
mais: par combien de maux ces avantages ne font-
ils pas rachetés ! Si la confiance a gagné une bataille
, la preTomption en a perdu cent.! Tigno-
xapce & la vanité en ont perdij mille, Perfuadons
ai*x guerriers que le bonheur ne peut, ne fait rien,
alors chaque chef convaincu que les foldats les.
plus forts., les mieux exercés, les mieux- difci-
plinés doivent finir néceffairement par être viéto-
rieux , donnera fes foins à difcipliner les liens,
a les fortifier, à les inftruire : 'perfuadons-leur
que les bons officiers., les bons bas-officiers font
1 ame d une armée, & chacun.chnifira, formera ,
inftruira les liens avec une attention fcrupuleufe :
que la viéloire fe fixe toujours fous les drapeaux,
conduits par le général le plus habile, le plus
vertueux, & tous les hommes qui afpirent au
commandement fe livreront à l’étude de l’art militaire
, chercheront à acquérir les vertus nécef-
faires aux généraux. O u i , il en eft de l’opinion
du bonheur à la guerre, comme de celle de l’éducation,
comme de celle de îajuftice. Si les hommes
etoient convaincus que l’éducation fait tout ; qu’on
peut parvenir à tout avec une volonté forte &
confiante j que le feul moyen d’arriver aux grades
élevés & d’obtenir de grandes récompenses,
confifte dans l’exaéte obfervatioh de fes devoirs,
dans une conduite régulière & vertueufe $ tous ,
on en convient, chercheroient à s’inftruire , tous
s’occuperoient à régler leurs moeurs, tous s ’adon-
neroient à l’accompliffement de leurs devoirs :
de même, s’ils penfoient tous que le bonheur n’influe
en rien fur les opérations militaires, tous
chercheroient à fe rendre habiles , & à- aquérir
de la prévoyance, de la fagefle, de la prudence,,
&c.
Quoi quyil en foit de cette opinion, Tes ad-
miniftrateurs doivent aujourd’hui, comme le- fai-
foit Mazarin, chercher des hommes qui aient
la réputation d’être heureux : cette réputation
fait naître dans Tame du foldat l’efpérance du
fuccès, Soutient & anime le courage du peuple
militaire ; mais tout en facrifiant aux préjugés
populaires, un miniftre doit en garantir fon ef-
prit, & fe dire en cette circonftance , je donne
la préférence à tel-général, non parce qu’il a
été-conftamment heureux 5 mais parce qu’il n’au-
roit pas été toujours heureux s’il n’avoit éré
qu’heureux. Voye^ notre article G énéral, tome II,
page 5 5 3 , colonne fécondé & Suivantes.
B O N N E T D E PO L IC E . On donne le nom
de bonnet de police à un habillement de tête fait
en drap, que le foldat porte pendant la nuit,
quand il eft de Service, & pendant le jour, quand
il eft de corvée.
Il eft deux efpèces de bonnet de police j un
anciennement en ufage , qui étoit terminé par
un long morceau de drap, auquel on donnoit
la forme d’un pain de fucre, & le bonnet actuel
qui porte le nom de pokalem.
Le foldat frànçois eft peut-être plus François
encore que le refte des citoyens. L’ancienbonnet
B O N
de police n’étoit bon à rien ; il ne çouvïoh: m
les cheveux, ni le cou , ni les oreilles j le pokalem
met les cheveux à l’abri de la pluie j les
oreilles 8e le cou à l’abri du froid, & cependant
le pokalem eft vu avec peine , & I ancien
bonnet regretté. L’ancien bonnet étoit plus agréable
à l’oeil j voilà la véritable, la feule caufe de la
Pour rendre le pokalem excellent » il fau-
droit, au lieu d’en doubler le tour en cadis, employer
une peau de loutre, de blaireau , ou une
toile cirée.
Pour que Tufage du pokalem ne puifte jamais
nuire au bien du Service, il faudroit défendre
aux fentinelles d’en rabattre le tour.
BO NTÉ . La bonté eft cette difpofition habituelle,
qui nous porte, à contribuer de toutes
nos forces pour rendre les hommes aufïi heureux
qu’ils peuvent Têrte, félon leur état & leur def-
tination.
« Lorfque Dieu , dit Bofluet, dans l’eloge
du grand C on d é , forma le coeur & les entrailles
de l ’homme, il y mit premièrement la bonté
comme le propre caractère de la nature divine ,
& pour être comme la marque de cette mam
bienfaifante dont nous fortons. La bonté devoit
donc faire comme le fond de notre coeur, &
devoit être en même-tems le premier attrait que
nous aurions en nous-même, pour gagner les
autres hommes. La grandeur qui vient par-deflus ,
loin d’affoiblir la bonté, n’ eft faite que pour
l ’aider à fe communiquer davantage, comme une
fontaine publique qu on eleve pour la répandre 5
les coeurs font à ce prix, & les grands, dont la
bonté n’eft pas le partage , par une jufte punition de
leur dédaigneufe infenfibilité , demeureront privés
éternellement du plus grand bien de la vie hu-
maine , c’eft-à-diréj des douceurs de la Société j
ils pourront bien , dit encore le meme orateur,
qu.ëlques lignes plus haut, ils pourront bien forcer
les refpe&s & ravir l’admiration, comme
font tous les objets extraordinaires j mais ils n auront
pas les coeurs. »' .
La bonté, telle que je la conçois , telle qu’ elle
doit régner dans le coeur des généraux & de
tous les guerriers revêtus de quelque autorité,
s’ occupe fans ceffe à tarir la Source des maux,
à faire ceffer les peines , à alléger lès fatigues,
à Sauver, même les .défagrémens les plus légers,
en un mot, à rendre les hommes contens de
leur fort., & heureux, Elle n’eft cependant ni
une paflion,\ni une attention déraisonnable &
Fansmefute jimais une difpontidn réfléchie, fondée
fur le Sentiment mor.al de ce qui eft convenable,
& fur l’amoijr dçj.Tprdre ; elle ne Sacrifie point
Iz .bonheur d‘un grand nombre d’hommes à celui
b o R s*
de cfoq ou fîx individus ; mais^ celui du plus
petit nombre à celui du plus confîdérable } celui
des moins eftimables à celui des meilleurs. Elte
ne reftemble point à la foibleffe , car elle fait
s’armer de févérité ; mais elle pardonne tout
ce qui n’eft pas grave, & tout qui lui eft per-
fonnel. Voyez C lémence. Elle ne fe tourmente
point afiit de faire jouir les hommes d’une félicité
pour laquelle il ne font point faits , & n’emploie
que des moyens juftes pour leur procurer celle
dont ils font fufceptibles. Les vrais caraûè-
res de la bonté font renfermés , ce me ffemble,
dans la réponfe que fit Trajan à ceux de fes amis,,
qui lui reprochoient d’être trop bon. Je yeux
me comporter avec tout le monde, leur dit-il,
comme je fouhaitois qu’ un empereur fe comportât
envers moi, lorfque je n’étois qu’un fîrnple
particulier. O u i , tout général, tout militaire
qui prendra cette réponfe pour règle de fes actions
, fera vraiment bon, & pafïera pour te !,
car les hommes ne font pas aufïi injuftes qu’ on
fe plaît à le répéter î ils peuvent bien, lorf-
qu’ ils font entraînés, emportés par les premiers
accès d’une paffion violente, fe plaindre d’un
homme jufte qui les réprime ou les puniy ils
peuvent bien, lorfqu’ils font accablés de peines
& de maux, s’élever contre celui qui les leur
caufe ; mais la réflexion les ramène à la vérité ,
& ils mettent un terme à leurs murmurés, dès
qu’ils font convaincus que celui dont ils croyoient
avoir à fe plaindre , n’a fait que fuivre la voix
de fon devoir.
On fe fert encore du mot bonté, pour défî-
gner une qualité qui confifte dans la propriété
d'une chofe à produire .l’effet utile qu’on en attend.
Ainfi une pofîtion a plus ou moins de bonté 5,
elle a une bonté réelle ou une bonté relative. V
O u v r a g e en t e r r e .
BORDER L A H A Y E . Voyez H a y e .
BORDER U N P A R A P E T . C ’eft placer ch*
hommes fur la banquette d’un ouvrage, afin
qu’ils puiffent repouffer l’ennemi, ou avec
armes de je t, ou avec des armes de main.
BO T T E DE FO IN , B O T T E L E R , BO T T E -
LEUR. C troupes à cheval ) Ces trois mots ont
bien moins de rapport ici à la matière & à la
manière dont doit être compofée une botte de
foin, qu’aux précautions qu’il eft eftentiel de
prendre, pour fe prémunir contre les fraudes
prefque continueles auxquelles on eft expofé dans
les livraifons du foin ainfi que de l’avoine, pour
les chevaux des troupes à cheval, foit dans lç
poids ou la mefure, foit dans la qualité.
Les fourriers o u maréchaux-des-logis qui àftîf-
tent aux livraifons, fe laiffent-ils tromper de bonne