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périeurs, qui auroient eu l’infpeét.on de diftfi&s
plus étendus.
On fe propofoit auffi de planter des arbres fruitiers
d’une {iation à l ’autre , 8c l’on avoit calculé
qu'au bout de quelques années , le produit de ces
arbres auroit amplement couvert tous les frais de
la réparation des routes.
Cet établiffement tenoit effentiellement a un
autre déjà formé en Bavière , par lequel toute la
cavalerie étoit diftribuée fur toute la firface de
l’ëleétorat : chaque diftriét avoit de petits déta-
chemens compotes au plus de lix cavaliers; chaque
pofte n’étoit pas éloigné de plus de trois milles
j fouvenc même la diftance n’étoit que d’un
mille ou deux » conféquemment chaque piquet
pouvoit, dans l’efpace d’ un jour , faire fa ronde
d’un pofte à l’autre , fans avoir befoin de demander
du fourrage pour fes chevaux, ou un logement
pour lui ; le quartier-général de chaque régiment
fe trouvoit au centre du canton où le régiment
étoit diftribué ; le chef de chaque efcadron
étoit au centre du diftrict où étoit répartie fa
troupe.
Les détachemens étoient ehargés de faire très-
ex adtement leur ronde d’un pofte à l’autre, d’arrêter
& de livrer aux tribunaux tous les voleurs,
tous les vagabonds qu’ils trouveroient en pleine
campagne, les déferteurs, 8c de prêter main-forte
aux tribunaux civils pour le maintien des lois ; de
girder les frontières, d’avoir l’ oeil fur les m litaires
en congé, d’aider les habitans dans les incendies,
de garder leurs propriétés, d’arrêter tous filous,
voleurs , àflaffins 6c autres malfaiteurs, &c. Dans
chacune des ftations de ces troupes, ' elles eurent
une maifon particulière pour elles. Nous avons eu
à peu près les mêmes idées pour diminuer la gfn-
darmcrit : on peut voir ce mot dans ce Supplément.
T R IO M P H A T E U R S , ceux qui remportent
l’honneur du triomphe. Il falioit, pour jouir de cet
honneur chez les Romains, que le général qui lé
demandoit, fût revêtu d’une charge qui donnoit
droit d’aufpice ; il falloir auffi que, dans la vi&oire
remportée par les troupes de la république, il fût
refté fur la place au moins cinq mille des ennemis,
& peu de troupes romaines; que le général livrât
la province toute fubjuguée & pacifiée à fon fuc-
Geiïeur ; il fa loit encore que le triomphe eût pour
objet une nouvelle conquête. Celui qui arrivoic
de l’armée pour demander le triomphe, étoit obligé
de refter hors de la ville & de fe démettre du
commandement de fon armée, parce qu’il ne devoir
point entrer dans,Rome avant d’avoir obtenu
fa demande : il la faifoit au fénat, qui s affembloit
dans le temple de Bellone, & il lui expofoit les motifs
qu’ il avoit de demander cet honneur. Quand le
fénat jugeoic que fes exploits méritoient le triomphe
, il lui décernoit cet honneur, & il fiifoit approuver
fon décret parle peuple, parce que, pour
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honorer le triomphateur, on lui décerfioic le commandement
dans Rome le jour de cette pompe,
ce que le fénat ne pouvoir accorder feul & fans le
peuple.
Après avoir fixé le jour de la cérémonie au lever
du foleil, celui qui devoit triompher, fe revêtoit de
fa toge triomphale de pourpre, chargée de bandes
de brocard, 6c couronné de lauriers, dont il tenoic
une branche à fa main droite, ou plus m’dinaire-
ment une palme ; il montoit fur un char magnifique,
traîné par quatre chevaux blancs, 6c quelquefois
des élephans ; dans ce char étoient auffr, le
plus fouvent, fes enfans 8c fes amis les plus chers;
il traverfoit ainfi la ville conduit au capitole, qui
étoit le terme de la ceremonie; il étoit précédé
du fénat & d’une foule immenfe de citoyens, tous
habillés de blanc; de trompettes & de joueurs d’inf-
trumens, de chariots remplis de cafques, de cui-
raffes, de boucliers & d’autres armes prifes fur les
ennemis, qui étoient difpoféesde manière.que, le
mouvement des chariots les faifant choquer les unes
contre les autres, elles formoient, par leurs cliquetis
, un bruit de guerre qui convenoit fort à cette
fête martiale : d’autres chariots fuivoient, portant
lts plans des villes 8c des fortereffes qu’on avoit
prifes, repréfentées en bois doré, en cire ou même
en argent, avec des inferiptions en grofifes lettres,
& de grands tableaux où étoient peintes les batailles
& les attaques des places : on y voyoit auifi les
repréfentations des fleuves 8c des montagnes, des
plantes extraordinaires 8c même des dieux des
peuples qu’en avoit vaincus : après cet attirail pa-
roiuoient les rois & les chefs ennemis, ayant la
tête rafée pour marque de leur fervitude, & chargés
de chaînes de fer, d’argent ou d’or, félon les
tems ou la richeffe des dépouilles. Quand ces captifs
étoient ariivés devant le capitole, on les me-
noit à la prifon, où aùffitôt on faifoit mourir leurs
chefs & leurs capitaines.
A la fuite des prifonniers étoient les victimes
qu’on devoit immoler, couronnées de fleurs, avec
les cornes dorées, accompagnées des viétimaires
nus jufqu’à la ceinture, portant la hache, & fuivis
, des prêtres qui aftiftoient à la cérémonie. Immédiatement
après venoient plufieurs officiers de
l’armée , 8c enfin le triomphateur dans fon char ,
accompagné de fes liéfeurs couronnés de lauriers,
portant les faifeeaux qui en étoient pareillement
entourés : le char étoit d’ivoire, enrichi de dorure
& même d’or : il y en a eu tout d’argent ci-
felé , & dont l’excellence du travail relevoit encore
la richeffe. Du tems de )a république , le
triomphateur portoit au doigt un anneau de fe r ,
de même qu’en portoient les efclaves, pour l’avertir
que la fortune qui l’élevoit fi haut, pouvoir
le réduire à l’état humiliant de la fervitude ; c’eft
auffi pour cela qu’ il y avoit derrière lui un ef-
clave qui l’avertiffoit qu il étoit homme. Enfin , la
marche étoit fermée par les foldats en habits mi-
| litaires, couronnés de lauriers, avec toutes les
m a r q u e s
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«arques qu‘ils avoient reçues de leur général : ils |
marchoient d’ un air de ioie & de gaieté , chantant
des chanfons militaires à la louange du triomphateur,
ou des vers fatyriques & pleins de raillerie
contre lui.
L’entrée fe faifoit par la porte Copène, le long
de la rue triomphale, à caufe que c ’étoit celle que
prenoient les Triomphateurs pour aller au capitole
: fur la route, on avoit foin de dreflèr des arcs
de triomphe. Arrivé au capitole , le triomphateur
facrifioit des taureaux blancs à Jupiter, &
mettoit fur la tête de ce dieu la couronne de laurier
qui étoit fur la fienne : il faifoit auffi des pré-
fens au temple , des largeffes au peuple, & après
cela commençoit le feftin aux dépens du public ,
où les premiers de la république étoient invités,
excepté les confuls, pour laiffer jouir le triomphateur
de tous les honneurs de Iapréféance<
Un décret du fénat accordoit enfmte une mai fon
au triomphateur, 8c cette maifon s’appeloit
domus triumphalis. Après fa mort, fon corps etoit
brûlé hors de Rome , mais on rapportoit fes qs
& fes cendres dans la ville ; en outre, on lui én-
geoit des ftatues triomphales.
Les honneurs du triomphe qui, jufqu’à l’an 304,
nêtoient accordés que par le fénat, ayant été re-
fufés par lui aux confuls Valerius 8c Horatius,
parce qu’ils avoient favorifé les demandes du
peuple, le tribun profita de cette circonftance pour
porter devant le peuple la demande des deux confuls
, qui obiinrent le triomphe devant ce nouveau
tribunal, pour les récompenfer d’ avoir été favorables
au peuple, auquel il arriva encore plufieurs
fois d’accorder une pareille grâce fans la partiel- j
pation du fénat. Quand celui-ci, au conttaire, auquel
il falioit toujours s’adreffer d/abord , accor-
doit le triomphe à un général qui n’étoit pas agréable
au peuple , les tribuns ne manquoient pas de
prétexte pour empêcher l’exécution du décret.
Il y avoit deux fortes de triomphes, le grand
& le petit : ce dernier s’appeloit ovation. ( Voyeç
ce m ot, Supplément.) .
C ’eft aux triomphes que Montefquieu attribue
la principale caufe de la grandeur des Romains.
Sous Augufte, les honneurs du triomphe perdirent
leur éclat, parce que le prince étoit jaloux
de la gloire qu’ acquéroient les généraux , & qu’ils
ne voulurent pas irriter fa jaloufîe.
Les g én é rau x carthaginois étoient auffi honorés
du triomphe quand ils avoient remporté fur l’ennemi
quelque victoire fignalée.
TROUPES. Dans le Soldat citoyen, l’auteur dif-
tingue, dans le nombre des foldats, de petits
hommes affez forts , affez robuftes , affez courageux
8c d’affez bonne volonté pour combattre,
mais n’ ayant ni l’agilité néceffaire pour les chaf-
feurs , ni la taille r.equife pour la cavalerie , ni
même les qualités d’un fantaffm, par rapport à
A n Milit. Suppl. Tome IV .
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leur taille, qui ne leur permettroit pas de porter,
de charger 8c de tirer le fufil ordinaire du foldac
d’infanterie. Cependant on pourroit encore ti er
parti de ces hommes-là, trop communs dans les
armées, furtout depuis la requifition 8c la conscription
, & alors il faudroitles armer différent«
ment que.les autres.
L’auteur voudroit les défigner par le nom d’armés
à la légère Ë & leur donner pour armes dé-
fenfives, le cafque, les épaulettes, les gantelets,
le plaftron de buffle (qu’il a p ropofé), 8c la targe
ou un bouclier d’une autre forme; 8c pour armes
offenfives, un fufil de chaffe plus léger 8c plus
court que celui des fantaffins, mais du même calibre
; & pour leur éviter l’embarras 8c le poids
d’une baïonète, on leur donneroit des épees à la
romaine, dont on arrangeroit la poignée de manière
qu’elle pût s’adapter folidement au canon 8c
tenir lieu de baïonète. En outre, dans chaque compagnie
I un tiers des armés à la légère porteroit
des haches, un autre tiers des pelles & le troifième
tiers des pioches, afin que l’on pût s’en fervir a ouvrir
des marches, fortifier un endroit foîble, 8cc.
Ces hommes,' dans la formation habituelle à
quatre de hauteur, occuperoient le premier rang.
Si l’a&ion fe paffoit de loin , à coups de fufil
contre de l’infanterie à découvert, les armés à
la légère pourroient fe mettre un genou à terre ,
où ils feroient à couvert derrière leurs boucliers.
Les autres rangs feroient feu de billebaude, &
le feroient avec d’autant plus de tranquillité, que
les boucliers des armés à la légère les mettroient â
l’abri de beaucoup de coups de fufil.
Si l’ a&ion étoit une a&ion de choc d’ infanterie
à infanterie, alors les hommes du premier rang,
préfenteroient leur fufil armé de leur épée, &
marcheroient à l ’ennemi, fuivis des fufiliers pré-
i fentant la baïonète & fe ferrant fur le rang des
armés à la légère, avec l’ avantage d’être à l’abri
de plufieurs des coups qu’on pourroit leur porter
derrière la fortification mouvante des boucliers
du premier rang.
Enfin , fi l’a&ion fe paffoit avec de la cavalerie ,
& que les flancs de la troupe ne fuflçnt pas appuyés
, alors on pourroit fe mettre en colonne
par fous-divifion ou divifion, & garnir la tête, la
queue & les flancs de la colonne d’armés à la légère.
Voudroit-on faire une retraite? on fe met-
troit plus fûrement en marche. La cava'erie avan-
ceroit-elle de trop près ? fe décideroit-elle à charger
? alors la colonne s’arrêteroit & feroit face
des quatre côtés ; les armés à la légère fraiferoienc
les feces, tandis que les autres _ rangs feroient
feu jufqu’au moment où la cavalerie pourroit être
repouffée à coups de baïonète.
Si au contraire les flancs de l’ infanterie étoient
appuyés, on pourroit fe contenter de doubler
Amplement les files, & de garnir le front & les
• derrières d’armés à la légère. Enfin, quelque po<
C ç c c ç c