fut encore au mélange des armes que Frédéric le
grand dût le fuccès de la bataille de Lifla.
Le grand nombre d’autorités que nous-avons rapportées
, & d’exemples que nous avons indiqués ,
-ne laiffent , il eft vrai , aucun doute fur l’utilité
du mélange des armes, mais ils en laiflènt fur 4a
manière dont ce mélange doit fe faire. Je ne les
lèverai pas , ces doutes ; c'eft au génie feul qu’appartient
cette tâche; tout ce que je puis., tout ce
que je dois dire, c’eft qu'il faut toujours foutenir
une arme par l’autre , parce que jointes enfemble
elles redoublent de force , de confiance, & d’émulation
; & que pour tirer de ce mélange toute
l’utilité poflible , il faut confulter les circonftan-
ces du tems & fur-tout celles'des lieux : ce font
en effet les accidens du terrein qui doivent ic i ,
«omme par-tout, fervir de règle au général. ’
ARMÉE. Supplément. L’auteur de l’article
A r m é e a omis de parler de quelques efpèces
particulières d‘armées.
Armée ajjîégeante , ou \armée du fiège , c’eft
celle qui eft chargée de faire un fiège : fon objet
doit être de prendre la place ; c’eft de quoi elle
doit uniquement s’occuper.
Armée auxiliaire. C ’eft celle qu’on fournit à
une puiffance amie ou alliée , en vertu de quelque
traité.
Armée confédérée, armée combinée. Quoique beaucoup
d’écrivains ayent employé indifféremment
ces deux, expreflions, il exifte cependant entre les
objets qu’elles défignent une différence réelle. Le
mot combinaifon ne devant jamais être employépour
défigner la réunion de plufîeurs corps différents,
mais pour exprimer l’opération par laquelle les parties
des deux corps feulement, fe joignent pour
former un nouveau corps : on doit donc fe fervir
ce me femble -, de l’épithète combinée, toutes les
fois qu’une armée n’eft compofée que des troupes
de deux puiffances , & réferver Je mot confédérée
pour la cîrconftance où l 'armée eft compofée des
troupes de plufîeurs puiflances. L’amée des François
réunie à celle des Efpagnols étoit donc, dans
la dernière guerre, une armée combinée , tandis
qücVarmée des princes d’Allemagne réunis contre
Charles-Quint, étoit une armée confédérée.
Armée d’exécution. On donne en Allemagne le
nom d’armée d exécution à un corps de troupes
chargé de l’exécution d’un refctit de la chambre
impériale.
Armée de l empire. C eft une armée compofée
des troupes appartenantes à différents princes
d’Allemagne.
I - impériale. C ’eft une armée appartenante
a re»ipereur.
On donne auiij aux armées le som du général à
qui elles obéiflent : on dit donc Varmée de Tu-
renne , I armee de Luxembourg. On défigne enfin
les armees par le nom du pays où elles font la
guerre. U armée de Flandre , L'armée d'Italie , U armée
du Bas-Rhin. ,
On trouvera dans le.diéHonnaire des antiquités,
article Armée , des détails inftru&ifs fur les a r -
m e e s romaines; fur ce qu'ils entendoient par a c i e s ,
par agm en , par e x e r c i tu s ; fur leur agmen p ila tu rn y
qui n etoit qu'une troupe formée en colonne ; fur 1 agm en q u a d ra tu tn , ou l'ordre de bataille quarré*
. On trouvera dans le réglement pour l'infanterie,
titre X I I I 4 articles I, III , V , X X III & X X IV ;
titre X V , articles IX & X I , les détails relatifs à
la divifion & au fervice des armées fïançoifès.
§ . I.
De /'armement de l'armée françoife.
A RM EM E N T . L'a rm em en t offenfif des ofK-
ciers-generaux & fupérieurs de Xarmée françoife
ne confifte qu en une épée ou un fabre ; leur
a rm em en t d e f e n j î f tn une cuirafle & une calotte:
ces officiers ne portant jamais leurs armes défensives
pendant la paix, un point d'honneur mal
entendu les empêche prefque toujours de s'en
couvrir pendant la guerre. Si une loi les obligeoit
a erre revetus de leurs armes défenfïves toutes
les fois qu'ils fe montrent aux troupes, pendant
la paix , rien ne les empêcheroit de les porter en
préfence de 1 ennemi. On aime,-j’en conviens
a entendre Villars , encore colonel , dire en 1677
a ceux qui le preflbient de prendre une cuirafle
pour une aétion qui annonçoit devoir être vive
meurtrière - j e n e c r o is p a s ma v i e p lu s p r é c ie u fe
q u e c e lle d e c e s b ra v e s g en s j on fent que ce propos
elt bien capable d'animer le foldat, & de produire
des effets grands & heureux 5 mais fi Villars
eut été tu é , s'il eut fëulement été grièvement
blefle , fon régiment auroit-il donné avec autant
de force , & fi à propos qu'il le fit ? En un mot „
je propos de Villars pouvoit-il faire autant de
bien que fon aétion de mal ? C ’eft ce dont ie
doute. ‘
Les officiers fubalternes d’infanterie font armés
dune épée aflez courte , platte & foible ; ceux
d artillerie , d'une épée, femblable à celle des
officiers d'infanterie ; ceux de cavalerie & de dragons
, d'un fabre long & droit, & d'une paire
de piftolets d arçon ; le fabre des officiers de huf-
fards & de chafleurs eft recourbé.
Les fergens & les caporaux d'infanterie font
armes d’un fufil avec fa bayonnette & d'un fabre
court; les maréchaux-des-logis de cavaleiie, d’un
fabre long, droit & tranchant, & de deux piftolets ;
il .en eft de même de. ceux des dragons : ceux des
huflards & des chafleurs portent un fabre recourbe#
Les grenadiers & chafleurs d’infinftrie font
armés d'un fufil avec fa bayonnette & d un fabre
court ; le refte des fantaflins , d’urf fufil .avec fa
bayonnette ; les cavaliers d’une carabine , de deux
piftolets & d’un fabre ; des dragons d un fabre ,
d’un piftolet, d’ une hache ou d un autre infiniment
s & d’un fufil avec fa bayonnette : les huf~.
fards, de deux piftolets , d’un fabre recourbé &
d’une carabine : les chafleurs à cheval font armes
comme les dragons ; les chafleurs à pied comme
les chafleurs des régiments d’infanterie.
Les feules armes défenfïves qu’on porte dans
l'armée françoife, font la cuirafle , la calotte , le
piaftro.n & le cafque ; les avantages & les incon-
véniens de ces différens armemens font difeutés
dans les articles confacrés aux différens corps
pour lefquels ils font deftinés , & fous Tes mots
I n f a n t e r i e , C a v a l e r i e , & c . F ü s i l , Sab
r e , B a y o n n e t t e , &c.
§. I I.
Des qualités d'un bon armement.
Si l'on vouloit jamais juger définitivement quel
eft l'armement que doivent avoir lés troupes fran-
çoifes , on pourroit, ce me. femble, fe conduire ,
dans ce jugement, d'après les principes fuivans.
Tout armement eft vicieux qui ne met pas celui
qui s'en fert à portée de nuire fortement à fon
ennemi, & de conferver fa propre vie.
Le poids de l’armement doit être diminué autant
qu'il eft poflible, fans nuire cependant à fa
bonté.
L 'armement doit être combiné de manière à ce
qu'il puifle fervir dans tous les terreins , dans
toutes les occafions , & contre toute efpèce de
troupes : ce principe eft inconteftable, fur-tout
pour \‘armement de l'infanterie, qui a prefque aufli.
fouvent en tête de la cavalerie que de l'infanterie :
Y armement fera donc mauvais toutes les fois que
la troupe qui le portera ne pourra point fe palier
de fecours étranger.
L 'armement doit être calculé d’ après le cara&ère
de la nation qui doit s'en fervir , d’après fa manière
de combattre, & même d’après celle de fes
ennemis ordinaires.
Parmi 1e r grands problèmes relatifs à l'arme-
ment, on pourroit placer ceux qui fuivent.
Le fufil armé de fa bayonnette fuffit-il à l'infanterie
françoife ? Seroit-il utile de lui donner une
autre arme de longueur ? Quelle devroit être cette
arme? Voye£ l'article P i q u e , & notre.article
B a y o n n e t t e .
. Seroitril avantageux ou nuifible de donner à
»infanterie françoife des armes défenfives ? Dans
le cas où Ton prendrait le parti de l'affirmative V
il faudroit indiquer quelles feroient les armes
qu'on- devroit lui donner
Doit-on adopter l'armement d'un peuple ennemi
, lorfqu'il eft préférable à celui que l’on porte;
ou bien doit-on conferver celui qu'on a , parce
qu'il eft ufîté depuislong-tems ? Voye^ l'article
C h a n g e m e n t .
Faut - il donner à la cavalerie une épée ou un
fabre , un fabre émoufle ou un fabre pointu , u»
fabre droit ou un fabre recourbé ? Toutes les
troupes à cheval doivent-elles avoir laTnême arme
blanche ? Faut-il donner à la cavalerie des armes
de jet de portée moyenne. Voye[ notre article
B a y o n n e t t e .
§. I I I .
.Armement d'honneur.
On donnoit dans le quinzième '8c feizième fié*
clés le nom d'armement d'honneur aux pièces de
l’armure d’un guerrier, à la perte defquelles le
déshonneur étoit attaché : celui qui perdoit par
lâcheté dans un combat, ou fon épée, ou fon
bouclier, ou fa ceinture , étoit noté d’infamié.
Les pièces qui compofoient 1-armement d'hon
neur étoient données, à celui qui le prenoit pour
la première fo is , avec beaucoup de pompe au.
milieu d’une cérémonie publique ; elles étoient
aufli arrachées en public, & avec des cérémonies
humiliantes , à celui qui avoit mérité d’être dégradé*
Voye1 D é g r a d a t i o n & C h e v a l e r i e .
En obfervant avec attention les coutumes militaires
de nos pères, on reconnoît avec facilité
qu’ils étoient fans cefle occupés à parler aux yeux
de leurs guerriers : nous avons perdu ou du moins
négligé ce langage fi énergique, aufli ne réunif-
fons-nous pas comme eux à nous faire entendre.
ARMER. C e mot fe dit abfolument pour exprimer
l’aétion de lever des foldats & des troupes.
ARMES. Sup. L ’auteur de l’art. A r m e s nous a
fourni le tableau des armes..de tous.les peuples
connus , & il a comparé favamment & fans partialité
les armes anciennes avec les armes moder- .
nés; mais il a omis de noter quelques emplois
du mot armes, qu'il importe de connoître, &
il a négligé d'énoncer quelques queftions militaires
qu’il eft intéreflant de propofer.
§ . I.
De la nécejfitê de marquer Us armes.
Les Romains marquoient les armes de chacun
de leurs foldats de fon nom & de celui de fa
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