
néral faxon à fe retirer avec Tes troupes, dans un
camp jugé inabordable 5 cependant rien n arrête
Charles & fes foldats 5 il ofe attaquer les Saxons
dans leur camp , & il les ,en chaffe après une
longue réfiftance.
Le roi de Suède prend d’ affaut Léopold , capitale
du grand Palatinat de Ruffie } & fes troupes
viétorieufes, loin de courir au pillage pour s’emparer
des tréfors qui étoient 'dans la ville , fe
rangent en bataille fur la place pour y attendre
les ordres du roi & le refte de la garnifon qui
venoit fe rendre prifonnière de guerre. On ne
fait trop de quel nom caraétérifer un exemple
aufli étonnant de difcipline & de fou mi (lion } mais
il fert à prouver jusqu’à quel point Charles XII
a-voit remis en vigueur une des .parties les plus
effentielles de la fcience militaire.
. C e qui vient à l’appui de. cette difcipline fi
rigidement obfervée , & ce qui aide un peu à la
comprendre, ce'font les moyens dont fe fervoit
Charles XII. Maître de la Saxe, il établit une police
pour garantir les Saxons des infultes de fes
foldats. Dans toutes les villes où il mit garnifon,
il ordonna à chaque hôte chez qui le foldat lo-
geroit, de donner des certificats tous les mois,
de leur conduite, faute de quoi le foldat n’au-
roit point fapaye j de plus, desinfpeéteurs alloient
tous les quinze jours, de maifon en maifon, s’informer
fi les Suédois n’avoient point commis de
dégâts } & s’ il y avoit les moindres plaintes, ils
dédommageoient les hôtes & punilîbient les coupables.
Combien .il feroit à defirer qu’une conduite
aufli fage fervît plus fouvent de modèle !
Cependant le roi de Suède fe plaignoit d’aller
plutôt à la chaffe qu’ à la guerre ; mais Schulem-
bourg, à qui Augufte avoit laide fon armée, i
fongea à rendre plus difficiles à Charles les fuccès
dont il fe plaignoit. Il dérobe des marches au
ro i, occupe des palfages avantageux, & facrifie
quelque cavalerie pour donner le tems à fon infanterie
de fe retirer en fûreté. > mais à peine
arrivé dans le Palatinat de Pofnanie , dont il
croyoit le roi de Suède éloigné de plus de cinquante
lieues, il eft inftruit en même tems de fa
marche rapide & de feS defleins de l’attaquer. Il
avoit au plus huit mille fantaflins & mille cavaliers
: il falloir fe foutenir contre une armée fupé-
rieure. Perfuadé de pouvoir réfîfter en pleine
campagne, même fans chevaux de frife , avec de
l’ infanterie contre de la cavalerie, il hérifie fon
front & fes flancs de piques & de bayonnettes ( 1),
- (1) D’apres le peu de renfeignemens connus fur
cette action de guerre ' il paroi? que la difpofition
confiante de Scjiulembourg.fut d’oppofer aux charges
de cavalerie un rempart d’armes de longueur formé
forme deux colonnes, repouflè les Suédois, fe
retire* d’abord dans la petite ville de G unen,
fauve fon infanterie fatiguée , en la fai Tant pafler
au travers d’ un bois, et traverfe enfuite la rivière
; de Parts & l’Oder, prefqu en préfence de l’armée
1 fuédoife, à laquelle il échappe.
Peut-être peut-on reprocher à Charles d’avoir
trop compté fur fa fortune ordinaire, & d’avoir
commis la faute de ne pas faire dévancer Schu-
lemb'ourg par un corps capable de lui couper le
palTage de l'Oder. Mais il eft fort aifé de critiquer
fur des objets paffés. D’ailleurs, cette faute du
roi n’ôte rien a la manière, on oferoit le dire ,
fublime dont fe comporta le général Schulem-
bourg. Cette marche rappelle celle d’Agéfîlas
traverfant la Theflalie, & donne une idee du
point de pérfeélion où étoit parvenue cette partie
quelquefois fi elfentielle de l ’art militaire.
Le paffage de la Bérénice eft une nouvelle
preuve des talens de Charles X I I , & des progrès
de l’ art de la guerre. La bataille d’Holofin eft
une des plus glorieufes, livrée par ce monarque ,
celle où il efluya le plus de danger, & où il
montra le plus d’habileté.
Les cinq combats du général Levenhaut fervent
à prouver toujours davantage la bravoure &
la difcipline des Suédois, mais ne laiflent pas fans
reproches le général : il n’auroit peut-être
pas du attaquer le premier. En choifilfant au
contraire un pofte avantageux , il auroit probablement
paflé la Saulfa & échappé au czar 5
peut-être aufli, après avoir commis la faute d’attaquer
les Mofcovites , & apres les avoir mis en
déroute , falloit-il continuer de combattre au-lieu
de pourfuivre fa marche, parce qu’il étoit eflen-
tiel de défaire entièrement les ennemis pour afiù-
rer la jonction avec le roi.
Bataille de Pultawa.
A la bataille de Pultawa, la première charge
de la cavalerie fuédoife fut très-heuréufe. L'infériorité
de l’armement & de la fcience de la cava-
leriè ruflfe, ne lui offrit pas de grands obfta-
cles à furmonter pour obtenir ce triomphe pafi*
fager : mais le feu de foixante et douze pièces de
canon rufles, quoique très-médiocrement dirigé,
& celui qui fortoit des redoutes fous lefquelles
par fon premier rang, ayant alors le genou en terre 5
le fécond rang, penché fur le premier, riroit prefqu’à
bout portant fur la cavalerie ennemie, & les deux
autres tiroient & chargeoient à-peu-près comme le
baron de Claufen en a renouvellé l’exemple à p
bataille de Welinghaufen.
étoit placée la cavalerie du C za r , joint au désordre
trop commun dans une attaque de cavalerie
faite fur une feule ligne , mirent en défordre
cette même ligne vidtorieufe. Le C za r, fécondé
très-efficacement par le prince de Menzickoff,
ayant profité de ce moment heureux pour rallier
cette cavalerie, effrayée plutôt que battue, tomba
v i v e m e n t fur celle de Charles, qui fut entièrement
enfoncée & obligée d’aller fe rallier à plus
d’un grand quart de lieue, derrière fon infanterie.
Ç e grand avantage fut fuivi d’une attaque générale
& à-peu-près parallèle, de l’ armée r u i f e .
Son canon tirant à toute volée fur les Suédois,
fans être combattu par le leur, acheva de porter
le découragement à fon comble dans une armée
jufque-là fi brave} aufli l’infanterie partagea bientôt
avec la cavalerie le danger de la d é r o u t e la
plus totale.
‘ Il paroît que dans cette bataille , fameufe dans
les faftes.de la guerre , Charles-rut mal fervi. Si :
le général Créuts étoit arrivé à tems, la cavalerie
mofeovite étoit défaite, S l i p e n b a c k venoit fondre
fur le flanc des Rufles fortant.de leurs lignes, &
Menzickoff n’auroit pas pu venir intercepter le
renfort des trois mille hommes qui venoient
joindre le roi de Suède. Ainfi , quoiqu’on l’ ait
blâmé d’avoir livië cette bataille , parce qu’il la
perdit, on "devoit au moins, convenir qu’il avoit
pris tous les moyens fuffifans pour la gagner} &
s’ il avoit été fécondé, il auroit infailliblement
réufîi &..fe feroit couvert de gloire.
Après cette légère efquifle des actions de
Charles & de fes- troupes , on aura pu voir l’in-,
fanterie fuédoife aufli infatigable &: aufli-bien
difeiplinée que les légionnaires } elle chargeoit
l’épée à la main comme e u x , avoit à fa tête
d’excellens officiers - généraux , commençoit à
connoître l’ art des déploiemens & des manoeuvres
} & peut-être enfin eût-on dû au roi de
Suède la perfeêtion de l’art militaire, s’il avoit
vécu davantage.
Après la mort de Charles, les Suédois dégénérèrent
},les Ruffes ( 1 ) , au contraire, relièrent
(1) En 170 6 le czar ayant augmenté fa grande
compagnie, en forma deux régimens d’infanterie
nommes les Gardes Preobafinski ; il forma encore
d’autres régimens d’infanterie, celui d’Ingermarcland,
commandé par.le prince Menzikoff, & compofé de
bons officiers étrangers , donna l’exemple à toute
l’année, rufle, & l’accoutuma à obéir aux officiers qui
n’éroient pas nationaux 5 tous ces officiers, il est
vrai,, fortoientde.l!infante’rie,,& ce fut fans doute
pourquoi les dragons, feule cavalerie de. ligne dans
à-peu-près ail point où ils étoient parvenus, mais
il fe formoit fur l’Oder un royaume dont le
fouverain, Frédéric I I , porta l’ art militaire à un
point de perfection , on oferoit dire inconnu,
vu les grandes armées auxquelles il fut imprimer
des m o u v em e n s à fa volonté, & l’immenfe quantité
d ’ a r t i l l e r i e qui étoit traînée à leur fuite,
deux obftacles regardés comme infurmontables,
& qui n’avoient jamais contrarié les opérations
des plus fameux généraux de l’antiquité.
En vain le maréchal de Saxe, inftruit par fes
connoiflances, fes v i c t o i r e s & fes campagnes ,
avertifloit-il les François de leur ignorance (2)}
l’armée rufle, fe conduifirent fi mollement à Pultava,.
tandis que l’infanterie s’y comporta avec bravoure;
Après avoir été difeiplinée par le maréchal Ogilwy,
elle fut perfectionnée par le général Munich, fous
des ordres duquel Ce trouvèrent alors les Lafcy, les
Keit & les Lowendal, qui figurèrent fi brillamment
enfuite parmi les plus célèbres généraux de ce'fiècle.
L ’artillerie de cette armée avoit fait de grands
progrès fous la direction du général Bruce 5 la dif-
pofition générale de l’efprit de la nation avoit facilité
l’inftruCtion dans cette partie de l’art militaire. Bientôt
aufli Pierre Ier attacha-t-il à chaque bataillon
d’infanterie & à chaque régiment de dragons deux
pièces de campagne de trois livres de balles.
Sous le règne de l’impératrice Aune, le comte de
Munich fit mettre, fur pied trois régimens de cuiral-
fiers, dont la plupart des officiers, & bas-officiers
furent envoyés par le roi de Prusse : là difficulté
d’avoir en Ruffie des chevaux propres à ce fervice ,
en avoit dégoûté le czar, qui s’en étoit tenu à fes
dragons & à fes huflards.
(z) Si les armées du Nord gagnoient chaque jour
du côté de l’inftruéfion, celles d’Autriche & de
France étoient loin de faire de tels progrès. Jugeons-
en par la bataille de Parme.
L’armée des alliés étoit campée fur la rive gauche
de la rivière} celle des Impériaux J’étoic fur la
droite : la première auroit eu une barrière très-ref-
péétable, fi la'Parme eût été plus large et plus profonde
, & fi elle n’avoit pas des gués plus ou moins
profonds, félon la fécherefle où l’humidité dû iems.
En vain le flâne gauche de l’armée des deux couronnes
paroifloic protégé par le château de Colorne,
protection bien illufoire, ce pofte fe trouvant fur la
rive où étoient placés les Impériaux, à une lieue au
moins de la gauche où étoient les Français La ville
de Parme paroifloit protéger plus direétement la
droite} mais quoique fur la même rive, elle étoit-
aufli à une lieue.
Le général Mercy, bien inftruit des localités ,
forma-le projet de pafler la Parme au-deflüs dé la
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