
défendu •, fa lenteur , en marchant » C(ui l’expofe
long-tems au feu j la difficulté de fe former dès
l’inftant où il a pénétré , les mouvemens pour
marcher le long du retranchement, fes flancs alors
découverts , tout concourt à . rendre Tordre à
trois de hauteur , contraire à ces fortes d’attions
militaires. "i ' ■
L’ ordre profond n’eft pas moins avantageux
pour défendre les retranchemens. Rien n’eft plus
propre à prolonger la défenfe d’une place, que
les forties > rien de plus propre que les pléfîons, à
les faire avec fuccès :,ce n’eft pas de tuer du
monde aux afliégeans, qui doit être le but d’une
fortie , mais de leur faire perdre du tems 3 en dé-
truifant dans une heure l’ouvrage , de plusieurs
nuits. 11 ne-faut donc pas s’amufer à tirer des
coups de fufil , mais fe jeter brufqueinent fur la
partie qu’on attaque 3 en. chafier les afliégeans ,
& avant qu’ils aient le,tems d’y raflembler des
forces , tout détruire promptement & revenir de
même: & c’eft dans ces oçcafions, où la : pléfion
eft encore infiniment préférable ayx: bataillons ,
parce qu’elle pourra avoir'plus de,Ténacité.. Dans
nos forties avec-nos. bataillons-on épouvante les
hommes qui fe trouvent à la tête de la tranchée :
on en tue quelques-uns, on met le refte en fuite,
& Ton rentre fans avoir renyerfé fix gabions. Cela
ne peut pas être autrement.-!?. N;os bataillons ne
peuvent point fe mouvoir avec,affez de légèreté 5
ce qui donne le tems à l’ennemi de raflembler des
forces. 2°/La foiblefTe des flancs des troupes qui
attaquent, donne le moyen aux afliégeans de les
battre en les attaquant par-là. 30. Cette même foi-
bleffe, faisant craindre d’ être coupé dans la retraite
& de ne pouvoir pas renverfer les troupes
qui s’y oppoferoient, oblige à fônger de bonne
heure à le retirer.
Tous ces inconvéniens difparoiffent fi Ton fait
la. fortie avec Tordre en pléfion 3 au moyen.dé là
légéreté de fa marche , elle peut arriver rapidement
fur l’ennemi, & n’ayant rien à craindre pour
fes flancs, se foutenir par fa propre force, refter
plus long-tems, donner plus de moyens de détruire,
& revenir malgré tous les obftacles.
C’ eft encore fur les mêmes principes de la puif-
fance de cét ordre , qu’il faudroit l’employer à la
défenfe des brèches , ainfi que le dit Fol'ard.
Quant à l’ ufage des pléfîons dans. l’attaque,
T auteur penfe' que, par les: objets auxquels il a
prouvé qu’elles pouvoiènt férvir dans la défenfe ,
on doit être convaincu combien elles feroient favorables
dans les attaques ; d’où il conclut quç.
cette ordonnance étant effejmelfëment propre, à
toutes les opérations de gûérm“clans lefquelles on
peut employer l’arme blanche, non-feulement elle,
eft univèrfelle , mais doit être employée partout
avec plus de fucfcès que les bataillons à trois de
hauteur 5 enfin, que fon avantage eft plus ou moins
grand dans différentes circonstances , mais touj’ours
au moins égal à celui qu’elle a en plaine , où
elle eft invincible.
- Dans un dernier chapitre, l’auteur récapitule
les avantages du fyftème des pléfîons, & propole
de profer ire àbfolument les bataillons.
Enfin , l’ auteur termine fon ouvrage par des
Mémoires où, fans abandonner la pléfion, il pro-
pofe une manière plus avantageufe de tirer parti
des bataillons.
Dans le premier Mémoire, il traite de la né-
ceflité d’ une troupe de chaffeurs*, il démontre l’avantage
de leur façon de combattre, en précédant
les corps qui doivent charger 5 l’ excellence
de leur feu , leur retraite dans les intervalles pendant
la.charge, la continuation de leur,feu pendant
l’aétion , & leurs opérations après le choc,
pendant que la troupe vidlorieufe fe tiendroit en
ordre.
L’auteur entre enfuite dans des détails pour la
manoeuvre de ces c o rp s fo n fyftème eft de fe for-
| mer & de faire tous fes mouvemens par le centre.,
de même pour les bataillons & les brigades.
_ ' Dans lés, mouvemens des corps, la même chofe :
lès compagnies fe replieront fur la première dans
leur ordre numérique : en fe. reformant, ce fera
par des déploiemens par la droite & par la gauche,
pour aller, par des pas obliques ou le plus court
chemin, fe placer dans Tordre , & éviter par ce
moyen les longueurs , & furtout les quarts de
cbnverfion.
, Les grenadiers & les chaffeurs couvrent & protègent
par leur feu les développemens ou les formations.
Une brigade ou même une divifion fe développe
dè meme.
.Que fi, au lieu de fe développer en bataillon,
une charge de l’ennemi mettoit dans le cas de
laiffer.ee bataillon en colonne d’attaque, il n’y au-
roitque desdiftances à laiffer entre ces petites colonnes
pour la netteté de Tordre & pour donner
lieu au jeu facile des grenadiers & des chaffeurs.
L’auteur fait le doublèment des files par fec-
tions. Une feétion eft une demi-compagnie3 la colonne
fe forme par le centre, fur deux compagnies,
à fix de hauteur.
L’auteur n’admet d’autres feux que ceux par
rangs dans chaque compagnie, ou par divifion de
compagnie , des trois rangs à la fois, en quatre
fois ou par efeouade.
Après avoir difeuté les avantages de la colonne
pour la charge & Tinfuffifance des bataillons pour
cet ob jet, leur propriété fe réduifant au feu ,
avant de paffer aux mouvemens, des corps pour
la marche 8c. les ordres de bataille, l’auteur donne
des principes de taétique.
1®. L’infanterie , qui a deux armes & deux façons
de combattre oppofées , doit avoir deux
| ordonnances j. Tune pour la charge , l’autre pour
; le feu. w
20. L’ ordre pour la charge doit être nombreux
te folide 3 il doit pouvoir marcher avec une égale |
facilité dans tous les Cens & fur un petit front 3
par conféquent il doit être en colonne : ordre
qui réunît la force à la légéreté & à Tadreffe.
30. L’ordre pour le feu a befoin d’être bien
déployé 3 il doit donc être en bataillon peu profond.
40. On ne doit employer le feu que dans les
cas où Ton ne peut marcher à l’ennemi : ainsi,
tant qu’il ne s’ agit pas de tirer, mais feulement
de marcher 5c de manoeuvrer , on doit refter en
colonne pour ne fe déployer qu’au moment où
àbfolument il faudra faire feu.
y°. La manoeuvre , pour paffer d’un des deux
ordres à l’autre, eft la plus importante de toutes.
6°. Il faut donc qu’en quittant Tordre de charge,
le feu commence au premier pas du développement
, 8c qu’en revenant à Tordre profond, la
charge commence au premier pas de la manoeuvre,
de manière que ni le feu ni la charge ne font
fenfiblement arrêtés par ces manoeuvres.
7°. Toute manoeuvre eft mauvaife, qui n’eft pas
fimple , prompte & facile.
8°. Les manoeuvres doivent fe faire par des mouvemens
directs, en rejetant les converfîons.
90. Toute manoeuvre doit fe faire fans aucun
dérangement dans les troupes 5 les compagnies
doivent refter ènfemble &entr’elles dans le meme
ordre, ainfi que les foldats dans les compagnies.
ïoG. Une difpofition ou manoeuvre ne peut être
bonne à la guerre, qu’autant qu’elle peut fe paffer
d’une trop grande exactitude ou précifion, fans
quoi elle fera expofée à manquer ou à être faite
trop lentement.
n ° . On ne doit jamais employer différentes
manoeuvres pour un feul objet.
12°. Il faut, entre toutes les manoeuvres, con-
ferver toute l’analogie qui peut y être ; ainfi il faut
former & développer de la même manière toutes
les colonnes poflibles.
150. Une difpofition ou manoeuvre doit être
univerfelle, c’eft-à-dire, praticable dans tous les
cas où Ton peut en avoir befoin.
14°. Toute manoeuvre doit être couverte.
15°. Toute manoeuvre doit fe faire par le centre
, afin d’ être plus courte, plus naturelle &
mieux couverte. • j »
160. Toujours les différentes parties de la
troupe devant être dans le même ordre (9°a*) » les
mêmes parties doivent toujours avoir la tete5 ce
qui, d’après (150.) , oblige de placer dans leur
ordre numérique par le centre , les compagnies
dans le bataillon, les bataillons dans la divifion.
170. Dans tous les cas, les grenadiers & les
chaffeurs doivent couvrir les manoeuvres.
18°. Toute manoeuvre qui n’a pas la retraite
pour objet, doit fe faire en avant toute entière,
la troupe ne faifant pas un pas en arriéré : lin-
yerfe dans leur retraite.
19®. Il faut toujours fe tenir affez fort pour enfoncer
les autres.
2 0 ° . L e s f l a n c s d o i v e n t ê t r e a u f l i f o r t s q u e l e
f r o n t , & c a p a b l e s d e l e d e v e n i r à l ’ in f t a n t o ù i l
f a u t y c o m b a t t r e . ,
m ®. E n a r r iè r e d e t o u t fla n c d é c o u v e r t « d é b
o r d é , o n d o i t t e n i r u n e r é f e r v e d e c a v a l e r i e q u i
d é b o r d e e l l e -m ê m e c e f la n c d e t o u t e l ’ é t e n d u e d e
fo n f r o n t . A
2.1°. O n d o i t , p a r d e s m a n oe u v r e s f û t e s , p r o m p t
e s 8e f a c i l e s , f a v o i r d é r o b e r f e s f l a n c s à l ’ è n n em i ,
q u i p o u r v o i t a r r i v e r fu r e u x f i o n 1 a t t e n d o i t d a n s
fa p r em iè r e p o f i t io n .
i j o . L a c a v a l e r i e d o i t ê t r e p l a c é e à d e u x o u
t r o i s c e u t s t o i f e s d e l ’ a l ig n em e n t d e 1 in f a n t e r i e ,
p o u r n e p a s e f l u y e r in u t i lem e n t d u f e u , 8e ê t r e c e p
e n d a n t à p o r t é e d 'a g i r f é l o n le s c i r c o n f t a n c e s .
2 4 V . L e m é l a n g e d e s a rm e s e f t b o n p a r t o u t o ù
i l n ’ e f t p a s im p r a t i c a b l e .
2 j ° . O n n e d o i t m ê l e r l e s a rm e s q u ’ e n m e t t a n t
la c a v a l e r i e e n f é c o n d é l i g n e , v i s - à - v i s d e s in t e r v
a l l e s u n p e u p lu s g r a n d s q u e f o n f r o n t .
2 6 . L o r f o u e l ’ in f a n t e r i e i r a à l a c h a r g é fu r d e u x
l i g n e s , la m o i t i é d e c h a q u e b r i g a d e , p l a c é e à t r e n t e
o u q u a r a n t e t o i f e s , f o rm e r a l a f é c o n d é l i g n e .
27®, P o u r t r o m p e r l ’ e n n em i fu r f e s d i f p o f i t i o n s ,
i l f a u t f e d é v e i o p p e r d e p lu s p r è s d e lu i q u ’ i l f e r a
p o f l ib le .
2 8 ° . T o u t e l ’ in f a n t e r i e d e l ’ a rm é e d o i t ê t r e r é p
a r é e e n q u a t r e d i v i f i o n s , a y a n t c h a c u n e f o n c h e f
c o m m e u n e b r i g a d e o u u n b a t a i l l o n : c e s d i v i f i o n s
d o i v e n t m a r c h e r , m a n oe u v r e r , c o m b a t t r e & c am p
e r e n f e m b l e , fa n s q u ’ i l s ’ y jo i g n e n i s ’e n d é t a c h e
r ie n q u e p a r d e s o r d r e s p a r t i c u l i e r s .
L ’ a r t i l l e r i e f e r a d e m êm e e n q u a t r e d i v i f i o n s .
C h a q u e a i le d e c a v a l e r i e f o rm e r a a u f l i la f i e n n e ,
f u b d i v i f é e e n p r e m i è r e & f e c o n d e j i g n e .
2 9 ° . En m a r c h e , u n e d i v i f i o n d ’ in f a n t e r i e d o i t
f o rm e r à e l l e f e u l e fa . c o l o n n e o i i f e s d e u x c o l o n n
e s : à l a fu i t e d o i t m a r c h e r u n e d i v i f i o n d ’ a r t
i l l e r i e , f i q u e lq u e c i r c o n f t a n c e p a r t i c u l i è r e n’ o b
l i g e d e l a p o r t e r à l a t ê t e e n t o u t o u e n p a r t ie .
L e p lu s f o u v e n t m êm e c e t t e d i v i f i o n d o i t ê t r e
f u i v i e p a r u n e d e m i - d i v i f io n d e c a v a l e r i e . ^
A i n f i c h a q u e d iv i f i o n e f t u n e p e t i t e . a rm é e .
C h a q u e b a t a i l l o n d o i t ê t r e c o m p o f é d e h u i t c o m p
a g n ie s d e f o i x a n t e - d o u z e h o m m e s c h a c u n e , a v e c
u n e c o m p a g n i e d e g r e n a d i e r s & u n e d e c h a f f e u r s
d e q u a r a n t e - h u i t h o m m e s c h a c u n e ; l e s e f e a d r o n s ,
q u a t r e - v i n g t - f e i z e e n d e u x c o m p a g n i e s .
3 0 ° . D e m êm e q u e l ’ a rm é e a u n o r d r e h a b i t u e l
d e b a t a i l l e , q u i e f t l a b a f e d e t o u s l e s a ü t r e s &
q u ’ e l l e p r e n d d ’ e l l e -m ê m e à la t ê t e d e fo n c a m p ,
e l l e d o i t a u f l i a v o i r u n o r d r e d e m a r c h e h a b i t u e l
p o u r p a r t i r d e c e t o r d r e d e b a t a i l l e & y r e v e n i r .
31®. Q u a n t a u x o c c a f io n s o ù T o n a u r a p o u r o b j e t
d ’ a r r iv e r à u n o r d r e d e b a t a i l l e a u t r e q u e T h a b i*
t u e l , T o r d r e d e m a r c h e f e r a f a i t e n c o n s é q u e n c e
8c c o m b in é p o u r l a p lu s g r a n d e p r o m p t i t u d e &
| f a c i l i t é d e fa f o rm a t i o n .