chacune de ces deux clajjes devroit etre fubdîvifee
en un certain nombre de clajjes plus petites. La
première pourvoit être fubdîvifee en cinq clajjes :
Fadreffe de chaque foldat dans le maniement des
armes , la connoiffance qu'il auroit des confignes ,
fon habileté dans l’exécution du relié de fes
devoirs dé te r mi n er oient la claffc- dans laquelle il
feroit admis.Il feroit heureux qu’on pût, à l’exemple;
des Romains , diftinguer ces differentes clajjes
autrement que par des mots -, j e' veux dire , qù’il fût
poiïible. d’accorder à la première des prérogatives
& des droits dont la fécondé ne jouiroit pas , & c . ;
Voye[ , relativement aux prérogatives qu’on pourvoit
accorder à chacune de ces cinq clajjes, notre
article E x e r c i c e , tom. 2 , page' 340.
La fécondé grande clajje peut être aufli fubdi-
#ifée en cinq clajfes plus petites : la première feroit
compofee des hommes à qui on enfeigneroit a
prendre la polition militaire -, la fécondé , de ceux
à qui on apprendroit à former leurs pas -, la troi-
fième ., de ceux qui en feroient au maniement des
armes -, la quatrième , de ceux qui feroient reunis en
file -, la cinquième , des hommes réunis en peloton
& prêts à paffer à la dernière clajje du bataillon.
CLEF DE MOUSQUET. On donne ce nom,
fuivant l’ auteur du diSionnaire portatif, a un instrument
de fer , qui eft fait en efpèce de manivelle
, & qui fert à banderole reffort d’un mouf-
quet. Clef de rouet de piftolet : c’eft un petit infiniment
qui n’ a qu’ un trou quarré , qui eft fait en
efpèce de manivelle , & qui fert à bander le reffort
d’un piftolet ou d’ une carabine , & c .
CLEF DES VILLES. Les clefs des villes de
guerre font toujours entre les mains du commandant
de la place Scelles des poternes , des
éclufes qui ne peuvent point donner entrée dans
la place , ainfi que celles des bâtimens du roi
dépendans de la fortification , reftent entre celles
de l ’ingénieur en chef.
Une demi - heure avant le moment où Fon doit
fermer les portes des places , vqyq; P ortes &
C loche , il part de chaque porte deux foldats
armés qui fe rendent chez le commandant de la
place pour fervir d’efcorte aux clefs : lorfque
tous les foldats deftinés à efcorter les clefs font
arrivés , & que le moment de la fermeture des
portes approche ,_un des aide - major de la
place diftribue les clefs aux différens portiers ;
. ceux-ci , efçortés chacun par deux fufiliers, fe
rendent à la porte à laquelle ils font attachés s
yoye{ P o r t i e r s : les portes fermées, on rapporte ,
dans le même ordre , les clefs chez le commandant
de la place. Une demi - heure avant l ’ouverture
des portes, on va-chercher les clefs de la même
manière que la veille, & on les rapporte de même.
Dans les villes où il n’y a point de portier , un
des deux foldats dont nous avons parle dans 1 alinea
précédent eft fans armes , il eft defiiné à porter
les clefs. Cette manière de fuppléer. aux portiers
n’offrant aucun inconvénient, étant économique ,
& paroiffant sûre , devroit, cerne femble, devenir
générale.
On a mis la préfentation des clefs au rang des
honneurs militaires : quand le roi arrive dans
une v ille , le gouverneur , le commandant 8c
les autres officiers de l’ état major de la place fe
trouvent fur le glacis , en dehors de la première
barrière , pour préfenter les clefs a la majefte.
CLÉMENCE. ( Supp. ) Nous allons confidérer
la clémence comme la vertu qui engage lis militaires
à modérer les châtimens que leurs inférieurs
ont mérités • : nous nous bornons a l’examiner
fous ce feul alpeét , parce que les guerriers
peuvent apprendre dans l’article C lémen c e
( page 681 du di&ionnaire dé l’art militaire) que
la clémence envers les vaincus eft la vertu des
grands hommes -, parce qu’ils verront dans ce,t
article qu’il eft d’autant plus affreux d’exercer fur
des troupes défarmées , fur un peuple fans
défenfe, ces cruautés atroces qui ont été tranl-
formées en droit par un ufage barbare , qu’elles
ne font rien pour la viètoire , & quelles éloignent
la paix' au lieu de la rapprocher : nous nous
bornerons à ce feul- afpeçl, parce que le dictionnaire
de morale prouvera aux militaires que
l’homme qui, étant revetu de quelque autorité,
punit lorfqu’il a été perfonnélîement offenfé ,
n’eft plus l’organe des lois , mais de fes.paflions.
Je fuis bien loin de faire un crime à mon
fièclé des vertus douces qui le caraâérifent -, je
les chéris ces vertus , & j’en, fais gloire -, j’ai
même fouvent effayé de les faire naître dans le
coeur des militaires, de leur donner de la foüdité,
de la force -, mais je n’ en dirai pas moins qu’il
eft des bornes au-delà defquelles elles fe tranf-
forment en vices : la clemence , par exemple 9
ceffe d’être une v ertu, quand elle n’eft point
d’accord avec le bien général , avec le but du
gouvernement , avec les moyens neceffaires pour
maintenir, l’ordre & la régularité parmi les
hommes -, & cependant telle eft la clémence dont
des militaires ufent avec leurs fubordonnes. I l ne
faut recourir a Pépie que lorfque le bâton ne fuffit
point, je 1e fais-, mais quand P épée eft néceffaire ,
c’eft un crime de ne punir qu’avec le bâton. C’eft
au fouverain , au fouverain feul qu il appartient
de faire grâce -, ainfi tout militaire qui prend fur
lui d’adoucir la févérité des lo is , ou de dil-
penfer de leur obfervation , fait plus qu’il ne
d o it, plus qu’ il ne /peut -, eft-il au confeil de
guerre , il doit juger fi l’accufé a violé la lo i ,
& prononcer ce qu’elle décidé y remplit - il
quelque autre fon dion , il doit empêcher qu’on
ne fe difpenfe d’obferver la loi , & c’eft lui
cependant qui permet qu’on la viole. Quoi,
dira-1-ou, vous ne voulez point qu’ un chef dp
«orps puîffe difpenfer un de fes fubordonnes de
remplir une portion peu importante-de fes devoirs ?
non , cela ne peut point être : vous exeufez ces
tranfgrefiions parce qu’elles vous font utiles- 8c
agréables -, mais qui vous répondra que ce^ même
homme à qui vous venez de permettre d’alléger
la loi en votre faveur,,ne prendra pas > lu i , dans
un inftant, le droit de l’aggraver ? .que direz-vous
alors ? quelles plaintes juftes pourrez-vous former ?
Obfervons d’ ailleurs que cet a&e de clémence
que notre coeur foi licite , eft quelquefois nuifible
à la fociété’, fouvent funefte à l’ individu envers
lequel nous l’exerçons, & toujours un juftefujet
de réclamations & de plaintes.
Si tous les gens de guerre, étoient imbus des
préceptes de la morale -, fi tous maitrifoient leurs
pallions -, fi tous, en un mot, étoient fages & vertueux
, les lois n’auroient point befoin d’être
foutenues par des récompenses ou des peines,
& la clémence deviendroit inutile. Mais comme
beaucoup d’entre eux font fréquemment écartés de
leurs devoirs', ou par l’ ignorance ou par des
pallions fougueufes , il a fallu , pour donner de la
force aux lois , établir que toute tranfgrelfion
de ces mêmes lois entraîneroit néceffairement
une peine après elle : or fi la clémence remet cette
peine, ou fi l’on peut feulement efpérer qu’elle
la remettra, tous les hommes qui ne feront pas
retenus par des motifs plus nobles que celui de
la crainte , donneront certainement un libre cours
à leurs pallions : dès lors les lois deviendront
vaines , 8c l’on verra le défordre renaître & régner
dans la fociété. La clémence eft donc, fous ce
point de vue', un des plus grands fléaux de,.toute
affociation, & par conféquent un vice funefte.
La clémence eft de même très-fouvent funefte
à celui qui en eft l’objet : tel foldat qu’un
léger châtiment auroit fait rentrer en lui-même ,
auroit corrigé, finit, parce qu’il a trouvé jufqu’ici
l’impunité , parce qu’il eft prefque certain de
la trouver encore, finit , dis - je , par devenir
l’objet des punitions les plus févères. Un jour
feul ne fa it point cPun mortel vertueux , un perfide
fi.jjàffin9 a .dit le premier de nos tragiques , & il a
eu raifort: fi l’on eût puni le coupable-commeal le
.méritoit pour la première faute -, fi on l’eût arrêté
dès le premier degré , il n’eût point monté les
autres. Pour vous convaincre que la clémence
eft prefque toujours funefte au foldat qui en eft
Fobjet, jetez les yeux fur lecontrôle d’une compagnie^,
cherchez quels font les hommes les
plus mal, notés, & yous verrez toujours que cefont
ceux qui ont eu , dès le moment de leur-arxiy.ée
au corps , quelque officier pour protecteur ; ceux
envers le (quels les.officiers 8c les bas-officiers de
leur compagnie ont exercé ; des .aétes répétés de
clémence. Cette obfervation ? que .j’ai faite très-
fouyenç , & qui. m’a toujours dominé ,1e même
réfuitat , prouvé, ce me femble , d’une, manière
invincible , que la clémence eft réellement tres-
funefte au foldat qui en eft Fobjet. Ce que j ’ai
dit du foldat eft également applicable” au bas-
offic.ier & même à l’officier -, je dis plus , il eft
applicable* à toutes les elaffes de la fociété. Par
tout la clémence' fait les hommes ' vicieux , ou
du moins les .hommes fans talens & fans vertus;
mais c’eft principalement chez les enfans & chez
les gens de guerre que les effets de la clémence
font le plus fenfibles & le plus funeftes.
Suppofons cependant que l’ homme envers lequel
vous avez exercé un. aéie de clémence eft touché
par votre bonté , & ramené par .votre douceur -,
dans ce cas , le plus favorable de tous , votre
clémence n’ en eft pas moins une véritable injuftice ,
ou du moins une fource féconde en dégoûts ,
en réclamations & en plaintes. Que pourrez-vous
en effet répondre au foldat à qui vous ferez fuivre
la loi dans toute fa rigueur , à qui vous infligerez
dans fon entier la peine portée par les
ordonnances , lorfqu’ il vous objectera qu’ il n’eft
pas plus coupable que tel ou tel autre de fes
camarades en faveur duquel vous avez mitigé la
loi? Quelques raifons que vous lui donniez ,
penfez-vous qu’il s’en payé? Son amour propre
l’empêchera de goûter toutes celles que vous lui
donnerez -, il fe croira l’ objet de votre haine ,
fon coeur s’aigrira au fou venir de vos prétendues
injuftices , & bientôt vous compterez dans votre
armée un homme de moins , & vos ennemis un
défenfeur de plus. Si les officiers avancés en âge
fe permettoient feuls des aètes de clémence, le mal
ne feroit pas toujours bien confidérable -, ceux
qu’ils fe permettent font prefque toujours diètes
par la fâgeffe , ou appuyés fur de bonnes-raiforts ;
aufli excitent-ils peu de cris , peu de plaintes:
mais ce font ceux des jeunes officiers , & fur-tout
ceux des bas-officiers , qui irritent., qui aigrifTent
le foldat-, ils font en effet prefque toujours dictés
par le caprice, la prévention , 011de vils ; intérêts..
Que tous les officiers ceffen't donc d’être clêmens ,
! & les bas-officiers ne fe permettront plus des actes
,de clémence.
La clémence doit^elle donc êtrë à jamais bannie
des armées ? les militaires doivent-ils donc être
toujours aufli févères , aufli durs , aufli inflexibles
que la loi? Oui , ils-doivent l’être , ou du moins
ne doivent-ils que très-rarement fe rendre à la
voix de la clémence : ils peuvent pardonner les
fautes involontaires , mais encore ne faut-il point
•que ces fautes puiffent avoir pour la fociété des
fuites dangereules : ils peuvent , en faveur d’une
longue continuité de bons fervices , fermer les
yeux fur quelques* fautes , mais il faut que les
actions qui parlent en faveur du coupable foien-t
i connue.s de tous-y • qu’elle s. (oient réellement
I bonnes,, eftimables. même ; 8c fur - tout que la
1 faute foit légère & peu dangereufe par fes fuites
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