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comte de Doun s’apperçut à la pointe du jour de
la manoeuvre hardie du roi de PruÜe : avec un peu
de diligence , il eût peut - être atteint l'arrière-
garde pruflienne & il auroit mis le roi entre
deux feux5 mais un moment dhéfitation lui fit
perdre l’occafion, & M. de Laudon repouffé fut
obligé de faire fa retraite.
Au commencement d'une campagne il eft toujours
avantageux de fe porter en avant , afin de
s ’oppofer , s'il eft poflible, à la réunion entière
des forces de l’ennemi.
Quant à la manière d'affurer une jon&ion , on
fentira facilement combien le général doit mettre
du fecret & de l'a&iVité dans fes mouvemens,
avec quelle fcience il doit choifir fes pofitions,
& avec quelle fageffe il doit prendre toutes les
précautions néceffaires pour ôter à l'ennemi tous
les moyens de l'attaquer 5 des marches & des
contre-marches favantes, les unes dérobées à
l'ennemi, les autres le trompant fur les véritables
projets > enfin , tout ce que l'art de la guerre renferme
de rufe, de connoiffance & de hardieffe.
JOUE, fn J oue. Mettre en joue ou plutôt
coucher en joue, c'eft ajufter fon fufil pour tirer
fur un objet qu'on veut atteindre.
De tous les tems du maniement des armes,
celui de coucher en joue eft fans contredit le plus
effentiel. Il importe peu en effet fi le foldat, en
préfentant fes armes, met la main un peu plus ou
un peu moins en avant 5 s’il place, en fe repo-
fant fur les armes , la croffe de fon fufil à quelques
lignes en dehors ou en dedans de l'endroit où il
doit la placer* Il n'en eft pas de même de la manière
de mettre en joue : fi la main gauche qui
fupporte l’arme eft trop en avant, le bout du canon
eft trop relevé, & la balle, qui alors s'élève trop,
n’atteint point fon but 5 fi au contraire cette main
eft trop rapprochée de la platine, la balle va s’enterrer
à quelques pas en avant de l'homme qui a
tiré: il n'en eft pas de même du talon de la croffe.
Cependant la manière de mettre en joue eft une
des parties du maniement des armes, dont les ordonnances
militaires parlent de la manière la plus
vague, & à laquelle les inftru&eurs font le moins
d'attention : cette négligence a fans doute pour
caufe l’opinion où font les rédacteurs des ordonnances
& les inftru&eurs des troupes, que c'eft
moins .de la manière de mettre en joue que de la
manière de viferd'où peut dépendre lajufteffe du
tir. Si le foldat vouloir vifer ou s’il le pouvoir ,
la manière de mettre en joue feroit en effet pref-
qu’indifférente : aucun des hommes qui chaflenr ,
ne placent également leurs mains ni le talon de la
croffe ; mais s'il eft impofïible au foldat qui ferten
ligne de vifer , fi fur cent il n’en eft pas un qui
voulût ou qui pût le faire, il faudra faire dépendre
1a bonté du feu de nos troupes de ligne
de la manière dont on les habituera à mettre en
joue.
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« Si nous confidérons , dit M. Mauvillion, &
l'objet que le foldat nous verrons^bien qu’ial dne'evfatn pt afso ib ,e f&oi nn ods' eanr mtaeirse, lu'on bhjaebt iale e tnitrreeu r3 0p0o u&r 4re0n0d priee dfos nd ef eluar gme efuurrt r5i edre :
h&a ,u pt,l alceé fduefvila fnotr mune puanree illi gonbe jeà tp, eiul np'reèfst pdrreofiqteu e, phaasu tp oofuli btlreo dpe blaes m j ailn qnue esr,’a àg imt poianss mdeê mtier erd ’têrtorpe dgafïnîns dle t iprleaunr h oproiuzor nctealla d ;e i ll’ ofbufjfeitt> d\ae batellnei dr élcer ivfuafnitl
quun’ea uli gcnoem qmuie nncee sm’éecnatr oteu fvenerfsib llae mfine ndt ed efa l ap odrrotéiete. ren»d rDe ’naportères fceeus tnrèost-iomnesu ritlr ideor,i td efu ftfrioreu v, erp ouuner
bmaalnlei èprea rdceo utreen itro ulet ef uffai lp, oarut éme ofyaenns sd’eé lelavqeur"e nlluel llea p&a rdt ’oàb lpilguesr dlee cfoinldqa pt iàe dtesn aiur tdoeuffjuosu rdse l el’ hfuofriil zdoann,s
cdee ttdeo pnonfeîrt idoann. sA ulnor os blejse ct oteulp qs unee npoouusr rvoennto mnsa ndqeu eler ddeéçcàr idree, laà pqouretélqeu de esd iafrtamnecse : qiul ’eilf t fàe ctrrooiurev eq ue’enn- eaxpeproçratannt t blae apulcuos ugpra nledse atrtoteunpteios nà &c hmarêgmeer ,l a& p leuns grande févérité à ce que le fo’dat ne couche aumtreomnetrnét,
eonn j oréuuef lqiruae à d eem lap êfcahçeorn q duoen lta opnl ulpuai rat unrea
tni’raebnatn dmoanl n;e cj'eamft ali'sh alebsi thuodme mmeasc, himnaêlme el edualnes qleusi occafions où le danger leur ôte la jouiffance de
réf3l3é Nchoirt.re fufil a la figure d'un cône tronqué, & llo'onng enme efanut rdoeit lfai xleigr nfea pfuopfiétiroienu qreu ed du' acparnèosn l e; mpraois
fcoertttee lqiug’nàe ufaniet upne taitneg ldei fatavnecce l ’alax eb adllee l’qaurmi feu, itd lea dgierme&eniot n, &de ql’ua’xeell,e ss’’éelnè véele avue droefitf utso udjeo ucers p draovloanntage
fi la gravité ne la forçoit à baiffer aufli tou-
jeonufirns cvee rpsr oll’hoonrgiezmone n, t jpuofquur’ àt ocme bqeur’ eàll et errerceo. ulpae hceatuttee ulirg nàe ,l alqau edlilfeta lnac eb aàl lela qmueolnlete e lalue sd’éeflèfuvse dlee pdliuffsè r&e fcaenlsl ed oouùte e flléel orne cloe ufpuefi ll a& l ilga nceh,a rtgoeu ;t mcealias aevne nc’ ale ps ofiunfti lfsa &it elnac cohraer gdee sd e’oxrpdéorniennacnecse à : coen f ufjaeitt
pfeluusle mbaesn qt uqeu ’là'o ubnjeet p aeutiqteu edl ifotann ctier ei lp foauurt pdooinnnteerr ddreodiat njs ,& q uq'uà 'eunnfet nd iàf taunncee gmraonydeen ndei fitla fnacuet yil vfiafeurt
tenirC l’ealram peo ufén ,p eoun p lnues hfaauurto qitu en ile’ro bqjueet. la façon dmei lcitoauircehse,r enne jfoouite c ,o nafdoormpteé eà dlaan ns antuorse edxee rncoicteres armé : nous faifons feulement peut-être un peu
tro3p3 Qbauiefflqeru eless m fuilfiitlas iraeus pinrefmtruieitrs rpanrégt.endent que ,
corqme on apprend au foldat à porter le fufil dans
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une pofition horizontale à la ceinture, au meme
inftant où il touche à la détente, 1a balle n’étant
pas encore hors du canon, prend cette direction
& raie l'horizon à cette hauteur} ce qui doit
rendre le coup aufli jufte qu'il puiffe l’être. Nous
avouons que nous ne fautions nous perfuader
cette affertion. Il n'eft pas poflible de porter ainfi
le fufil à la ceinture fans lui donner une fecouffe
qui en élève la bouche, de forte qui fi la balle fe
trouvoit eiicore dans le canon , comme on le fup-
pofe , tous les coups iroient plus ou moins haut
en l'air j mais il y a tout lieu de croire que la balle
eft dehors avant que le foldat ait pu faire ce mouvement
: ayant obfervé que les coups des troupes
qui baiffent fort les armes en couchant en joue,
donnent en terre à une petite diftance, il ne
faut donc pas faire baiffer extrêmement les fufils
au premier rang, à caufe de l'élévation de la balle
au deflus de la ligne prolongée du canon. Alors la !
balle parcourra une centaine de pas à une jufte j
élévation, pour atteindre un objet à hauteur
d'homme. On les fait moins baiffer au fécond j
rang, fans doute par routine, ou peut-être parce i
que le fécond rang, fe trouvant derrière le premier
, il-ne peut pas faire autrement} enfin, le
troifième rang tient fes armes dans une pofition ’
horizontale & même un peu élevées, apparemment
aufli parce que fa fituation à l'égard des
autres rangs l'empeche de les tenir d'une autre
manière. On ne parle point des effets du feu en
faifant mettre un genou en terre, ce mouvement
ne devant jamais s'exécuter à la guerre.
33 En comparant cette manière de coucher en
joue avec ce qui a été dit fur la nature de notre
arme, on trouvera que le premier rang doit frapper
tout ce qui fe trouve en deçà de cent pas. Si
tous les rangs tenoient leurs armes dans une pofition
horizontale, les balles pafferoient vraifem-
blablernent par-deffus la tête à tout ce qui fe trou-
veroit dans cet efpace à hauteur d'homme ; le
fécond rang, en baiflànt un peu, mais prefque in-
fenfiblement le fufil, doit atteindre tout ce qui
fe trouve entre cent & deux cents pas de diftance}
le troifième rang, en tenant le fufil horizontalement,
& même un peu élevé, atteindra depuis
deux cents pas jufqu'à la plus grande portée : il
eft vrai que de cette façon tous les coups du troifième
rang font perdus, là où ceux du fécond &
du premier frappent & en fens inverfe j mais on ne
penfe pas qu’on puiffe en demander davantage,
finon que le feu des troupes foit bien réparti fur
tout l’efpace de la portée du fufil } & c'eft ne pas
bien connoître cette.arme, que de prétendre qu'il
V ait une manière de la tenir au moyen de laquelle
le coup en parcoure toute la portée à hauteur
d'homme : toujours eft-il fûr qu'une manière de
faire en joue, qui feroit que toujours la troifième
partie des balles frappât 1 ennemi d’un bout de la
portée du fufil à l’autre s furpafferoit de beaucoup
<e qui fe pratique à préfenc.
-j Mais on doit obferver que, quoique notre
façon de faire en joue réponde en général affez à
la configuration du fufil & à fon ufage, elle n’eft
pas à beaucoup près déterminée d'une manière
fixe, & fondée fur des effais comme elle devroit
l'être-, & l’on ne s’attache pas affez à la rendre
abfolument machinale au foldat : on devroit 1 y
exercer bien plus qu’on ne fait, & donner la plus
grande attention à ce que tous les fufils fe trouvent
tout de fuite dans l'alignement prefcrit, en
puniffant le foldat qui, par négligence, le tien-
droit autrement qu’il ne devroit.
»3 Quoique la manière de faire en joue foit le
mouvement capital de la jufteffe, duquel dépend
tout l’effet du feu de nos troupes de ligne, il ny
fait pas tout, & il ne faut pas qu'il foit accompagné
de çirccnftances qui en rendent l'exécution
impofltble : or, il exilte de ces circonftances ;
d’abord nos fufils font trop lourds & trop peu
man:ables : avec le poids qu'on leur donne, il
n’eft pas poflible qu’un homme d'une force ordinaire
ne tire en l’air ou ne le biffe tomber en
avant, & ne tire à dix pas en terre s'il veut éviter
l’autre défaut. On le répète : quand nos fufils pe-
fans porteroient à cinquante pas plus loin , à quoi
cala ferviroit-il , fi prefqu’aucun de leurs coups
n'atteignoit le but? En fécond lieu, notre manière
bizarre de ranger les foldats, en mettant les
plus grands au premier rang, tandis qu'ils de-
Vioient être au troifième, & les plus petits au
premier, empêche à jamais l'obfervation de toute
règle fur la manière de faire en joue : cela fera
toujours que les deux derniers rangs tireront en
l’air, & la pefanteur du fufil fera toujours donner
les coups du premier rang en terre ; de forte qu'avec
ces deux mconvéniens il n'eft pas poflible que
le feu des troupes devienne jamais bien meurtrier»-
Peut-être fi l'on effaycit d'alléger les armes, de
ranger les petits hommes au premier rang, & les
grands au troifième, & de les exercer en fuite à fe
rendre bien habituelle la meilleure façon de faire
en joue, on feroit étonné de l’exécution que feroit
fon feu.
33 Comme l'on doit s’attendre à tout, on objec^
tera peut-être que l’idée de rendre habituelle une
façon fixe de faire en joue ne peut être avanta-
‘ geufe que dans la fuppofition que les troupes des
I deux partis fe trouvent fur un terrein de niveau ÿ
que, dans le cas où les ennemis fe trouveroient
placés, ou plus haut, ou plus bas t il faudroit la
varier, & que, pour rendre le feu meurtrier dans'
tous les cas, il faudroit toujours apprendre au
foldat à vifer & à tirer jufte.
33 Si l’on prétend , avec vérité , que le trouble
du foldat dans le combat eft fi grand , qu'on ne
fauroit lui faire exécuter aucune chofe qui' exige
de l’attention & des ordres particuliers , à quoi'
aura-t-il fervi de lui apprendre à vifer , puifqu’a-
lors il fera beaucoup trop troublé pour faire ufage
de ce talent ? En général, l'inutilité de eet ufage ,