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èe genre d’expériences plus fortes, ne pouvant
trouver nulle autre part une batterie d'un auffi
grand nombre de canons, & tous d’un aufïi gros
calibre s mais cette expérience importante fit
connoîtré de plus que Ton peut conftruire des
forts en bois , 8c y établir telle quantité d’artillerie
que l’on jugera néceffaire, fans avoir à
craindre que la foiidité en foit altérée.
Ainfi on tombe dans de grandes erreurs , en
ne s'appliquant pas davantage à démêler la véritable
caufe de certains effets nuifibles. Ne de-
voit on pas femir que la fumée des canons dans
,des calemates y ne pouvoit devenir nuifible que
dans le cas où les efpaces , ainfi que les ilfues ,
ne feroient pas fuffifans ? Car enfin l’ on n’ a pas
pu c jo ire , que quelqu’étendue que l’ on donnât
a l’un & à l’autre 3 l’effet feroit toujours le mêmej
les cafemates 3 dans les proportions qu’on leur a
données jufqu’ à préfent, peuvent donc n’être pas
praticables 3 fans que pour cela on puiffe ni doive
profcrire toutes les cafemates, dans quelque proportion
qu’elles puiffent être conftruites. Ce qui
1er prouve d’une -manière bien évidente & bien
incontettabie, ce font les cafemates du fort de '
l’ ifie d’Aix j d’après lefquelles on pent conclure
que celles qui feronc également ouvertes, ou qui
pourront l’être encore plus, telles que celles
propofées dans le traité de la fortification perpendiculaire
^ font ;d\un excellent ufage,
.Maniéré de juger le degré de force des différent
Jyfiêmes.
Après avoir donné des idées auffi lumineufes
& aufli profondes fur la manière de remédier à
tous les defauts de la fortification moderne , il
étoit important de faire connoîtré la manière
dont on doit juger le degré de force des diffé-
rens fyfiêmes d.e fortification } & c’ eft çe que
fait le général Montaîembert dans fon cinquième
volume , châp. 7 & .8. Nous allons en donner
une foible idée , que nous tâcherons cependant
de rendre Çuffifante.
On eft dans l’ ufage de donner le nom de fyf-
îême à-toute enceinte baftionnée qui diffère d’ une
autre , ou dans les proportions de fes ouvrages,
ou dans leur quantité , .ou dans leurs difpofîtions
r e fp e ft iv .e s .De-là il fuit qu’ on peut faire à l’infini
de femblables fyftêmes, qui fe réduifent à
un feul 3 'puifque ce ne font jamais que des bâfrions,
demi - lunes, contre - gardes, lunettes &
autres .ouvrages avancés , plus ou moins multipliés.
Chacuns de ceux qui fe font trouvés placés
"de manière à avoir la prépondérance dans ces
fortes decompofition, ont combiné, à leur manière
, différentes lignés de leurs remparts j ils
fit appelle fyft£nie ‘cettè ' cÇmbiflaifon Ils ii’ dnt
F O R
pas manqué de prétendre qu’elle étoie meilleure
que celle d’aucun autre.
Le maréchal de Vauban, à la tête du génie,
vivant fous un prince qui penloit ne pouvoir jamais
avoir trop de places fortifiées, s’eit fait
dilférens fyftêmes baltionnés, à l’imitation de
ceux mis en pratique chez toutés les nations
deux cents ans avant lui j & i’on a regardé en
France, pendant long-temps, fes fyftêmes comme
fuperieurs à tous les autres.
On a fait voir combien le fyftême adopté par
le maréchal de Vauban différoit peu de celui des
anciens , & que cette différence n’étoit pas à
l’avantage de celui qu’ il avoit choiii. Il eft vraisemblable
que nombre d’ingénieurs n’ont pas
penfe que les idées duffent faire lo i , puifqu’on a
v u , depuis lu i, les ingénieurs chargés de nouveaux
ouvrages qu’on a eu à faire exécuter,
fuivre les méthodes qu’ilss’ étoient faites... Ainfi,
quoique le corps du genie . fe pique de recon-
noître exclufivement les principes de Vauban
comme les feuls bons, chaque individu n’en a
pas moins fon fyftême particulier, qu’il ne manque
pas de mettre en pratique toutes les fois qu’il
en eft le maître. Ce lyftêmë eft fon enfant chéri,
il en vante par-tout l’excellence j c’ eft ce qui a
paru de plus parfait, l’efprit humain ne peut rien
au-delà. — Dans le mémoire qui accompagne le
plan de ce fyftême, qu’on a foin de ne communiquer
qu’ à des officiers généraux qui n’ont jamais
entendu parler que de baftions , l’affiége peut
rou f, il écrafe tout; l'affiégeant ne peut rien,
fon armée eft détruite & les ouvrages relient
entiers.... On fe bornera, pour ce qu’ on avance,
à un feul exemple digne d’affez d’attention ; c ’eft
un mémoire de l’ingénieur Cormontagne, fur un
nouveau fyftême de Belidor, pour établir la fu-
périorité du lien, exécuté dans différentes parties
de l’enceinte de Metz.
D’après la réputation de Belidor , fa capacité,
fes découvertes fur la fortification , 1 artillerie
& les mines, on avoit accueilli à la cour les
mémoires qu’il y avoit préfentés , ta on avoit
chargé le comte de Belle Ifle, en 1740, de les
laire difeuter à Metz par les gens de.l’a r t, pour
en rendre compte enfuite, M. de Belle-Ifle ayant
eu la foibleffe- de confier ces mémoires à l ’ingénieur
en chef Cormontagne , celui - c i , qui
avoit auffi fon fyftême , s’empreffa de faire un
grand mémoire pour pulvérifer ceux de Belidor.
mais réuffit-il dans- fon projet ? G’eft ce dont eft
bien loin d’être ,,convaincu le général Monta-
lembert ; en conféquence, il fuit pied à pied ce
mémoire , & tâche d’ep prouver la foibleffe,
l’inconféquence 8c la fauffeté dans les affertions.
L’étude de ce grand art, dont parle l’ingénieur
Cormontagne avec tant d'emphâfe, s’eft bornée
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iufqu’ à prêtent, de h part des ingénieurs, i t a rer
le trait d’un front de fortification,, contenant
deux demi-baftions, deux flancs, une courtine,
une demi-lune avec réduit ou fans rediut. Toutes
les fortifications, dans la méthode des baftions,
font femblables , & la pratique n’y ajoute rien
jorfque l’emplacement eft de niveau j tout elt
donné dans le tracé d’ une place : les terrems
inégaux demandent des différences & des irrégularités,
pour é v ite r a u ta n t qu’on le p eut,
d'être enfilé pat des hauteurs voifines , a quoi
l’on cherche à reinedier ordinairement tres-mal
par des profils de remparts plus élevés, ou par
des cavaliers & traverses dont l’effet le plus certain
eft de nuire à la défenfe de l’ouvrage, dans
lequel il n’eft plus poffible de manoeuvrer ;.& la
pratique ne donne aucun avantage à celui qui a
des remparts à élever dans de pareilles fituations.
Puifque l’objet eft de n’être point vu d’une hauteur
voifine , il fuffit de s’élever jufqu'a ce qu on
ne la voie'plusj & de s’ être couvert de dix hauteurs
différentes, ne donne pas plus de moyen
pour fe couvrir d’une onzième. A quoi fe réduit
donc l’avantage de celui qui a de la pratique?
Eile eft utile fans doute à la bonne exécution ;
mais elle ne Deut influer fur des tracés qui font
Les vrais maîtres de ce grand art ne paroiffent
avoir approuvé que des enceintes bâillonnées
fimples, auxquelles ils ont ajouté Couvent des
ouvrages extérieurs d’une très - foible défenfe ,
tels que les ouvrages à corne dont la plupart
de nos places font furchargées } des queues d’hi-
ronde /comme à Landau 5 des ouvrages a couronne,
des tenailles, doubles tenailles, 8cc. Il
auroit donc été à fouhaiter que l’ingénieur Cormontagne
eût expliqué ce qu’ il entend par paffer
fuccejfivement d'un fimpde fy f t êm e au plus com p o fe .
Les fyftêmes fimples font médités depuis fi longtemps
qu’il n’y a plus à les méditer J à moins
de tes changer. Alors ils ne font plus fimples.
Il ne fera pas difficile de démontrer que le
fyftême de Belidor eft plus fort que celui de l’ingénieur
Cormontagne 5 mais le premier ne put
point avoir l’avantage de confondre fon adver-
faire , qui ne communiqua fon mémoire qu’ au
comte de Belle-Iûe fe u l. Belidor ayant été exclu
de cette communication , fous prétexte que fes
fo n c tio n s ne \ïappelloient nullement a de tels procès|
avec les ingénieurs , de manière que toute dileuf-;
fion eft toujours interdite vis-à-vis des ingénieurs,
dès qu’ il s’agit de leur grand arti. Un officier général
commandant dans une divifton, qui auroit
des'moyens de défenfe à employer qu’il croiroit
les meilleurs, ne pourroit les difeuter & encore
bien moins les faire adopter,, n étant pas capablè
d'approfondir par lui-même, félon les ingénieurs j
par la- rai fon que fes emploi? me, U y én*age#p nullement
^ par ce .moyen, on. eft affilié de n’avoir
aucun contradicteur, & le grand art refte dans
fon enfance & fon imperfection.
Mais, dit l’ingénieur Cormontagne, il faut
être un très - bon ingénieur pour fairë un nouveau
fyftême, meilleur que ceux qui font en ufage dans
Us fortifications en France , notamment a Metç , ou
l ’on a travaillé fous de bons chefs de guerre. Ainfi ,
quoique les fyftêmes en ufage dans toutes les
places foient le nec plus ultra de l'a r t, les fortifications
de Metz les furpaffent encore, parce
c^x elles ont été travaillées fous de bons chefs de
guerre ; mais c’ eft le fyftême de l’ingénieur Cor-
montagne qui a été exécuté, à quoi les bons-
chefs de guerre n’ont eu nulle part- : de telles manières
de s’ exprimer ne renferment aucune v érité
, car il eft de notoriété publique, 8c reconnu
même par le corps du génie , que la plupart de
nos places font des plus mauvaifes î 8c comme
on n’a rien fait à Metz que fur les mêmes prin^
i -cipes, il feroit facile de démontrer que cette
! méthode n’eft pas meilleure.
Le maréchal d’Asfeld avoit trës-judicieufementf
ordonné que chaque ingénieur-produiroit, tous
les ans , un fyftême compofé à fa volonté \ 8c
l ’ingénieur Cormontagne avoue que de pareilles-
recherches ne font point inutiles. Cependant i l penfe-
que ce ne fi pas dans la nouveauté du- fyftême que'
l'on doit appliquer fes recherches parce que c eft:
un écart qui jette dans de mauvaifes productions
A in fi, fuivant lu i, il eft utile de eompofer de -
nouveaux fyftêmes, quoique les nouveautés foient
un écart qui jette dans de mauvaifes productions
: rien n’eft: plus contradictoire que ces ex-
preffions. Le vrai chemin a tenir, dit-il, le voici:-
c eft de faire une application intelligente des pièce&
de fortification qui font d’ufage , dont le mérite efifi
reconnu par Vexpérience des guerres pajfées ;. mais on:
eft fur que ce chemin ne peut qu’ égarer, puifque
l'expérience des guerres a appris que tous ces ou-;
vrages ne valaient rien. Et s 'il y a de la nouveauté
à chercher, ajoute-t-il , cefi à bonifier les difpofi--
tions , le relief & la direction des feux de ces mêmes
pièces. Le relief dépend des profils, & né change'
rien à un syftême j la meilleure direction desfeux
n’ eft pas difficile à trouver , puifqu’il eflr
reconnu que .c’ eft la direction perpendiculaire ;
mais comme il eft impoffible dans Ja plupart des
lignes qui forment les enceintes baftionnées, il
fout ..abandonner la méthode ou renoncer à la
meilleure direction des feux ; & l’ingénieur Cor--
monragné à Metz , ainfi que fes pïédéceflfeurs ,
depuis le maréchal de Vauban , fe font décidés
pour le dernier parti, en fixant généralement la
longueur de là perpendiculaire à la fixième partie
. du côté du po igonne , déterminé lui-même à
;iS,o,toifes de longueur : alors l’angle de la tenaille
du fyftême Cormontagne , ou celui du prolongement
.des Faces du baftion , eft de 145 degrés,
au lieu qu’ il devroit être de 90 , pour obtenir