
Des rempaTts enfilés de tous les fens, n*y font
.point .propres , l'expérience le prouve.
Le tracé des remparts n’eft donc point convenable
à raitillerie, il ne fournit aucune ref-
fonrce pour la défenfe des places.
Les fyftêmes de fortification en ufage font
défectueux ; on en a vu les preuves évidentes}
d'où fuit la néceflité de chercher d’autces méthodes.
*
Mais la manière dont l’artillerie eft placée fur
ces mêmes remparts , li défectueux , ajoute encore
à tous ces désavantages ; puifqu'elle s'y trouve
.expofée à tous les coups de celle de l’ennemi,
& ceux en fa e ne font pas les plus dangereux.
L e ricochet prend les affûts en rouage & de
;reyers ; un feul boulet peut mettre plufieurs pièces
/hors de fervice ; peu de jours fuffifent pour
éteindre le feu de tout le front d'attaque d'une
place affiégée ; chaque fiége en fournit une nou-
'Velle preuve, & l’on ne voit pas que les gens
de l’ açt le foieot occupés des moyens de diminuer
d’auffi grands ineonvéniens, au moins fem-
bie t-il qu’ils n’aient encore confidëré que ce
qu’on appelle les coups cCembrâfure. Cependant
.ces coups ne peuvent partir que des batteries
ien face , ils ne peuvent toucher qu’une feule
p i è c e i l s ne la peuvent toucher enfin que par
•une feule ouverture » la fupprimer pour tirer par
deffus le parapet, en élevant confidérablement
les affûts & les pièces , c’eft le parti auquel il
paroît qu’on s’eft enfin fixé ; mais il ne fera pas
difficile de prouver que dans cette idée , qui
-n’eft pas neuve , le remède eft pire que le mal ,
puifque les pièces ainfi placées font également
expofées aux coups de batterie en face , à ceux
des batteries obliques & à plein foue t, & bien
plus encore à ceux des batteries à ricochet. Il
faut donc auffi abandonner cette idée des affûts
élevés & portés fur trois roues qu’on a adoptée
depuis peu , pour tirer fans embrâfure par-deffus
les parapets. Pour le prouver, le général Mon-
talembert démontre , par les figures de plufieurs
planches dans fon cinquième volume , combi-n
les hommes & les affûts font expofés par cette
manière de tirer par-deffus les parapets. Le général
ne s’en tient pas là , il donne les moyens,
comme nous venons de le dire, d’avoir des
affûts plus parfaits & de fe fervir d’une manière
bien plus avantageufe de l’artillerie , dans des
cafemates , au moyen des embrasures conftru'tes
d’une maniéré dont il démontre mathématique- 1
ment la perfection.
Affûts.
Les affûts en ufage de tous les tems, ont été
connus fous les deux dénominations d’affûts de ;
terre & d’ affûts marins. Les premiers ont été
divifés en affûts de fiége , affûts de place , affût*
de campagne , tous également à deux roues &
à flafques fort longs , pofant à terre lorfqu’ ils font
en batterie. Les féconds, appel'és affûts marins,
font portés fur quatre roues ; ceux-ci ont été
employés principalement à armer les vaiffeaux
qui ne font que des cafemates en bois , a
armer le peu de cafemates faites autrefois dan*
le flanc de quelques places , cemme les tour*
baftionnées de Landau , de Betfort & du Neuf-
brifack , & enfin ces mêmes affûts ont été defti-
nés à défendre nos côtes & nos rades. Depuis
environ vingt-ans feulement on a fait des affûts
appellés de cô te s , machines confidérables &
fort élevées, ne pouvant tirer que par - deffus
des parapets , tenant les pièces à la hauteur de
plus de fîx pieds. L’ ufage de ces fortes d’affûts
étoit impoftible dans les cafemates, tant par la
hauteur où ils élevent les canons, que par le
très-grand efpace qu’ils y auroient occupe , de
manière que l’on étoit toujours réduit aux feuls
affûts marins à quatre roues qui n’ont ni vîteffe,
ni précifîon dans leur exécution.
Mais des cafemates ne font utiles que dans la
proportion de la quantité de feux qu’ elles peuvent
donner fur les différens points d’attaques de
l’affiégeant. Or , cette quantité dépend néceflai-
rement outre le nombre des pièces, delà promptitude
& de la jufteffe du t ir } & les affûts à
flafques traînans , ni les affûts marins, encore
moi.is les affûts de côte , ne pouvant fatisfaire
à aucune de ces conditions, le général Monta-
lembert imagna & compofa de nouveaux affûts,
connus fous le nom d ’affûts à aiguille. Les principales
propriétés de ces affûts font d’être propres
à armer les batteries à bafe genouillère & celles
fans embrâfures où l’ on emploie les affûts de
c ô te , tandis que ces derniers ne peuvent remplacer
les affûts à aiguille dans k s embrâfures
à bafis genouillères. Voyez dans le troifième
chapitre du cinquième volume , une table qui
donne toutes les proportions de l’affût à aiguille,
& deux grandes planches contenant 50 figures,
deftinéesà en faire connnoître la conftruCtion (1).
( ï) Le chapitre quatrième du cinquième volume
a pour objet les affûts à aiguille propres aux pièce*
de bataille.
Les affûts deftinés aux pièces de bataille, fuivant
la méthode du général, font confirmes de la même
manière que les affûts pour les plus gros calibres ;
c’eft également fur un châffis à aiguille que doit
porter le recul du canon fur fon affût, & ce châflîs
fait le corps du chariot à quatre roues qui doit tranf-
porter, où le befoin l’exige, l’affût avec fon canon.
De cette façon , U pièce peut tirer fans ceffer d’être
Àinfï placés dans les embrâfures , auffi perfectionnées
( que le propofe le général, & dont
nous verrons ci-après les principes du tra c é ) , &
portée fur fes quatre roues ; avantage confidérable
que n’ont pas les affûts des pièces de bataille en
ufage. On fait que ces fortes de pièces font
montées, de même que les pièces de liège, fur
des affût»» compofés de deux grandes roues &- de
deux flafques traînans à terre plus ou moins longs,
fuivant le calibre des pièces auxquelles ils font deftinés.
On fait de même que pour les conduire d’un
| lieu dans un autre, on ajufte au bout des flafques
I un avant train compofé d’un effieu & de deux petites
I roues.
Cette obligation de faire porter l’extrémité des
flafques à terre, pour pouvoir faire quelque ufage
du canon, eft un défaut qui n’eft pas appercu.
Ôn regarde cette pofition des affûts comme impof-
fibie à éviter; il eft indifpenfable, en effet, dans
cette conftruCtion que les flafques posent à terre,
puifqu’Üs peuvent feuls s’oppo'er par leur réfiftance
à l’effet du recul ; mais ce n’eft: qu aux dépens
de l’enfemble de l’affût qui a ce grand effort à
vaincre. C ’eft encore aux dépens de la jufteffe
du tir par le grand écart des pièces dans leur recul;
ne pouvant les replacer exactement au même point,
chaque coup a l’incertitude du premier coup. C ’eft
en quoi les châffis propofés, fixés inébranlablement
à la même place par une cheville ouvrière, ont
une avantage inapréciable ; fur ceux à flafque traînans.
Entreprendre de rendre ces derniers affûts
immobiles, ce feroit vouloir les brifer, puifqu’une
réfiftance totale au recul ne pourroit manquer d’être
deftruCtive pour l’affût. Ceux à châffis, au contraire,
peuvent être impunément fixés, parce que
l’affût refte libre, & peut fur fon châffis céder au
tecul autant qu’il eft néceffaire. Ces deux méthodes 1
différant donc dans un point de cette importance,
donnent néceffairement une fupériorité confidérable
à celle des affûts à châffis fur l’autre, & l’on peut
voir dans la manière dont font montés fur leurs
quatre roues, les affûts de bataille en queftion ,
tout le parti qu’on peut tirer de cette propriété particulière
à ces fortes d’affûts.
Après cet expofé , le général détaille les difficultés
, que le fervice du canon de bataille en
ufage a a furmonter par cette feule néceffité de
manoeuvrer les flafques portant à terre, & il fait
tous les avantages que la pofition de fon canon
fur quatre roues leur procure, dont les principaux
font, r°. de n’avoir plus abfolument aucun recul,
leurs quatre roues reftant toujours immobiles dans
k même place, quelqu’exécution qu’on donne aux
pièces ; tandis que cell.es montées fur les affûts à
flafques : irecijleut à chaque coup de quinze à feize
PlÇa§> z°. de pouvoir, leurs grandes roues ét,ant
biifées,, tirer du même point avec la plus grande
furies affûts à aiguille, les canons de $6, à
neuf pieds les uns des autres} preuvent tirer à
foixante degrés d’ouverture horifontaie , fans
jufteffe 8c promptitude, leur affût fixé à terre par
fa cheville ouvrière, tandis que les roues de l’affût
à flafques étant également brifées la puce ne peut
plus être d’aucun ufage.
Après ces différentes obfervations , le général
paffe à l’explication de fes affûts qu’il donne en
détail fur plufieurs planches , d’une manière fort
intelligible ; mais ce n’eft que dans l’ouvrage même,
avec le fecours des mêmes planches que l’on peut
prendre quelques idées de ces differentes conf-
truCtions.
Plus récemment , dans les premiers mois de
l’an 6y le général adonné un mémoire pour indiquer
les changemens avantageux, que des épreuves ont
fait connoître néceflaires, aux affûts de canon pour
les pièces de bataille, afin d’en fimplifier 8c accé*
lérer les manoeuvres. Ce mémoire iutéreflant eft
terminé par un exercice relatif au fervice deç pièces
de bataille , montées fur les affûts propofés par
le général.
Le chapitre cinquième du cinquième volume
traite des affûts à aiguille propres à monter l’artillerie
des vaiffeaux.
Les affûts marins montés fur quatre roues en
ufage pour les vaiffeaux ont de grands inconvé-
j niens généralement reconnus. Ce n’eft qu’en multipliant
les forces que l’on peut les monoeuvrer,
& ce n’eft qu’en multipliant les cordes d’amurres
que l’on peut les fixer dans les entre-ponts & les
empêcher de céder' aux divers mouvemens des
vaiffeaux. Le général propofe de fuppléer à ces
affûts fi défectueux , par fon affût à aiguille , dont
il fe rend maître de tous les mouvemans , par des
moyens fimples 8c qui font d’autant plus avantageux
qu’ils n’empêchent point le fervice du canon, on
peut les tirer dans quelle direction l’on veut 8c auffi
long-tems que l’on veut, fans que ces affûts puif-
fent céder à aucun mouvement,. autre que celui que
le canon lui imprime par l’effet de la poudre. Le
général vient auffi de publier un mémoire pour
perfectionner cet affût 8c en démontrer tous les
avantages.
Le chapitre fixième du cinquième volume traite
des affûts à aiguille propres aux mortiers à grande
portée.
Ces fortes de mortiers péfent de neuf à dix
milliers, ils fe chargent de z o , zy & 30 livres
de poudre & portent leurs bouches à 1800 & zood
toifes. ^Dans. 1 ufage ordinaire , Us ,.font montés fur
une efpéce d’affût nommé crapau , fans aucunes
roues', &.,1e plus fbuvent coules en fonte de fer
] d’une feule pièce. Çet enfe;mble forme uue pefaa