
moins puiffans en proportion de l'importance du
port ou du point à défendre.
6°. Les. embrâfures des batteries fur les côtes
doivent ^être ouvertes de façon que l'axe de
lame de chaque pièce puifle faire horifontale-
ment, avec la ligne perpendiculaire à la batterie,
un angle de vingt à vingt-cinq degrés.
7®. La cote étant droite ainfi que les bas-fonds
couverts par la mer, 8c ces bas-fonds étant fup-
pofés fixer le chenal à trois cents toifes de la
côte , dans ce cas , toutes les fois , que la proue
du vaifleau fe trouvera dans le chenal à moins
de 140 toifes de l'axe de la première embrâfuve ,
H fera vu de la première pièce étant alors a
331 toifes de la batterie , qui eft la longueur de
la féeanartt de cet Snfgle , pour un rayon de 300
toifes s alors il eit à la plus grande diftance où
j i batterie doive tirer.
8°. En conféquence de ce qui précédé , lorfque
la ligne du paffage du vaifleau eft trois cents toifes
en avant d’une batterie faite en ligne droite ;
depuis le moment où fa proue eft à cent quarante
toifes de Taxe de la première embrâfure jufqu’à
ce qu’elle foit également à cent quarante toifes
par de-là l’axe de la dernière embrasure plus la
longueur du vaifleau, il fera touché dans quelque
point qu’il foit de cet efpace. Si la batterie eft
de 2.4 pièces à neuf pieds de diftance, & que
le vaifleau ait trente toifes de longueur, il aura
trois cents quarante-fix toiles à parcourir pour-
être hors de fon feu. Aucune manoeuvre ne pourra
L’en garantir que’celle de fe tenir en dehors de
cet efpace.
5>°. La largeur des merlons entre les embrâfures
ne laiffe aucun efpace qui ne foit vu des embrâfures
aux diftances dont il s’agit. Les lignes
de feu des embrâfures , diftantes de trois toifes
& d’une ouverture de vingt degrés, fe croifent
à huit toifes trois pieds pour l’épaifleur du pa-
rapel en terre & la diftance du centre du mouvement
du canon à la genouillère, il refte cinq
toifes pour la diftance de ce croifement de feux
à la face extérieure du parapel.
Lorfque lés fommets des angles de chaque em-
brâfure font diftans de neuf pieds, & que les
ouvertures des angles de ces embrâfures font
de' fcihquinte degrés , fuivant les nouvelles méthodes
, les lignes'de feu fe croifent à neuf pieds
Tfifpouces du fommet de leur angle', d’où ôtant
fix pieds dix pouces pour l’épaifleur du mur & 4a diftanee-du centre du mouvement du canon ,
il refte deux pieds huit pouces pour la diftance
-de l’intérieur du mur au point d’interfeCHon des
lignes de feu de ces embiâfures.
10. Si le vaifleau fe tient hors du feu d’une
batterie dont le chenal feroit à trois cents toifes,
il en fera éloigné au moins de trois cents trente-
une toifes ; l’on ne fait pas brèche à cette dif-
rance, 8c s’il y avoit des mortiers dans cette
batterie , les avantages qu’il pourroit retirer de
cette cânonade ne le dédommageroient pas des
rilquïs qu’il y auroit à courir.
.11". Mais fi le chenal ou la ligne de paflage
du vaifleau fe trouvoit à cent cinquante toifes
de la batterie, elle auroit befoin de regagner,
par la conftrudtion , ce que fa pofition auroit de
défavantageux. Le vaifleau pourroit fe tenir hors
des feux de la batterie , n elle n’étoit formée
que d’une ligne droite , & la battre fans avoir
un feul coup de canon à efluyer; fût-elle même
arrondie à fon extrémité , ne pouvant alors op-
pofer que trois ou quatre pièces de canon à
plufieurs vaifleaux embofles , ils pourroient éga-
iemert s’avancer en face de !a batterie avec aulû
peu de rifques , fi elle n’ étoit pas cafematée , en
balayant par la moufqueterie plongeante de leu1 s
hunes toute la batterie , qui feroit en peu de tems
hors d’état de tirer un feul coup.
12°. Toute batterie qui peut être approchée
des gros vaifleaux à la diftance de cent cinquante
toifes & à moins , doit être bâtie entièrement
de maçonnerie 8ç cafematée.
13°. En général, les batteries de mer doivent
avoir leurs extrémités circulaires , afin qu’il n’y
ait point de lieu où les vaifleaux puiflent être
placés fans être fous le feu des pièces ’de la
batterie, à moins qu’ il foit impoflible de prendre
aucun revers fur elle.
14°. Il faut auflî que ces batteries foient à
plufieurs étages , comme celles des vaifleaux, 8c
que les pièces y foient èfpacées à la même diftance
, qu’ il y ait des feux de moufqueterie
couverts dans celles qui peuvent être approchées
à la portée du fufil.
1 5 Il faut enfin que chaque batterie ait une
défenfe qui lui foit propre, qu’elle ne puilfe être
prife par la gorge , que ce foit un fort ayant fes
défenies à oppofer de quelque côté qu’on l’attaque
, 8c que fes batteries en impofent à la terre
comme à la mer.
Si après ces détails on fe rappelle les tours
rondes & angulaires de l’auteur , on fentira facilement
combien elles doivent lui procurer de
facilités pour la formation de ces battéries ; auffi
propofe-t-il deux tours à bafes angulaires dont
les centres diftans de foixante toifes, font unis
•par une communication cafematée , ; battant avec
les: tours la mer d’un côté & la campagne de
l’autre; mais de ce dernier côté le tout eft lié
par un parapet >angulaire couvert d’un mur féparant
le foffé fec & le fofle plein d'eau , l'un 8e
l'autre très - bien défendus par les deux tours ,
qui fe trouvent couvertes auflî par un parapet
circulaire, un fofle en avant, défendu parles
créneaux du haut des tours & des terres en
glacis qui couvrent le tout. Ici il n’y a point de
batterie baffe environnante.
Il eft facile de concevoir combien d’obftacles
cette batterie, ainfi réduite, peut oppofer à l’ennemi
du côté de la terre & de la mer. A chaque
décharge un vaiffeau peut recevoir cent vingt
boulets dans tout l'efpace qu’il aura à parcourir
en ligne droite, en comprenant le feu des toprs,
on peut y joindre des feux de mortiers. Du côté
de la terre il n'y a point de tranchées 8c encore
moins de fappes qui puiflent avancer fous un
pareil feu de canon 8c de moufqueterie, les
galeries de fufiliers du haut des tours plongent
fes fappes & obligeroient à des blindages , que
la multitude des boulets renverferoit à chaque
inftant.
Ôn pourroit placer trois cenrs cinquante pièces
de canon dans une pareille batterie ; cependant
la conftru&ion d’une femblable batterie ne feroit, !
fuivant fon toifé, que de deux mille cinq cents i
toifes, de maçonnerie.
Moyens a Vappui du perfectionnement de lu fortification.
Après avoir donné lea moyens les plus infaillibles
pour mettre en sûreté les ports , les rades,
les vaifleaux & les magafins ; le général Monta-
lemberc fait des réflexions très-fenfées fur l’importance
d’employer ces moyens à fortifier nos
colonies.
Mais dès que les opinions, les ufages , les
méthodes ont acquis le fceau du tems , nous les
apprécions, non par ce qu’ elles valent,mais par Je
degré de confiance que leur antiquité nous inf-
pire ; & de la confiance naît l’aveuglement :
pourquoi raifonner , dit-on , fur ce qu’un long
ufage a tranfmis jufqu’à nous ; pourrions-nous
acquérir une fi grande certitude de la bonté de
ce qu’on auroit à nous propofer ? '
L’art de fortifier les places eft fournis plus
qu’aucun autre au funefte effet de cctte manière
inconféquente de conclure ; on n’a , à la
main , ni des démonftrations rigoureufes , ni des
expériences à préfenter. En vain auroit-on recours
a des fimulacres , u.n fiége feint ne peut offrir
des effets véritables, 8c l’on s’en tient à ce qu’on
a vu, faute de pouvoir fe repréfenter ce qu’on
ne voit pas. U habitude ôte V étrangeté de tout ,
dit Montagne. Tous les inconvéniens des remparts
baftionnés fe fuppo,r.tent parce qu’on les
croit indifpenfables, 8c l’on ne fait toujours des
baftions que parce qu’on croit né pouvoir faite
mieux. Leurs plus grands défauts n’ ont été connus ^
que bien long-tems après que la,méthode a ete
adoptée. On n’a donc confidéré ces défauts que
comme une fuite dé l’attaque pérfé&iônriee J a
laquelle la fléfenfe n*avoit point, de réplique.
Malheureufement , c’eft fur cette opinion qu on
s’eft arrête, elle eft tranfmife du père au fils j
8c par cette fucceflion elle, a acquis une tell?
prépondérance qu’on fe croit fondé à condamner
fans examen tout fyftëme qui n’ eft pas conforme
aux méthodes reçues; l’amour-prppte j.ou$ auffi fon
rôle dans cette condamnation précipitée ; acquieC-
cer à des idées nouvelles, ce feroit convenir qu’on
s’eft trompé , & dans l’eftime qu’on a, faite jul-
qu’alors d’une mauvaife méthode, 8c dans l’incertitude
où l’on a vécu que la défenfe ne pouvoit
| plus être perfectionnée.
Cette défenfe eft cependant reftée beaucoup
en arrière, tour le monde le fent ; on pourroit
même dire qu’elle a perdu plutôt que d’avoir
acquis , par le fait même de ceux qui fe fonjc
le plus occupés des moyens de l’augmenter.
Le fyftême du comte de Fagan étoit l’aurore
du plus beau jour où pouvoit paroîtrela méthode
des baftions. Én fuivant fes principes , on eûç
atteint facilement à un degré de force trèî-fupé^
rieur à celui des fyftêmes adoptés.
En effet, le comte de Pagân eft le p.rentier
qui air fortifié fur le côté du poligone extérieur.
Ce côté lui fer vit de bafe , & il. éleva en dedans
fa perpendiculaire ; méthode plus fimple que celle
des auteurs qui l’avoient précédé. U établit le
côté extérieur de fa grande fortification de deux
cents toifes; il donna à fa perpendiculaire trente
; toifes , il détermina les faces de fes baftions à
foixante toifes, & tira fes flancs perpendiculaires
aux lignes de défenfe. ; mais il étabjiffoit une fécondé
défenfe dans l’ inté.riéur de fes baftions ,
qui pouvoit être d’une grande reflburçe furtout
en la, perfectionnant, comme elle en éxoit fuf-
ceptible ; il conftruifoit pour cet effet dans chaque
baftion , un baftion intérieur dont il éleyoft: la
cè te du parapet à trente-fix pieds au-de(flus du
niveau de l’eau, lorfque la ligne du teneih étoit
à (îx pieds au-defliis de ce même niveau ; entre
le flanc haut & le flanc bas , il conftçuifoit un
flanc intéfmêdîaire , de manière qu’il avoit trois
batteries à chacun de fes flancs capables de contenir
quinze pièces de canon.
Le général Montalembert donne une manière
de fuppléer entièrement à ce qui pourroit man4
quer au fyftême du comte de Pagan.
Il prolonge fes faces pour couvrir d’autant
mieux fes .flancs 8c donner lieu à une qu,a.ttièinç
* 1mm *