
table j il s’en préfente une Seconde non moins
importante. Une organifation militaire qui don-
neroit a la nation le moyen de fe lever en malle
ou par grandes fe&ions avec ordre 8c célérité ,.
& qui lui confetveroit la faculté de couvrir le
pays ennemi d ’ une. multitude d'hommes libres,
vigoureux , exercés, armés de toutes pièces &
traînant après eux tous les moyéns de vaincre ,
rayeroit a un feul trait une grande partie de
nos dépenfes > tandis qu’une organifation militaire,
calquée ou fur nos anciennes inftitutions,
ou. fur celles du relie de l’Europe les accroï-
troit beaucoup.
Les idées propofées fur le fujet qui nous oc*
cupe , par le directoire , le miniltre de la guerne,
l’ancien état militaire français > la cemmiffion
des dépenfes 8c. quelques rapporteurs de com-
miffions particulières fur les recettes & les dépenfes
de la république , nous ferviront d’objets
de comparai on , Sc peut-être, de moyen pour ;
arriver à des réfultats plus heureux.
Pour pourvoir à la fureté de la république ,
le 'directoire fe borna dans le tems à propofer
cent foixante-dix mille hommes.
Infanterie..................................... 100,000 h.
Troupes à cheval............. . . . . 40,000
Artillerie & génie.............. .. . . 16,000
Gendarmerie........................... 6.000 V
V é t é r a n s . ........ .. j,eoo
Gardes du corps légiflatif & du
direétoir-e----. . . . . . . . . . . . . 2 , 0 0 0 f
Mîniftëreétats-majors, comman-
dans des places, commiffaires des
guerres.......... ..................................■ 1,000
Total................ 170,060 h.
Mais cent foixante-dix mille hommes, dont
cent cinquante-lix mille feulement font deftinés
à Faire la guerre , fuffiroient-ils ? & la répartition
propofée par le directoire , eft-elle
bonne ?
Il eft facile de fe convaincre combien la. fo-
lUtion de ces queftions eft compliquée , elles
tiennent à un grand nombre d’autres queftions
majeures 5 les principales font r
i° . Quelle doit-être J a force de l’armée fran-
0 iïe pendant la guerre ? .
2°. De quels élémens fera-t-elle compofée ?.
30. Quels moyen emploiera-t-on pour faire
paffer du pied de paix au pied de guerre l .
Sur ces importantes queftions, bornons-nous
à des apparences.
Le premier, c’eft que l’armée françoife doit-
etre couftituee de manière à être (très-prompte-
menc mi fer fur un pied infiniment refpeCtable ,
quelles que puiffent être les circonftances , 8c
quel que foit le noipbre des ennemis.
Le fécond , c’eft qu’elle do.’t-être compofée
dans tous les tems, d’hommes habitués aux exer^
cices & aux mouvemens militaires.
Le troifième c’eft qu’elle doit pouvoir être
augmentée par degrés infenfibles , fans effort,
fans fecoufîe , & par des moyens préparés
d’avance.
Si dortc, comme tout nous porte à Je croire ,
il eft facile d’obtenir ces réfultats , en adoptant
le plan que nous avons propofé fur la formation
des troupes adtives , en ayant avec abondance1
dans nos^ magafins Sc dans nos arfenaux des
approvifionnemens militaires de tous genres, 8c
fürtouc en formant les cadres dans lé nombre
& de la manière dont nous les a vons propofés $
certainement il ne faudrait pas thème avoir continuellement
fur pied une aufli grand nombre de
troupes. ■
Cependant, des lois poftérieures ont encore'
augmenté le nombre propofé partie directoire,
de dix - fept mille deux cens quarante - cinq,
hommes j il eft vrai que cette augmentratioiT ne
porte que fur la gendarmerie 8c lès vétérans.
Mais il n’ éft pas fuffifant dé propofer des
hommes à entretenir , il fi ut pouvoir ' réefe-
mént fubvenir à- leurs dépenfes 8c à -leurs be-
Torns. Pour remplir cét objet, le dire&oire
dsmandoit cent millions. La commiffion des
dépenfes croÿoit pouvoir n’en: attribuer que
: quatre-vingt-quinze ., 8c il étoit prouvé qu’il
en auroit fallu cent vingt-deux, à caufe de
l’augmentation des dix - fept mille deux Cens
quarante-cinq hommes j 8c quelques erreurs de
Calcul de la part du directoire. Comment accorder
cette énorme différence de plus de vingt-fix
millions^ dans l’état aéluel des finances, 8c même
dans un état plus profp.ère ? cela doit paroître
impqÏÏible^à moins de fe foumettre à de grandes
modifications 5 e’étoit le parti qu’avoit projette
de propofer le rapporteur d’une commiflîon relative
a cet objet, ( au confeil des anciens. )
d’abord en féparant des dépenfes relatives à la
guerre 5 les vétérans nationaux, la gendarmerie,
la garde du directoire & du corps.iégif-
latif , ce qui eft un objet de ( vingt- millions j.
enfuite * quant à la partie militaire aélive, il fe
F O R
bornoit à quatre-vingt-dix mille hommes , 8c
demandoit j
Pour l’infioterie .'.. . . . i . . 3 y millions.
l a c a v a l e r i e . . . . . . . . . . . . . 30
l’arti'lerie 8c le génie . . . 18
état-major........................ ..
inftruCtion..................... 4
T o t a l . . . . . . . . . 88 millions.
Ce qui-montoit encore la; dépe-nfe à cent huit
millions, fans y comprendre l’hôtel des Invalides
8c les- penfions- ; tandis que le comité des-
dépenfes voudroit les borner à quatre-vingt-
quatorze ou quatre-vingt-quinze millions.
Sous l’ancien régime, la force armée fe montoit
à cent foixante-dix-fept mille ou ceiit foixante-
dix-huit mille hommes:, continuellement fou$
les armes , 8c environ foixante-dix mille hommes
de troupes provinciales, prêtes à être raffem-
blées j ce qui fai foit environ deux cens cinquante
mille hommes , pour lefquels ia dépenfe
ne fe montoit qu’à quatre-vingt-quatorze millions.
Qn a dû voir dans le paragraphe quatrième,
fur la formation des différens corps de la force
publique a Clive , quels etoient les moyens pro-
ppfés pour .avoir fur pied en France, en moins
d?une décade , les fîx armées les plus formidables
_ de l’Europe , puifqu’elles auroient la
poftibilité d ’être continuellement entretenues au
complet 8c même d’être augmentées très-prom-
ptémént. Nous allons maintenant entrer dans les
détail relatifs aux dépenfes que pourroient oc-
cafionnër toute la force aâive,. foit celle continuellement
fur pied , foit celle momentanément
dans des camps d’exercice j 8c après avoir
affure à la France des forces infiniment fupé-
rieurés , 'non-feulement à celles que l’on pro-
, pofe ou que; l ’on avoit fur pied avant & même
pendant la révolution ; mais encore à celle que
l ’Europe coalifée pourroit faire marcher pour
l ’attaquer : nous efpérons prouver que par les
moyens propofés, ce genre de fervicè, non-
feulement feroit très-peu onéreux à la clafle des
citoyens qui.en feroit chargée, mais encore moins
difpendieux . en tems de paix, que le peh dé
troupes que l’on a propofé jufqu’à prefent de
conferyer après, la guerre.