
quième nuit ou la trentième , ce dernier étant
le plus probable , on ne pourroit point établir
fur leurs flancs des batteries plongeantes dans
les places d’armes, parce que ces lunettes ainfi
c,ue leur flanc font deftinés à être détruits
par l’effet des ruines > c'eft un avantage commun
a tous les fyftêmes , & l’ingénieur Cormontagne
le l’ cft procuré pour lui-même 3 ainfi il a d’ autant
plus de tort de traiter ces fortes de pièces
auflî légèrement ; avec un peu plus d’ équité dans
fon projet d’attaque, il eût reconnu qu’elles
font d'un excellent ufage & faites pour retarder
beaucoup les progrès des alfiégeans.
Septième nuit.
L’attaque des places d’armes faillantes ne peut
donc avoir lieu d’après ce quon vient de lir e ,
qu’à une époque fort éloignée de celle fixée par
l’iiigénieur Cormontagne.
Observation fur les logement, fur les angles fail-
lans du chemin couvert*
Les logemens fur les angles faillans du chemin
couvert fe font toujours par le moyen d une
fappe , qui débouche d’une quatrième parallèle ,
formée dans le glacis même 3 & que les places
d’armes foient^plus ou moins rentrantes , le logement
s’établit dè la même manière ; l’on y parvient
plus ou moins promptement, fuivant la
force ou la vigueur de la garnifon. Le feu du
eu de troupes quipourroient refter vingt-quatre
eures de plus dans les places d’armes rentrantes ,
n’ eft point capable de retarder les fappes fur la
crête du glacis. C ’eft celui des ouvrages qui défendent
ce glacis. Le feu que fourniffent des
remparts qui fe flanquent bien , c’eft-à-dire,
perpendiculairement les uns aux autres, eft le
feul qui puiffe s’oppofer efficacement aux progrès
des fappes fur la crête du chemin couvert.
Celui qui part de ce même chemin couvert a le
mérite d’être plus rafant, & ce mérite n’eft à
confidérer que pour les fapes qui font encore à une
certaine diftance, il devient nul pour celles def-
tinées à couronner fon logement 3 parce que dans
cette grande proximité de l’ennemi, le foldat ne
peut tenir dans le chemin couvert, où il feroit
trop expofé. Or , quand les places d’armes rentrantes
le font beaucoup, leur feu devient plus
éloigné, &- par conféquent, moins efficace 3 tandis
qu’un chemin couvert dont Jes places d’armes
rentrantes ou faillantes , forment à-peu près un
cercle, produit un feu beaucoup plus meurtrier ,
puifqu’il eft plus rapproché, Il n’importe point que
fi s differens angles foient occupés à-la-fois par
l’affiégeant, parce que cette égalité dans leurs
faillies., n’eft jamais occafionnée que par la conf-
tru&ion des réduits & lunettes qui ont donné
lieu à porter ïe chemin couvert en avant d’une
manière à-peu-près égale dans toute fon étendu«}
& de tels ovvrages ont bien un autre mérite que
celui des places d’arjnes rentrantes.
Les attaques faites à Berg-op-Zoom en 1747,
font très-réelles , ainfi que les réfiftances 5 aucune
fuppofition gratuite n’a abrégé les nuits & le
travail. On doit donc regarder comme jugés définitivement
bons, les ouvrages qui oat été capables
d’une bonne réfiftance. Des critiqués de
mauvaife foi peuvent les renverfer à l’inftant,
dans leurs attaques imaginaires ; mais le canon y
ayant employé plufieurs mois , on doit s’en tenir à
la décifion de ce dernier juge.
Les baftions de cohorn & pucelle , attaqués ’à
Berg-op-Zoom, n’offrent point de places d’armes
rentrantes dans le front qu’ils préfentent à l’ennemi
5 les places d’armes rentrantes y font devenues
faillantes au contraire, par le moyen des
lunettes de vingt-cinq & vingt-huit toifes de
gorge , qui y ont été conflruites. Leur capitale
s’avance en avant de l’angle de la contrefcarpe de
trente-cinq toifes, de manière que les angles
flanqués de ces lunettes , fe Trouvent en avant de
la demi-lune de plus de neuf toifes 3 mais il (e
trouve encore dans ces lunettes des réduits en
maçonnerie de quinze toifes de gorge, & de
vingt toifes de capitale, tandis que ceux , fuivant
le fyftême de Metz , n’ont que feize
toifes de capitale , avec là même étendue de
gorge.
Ce front de fortification dont la bonté a été
auffi authentiquement reconnue , contredit donc
abfolument les principes donnés comme des loix
par l’ingéniâur Cormontagne , dans fon mémoire.
On voit dans le Journal du fiège, que quarante
à cinquante pièces de canon n’ont pu
détruire les réduits en maçonnerie des places
d’armes rentrantes , & que ce n’eft que deux
jours avant celui de l’aftaut donné au corps de la
place , qu’on eft parvenu à s’y loger, après en avoir
fait fauter les faces par le moyen des mines.
Le chemin couvert de Cette place n’avoit point
de places d’armes rentrantes , & pas une feule
traverfe 3 cependant les cavaliers de tranchée
n’ont point eu les effets de ceux de l’ingénieur
Cormontagne , fur le fyftême de Bélidor, puisqu'ils
n’ont point opéré la piife du chemin couvert
en deux jours, & qu’on va voir de combien
cette fuppofition s’écarte de la vérité.
La tranchée fut ouverte à Berg-op-Zoom , la
nuit du 14 au 15 juillet 1747. Le 2a au matin ,
les batteries à ricochet, montées de quarante
pièces de canon , tirèrent enfemble. Le 28, on
commença à établir la troifième parallèle au pied
du glacis, où l’on éleva trois cavaliers de tranchée
, & toutes les nuits il falloit travailler à
rétablir & ces cavaliers , & les têtes de fapes
que le feu des ennemis détruifoit, de manière
que ce ne fut que le 8 août qu’on parvint à fe
loger fur le feul angle de la place d’armes fail- j
lante de la demi-lune, après vingt-quatre jours
de tranchée; ouverte , & onze jours après l’éta-
blilfement des cavaliers de tranchée.
Sur quoi il convient d’obferver que cet angle ;
du chemin couvert de la demi-lune étoit ren- < \
trant oar rapport à ceux des lunettes, ce qui
prouve , contre l’opinion de l’ingénieur Cor- j
montagne , i°. que le logement fur les rentrans
peut fe faire enmême-tems& plutôt même que fur s
les fai’lans, fuivant que les travaux des fapes fe j
trouvent plus ou moins avancés, ce qui dépend ;
toujours du fuccès des efforts des affiégts pour
les détruire } 2°. qu’ il ne fuffit pas d’avoir obligé j
l’affiégé à évacuer le chemin couvert par le feu ;
des cavaliers de tranchée, pour pouvoir y éta- \
blir fon logement, parce que le feu des remparts j
eft le véritable obftade.
On voit dans ce même Journal que ce n’eft I
point par le canon qu’on s’eft rendu maître d’une !
des lunettes du front d’attaque 5 on n’y eft par- ;
venu le 15 août, qu’après en avoir détruit une j
des faces, par l’effet d’une mine3 mais l’autre |
lunette & les deux réduits en maçonnerie pratiqués
dans leur intérieur , ont tenu jufiqu’au 13
feptetnbre, trois jours avant la reddition de la
place, & ce n’eft encore que par l’effet d’une
des mines des affiégés, qu’un des réduits a été
couvert.
Si donc l’on veut confidérer ces faits certains, j
on fera en état de juger de la valeur des re- ]
proches de l’ingénieur Cormontagne , faits aux j
réduits du fyftême de Bélidor. L’on reconnoîtra j
que fon projet d’attaque n’eft fondé que fur des 1
fuppofitions gratuites , toutes faites dans la vue
de réduire à l’abfurde un fyftême dont l’en- j
femble donneroit des reffources infinies à l’af- j
fiégé contre l’affiégeant 3 un fyftême enfin capable
de prolonger fa défenfe deux fois plus que
ne l’a pu faire celui de Berg-op-Zoom. La raifon
en tft fenfible , puifque la première brèche faite
à Berg-op-Zoom , l’a été à la face dit baftion ,
& qu’elle a entraîné la perte de la place 3 tandis
que fuivant le fyftême de Bélidor , la première
brèche à faire feroit à la contre-garde , qu’on a
fuppofé devoir être devant le baftion , pour fe
lier aux tenaillons collatéraux ou au coUvre-face
du baftion , fuivant le fyftême tel qu’il a été
donné. Or , le fyftême de Metz étoit bien moins
avantageux encore , que celui de Berg-op-Zoom 3
c’eft donc porter au dernier degré l’abus des
fauffes conclufions, que d’entreprendre de prouver
que le fyftême de Metz eft plus fort qûe: celui
de Bélidor.
Huitième 3 neuvième , dixième & onzième nuit.
Après avoir chaflTé l ’ennemi du chemin couvert
avec la plus grande facilité, par le moyen
des cavaliers de tranchée , l’ingénieur Cormontagne
établit tout de fuite vingt-fix batteries de
canon fur toutes les branches de ce chemin couvert
, abandonné & fans aucun obftacle dont il
fafte mention , ni le canon , ni la moufqüeterie ,
de tous les ouvrages qui battent de face & de
flanc tous les emplacemens qu’il a choifis, ne
retardent ces travaux, & il établit avec certitude
que le fécond jo u r , c’eft-à-dire, le neuvième
au matin, félon'lui, lés vingt-fix batteries
nouvelles tirèront à-la-fois.
Mais ce qu’il y a ici de merveilleux, c’ eft qu’il
bat en brêcne, non-feulement les ouv:ages extérieurs
entre la place Ôc le chemin couvert, mais
ceux qui font derrière ceux-ci, quoiqu’il foit
impoffihle qu’ il les voie 3 fes vingt-fix batteries
font percees dans fon plan d’attaque, de cent
vingt embrâfures, avec les lignes de feu de cent
vingt pièces qui renverfent to u t , paffent par-
1 deffus tou t, & dans trois jours il ne fe trouve
1 pas une feule pièce de fortification dans l’étendue
du front qu’ il embralfe y qui ne foit ouverte
de manière à pouvoir être emportées toutes à-la-
fois. On peut donc dire que les attaques dirigées
par l’ingénieur Cormontagne, font de vrais prodiges.
Quelle différence de cette marche à celle
de fes confrères à Berg-op-Zoom 3 ils avojent
conftruit leurs cavaliers de tranchée en avant de
la troifième parallèle le 28 juillet > & ils employèrent
quarante-trois jours pour établir feulement
dans le chemin couvert , cinq batteries
qui n’ ont dû commencer à battre en brèche les
caftions du corps de la place, que le 9 feptembre.
Cependant l’ ingénieur Cormontagne allure , & il
le répète dans plufieurs endroits de fon mémoire,-
qu'il a voulu cheminer avec lenteur, tant il eft impartial
dans cette difcuflîon.
Il feroit inutile d’afer plus loin , il fuffira de
dire que l ’ingénieur Cormontagne continuant à
ne douter de r ien , dès la dix-feptième nuit ,
donne l ’aflaut au baftion ainfi qu’a la tenaille y
& coupe, félon lu i, tonte retraite aux troupes
qui les défendent 5 ainfi d’un feul trait de
plume , il avance fes tranchées fur le papier d’ un
ouvrage à Taurre , avec une rapidité merveil-
leufe 3 de manière qu’on ne fait quel eft le plus
étonnant de l’excès de la confiance , ou de la crédulité de ceux à qui il a pu perfuader qu’ il
1 avait raifon. Drfons quelques mots des deux
fyftêmes.
Parallèle du fyflême de Bélidor avec celui de Cormontagne
, exécuté a Metz.
Le fyftême de l’ i&gériieur Cormontagne eft ,