tonin, un Jeune homme de quatorze ans com-
mand'oit une turm'e dès fa première campagne,
8c vers le tems de Gordien le jeune, on tnrô-
loir des enfans q u i, fans faire aucun fervice re-
ceVoient la ration militaire.
Tailla & condition.
La plus grande taille du foldat romain étoit
de cinq pieds cinq pouces fix lignes ( mefure
de nos jours ) 5 la taille moyenne, cinq pieds
dix lignes.
Outre le bien 8c la taille, la loi exigea, fous
la république, que le foldat fû t citoyen romain,
8c elle excluoit de la milice les artifans, les
marchands, les affranchis 8c les efclaves* cependant
la nécelfité les fit quelquefois admettre.
Pendant la guerre fociaîe 8c les guerres c i- '
v ile s , on enrôla les citoyens pauvres 8c les
efclaves.
Convaincu que fétendue 8c l'éloignement des
frontières , 8c plus encore la fureté du prince,
rendoient néceffaire l’ infiitution d’une milice
perpétuelle, Augufte établit un corps de légion
toujours fubfiftant, 8c on ne leva plus que des
recrues. Dès lors les provinces furent chargées
de les fournir , 8c obtinrent la liberté de racheter
cette contribution ; alors celles qui préférèrent
de fournir des foldats, ne donnèrent que
des hommes de la lie du peuple... 11 y^eut des
officiers prépofés pour les examiner 5 l'or 8ç les
préfens les corrompirent ; ils mirent un p ix à
leur indulgence, 8c l’avidité, l’amour du luxe,
l ’efprit de la débauche que la jouiffance accroît
8c irrite , introduifirent des vexations de tous
genres. Ces examinateurs vendirent bientôt ies
exemptions à ceux qui étoient en état de fervir5
ils choifirent des vieillards, afin qu'ils fe racheta
ie n t , 8c des enfans , pour, en abufer. Enfin ,
avec l’argent qu’ ilà recevoient, ils enrôlèrent
ceux qui demandoient le plus bas prix, afin de
s'approprier un excédent plus confidérab'e...........
Ces abus firent naître une multitude de Ioix ,
de referipts , d’ordonnances 8c de réglémens ,
Tut le choix des foldats, les exemptions, le prix
8c l’emploi des rachats, la fourniture des chevaux
, les malverfations 8c autres objets fem-
b’ables.
Jufqu'à Confiantin, tous les. habitans des provinces
contribuèrent en commun à la fourniture
des recrues.... Sous ce prince, les propriétaires
de biens-fonds fupportèrent feuls cette tharge.
Le mandement pour cette fourniture étoit nommé
tiroman indiftio , 8c la fourniture même,
tironum collaiio ; on envôyoit à cet effet, dans
les provinces, des efpèces de colleéteurs, nommés
turmarii. •
Il fut ordonné que tous ceux q u i, étant d’origine
militaire, auroienc embraffé la magiflra-
ture , feroient contiaints de la quitter, 8c que
les vétérans auxquels le repos étoit accordé, fi.-
roient tenus de préfenter, pour la milice, ceux
de leurs enfans qu'une conftitution vigoureufe
rendoit propres aux fatigues de la guerre.
La taille des tirons ou recrues provinciales fut
fixée à cinq pieds deux pouces f i x lignes ( mefure
aéhielle <, 8c les perfonnes chargées de la
fourniture des chevaux furent impofées , pour
chaque cheval, à 3 4 8 !iv. 1 2 f. 6 d. Quant à
ceux qui, trouvant leurs terres furcha gées par la
fournitu e des foldats, offroient de racheter cette
contribution, on les taxa jufqu’à 3 9 4 liv. 2 f. 4 d .
par chaque foldat, indépendamment de l ’addition
qui étoit jugée; néceffaire pour l’habillement,
l’équipement 8c la nourriture.
Education militaire.
Convaincus, par une longue expérience, de
l'utilité dont la force du corps eft à la guerre,
les Romains ne négligèrent aucun des,exercices
qui peuvent la développer, l’augmenter 8c l’entre
renir. D è s qu’ ils entroient dans l'adolefcence,
tous , fans exception , fe rendoient au Champ-
de-Mars 8c s’y exerçoLnr à hi courfe, au faut,
à la lutte, au pugilat, à lancer le difque , la
p ile, à nager dans le Tibre 8c à laver dans fes
eaux la pouftière dont ils s'étoient couverts.
Serment.
Hérodien nomma le ferment, l'auguftemyftère
du gouvernement romain 3 'c ’étoit le principal
8c le premjer lien de la difcipline, un a été fa-
cré qui conftituoit *e citoyen comme défenfeur
de la patrie, 8c lui confervoit le droit d’employer,
pour le fervice de l’E ta t, la force d.s
armes.
Tant que les confiais firent les levées, ce fut
entre leurs mains , 8c au moment de l’enrôlement,
que les foldats faifoient le ferment, en pré-
fence de leurs enfeignes, auffi refp.eélables pour
eux que les images des dieux mêmes...... Ils ju~
roient de fuivre les confuls contre quelquennemis
q^ils .les conduififfent , de ne point abandonner
leurs enfeignes , & de ne rien faire qui fut oppofé
à l intérêt du peuple romain. •
Lorfqu’ ils étoient formés en centuries 8c décuries
, ils faifoient éntr’eux un fécond ferment,
nommé conjuration, par lequel ils fe promettoient
denefe quitter ni pour cauje de terreur , ni pour fuir
le danger y & de ne fortir des rangs que pour prendre
ou demander un trait, ou pour frapper l 'ennemi ,
ou pour fauver un citoyen. ■
Dans les occafions prenantes, on abrégeoii
les formalités ; lorfqu’ un danger imminent mena
çoit la république, on ordonnoit des levées
fibites, 8c on donnoit à cette crife de l’état le
nom de tumulte. Le fénat ordonnoit qu’il fût
proclamé. Le dictateur ou le conful l’annonçoit,
fai foi t publier le jüftitium ou la fufpenfion des
aétes privés , défendoit tout travail, tout commerce,
toute occupation particulière. La pourpre
n’accompagnoit plus les faifceaüx, les femmes
en deuil rempliffoient les temples, les fénateurs
quittoient le laticlave 5 tous les citoyens pre-
noient l ’habit militaire , le conful montoit au
Capitole, prenoit les vexilles' rouge 8c vert,
s’écrioit : Que ceux qui veulent fauver la république
me fuivent, 8c levoit des troupes , à la
hâte. On les nommoit fubitarii milites... legiones
tumultuaris.; 8c comme elles prêtoient le ferment
toutes.enfemble, on. le nommoit conjurât’o. Alors
les levées fe faifoient non - feulement dans la :
ville i mais dans toute l’ Italie, on créoit pour
ces levées des conquifiteurs ou commijfaires, qui'
alloient enrôler dans les villes 8c dans les campagnes,
les jeunes gens d'âge militaire ; on nom-
.moit evocatio cette efpèce d.e levée.
Grades y avancement.
Les tribuns militaires ayant fait prêter le ferment
, indiquoiènt un lieu 8c un jour, où les
foldats de chaque légion dévoient s’affembler
dans Rome, fans armes, pour y être centuriés.
Ils les divifoient d’abord en triaires, princes,
haftaires 8c velites. Dans chacun de ces ordres,
les velites exceptes, ils choififfoient pour centurions
au nombre de d ix , ceux qui s’étoient
le plus diftingués par leurs qualités perfonnelles...
Le premier élu étoit primipile ; enfuite ils en
choififfoient dix autres, 8c chaque centurion fai-
foit choix d’ un ferrefiîe;
Cette élection fa ite , ils formaient les trente
manipules , de concert avec les centurions 8c
deux ferrefiles', 8c répardffoiént les velites, à
nombre é g a l, entre les manipules ; enfuite les
centurions choififfoient, dans chaque manipule,
deux porte-enfeignes.
On nommoit deux chefs pour chaque manipule,
afin que l’un, en cas de befoin, remplaçât
l ’autre à l’inftant, 8c que cette divifion -ne
pût jamais être fans chef.
Dans le choix des centurions, on avoit moins
d’égard à l’audace 8c au mépris du danger, qu’ à
la fcience militaire 8c à la valeur ferme 8c
froide.
On procédoit de la même manière à la formation
des turmes 8c aux choix de. leurs chefs.
Lorfque les troupes .entroient en campagne,
le conful, le géuéral ou le fénat nommoit un
légat choifi parmi les meilleurs- citoyens , lês
plus hibiles dans l'arc de la guerre, les plus
iliuftrés par des victoires 8c des triomphes........
Leur emploi étoit révéré parmi les Romains, 8c
regardé comme facré.... Ils réuniffoient en leur
perforine l’autorité du général 8c la fainteté du
facerdoce. Ils étoient, dans le camp, ambaffa-
deurs du peuple romain 8c lieutenans du général.
Ils annonçoient les volontés 8c les ordres du
fénat 8c du peuple, concernant la paix 8c la
guerrej interprêtoient les décrets, veilloient aux
intérêts de la république , traitoient avec lés nations
ennemies , donnoient leurs avis dans les
confeils, rendoient compte au fénat de la conduite
du conful, de la difcipline qui .régnoit
dans l’armée, des a étions de l’officier, du foldat
dans les camps 8c dans les combats j ils com-
mandoient quelquefois fous l’ autorité du général,
8c le remplaçoient s ’il étoit abfent.
Un quefteur accompagnoit le général à l ’armée,
pour 1 aider en ce qui concernoit le paiement
des troupes, les contributions 8c le partage du
butin. La quefiure fut attribuée, par la loi pom-
p iïa , aux feuls citoyens confulaires élus par les
fuffrages du peuple , 8c les quefieurs furent admis
alors aux confeils de guerre, avec le légat, les
officiers qui étoient de l’ordre du fénat , les tribuns
8c les centurions des premiers manipules.
Il y avoit dans l’armée des aulimenfeurs , oui
étoient chargés de connaître les routes 8c les
lieux propres à affeoir un camp.
Des menfeursy qui mefuroient 8c marquoient le
camp.
Des explorateurs , qui alloient obferver l’ennemi
8c en rapporter des nouvelles,.
Des exhortateurs chargés d’animer les troupes
pendant l’aétion.
Des préfets pour régler ce qui concernoit l’économie,
l’admin.'ftration 8c la police du camp.
L’ armée étoit fuivie par des chariots qui porr-
toient les machines de guerre, les armes de rechange
8c de petits bateaux pour paffer les lacs
8c les rivières.
En réfléchiffant fur cet article important de la
levée des troupes, on s’apperçoit que l’obligation
du fervice perfonnel avoit été regardée ,
chez tous les anciens peuples, comme effentiel-
lement conftitutionnelle, 8c comme la bâfe de
la liberté 8c de la fureté publique. Bientôt cependant
l'inégalité vint s’établir parmi les individus
de chaque fociété. La guerre, des malheurs
ou des inconféquences, la pareffe ou la
foibleffe , firent des efclaves ou des hommes
pauvres. C eu x -c i, obligés de gagner leur fubfif-
tance en travaillant pour les hommes riches ou
aifés, ne purent plus prendre autant d’intérêt