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Le même privilège fut accordé à ceux qui
étoient congédiés. avant vingt ans de fervice ,
pour caufe de foibîeffe ou d'infirmité ; il le fut
aux-cavaliers auxiliaires & aux cohortes ou officiers
fubalternes des jurüdittions , tandis qu'ils
.fervoient..
Les enfans des vétérans appelles à la profef-
üon des armes recevoient , en y entrant, la même
paye que ceux qui, ayant pafle par le degré des
tirons, fervoient utilement la république en qualité
de foldats ; fi une conftitution .foible ou une
•taillé trop medioçre interdifoient l'ufage des armes
, ils dévoient fervïr auprès des officiets-gé-
neraux & fupérieurs. S i , à l'.âge prefcrit par la
milice,^ ils préféroient une oifiveté honteufe ,
ils étoient fujéts fans difficulté à toutes les
charges des curies .; mais fi des infirmités, des
maladies les^ rendoient abfolument incapables du
fervice militaire , ils étoient exempts à perpétuité
des devoirs & des charges de la curie.
Pour empêcher que les vétérans ne commif-
fent des défordres, les empereurs Valentinien &
Valens leur permirent , à eux & à leurs fils ,
4 acheter, de vendre & de négocier. Ils renou-
vellèrent l'exemption de toute charge, redevance
en m ou en argent, & droits de douane
que les empereurs précédées leur avoient accordé
; ils leur affluèrent l'immunité pour les produits
de toutes les terres incultes & délaiffées
qu'ils auroient pu mettre en valeur, & interdirent
aux propriétaires de ces terres, le dr-ot
nommé agrarium , qu’ils venoient fouyent demander
, pendant la moiiffon , aux vétérans qui
les avoient cultivées,
Honorius & Arcadius voulurent que , fi un
homme de guer re, fous prétexte de congé ,
quittoit fa troupe après fes premières années de
ferv ice, ou avant d'avoir fini foii temps, le
congé qu'il avoit reçu fût de nulle valeur, à
moins qu’il n’eût pour caufe un âge avancé, une
£omplexion foible ou d’honorables bleffures.
S E C O N D E É P O Q U E .
JDepuis rinvaji.on des Barbares’ dans le monde ,
jufqu au regnp de Charles V i l en France.
Mais Rome oublia les principes qui avoient
contribué à fon élévation ; & tandis qu'elle mar-
cfioit à fa ruine, il fe formoit, dans le nord &
4 ans l'orient, des peuples qui ne refpiroient que
pombats & rapines ; ils che-rhoient un climat
plus doux, des terres plus fertiles que leurs forêts
& leurs montagnes. Le droit feul de l'épée
faifoit leur titre ; ces peuples que l'on appelloit
barbares, étoient redoutables & fupérieurs aux
Potions policées qu'ils attaquoientj leurs moeurs
fimples & dures entretenoient leur extrême frugalité
^ leurs co-.ps endurcis ' par les travaux,
fembloient inaccelfibles à la douleur ; la guerre
étoit pour ainfi dire leur élément * ils fe faifoient
un jeu des périls , & ils affrontoient la mort
' avec les lignes de' l’allégreffe. — Lex erat inter
illos aut vincere oui mori.... Partie de ces peuples
vint d'abord s'établir dans les Gaules , & fut
bientôt confondue avec les Gaulois,les anciennes
familles romaines & ies Germains dont ils conquirent
les provinces : c e mélange de .peuples
ne fut connu fous le nom de Franpois, que vers
la fin du dixième fiècle ; d'autres, connus fous
le nom d‘Arabes , de Sarrasins , de. Tartares ,
& bientôt après fous celui de Maures & de Turcs s
.conquirent la Perfe , l’Indoftan, l'E gyp te , la
Grèce, l'Efpagne, &c.
A cette époque la milice étoit réelle^ chaque
homme en état de porter les armes les prenoit
pour la défenfe de -l'Etat, toutes les fois qu'il
en étoit fommé par le fouverailT ; mais cette
milice, raffemblée à la hâte, fans éducation,
fans difcipline, fe reffentoit de la barbarie qui
dominait alors. On fe bornoit à être brave &
jaloux de fe battre valeureufement, chacun pour
foi ; on l ’étoit peu d’avoir une force publique
.confiituée avantage.ufement pour les citoyens &
pour l’Etat.
Bientôt P empire féodal étendit fon régné dans
les pays civilifes ; tout ce qui ne fut pas noble
fut efclave ; des-lors les maîtres voulurent fe
diftinguer, les armées ne furent plus qu'un af-
femblage de nobles à cheval, & traînant à leur
fuite leurs ferfs & leurs vaffaux ; l’infanterie ne
fut plus comptée pour rien ; on la forma de
gens du peuple, ramaffés fans choix dans les
villes; elle fut connue fous le nom de communes;
elle fut mauvaife, très-peu confidérée, & ne
fervit qu’à groffir très-inutilement des armées
où régnoit le défordre & la confufion. L’Europe
entière fut partagée entre des lieigneurs &
drs yaflaux, des mairies & des efclaves.....Les
feigneur«, vaffaux de la couronne, étoient tenus
de fournir un contingent déterminé d’hommes
de guerre au ro i, à fa requifition ; ils avoient
de même des arrières-vaflaux, obligés de leur
fournir un certain nombre d’hommes proportionné
à ieurs facultés. Le prince & chaque
feigneur faifoit tenir un rôle de fes vaffiux &
du nombre d'hommes que chacun devoit fournir.
Le feigneur avoit le commandement des
troupes qu’il amenoit au roi. Le prince écrivoic
lui-même aux grands feigneurs pour les convoquer.
L'obligation de ce fervice militaire, fixé
d’abord à quarante jours,fut porté jufau’à quatre
mois par an.
Les grands feudata’res dévoient le fervice de
plufieur« chevaliers. Quelques-uns dévoient un
chevalier & demi ; alors deux fe réuniffoient i
pour en fournir trois. Les moindres feudataires
dévoient fervice de leur perfonne feulement ;
les uns comme chevaliers, les autres comme
écuyers.
.Tout homme qui avoit quatre métairies étoit
obligé au fervice militaire ; celui qui n'en avoit
qu'une s’ affocioit à d'autres.
Outre ces redevances de fiefs, le roi avoit
droit de convoquer tous fes fujets ; mais il ne
le faifoit que dans les grands befoins de
l’Etat.
Les feudataires, & fur-tout les abbayes,
étoient obligés aûffi de fournir des chariots &
chevaux de charge-
Ceux qui ne fe fourtiettoient pas à la fom-
mation, étoient condamnés à une amende.
Des aggrégations d’hommes , dont la plus
grande partie n'etoit que des efclaves ou des
gens attaches à la glèbe, ne pouvoient plus reconnaître
ni patrie, ni conftitution vraiment
fociale ; c’étoit donc pour affermir la puiffance
de leur tj^ran que d’imhécilles vaffaux , traînant
leurs chaînes à Ja fuite de leur feigneur, com^
battoient pour lui , au lieu d'empioyer leurs
forces à rompre, leurs fers & à lè maintenir
libres.... Par-tout les efprits reftoient fournis à
une vieille & fautive habitude : nul code, nulle
ordonnance , rien de fixe pour les devoirs de
l’officier & du foldat ; point d'autre inftru&ion
que celle de la routine ; tout enfin fembloit être.
dirigé ; dans le militaire, par le hafard & l'inconfiance.
Au milieu de cette barbarie, on vit !
s’élever une inftitutionmilitaire, qui donna plus j
d'une fois au monde des fpeétacles éclatans de
valeur & de vertu ; mais à la guerre, les chevaliers
n’affuroient pas les mêmes avantages : !
excellente pour des combats particuliers , la chevalerie,
en fortifiant le corps, en le rendant
vigoureux , occaiionna des a&ions vraiment hé- j
roïques, faites pour étonner fans pouvoir ramener
l'art de la guerre à fes principes, & fans,,
former des foldats.
t r o i s i è m e é p o q u e .
Depuis le régné de Charles V I I en France,
jufqua nos jours.
Le délire des croifades accéléra l’indifcipline
parmi les chevaliers , & la d é c o u v r e de la
poudre vint porter les derniers coups i la chevalerie.....
La diminution de k nobleffe , fon-
appauvriffement , l'anéanrilfcmenc de l'empire
|eo^a.!.oc.ca^onn®reni 4 e grands changemems dans
le militaire de la plus grande partie des puiffânees
connues, & furent l’époque des troupes
foudoyées ou ftipendiaires les moins bonnes da
toutes. Avec des hommes foudoyés & toujours
fur p ied , on fut obligé d’établir des impôts
pour aider le fouverain à entretenir fes foldats ;
dès-lors on fut toujours armé, quoiqu’on pleine
paix , & il ne refta plus d’afyle à la liberté, dès
■ 'que les armées n’appartinrent plus aux nations.
Nous allons parcourir rapidement l ’état de la
force publique chez les differens peuples qui fe
partagent le monde connu au moment où nous
écrivons.
A f r i q u e .
Egypte.
On connoît en Egypte les'Mamelucs : cette
dynaftie fingulière eft compofée de dix ou douze
mille efclaves , amenés dans leur >euneffe de
Géorgie & de Cireaffie, entrant d’abord au fervice
des grands ; affranchis enfuite, & parvenant
enfin aux premiers emplois.
Les Mamelucs forment les différentes troupes
de cavalerie.
Quant a 1 infanterie , qui n'eft originairement
compofée que de Turc s , elle eft recrutée par
des artifans qui fe font inferire s pour jouir des
prorogatives attachées au nom de foldats.
L ’Egypte étant tributaire du grand-feigneur ,,
il y a un pacha ou vice-rbi qui réclame la fou-
veraineté, tandis que vingt-quatre beys exèreene
un pouvoir oppreffif abfolument indépendant r
non-feulement les uns des autres ,- mars encore
du pacha-
Le pacha & les beys ont chacun des troupes
à leur folde pour les garder & les défendre.
Les troupes dont fe fervent les beys font en-
général les Mamelucs dont ils fortent la plupart- ’
Tunis.
A Tunis, cinq ou fix mille T u rc s , chrétiens
■ ou apoftats, font les plus folides appuis de la
république y leurs enfans , fous le nom de cou-
louris, forment une fécondé troupe.
Sept mille Maures compofent la cavalerie de
l’Etat.
Alger.
Les Turcs forment uniquement là première
milice du pays; ils devroient être douze mille :
leurs enfans, nommes aufii coulouris -, font au
nombre de foixante mille..
La cavalerie, qui eft d'-'environ vingt mille
hommes, n’eft compofée que de Maures.