
étendu que tie l4eft celui du plus petit quarré
baftionné ? Cherchera-1-il à établir fur fa fécondé
parallèle des batteries à ricochet , fi viétorieufes
contre les enceintes bâillonnées ? Pour quoi faire?
Que pourront-elles oppofer contre une femblable
conftruétion ? Rien du tout. Ces batteries entreprendront
elles de combattre des murailles qui
s ’offrent à la vérité toutes à découvert, mais
defquelles il peut for tir par chaque décharge .,
trois cents coups de canon , fi une telle quantité
pouvoit être nécefiaire > placés tous fous des
voûtes qui rendent ablblument nuis les effets de
ce terrible ricochet, fut les remparts de nos prétendues
places fortes ? Mais Ton fent bien que la
poilibilité de réunir fur un même point autant
de pièces de canon que l’on v e u t , difpenfe d’en
avoir un grand nombre dans un aufli petit fo r t ,
pour avoir toujours une artillerie fupérieure à
celle de l’ afliégeant $ ces pièces pouvant fe réunir ]
fur l*objet qu’on auroit a attaquer, donneroient
toujours la certitude de le détruire.
Ce ne feroit plus là ce quarré formé fur un
rayon de quarante toifes , n’offrant que de petits
battions, dont les faces & les flancs rapprochés ,
donneroient lieu aux effets prodigieux du ricochet
& des bombes , dont une feule tombant dans
un aufli petit efpace , fuflïroit pour brifer & ren-
verfer dans le fofle tous les canons qui s*y trou-
veroient placés.
Mais I’afliégeant entreprendroit-il de conduire
fes tranchées & fesTapes fous un feu de tant de
pièces de canon , qu’il ne pourroit éteindre ni
même diminuer d’aucune manière ; & pour aller
où ? Parvenu même fur la crête du glacis, jamais
il ne pourroit y établir de batteries en brèche ;
puifqu’jl auroit huit pièces couvertes contre une
découverte, qui les battroient à vingt toifes de
diflance, par des coups d’embrâfure qui ne laif-
feroient pas fubfiller un feul affût. Que faire donc
centre une telle compofition ? La refpeéfer, &
convenir que l’ art défenfif élévé à ce degré, feroit
impofüble à réduire par la force.
, Avant de donner le toifé de ce petit fo r t , il
eft bon d'obferver, que n’ayant point ici de
fofles à creufer , ni de remparts à terrafler, con-
féquemment aucuns déblais ni remblais à faire 5
cette dépenfe, toujours confidérable, étant à ajouter
à celle de la maçonnerie, dans tous les fyf-
têmes de fortification de quelque auteur qu’il
f o i t , la comparaison de la quantité de toifes
cubes de maçonnerie de ce fort avec celle qu’exigent
les fronts baftionnés, n’auroit aucune exa&i-
tu d e , fi l’ou ne donnoit une manière de faire
entrer cette dépenfe du mouvement des terres
dans les toifes des fronts baftionnés, en augmentation
de celle de la maçonnerie , & il n’ eft
point de moyen plus fimple que celui d’ajouter
a la quantité de fes toifes cubes, une quantité
de ces mêmes toifes , tel que le prix foit égal à
celui auquel devroit monter le remuement deS
terres de la fortificarion en ufage.
On trouve dans le mémoire fur la fortification
perpendiculaire par Ls officiers du génie , que ce
que coûte la maçonnerie d’un front baftionné de
Vauban, eft à ce que coûte le remuement des
terres, comme 3 eft à 31.
Dans le toifé du mezaleélre de l’ingénieur
Filet, la proportion eft de 9 à 14 , en additionnant
ces deux rapporis, ou à celui de 1 à 2 et
demi.
D’où il fuit que lorfqu’on a deux en maçonn
e r ie , il faut la confidérer comme fi l’on avoit
trois, pour y comprendre l ’évaluation des déblais
et remblais.
Cette proportion étant établie par les ingénieurs
eux-mêmes devient incontestable.
Mais combien cette proportion doit-elle augmenter,
lorfque les fouilles de terre feront à
exécuter dans des terreins où des rochers feront
à enlever avec de la poudre , ou lorfque
des terreins marécageux exigeront des épuife-
mens d’eau continuels!
Voyons cependant quel feroit le toifé du fort
propofé. D’après le relevé fait par le général,
les deux enceintes ne comprendroient que,trois
mille fix cents vingt-huit toifes, fans y comprendre
la tour élevée au centre, qui ajoute peu à la
défenfe ; ni les magafins à poudre qui font fu-
perflus, attendu l’efpace immenfe qu’on auroit
pour cet objet fous les voûtes de l’ènceinte.
Ainfi donc ce fort ne contenant que trois mille
fix cents vingt-huit toifes cubes, et le quarré baftionné
au front moderne contenant par front fix
mille neuf cents vingt-cinq toifes cubes de rrfiùçon-
nerie, d’après les ingénieurs, & dix mille trois
cents quatre-vingt-fept toifes cubes , en y comprenant
l’évaluation de la fouille des terres, ces
quatre côtés équivaudront à quarante-un mille'cinq
cents quarante - huit toifes ; de forte que le fort
propofé n’emploiera dans fa conftruétion que le
douzième environ de la maçonnerie néceflaire
pour celle d’un quarré baftionné à front moderne......
Mais le fort propofé aura encore un
autre avantage, c’eft qu’il contiendra trois mille
fept cents quatre-vingt toifes quarrées fous voûte.
Cependant ce premier exemple, pris fur un fi petit
rayon , faifant craindre au général de n’avoir pu
développer fa méthode d’une manière allez avan-
tageufe, il développe cette même conftruélion
fur un rayon de cinquante toifes pour l’enceinte
[ circulaire, & de quatre-vingt-fept pour l’enceinte
1 angulaire \ rayon au refte fur lequel, on ne pour>-
I roit conftruire qu’ un petit quarré baftionné de
' cent vingt-cinq toifes de côté : le rayon de celui
dont le côté feroit dans les proportions pref-
crites de cent quatre-vingt toifes devant être de
cent vingt-fept, au lieu de quatre vingt-fept auquel
eft fixé celui dont il eft queftion.... Ici le général
a ajouté une fécondé enceinte circulaire cafe-
matée intérieure, deftinée à former les magafins
pour les munitions, & les maiibns pour les ha-
bitans qui, alors logés fous des voûtes, n’au-
roient plus à craindre de recevoir la mort dans
leur lit par une bombe ou un b ou le t, ni de
voir leur maifon confumée par un incendie, de
façon que la fécurité regneroit parmi tous le s ha-
bitans, comme elle regneroit pour toute la gar-
nifon, logée de manière à n’avoir rien à craindre
ni le jour ni- la nuit.
Pourroit-on faire une comparaifon entre la
fituation de tous les êtres exiftans dans une-tëlle
place, & celle de ceux qui occuperoient l’ intérieur
du quarré baftionné de cent vingt-cinq toifes
de côté.
Quant à la différence pour la défenfe, on en
jugera de même très-facilement par l’énumération
du nombre de coups de canonique cette
méthode fournit, de quelque côté qu’elle puifle
être attaquée j & l’on décidera encore s’ il feroit
poffible de conduire des tranchées & des fappes
fous le feu de deux cents trente-deux coups de canon
, réunis en un point à la diftance de deux
cents toifes ; tous ces feux ne pouvant être détruits
ni même diminués, quelque effort que
l’afliégeant pût faire , & de quelque nombre de
pièces qu’ il eût à difpofer pour protéger fes
travaux.
Il en feroit de même de fa batterie en brèche, ■
s’il étoit poflible de fuppofer qu’ il pût jamais
l’établir fous un tel feu. — On voit quels puif-
fans moyens l’afliégé auroit pour détruire cette
batterie meurtrière , dont l’étab issement fuffit
ordinairement pour décider la reddition de la
place.
On voit cent quatre - vingt - fei^c pièces réunies
contre - vingt-trois. '
Il eft cependant bon d’obferver que le premier
fyftême angulaire propofé par le général fournit
encore plus de moyens deftru&ifs des batteries
en brêcneî car aux vingt-deux canons en brèche
avec lefquels les ingénieurs prétendent attaquer
les deux faillans de ce fyftême , le général en
oppofe trois cents vingt - huit ; ce qui eft cent
foixante-quatre contre on^e, tandis ou’ici le général
n’en oppofe que quatre-vingt-dix-huit contre
onî f > nombre bien fuffifant affurément pour pul-
vérifer des moyens aufli foibles que ceux à pouvoir
employer par les aflïégeans.
Au refte, cette fécondé fortification ne contiendroit
que quinqe mille quatre cents quatre-vingt
toifes cubes.
Après les deux premiers exemples c ité s , de
général prend un rayon de cent trente - quatre
toifes, qui eft celui des demi-lunes dû quarré
baftionné de cent quatre-vingt toifes de côté, pour
le rayon d’une troifième enceinte angulaire cafe-
matée i ce qui lui donne un rayon de quatre-vingt
dix-fept toifes pour l'enceinte circulaire cafemat
é e , autour de laquelle, ayant formé l’enceinte
angulaire en donnant la même longueur à chacune
des faces, il forme un poligone de dix-huit
côtés , pour être renfermé dans le même efpace
du quarré baftionné de cent quatre-vingt toifes de
c ô té , & comparé l'un avec l’autre.
D’après le tracé de ce quarré, on voit qu’ il
ne renfermeroit qu’un efpace intérieur bien moins
étendu que celui contenu dans l’enceinte circulaire
cafematée propofée y & fans en faire un
calcul très-détaillé, on apperçoit une très-grande
différence dans les efpaces intérieurs des deux
conftruétions...... On fe bornera à dire que celle
du quarré ne contient que neuf mille quatre cents
neuf toifes quarrées, puifque chacun des cotes du
quarré intérieur n’eft que de quatre-vingt-dix-fept
toifes de rayon, tandis que l’autre contient vingt-
neuf mille cinq-cents quatre-vingt-cinq toifes quarrées.
On ajoutera que la fortification de l’un ne
donne aucun emplacement voûté , tandis que
celle de l’autre en donne plus de fept mille toifes
quarrées : d’où on voit d’abord q u e , pour avoir
du moins la même étendue de terrein intérieur,
il faudroit employer l ’hexagone de cent foixante-
toifes de c ô te , qui obligeroit à conftruire fix
fronts baftionnés. On ne doit donc comparer ce
troifième exemple qu’ à l’hexagone baftionné dans
fa dépenfe, puifque ce n’eft qu’en employant un
poligone baftionné d’un même nombre de côtés,
qu’on peut avoir le même efpace intérieur.
Les fix fronts de cet hexagone dans le fyftême
baftionné appelé moderne , ont fix mille neuf cents
! vingt-cinq toifes cubes de maçonnerie par fron t,
! fuivant le toifé même des conftru&eurs moder-
! nés , qu’il convient d ’augmenter de la moitié de
; cette quantité pour y comprendre la dépenfe de
: la fouille, et l’on aura dix mille trois cents quatre-
vingt-fept toifes cubes par front > ce qui dofine-
roit pour les fix fronts foixante-deux mille trois
I cents vingt-deux toifes cubes.
Pour favoir ce que la compofition propofée par
le général pour fubftituer à celle-ci cuberait,
& pouvoir la comparer, il fiiffira d’obferver que
les dix-huit faillans cafematés ayant trente-fix faces,
& chaque face cubant trois cènts toifes, comme
, on l’a déjà vu , les trente-fix donnent dix mille
huit cents toifes -, & l’enceinte cafematée conte-
< nant vingt-une arcades dans un angle de foixante