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grand nombre de boucles. il en eft qui pour-
roient être remplacées par des cordons, ce qui
feroic plus fimple & moins difpendieux ; il en
d t d’autres qu’on pourroit fupprimer, ce qui
feroit encore préférable. Voy. les articles C haussure
& Habiliement.
BOUCLER. Mot ufité dans le feizième fiècle,
& qui a été remplacé par invtjlir.
BOUCLIER ; des boucliers votifs. Nous ne
parlerons point ici des boucliers dont les diffé-
rens peuples ont fait ufagé, la defcription en
eft confignée dans le diâionnahe des antiquités ;
nous nous occuperons uniquement des boucliers
votifs.
Aucun peuple n’a été auffi habile que les Romains
dans T art d’exciter les vertus quils étoient
intéreffés à propager parmi les dé.fenfeuis de la
patrie : non - feulement ils décernoient des ré
compenfes à toutes les avions utiles & glorieufes |
mais ils choifîifoient encore ces récompenfes
avec un art merveilleux : celles qu’ils diftribuoient
fie pouvoient jamais être à charge à l’Etat j
loin de jetter daus l’engourdiflement les guerriers
qui les recevoient» elles faifoient naître
dans leur coeur, une grande a&ivité ; loin de.
corrompre les citoyens, elles entretenoient parmi
eux , d’une manière durable s l’efprit militaire
que la république- avoit tant d’intérêt à con-
lerver. Les boucliers votifs doivent être placés
«ui nombre des récompenfes heureufes , employées
par les Romains. Ces boucliers étoient
dépofés dans un des endroits des plus apparens
du capitole ou de quelqu’autre temple,; ils avoient
quelquefois une forme particulière,quelquefois
celle d’un bouclier ordinaire ; mais c’étoit le
plus fouvent un bouclier enlevé aux ennemis :
on gravoit par fois fur c e£ boucliers l’aébion
dont oh vouloit perpétuer la mémoire ; par fois
l ’effigie ou fimplement le^ nom de l’auteur de
cette aélion. Voye\ les mémoires de l’académie
des jnfcriptions, tome ï , page 177. Ces boucliers
étoient auffi quelquefois d’une matière
précieufe, tel e.ft celui qui fut trouvé en 1665,
dans le Rhône, proche d’Avignon; fur lequel
Scipion l’africain eft repréfenté ren.dant à Allu-
cius , la'jeune & belle Efpagnole dont il étoit
aimé. Avec quel plaifir ne verrois-je point à côté
de ce tribut de la reconnoiflance d’Allucius , qui
eft gardé dans le cabinet de nos rois , quelques
autres boucliers deftinés à conferver le fouvenir
d’aftions du même genre. Sut l'un on verroit
mylord Péterbouroug arrachant des mains de fes
foldats la ducheflè de Popoli, & la rendant à
îon époux : fur l’autre feroit repréfenté l’amiral
de Çoligni, ce guerrier célèbre qui guida les
premiers ans du grand Henri, & à qui Jj n’a manqué
pPM méïitet d’çtrç mis à la tête de nos
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hommes les plus juftement illuftrés, que d’être
né dans des tems plus heureux, de vivre fous
des rois dignes du trône : on verroit dans le fond
du tableau une ville en proie à tous les excès
que fe permettoient dans le feizième fiècle une
foldatefque fans difcipline & fans moeurs ; fur
le| devant de la fcène notre héros feroit peint dans
1 âge où les pallions font les plus fougueufes &
animé par la chaleur du combat ; d’une main il
arracheroit une femme éplorée d’entre les bras
d’un de fes compagnons ; de l’ autre il releveroit
une jeune fille d’une grande beauté » à qui les
craintes & fes larmes prêteroient de nouveaux
charmes , il les refnettroit toutes deux entre des
mains fuies , & les feroit conduire dans un de
ces afyies que la piété de nos pères a conlacrés
à la vertu qui fe méfie de fes propres forces ;
fur une autre partie de ce bouclier on verroit
Coligni, animé d’ une noble indignation, fe plain*
dre ail jeune duc d’Orléans de ce que ces deux
femmes , qu’il croyoit avoir fauvées , avoient été
de nouveau enlevées malgré fa fauve-garde, &
obliger, pour-ainfî-dire , ce prince à punir avec
févérité les auteurs de ce crime atroce. Sur un
troifième bouclier 3 Turenne feroic repréfenté rendant
une femme, jeune & b elle, à un fimple
citoyen , &- lui difant : vous devez à la retenue
de mes foldats l’honneur de votre femme.
Ces boucliers ne ferviflènt-ils qu’à prouver que
la France a eu dans fon fei.. des^ héros plus
grands que ceux dont Rome etoit fi gloneufe ;
ne nous appriflent-ils qu’à nous eftimer ce que
nous valons , ils produiroient des effets auffi
grands qu'heureux. S’il peut être flanelle d’ infpi-
rer trop d’amour-propre aux particuliers , il eft
toujours tiès-bon de taire concevoir aux peuples
une très.haute opinion d’eux-mêmes.
• Je verrois de même, avec une fatisfiiélion bien
v iv e , au pied de chacun, des drapeaux enlevés
aux ennemis , & dépofés dans nos temples , une
iiifcription deftinée à rappeller le nom du guerrier
qui s’en feroit emparé : auprès des canons,
fruits de la viétoire, le nom de l’ officier ou du
foldat qui s’en feroit rendu le maître ; qui le
• premier auroit pénétré dans la batterie , ou dans
l’enceinte de la place. Des récompenfes de cette
efpèce feraient vraiment militaires , vraiment
françoifes , & produiroient parmi nous les mêmes
effets que les boucliers votifs .produiraient a
Rome.
Les Romainsemployoient encore cUautres moyens
du même genre pour conferver le fouvenir des
actions glorieufes. Après plufieurs victoires remportées
par Camille, le. fénat & le p eu ple, ordonnèrent
de concert, qu’on feroit, trois coupis
d’or , fur lefqüelles on graveroit le nom de ce
héros, & qu'on les placeroit toutes trois ( dans
le capitole fur l’autel des dieux» Voyc1 dans rhif*
r - ' tnrre
B RA
jtqîre univei'félle angloifé » la pag. 43ri dii tom.
: XV.III. Cesjcoupes , qui n’éroient qu’une eipece de
bouclier v o t i f , paroicroient une récompenfe bien
| -.choifie , s’il-y avoit quelque analogie entre une victoire
& une coupe , & fi les Romains , apres avoir
! préferité les trois coupes aux Dieux , n’en avoient
Jaiflë qu’une fur l’autel, en avoient donné une a
Ç-Camille,& placé la troifième proche du champ
de Mars : e'ft-il un François qui, voyant dans fa
mailon une coupe , un bouclier y une épée qu’un
•de fes aïeux auroit reçu comme une récompenfe
; de fes hauts faits | ne -fût .point tranfportë par
[ le défir d’obtenir un femblable prix. Ces armés,
| ces coupes parleroient bien plus fortement à tous
Lies yeux, à tous les .coeurs , que des parchemins
P qu’on 11e lit guères , ou qu’on ne peut étaler fans
' encourir un vif ridicule. Voye£ dans le Supplé-
| ment notre article A r m j e s .
BOULANGERS. L’ordonnance relative auxfub-
. '.fiftances militaires, rendue fur l’âyis du confeil
|vde la guerre , établit dans chaque -régiment une
[ . brigade xde boulangers deftinés à faire le pain né-
Lceflaire à chaque corps. Cette brigade é t a i t dans
j le principe en dehors du complet, elle a été de-
Upuis comptée dans la foree.
rt Rien de mieux», vu, rien de plus fage que de
[: créer ainfi ., dans chaque «corps militaire , lîhe :
efpéce- de manufaûure pour "les différens objets qui
■ leur Ibnc r.écefiajres •, ainfi oh fe prépare dés arti-
visfans-.utrles 'à- la "gue'rre on écônomife des hommes
8c de l’argent. Cette obfervation generale
S: pourroit ^cependant réçevoir quelques modifica.-
v tiens pour le pain : c’eft ce que nous examinc-
- rons dans l ’article P-Ai-N.
... JB.O.tJRG , gros, village entouré de murailles.
‘rvoyei l’article VAlLA.Gfc ; ç’.eft-là que nous avons
jj.^rlé de ,1a manièrë .de .mettre uti bourg ,en état de
■ .défeiiiede le garder , de le défendre 8c de l’attaquer.
f
*J BOÜRRER', c’en ‘frapper avec le gros bout de
la baguette la cartouche’qu’on a mife dans le
fufil. Pourquoi n?y a-t-il ordinairement que le :
l‘ cou p d u cam p qui fa fie un grand effet ? C’eft
parce que tous les autres font chargés avec trop
de précipitation. Comme il eft bien difficile ,
-comme il eft prefque impoffibH qu’on faffe au-
' jourd’hui d’autre faute en chargeant, que de b ourr
e r trop ou trop peu on parviendroit à rendre
'tous les coups femblable s au co u p d u cam p ; fi
' l ’on enfeignoit en temps de paix aux foldats à
1 bien b o u r r e r , 8c fi on leur en .failo.it contracter,
: l’habitude.
| BRACELET , ( récompenfe militaire. ) Les bra- !
cc/e/s, qui font uniquement deftinés aujourd’hui;
a lervir de parure aux femmes ^ furent mis1 par!
l e s Romains au rang des récompenfes militaires.
^ M. le Beau a configné , dans la pag. 2.07 du
A h . M i l i t . S u jp p l, T e m I V .
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tbm. X5fXV des mémoires de l’académie des inf-
criptionsun fait.qui nous paroît mériter d’être
transcrit,ici,: il .prouve que les Romaïr s donnoient
.à leurs guerriers des bracelets comme une récompenfe
militaire , 8c que ce n’étoit pas la valeur
intrinsèque .de la récompenfe qui la rendoit précieufe
aux yeux des Légionnaires , mais la main
qui la leur diftribuoit.
Labiénus ayant, donné des bracelets <Vor a un
foldat qui s’écoit diftingué , Scipion ,fon général,
lui dit-: « Vous voilà récompenfe par un homme
v» riche ». A ces mots le cavalier jetant aux
pieds de fon général le préfènt que Labiénus lui
avoit fait, refta immobile , les yeux baiffés & le
vifage abattu de triftelfe ; mais il reprit fa gaîté ,
lorfqü’il entendit Scipion lui dire a haute voix:
-■ relevez ces bracelets , c’eft votre général qui vous
les donne. Le général étoit l’organe de la Répu-,
blique.
Les bracelets ne pouvant guères , à caufe d e
la forme de nos habits , devenir une récompenfe»
militaire françoîfp , nous ne propoferons pas d’en
faire ufage pour cet objet ; mais nous pbferve-
rons que les récompenfes accordées par la loi font
chez les François, comme, elles l’étaient c h e z
3es Romains , les feules qui flattent leur amour
propre.
BRANCARD , forte de voiture fur laquelle on
tranfpor.te un malade tout couché. -Cette voiture
eft portée par des chevaux, des mulets , ou des
»hommes.
Il y a toujours dans les boyaux dè la tranchée
des brancards deftinés à emporter les blefles ;
;les hommes prépbfés à cet objet doivent fe
creufer de petites logettes dans le talus de la
tranchée , qui eft du côté de la place.
Comme on a cherché à perfeûionner les Jwn-
■ cards jdeftinés , dans la marine , à tranfporter juf-
qu’au pofte des chirurgiens, les hommes blefles
■ fui le pont d’un vaiffeau,. on devrait de même
-chercher. à donner, de la perfection à ceux qui
font deftinés à tranfporter les malades ou les
blefles de l’armée de terre d’un hôpital à l’autre,
de la tranchée ou du champ 4 e bataille à l’ambulance.
.
Il devroit y avpir dans chaque régiment un
brancard deftiné à tranfporter les foldats malades
4e leur quartier?'jufqu’à l’hôpital.
BRAVOURE. Il n’eft pas poflible de confondre
aujourd’hui , grâce au travail fait fur nos
fynonymes , les mots courage , intrépidité , avec
le mot bravoure y mais il eft encore infiniment
.aifé'de confondre la bravoure a v e c la valeur, ou
pour mieux 4 ire , il eft bien difficile de le former
une idée nette de la vraie fignification de
chacun de ces deux mots. L’académie fran-
çoife a dît5 il eftrvrai, article B r a v o u r e , bra-
y.Qure 3 v a le u r é c la ta n t e ,* mais comme .elle a dit