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iîtion que l’on voulût prendre , il feroit toujours
aifé de fe-couvrir des boucliers des armés a la
légère.
C ’eft aux militaires inftruits , ajoute l’ auteur , à
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juger des avantages que pourroient procurer ces
foldacs armés à la légère , furtout fi 1 on préféroit
pour bouclier ceux dans ia forme des tavges romaines.
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U n i f o r m e s . Bannir le luxe des armées, aflirhiler
tous les militaires d'une nation, par lçurs
vêtemens, comme ils doivent l’être par leur difci-
pline , leur emploi j leur fervice , leurs exercices,
leur efpritj diftinguer les membres des différens
corps pour que leurs chefs puffent aifément les re-<
connoître , & faire que les individus fuffent avec
qui ils dévoient combattre : telles furent fans
doute les caufes de l’ inftitution de l’uniformité de
l'habillement des troupes, des diftinétions dans les
uniformes, & des drapeaux & étendards différens
donnés à chaque corps.
| Mais les moyens employés pour remplir cès différens
objets font-ils les meilleurs, les plus économiques,
les plus commodes & les plus avantageux
pour conferver la fanté du foldat ? On croit être
autorifé à penfer que non. On aura pu voir dans ce
Dictionnaire J au mot Habit & à ceux qui ont rapport
au vêtement du foldat , que les formes adoptées
jufqu’ à préfent ne font pas les plus avanta-
geufes; mais depuis que ces articles ont été faits,
on a changé la couleur des draps dont on fe fert
pour habiller l'infanterie, & nous croyons être
affez autorifés par l'expérience , pour^ être convaincus
que l ’on a commis une faute qu'il faudroit
s’empreffer de réparer.
En effet, quelle eft la couleur préférable pour
les habits militaires ? Celle qui affette peu la vue ,
qui abforbe le moins poffiblè les rayons du foleil ,
qui eft fixée fans lè fecôùfs d’aucun mordant capable
d’augmenter le prix des matières premières &
d'altérer leur qualités une couleur qui foit affez fo-i
Hde pour que les nuances du drap neuf fuffent peu
différentes de celles de la même étoffe dans tous
fes degrés de vétufté v en même terfis peu falif-
ftnte & d’ on entretien aifé;
Ün court èxamén pourroit prouver que la couleur
blanche, adoptée autrefois pour l'infanterie
eft celle qui réunit le plus de qualités exigées ,.
furtout en la piquant un peu de noir.
i° . Une couleur quelconque altère la qualité
des draps , par les mordans employés à la fixer j
2°. La manipulation , le prix du mordant &
des ingrédiens colorans enrichiffenc de près d'un
quart le drap coloré.
s Le drap blanc eft à l’abri de ces deux inconvé*
niens. ^
3°. Les laines deftinées à fabriquer des étoffes
blanches , devant être plus choifies & d’une qualité
fupérieure à celles qui doivent fubir la teinture,
doivent durer davantage t
4°. Si le blanc eft plus faliffant que quelques autres
couleurs , il eft plus aifé de le reporter à l'état
de propreté qu'on doit exiger du foldat, non pas
avec du blanc d’Efpagne ou d'autres terres blanr
ches aufli calcaires & abforbantes , qui nuifenc à
j la durée des étoffes & leur donne une teinte jaunâtre
à la première pluie, mais avec du fon ;
5°. Les réparations faites avec du drap blanc
neuf, fur des habits même de trois ans , ne font
que peu ou point fenfibles après deux ou trois
jours j ;
6°. Enfin, les corps blancs font ceux qui fe
laîffent le moins pénétrer par les rayons du fo e i l ,
& qui -, par ce moyen 3 éludent le plus efficacement,
leur aétion. .
" D ’après cet exavneff& plufieurs autres confi-
dératio'ns que l'on pourroit y joindre, nou.s pen-
fons que Ion devroit revenir à habiller au moins
l'infanterie avec des draps blancs piqués de noir.
Nous ne nous étendrons pas.davantage fur cet
objet : il nous paroît fuffifant d’avoir indiqué les
avantages infinis qu’il 'y auroit pour l’économie &
la propreté de la tenue, d’éh revenir à la couleù£
blanche pour Jes habits du fantaffin français.
V
Y A I L LAN C E. On doit regarder la vaillance
comme l’effet d’une force naturelle de l’homme,
qui ne dépend point de la volonté, mais du méca-
nifme des organes, lefquels font extrêmement variables.
Ainli l’on peut dire feulement de l’homme
vaillant, qu’il fut brave un tel jour j mais celui
qui fe le promet comme une chofe certaine, ne;
fait pas ce qu'il fera demain j & tenant pour tienne
une vaillance qui dépend du.moment, il luf arrive
de la perdre dans le moment même où il
y penfoit le moins. La vaillance n'eft que momen-,
tanée , & la difpofition de nos organes corporels)
la produit ou l'anéantit dans un moment.
Au commencement dé la bataille de Varnes,
Amurat I I , empereur des Turcs, qui V é to it fi-
gngié déjà en mille occafions diverfes, auroit pris
la fuite fi fes officiers ne l’avoient menacé de le tuer.
VALETS. Le roi de Pruflè entretient'pendant
la guerre neuf valets par compagnie d’infanterie j
iis prêtent ferment de fidélité comme les foldats.
Deux de ces valets fervent le capitaine , deux ont
foin des chevaux de bât de la compagnie , un eft
chargé des malades, &c les trois autres fervent les
officiers fubalternes.
Il eft défendu aux officiers prufliens, fous peine 1
d'être caflés, de fe faire fer-vir par des foldats ou
d’en prendre pour foigner leurs'chevaux.
Les valets des régimens-prufliens portent dès'
uniformes. Chaque régiment a le fien différent,
mais ne reffemblant en aucune manière à celui des'
foldats.
L’auteur du Soldat ciioyen propofe aufîî des do-
meltiques dans fa formation 5 il voudroit qu’ori les
choisît, ou parmi les vétérans encore robuftes,.p.u
parmi lés enfafis de foldats. Peut-être auroit-il pu
aufli propofer dé les prendre parmi , les enfans-
trouvés, il les arme, à la guerre, d’une épée à la
romaine & d’un fufil de chaffe.
Il paroîtroit avantageux d’attacher aufli, à l’inftar
de la Pruffe, un, certain nombre de domeftiques
par compagnie, pour conduire les chevaux de bât
pu les chariots attachés aux compagnies, & d’autres
pour foigner les.malades, & tou s ces hommes
férôient açmës.. On pourroit mqme leur donner
des fous-officièrs qui veilieroient à leur tenue &
à leur conduite : on s’en ferviroit dans une infinité
d’occafions, où ils pourroient rendre de très-grands
f.rvices. .
VALEUR,;inetu que l’enthCoouufirafamgee .d eL ala v galloeiurre e8fct lcae f ofeinf tdîe-
la renommée enfantent,qui, non content de faire
affronter le danger fans le craindre, le fait même
chérir & chercher.
C ’eft le délire de l’héroïfme, qui, dans les derniers
fiecles , forma cès preux chevaliers, héros
chers à l’humanité, qui fembloient s’être appropriés
la caufe de tous les foibles de l’Univers, g
Sans fpe&ateurs pour l’applaudir, ou au moins
fans efpoir d’ être applaudi un jo u r , il n’y a point
de valeur.
C ’eft un germe heureux que la Nature met en
nous, mais qui ne peut éclore fi l’éducation 8c les
moeurs du pays ne le fécondent.
Voulez-vous rendre une nation valeureu fe.| que
toute aélion de va'.eùr y foit récompenfée ? mais
quelle doit être cette récompenfe ? l'éloge & la
célébrité. Faites conftruire des chars de triomphe
pour ceux qui auront triomphé, un grand cirquè
pour que les fpe&ateurs, les rivaux & les applau-
diffemens.foient nombreuxi gardez-vous furtout
de payer avec de l’or ce que l’honneur feul peut
& doit acquitter. Celui quifonge à être riche,
n’eft ni ne fera jamais valeureux : qu’avez-vous
befoin d’or où le laurier récompenfe un héros? ,
Finiffons en difant que la bravoure eft le devoir
du foldat j le courage, la vertu du fagë & du héros j
la valeur 3 celle du "chevalier.
De toutes les vertus humaines , la plus fublime
eft fans doute le courage raifonné & froid qui
jfait braver la mort 5 il fûppoféla fermé perfuafion
qu’ il eft des biens plus précieux que la v ie , ou des
maux plus à craindre que la perte de tous les biens
que la mort nous ravit.
Cette vertu doit donc devenir rare à mefure
qu’une nation aime davantage les chofes dont en
né jouit que par les fens, & fe détrompe davantage
des chimères de la gloire , de l’eftime publique,
du devoir poli tique 8c religieux, de l’honneur,
des bienféances, des droits de la naiffance & des
obligations qu'elle impofe j car rien de tout cela
n’eft démontré pour chaque individu , quoique"
l’utilité puiffe en être démontrée pour la fociété ;
tandis que les plaifits des fens font^ plus .que dé«*-
montrés, ils font fentis par chaque individu j tanj-
dis,que le réfultat en eft nul pour la foc iété, qui
a tout à craindre au contraire de la paffion avec
laquelle fes. membres le recherchent.
,, La perfévétrançe à faire fon devoir, quel que Fût
l’épnui qu’il fallût dévorer, quelles que fuffent les
Fatigues qu’il falloit effuyer , quels que fuffent les
I périls auxquels il falloit s’expofer, quelles que fuf-
fént les privations auxqqelles il falloit fe.réfigner^
C c c c d c 1 *