
cuté le commandement b o u r r e on au-roit' dû
la. fixer au moment où il a fini le temps ti-reç la
baguette ; ainfi on auroit habitué le foldat à ne
point fe contenter de laiffer glifler la baguette
dans le c a n o i , tandis qu’il- doit l’y précipiter avec
-force ; ainfi on lui auroit fait contra&er l’habitude
de prendre la pofition la plus commode pour
bien bourrer, ce qui eft , comme hous\l’avons
très-fouvent obfervé , une dés chofès les. plus
effenrielles du maniement de.s armes. Voye^
B o u r r e r .»
§. î I I.
Dujignal militaire , connu J'ous le nom de charge.
Au moment où l’on veut marcher à l’ennemi
pour le choquer, s’ il attend le choc , le mêler avec
lui s’ il réfifte , an commande, pas de charge ,
marche y à ce commandement l’ordonnance veut
que les tambours & la mufîque d’ un bataillon
feulement de chaque régiment , battent & jouent,
la marche *, en obfervant de la battre d’abord lentement
, & prefque dans la v i t e f ie du pas ordinaire
, l’accélérant peu à peu , mais ne changeant
de mouvement tout au plus que de c e n t pas. en
cent pas , jufqu’à ce que la batterie ioit à raifon
de cent vingt pas par minute.
Voilà la manière de m a r c h e r à -l’ennemi pour
le charger , réglée de la manière la plus fage -,
maïs pourquoi tous les inftrumens militaires ne
fe font - ils point entendre quand on va à la.
charge l ils porteraient dans l’ame des combattans
une efpèce d’îvreffe heureule , & même n é c e f f a i r e :
les anciens, qui étaient au {fi braves que nous ,
avoient bien fenti la n é ç e f l i t é de c e t t e ivreffe ;
car au bruit de tous leurs in f t r u m e n s militaires ,
ils joignaient encore celui du cri de guerre. Voye[
C r i d e g u e r r e ; -voye\ aufli l ’ a r t i c l e M u s i q u e .
L’auteur y développe une idée bien faite , ç e me
femble, pour être a d o p t é e :
CHARGER. Charger u n e a rm e à f e u , c ’e f t y
m e t tr e c e q u ’il f a u t d e p o u d re & d e p lo m b p o u r
t ir e r u n c o u p . Voye% le §. z d e {’a r tic le C h a r g e .
C h a r g e r ( l’ e n n em i , ). ç ’ e f t m a r c h e ;- à lui p o u r
Se joindre & le combattre avec Parme blanche.
Les. é c r i v a in s militaires qui ont fait de la
manière d e charger Vennemi l’objet de leurs méditations
, confeifient a f f e z unanimement d’empêcher
|es troupes de faire feu en marchant ■, ils veulent ,
pour que le foldat n e loit même pas tenté de
t i r e r , qu’qn lui faffqporter les armes fur l’épaule:
Voye[ le §. z.8 de notre a r t i c l e F e u . Ils recommandent
de marcher avec lenteur jufqu’à ce que
l ’on foit arrivé à trois c e n t s pas de l’ennemi, &
d’accélérer enfuite le mouvement de cent pas en
cent pas. Voye\ le § . 3 de l’article C h a r g e . Ils
veulent tous qu’on marche dans le plus grand
ordre ; quelques - uns exigent même qu’on fa (Te
taire les inftrumens militaires, & régner parmi
les hommes le plus profond filence. La fécondé
partie de cette maxime militaire ne nous parole
point aufli inconteftable que la première. Voyet
l’article C r i d e g u e r r e , & lé g . 3 de Partiel»
C h a r g e , et II y a des régimens, dit l’auteur du
Dictionnaire militaire portatif r qui ont la méthode
de faire monter à cheval les officiers de
ferre-file, afin qu’ils piaffent avec plus de facilité
faire marcher les foldats en avant, les contenir
en leurs rangs, & même les empêcher de fuir.
Cette précaution eft excellente ; car on a vu des
régimens renverfer ces officiers à pied , & il eft
bien difficile à un régiment de faire une mau-
, vailé mauoeuvre , quand tous ces officiers à cheval
s’emploient avec vigueur », Je ne lbrois pas
éloigné d’adopter çette opinion , toutefois en la
modifiant un peu. Je ne mettrois point tous les
ferre-file à çheva.1 , ce feroit trop ,, mais j’ en
pîaçêro-is un ou deux'' par compagnie, de cette
maniéré , & je ne doute point qu’ils ne? fuffent
glus utiles qu’à-pied.
CHARGES MILITAIRES (des) Quelques-uns
des emplois de l’armée françoilè portent le nom de
charges 1 tels font ceux des commiffaires. des
guerres , des tréforiers généraux des dépenfes
du département de la guerre, & des tréforiers
principaux ou particuliers dans les provinces des
lieutenans dès maréchaux de France, des lieu-
tenans généraux de roi des provinces , dés maréchaux
généraux des logis des camps & armées ,
& des officiers de l’état major des différentes
armées , & c *, on* pourroit , on üevroit • fans
doute réformer tous les emplois, militaires qu’on
obtient à prix d’argent : nous parlerons dans
l ’article V énalité de la manière dont on doit
envifiager les charges militaires»
CHARIOT. ( fuppl. ) Sorte de voiture à
quatre roues. Le réglement pour le feryiçe de
l’ infanterie en çampagné veut que tous les çkariots
qui font dans l’armée foient à timon & les
chevaux attelés deux à deux : il fixe à deux le
nombre de chariots que chaque régiment peut
avoir à fa fuite ; un. pour les vivandiers , & un
pour le bouqher & le boulanger réunis : il défend
aux officiers de fubftituer des chariots à la place
de ceux que les perfo.11 nés. ci - deffûs nommées
n’auraient point : il preferit de marquer les chariots
du nom du régiment , de celui de la perfonne
à laquelle ils appartiennent , & ’de l’ ufage auquel
ils font deftinés.
Quant aux chariots des vivres-, voyej C aissons
& Su bsistances mi l i t a ir e s . Quant aux chariots
de munition , yoye\ le diétionnaire de l’arrillérie.
Ce f u t fa n s d o u te d è s la p re m iè re g u e rre
q u ’u n h o m m e d e g é n ie , o u p lu tô t u n h o m m e q u i
I- i’aY Q it t ir e r le m e ille u r parti pqffible d e s o b je ts
g • d a n s
léont il pouvoir difpofer , ( & c’cft la p.éii t'être le
vrai génie ) fit fervir les chariots deftinés à tranf-
?porter les bagages, les vivres & les munitions
de guerre, à retrancher le camp qu’ il avoit choifi ;
à couvrir les flancs de Tes troupes pendant une
marche, & même pendant tifie bataille ce qu’il
y a-de certain, c’eft que fhiftoire des temps les
plus reculés nous préfente des exemples de ce
genre , & que celle des temps modernes nous en
offre une fuite prefqu.e non interrompue. Je vais
rapporter quelques-uns de ceux que j’ai trouvés,
dans notre Kiftoire : j’aime à puifer dans cette
fource -, ce qu’elle fournit doit être plus intéref-
fant & plus utile pour des François, que cé que
l’on pourroit piiifer dans dés fources étrangères.
A la bataille de. lion s en Ruelle en 1304,
les flamands 's’ étpjent retranchés en faifant de
tous leurs chariots une barricade en rond , qui
avoit , difent les hiftoriens , près d’une lieue &
demie de tour. '
Le duc Jean d e , Bourgogne ayant. afliégé
Montdid'ier en 1410 , fit clorre fonoft d’un lez ou
bordure de chariots tout à l’entour. Voyel les
mémoires de Pierre Ferinin.
Après la journée de Montlhéri , l’armée du
comte de Charolois fe retrancha derrière fes chariots.
«Le comte de St. Paul , qui fembloit chef de
guerre , & monfeigneur de Haultbourdin encore
plus y commandèrent qu’on amenât le charroi au
proprè lieu là où nous étions , & qu’on nous
cloift ; & ainfi fut fait». Le même comte de Charolois
étant venu camper entre Charenton &
Conflans , proche Paris , «fermaledit Comte un
grand pays de fon charroi & de fon artillerie , & mit tout fon oft dedans ». Voye{ les mémoires
de Comines.
Les efpagnols avoient retranché leur camp à
Ravannes avec leurs chariots, qu’ils avoient liés ensemble
avec des chaînes de fer. Voye£ les mémoires
de Fleurànges.
A la bataille de Montcontour , le fieur de
Tavannes couvrit avec des chariots les flancs des
fuiffes qu’il avoit pouffes en avant -, & ce fut en
grande partie à cette précaution fage que les
François durent la vidoire. Voye{ les mémoires
de Tavannes.
Le maréchal de Brlffac marchant pour faire lever '
aux impériaux le fiége de Santya « avoit d é l ib é r é
^e,.m^.rc^.er avec l’arméd tout le long d’un ruiffeau
ftj1 ^ f a r c i r o i t d’harquebuziers : & que de l’ autre
coté il couvriroit l’armée par les flancs avec qua^
1 a n t e chariots a rm e z , chargez de vivres, & chacun
d’eux accompagné de deux facres & dix harque-
buziers , qui lortiroient & fe retireroient par les
intervalles qu’il y auroit d’un chariot à l’autre »,
Voye{ les mémoires de Boivin du Villars.
Arc. Uilit. Suppl Tome IV .
marchoït, les colonnes de fon armée couvertes
des deux côtés par les chariots de bagage. Il
trouva fa fu-re.té dans cette manoeuvre , • & ne
put être attaqué par Henri I V , qui le fuivoit dans
l’intention de le combattre. Voyei le maréchal
de. bataille de Loftelnau.
Aux batailles de Zentà & de Peterwardin les
turcs firent ufage des chariots pour couvrir une
partie de leur armée. .
- Le duc d’Albe fe fervit aufli de fes chariots
pour couvrir fon armée & mettre fa cavalerie
à. l’abri de celle de l’ennemi , jufqu’au moment
ou Ton infanterie Pauroit joint. Voye^ la vie du
dup d’Albe , tome 1 , pag. '130.
Le général Lewénhaupt fe fervit aufli, après un
échec , des chariots de fon armée pour fe mettre à
l’abri de la pourfuite de l’ennemi.
Les chariots peuvent fervir à embarraffer un
chemin que l’ennemi doit fuivre , voye[ D é f il é ;
les rues d’un village dans lequel un convoi eft
renfermé, voye[ V il l ag e & C o n v o i ; & à
mettre en rafe campagne un convoi à l’abri des
infultes de l’ennemi. Voye% C o n vo i .
Les chariots , quoique chargés, peuvent être employés
à ces différens objets , mais c’eft: principalement
quand ils font vides qu’on peut en faire
ufage.
Il feroit aujourd’hui ridicule de prétendre couvrir
une armée, entière avec fes chariots , mais
il eft encore très - poffible de s’en fervir pour
appuyer les flancs d’ un ordre de bataille : on peut
dans" cette çirconftance les employer comme le fit
le maréchal de Briffac dans le Piémont : il feroit
poffible à plus forte raifon d’en couvrir les flancs ,
ou le front d’ une colonne en marche , & d’en
faire ufage dans une pofition défenfive. .
Quant au nombre de chariots cp?on fait fournir
a chacun des régimens qui voyagent dans i’inté-
rieur du r o y a u m e , v.oye^ l ’ a r t i c l e C o n v o i m i l i t
a ir e .
CHARPENTIER. On donne le nom de charpentier
à des foldats fantaflins qui font armés d’une
hache qu’ ils portent à la main , & d’un fufil qu’ils
portent en bandoulière : ils font vêtus comme
le refte des foldats ; ils ont pour marques diftinc-
tives deux haches en fautoir fur le bras, & -un
tablier femblable à ceux que portent les artifans
connus fous le nom de çharpentiers.
Les charpentiers font au nombre de huit par
régiment d’ infanterie ; leurs fondions font , pendant
la paix, de marcher à la tête des régimens ,
& d’écarter ce qui pourroit en troubler la marche ;
ils font deftinés, pendant la guerre , à faire dans
les haies , dans les bois , dans les paliffades , les
ouvertures néceffairés ait paffage des colonnes ; eii
un mot, à faire tout ce qui demande un certain
a r t , une certaine habitude à manier la hache.
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