
fyftème ? Ëft-ii étonnant qu'on ne trouve pas alors
k s véritables réfultats. ?
Cependant, pourroit-on nous dire , vous convenez
que les obftacles font de même nature ,
puifque, dans Fun 8c dans l'autre fyftème, c'eft
toujours le canon. A la bonne heure j mais loin
de pouvoir en conclure que les obftacles font les
mêmes, il s'enfuit peut-être que leur différence
eft plus facile à faifir.
C'eft une vérité généralement avouée, que, dans
le fyftème baftioné, l’aifiégèant parvient toujours
& en peu de tems à éteindre le feu de l’afliëgé,
& que ce n’eftmême qu’alors que le liège commence.
G eft a ce feu eteint que l'afliégeant doit ■
uniquement la poflîbilité de toutes fes opérations.
Meilleurs les officiers du génie fuppofcnt eux- '
mêmss, dans la huitième nuit de leur attaque de
Louifville j que, depuis le 6-au fo if, il ne refte
p us aucuns feux qui aient pu traverfer ni ralentir :
Isurs operations. La première, l'importante opération
d'un ftége , eft donc de détruire le feu de -
la place j & c'eft à quoi ©n eft parvenu jufqu'ici .
avec une merveilleufe facilité, à l’aide dés batteries
c'onftrûites en’ avant de la féconde parallèle;
Voyons donc quelle reffource offre le nouveau
.fyftème contre cette première opération.
Sans nous fervir de tous les avantages que nous
donnent ici meilleurs les officiers du génie, bornons
nous à faire obferver que . félon eux , les
batteries de l’afliégeant, en avant de la fécondé
parallèle , feront au nombre de quatre chacune de
quatre-vingt-une pièces:de canon que nous aurons
à diriger contre ces feux fix cent crente-fept
pièces de canon de vingt quatre en qiratre-vingt-
trois batteries. Y aura pilde l'égalité, dans un pareil
combat d'artillerie ? 8c de quel coté doit-on
préfumer que fera l'avantagé ? Mais pourquoi carions
nous de combats d'artillerie ? 11 n'y en aura
point j fuppo fez même les batterie s deTaffiégeant
•conftrmtes, armées3 prêtes à tirer , on fent affez
que, dans ce combat inégal, elles feroient entièrement
démontées & hoïs-de fervice en moins de
douze heures de tems ; mais comment parvenir à
eû faire la conftruélion ?
• cc# ©n pourrqit, difent meffieurs les officiers du
g én ie , conftruire ces batteries en vingt-quatre
heures , 8c nous en employons trente. »
Suppofons qu on les conftruife en vingt-quatre
heures, fuppofons que l'afliégeant parvienne à dérober
tout le travail de la première nuit & que
cette nuit foit de huit heures, ces batteries feront
donc, au jour, au tiers de leur conftruélion j
8c comment en finir les deux autres tiers'? Si les
travailleurs étoient invulnérables / toujours arri-
veroit-il que le canon ébouleroit plus de terre &
détruiroit plus de fauciflorts qiie ces travaiilèurs
n'en pourroient placer, Ôc le parapet de cel.bat-
teries, tourmenté , écrafé par cé feu continuel &
fi nombreux, ne feroit plus qu’un amas de terre-
«îeuble que le défaut de cènfiftance rendroit
inutile. L'expérience a prouvé plufîeurs fois
j uqs ’ batterie ne pouvoir pas tenir quand elle
reuniffoit fur elle tous les feux qu’on peut y diriger
du front d'une place afliégée. C'eft par cette
raifon & pour divifér les feux, que ralfiégeanc
ne faifle tirer aucune de fes batteries que quand
elles peuvent tirer toutes enfemble , & toutes
Içs fois qu’on s'eft écarté de cette règle , il s’en
tft fuivi la deftruètion de la batterie qui avoit
tiré la première ; mais , en réunifiant fur un feu!
point tous les feux que peut fournir la défenfe
iuivant le fyftème baftioné, on n’égaleroit pas encore
celui que peut fournir le nouveau fyftème ,
en attaquant à la fois toutes les batteries.
C eft ici que l'expérience peut trouver fon application,
parce que les cas font abfolument fern-
blables.
Cependant nous avors fuppofé des travailleur
invulnérables > mais comme iis ne le font pas, que
deviendront-ils fous ce feu d'une fi grande quantité
de pièces de canon ? Que deviendront-ils fi
on tire une partie de ces pièces à cartouche, lorf-
que chacune portera au milieu d’eux 30 ou 40balles
par coup, lérfque chaque falve pourroit en détruire
plus qu’il ne feroit poflible d’en raffembkr
fur le lieu du travail ? Dira-t-on qu’ il ne faut pas
compter à la guerre fur cette juftefîe de tir qu’on remarque
dans les écoles de l’artillerie ? Et pourquoi
n y cornpteroit-on pas ? Le foldat eft hors de la por-
tée du fufil ; il n’a pas encore un coup de canon
à craindre 5 rien ne trouble fa tranquillité ni fa ff-
eufitéj rien ne s’ oppofe à fon adreffe. Dirait-on
qu’on retirera les travailleurs pendant le jour, &
9ue l’ouvrage ne fe fera que dé nuit? D’abord on
n'émpêcheroit pas que l’affiégé ne détruifît chaque
joiir l'ouvrage que l’ afliégeant au>oit fait chaque
ntiit 3 mais de plus, depuis la perfieélion où ont
portées les machines de l'artillerie, il fuffit
d’avoir reconnu pendant le jour les points à battre,
& on les battra la nuit avec une jufteffe prefqu'égale
8c plus que fuffifante. Quand le champ du tir eft
aufli vafte que celui d’ une batterie de huit pièces
de canon r une armée entière ne fuffiroit pas à la
conftruétion d’une telle batterie : en vain s’y obfti-
neroit-on, en vain l’armée, y 'feroit-elle des prodiges
de valeur 8c de bravoure P ôn ne parvien-
droit jamais à y établir le moindre ouvragé. Sans
parler encore des avantages dés a fûts à aiguilles,
de l’in vention .du général Montalembert, dont lë
tir eft invariable 8c les coups beaucoup plus multipliés,
les canons montés fur ces nouveaux afûts
tirent quatre coups contr’un, des canons montés
fur les afûts de place, les premiers revenant, après
chaque coup, d'eux^mêrrres au même point, frappant
toujours au même endroit, fans être-obligés
de pointer de nouveau, trois hommes, au lieu dfe
fix, fiiffifaiït d’ailleurs pour le fervice le plus vif
de chaque pièce du plus gros calibre.
_ Remarquez cependant que meflieurs lès officiers
du génie ont cheminé malgré les feux doiic
ipows venons de parler, & cela, diftnt-iîs, parce
que la fumée rend le feu des cafemates impoflî-
ble: on ne leur permet au moins de fournir qu’un
feu très-méprilabie. Quoique très-éloignés de pen-
fer ainfi, faifons d’abord obferver à ces meflieurs
que des fix cent trente - fept pièces de canon employées
à battre lesl quatre batteries , deux cent
cinquante-neuf feulement font cafematées, & toutes
placées dans les cafemates fupérieures : rien
n’empêche donc qu’on n’en fupprime les murs 8c
les voûtes, & ces cafemates deviendront alors de
Amples plates- formes ou batteries fupérieures,
telles qu’on les voit dans l’ouvrage du général
Montalembert, planche XI , tome Ier. ÿ alors aufli
on ne verra plus quelles raifons allégueront meffieurs
les officiers du-génie, pour fuppofer ces
feux éteints , tandis qu’ils n’ont pas pu tirer
contr’un feu! coup de canon , ni pourquoi ils
regarderoient ces feux comme affez méprifabks
pour ne pouvoir les empêcher de cheminer, puif-
qu’il n’y auroit plus ce terrible inconvénient de
h fumée. Les voilà donc dans l’impoftibilifé,,d’a-
prèsJéurs principes, de cheminer ni de conftruire
aucune batterie .: voilà donc la fupériorité affurée
à la défenfe, par un feu fous lequel toute conf-
truélion de batterie devient impoftîble 5 car on
conçoit, facilement que ce qui fera impoflible à
la diftance de la fécondé parallèle., le fera, à plus
forte raifon, à toute diftance moindre, & qu’ainfi
il faut renoncer également à conftr 11 ire aucune batterie,
foit fur la crête du glacis, foit en tout autre;
lieu où elle feroit indifpenfable.
Mais bien loin de vouloir profiter de nos,avantages
fur meflieurs les officiers du génie, bien loin
de vouloir abandonner un fiége qu’il leur feroit
impoflible de continuer, nous allons fuppofer que,
par des moyens inconnus, l’afliégeant foit parvenu à
éteindre tous ceux des feux de là place qu’ il peut
découvrir de lacampagne.,ou plus raifonnablement,
que la place ne fe trouvant pas fuffifainment approvi-
fionnée, l ’afliegé prenne le parti de garder fes ar-
mes-& fes munitions pour défendre uniquement le
corps-de la place , nous fuppoferons en outre que
meflieurs les officiers du génie font maîtres du cou-
vre-face, c’eft-à-dire, de tous les ouvrages extérieurs,
toujours faudra-t-il finir par faire brèche
à la place , 8ç par conféquent il faudra établir &
conferver une batterie fur laçontr’efcarpe dugrand
foffé j il faudra enfin, ruiner ces flancs à. triple
étage de batterie, qui, de même que le grand mur
cafematé , relient encore en entier pour la défenfe
de la place, puifqu’ils ne peuvent être vus
que de la contr’efcarpe du grand foffé, & cette
opération indifpenfable ne nous paroît pas moins
impoflible que tou tes celles qui ont précédé ; mais,
dans cette fuppofition,,nous n’aurons plus à op-
poter que des feux café matés 5 il eft donc nécef-
faire de chercher quelle peut en être la valeur.
. « Nous croyons le,s feux couverts impoflibles,
35 difent meflieurs les officiers du génie. Le gé-
« nérai Montalembert n’a pour lui que .fa propre-
a opinion : il lui manque, comme à nous, les ex-
» périences directes que nous exigeons comme
gl néceffaires pour détruire l’argument de la fumée.
Et pourquoi meflieurs du génie, difent-ils, qu’fis
manquent des expériences au général Montalembert.?
N’ a-t-il pas pour lui celle des batteries balles
des vaiffeaux, 8c celle faite dans le fort cafematé
de l’ ile-d’Aix? De ces deux expériences, la première
eft généralement connue, & la fécondé a
été faite en préfence de plus de cinq cents perfon-
nes„ ;& conftatée par un procès-verbal figue des
commiffaires nommés à cet effet.
c« Mais, difent ces meflieurs, c'eft précifément
?j>. parce que l'entre pont d’un vaiffeau n'a que fix
»; pieds de; hauteur, qu’à chaque coup.de canon
n qui part de cette longue 8c baffe, galerie, il s’y
« établit néceffairement .& très-promptement un
» courant d’air qui chaffe en dehors une grande
» partie de la fumée des amorces : l’air eft, dans
» cet entre-pont,, continuellement agite : les fa-
» bords,, les.écubiers, les efcaliers & le s écou-
», tilles lui donnent accès de tous côtés, & dans
» l’inflant où la flamme de l’amorce le dilate fous
» le plancher de l'entre - pont, le fouffle impé-
« tueux de l’air qui rentre f ar pltifieurs de ces
*> ouvertures, chaffe la fumée par plufieurs au—
» tres.j»,u •
Il ;eft bien difficile de croire à ce raifonneinent
que l’expérience contrarie 3 çar plns les batteries
des vaifléaux font baffes, 8c plus on y eft gêné par
la fumée : c’eft un point de Fait ; c ’en eft un aufiî,
qu’il y avoit beaucoup moins de fumée dans les
batteries du fort de l’Ile-d’A ix , que dans aucune
batterie de vaiffeau.
» Ces meflieurs ajoutent encore : Les témoins
sa de l’exp é r ien c e à l’Ile-d’A ix , nous, ont appris
33 que pour ce moment le général Montalembert
33 avoit fait enlever toute la cloifon qui fépare les
33 galeries collatérales: : on conçoit donc très-bien
>3 que l’air,rentrant alors très-faedementpar toutes
33 ; les fenêtres des cafernes, par les .efcaliers ou les
33 portes, comme par le callebotis& partie desem-
» brâfures, fit encore plus ai Cément fortir la fumée
33 de fes batteri.es, qu’il ne le fait dans les vaif-
3? féaux j mais nos doutes, ne portent que fur les
33. cafematès & revêtemens çafematés y fermés par
33 derrière ou appuyés;au terres du rempart, com-
». me font, dans l’auteur, toutes les flancs cafe-
» matés. 33
D’abord , fi l’on en excepte ces .flancs, tous les
autres mu« cafemates, du nouveau fyftème, ne
font point fermés par derrière 5 tous au c ntraire
font entièrement ou verts : ainfi il n’y a déjà‘ pi us
de doute pour ceu x - là , 8c fi rauteur, perfuadé
que. les iffues qu’il donne à la fumée .dans les flancs
çaf&matés font plus que fuffifàntes , a cru pouvoir
rapprocher lé rempart intérieur .defdits flancs pour,
gagner, par-là un peu de terrain dans l’intérieur de