
efpèce.'de mouvement fans s’en effaroucher»: il
rapporte à ce fujet qu’a près l’affaire de -Denain, :
la cavalerie Françoife ayant mis pied à terre, le
maréchal de Villars en paffant le long de la ligne
ayoit dit à plufieurs foldats d’un régiment de la
droite : eh b i e n , m e s e n f a n s , n o u s le s a v o n s b a t tu s ,
qu’ à çes mots toute la ligne s’étoit mife à crier
v i v e le r o i & à jeter fes chapeaux en l ’air , & que
cela avoit tellement effrayé les c h e v a u x , qu’ils
s’tpient arrachés, des mains des cavaliers 8c s’eu
étoient enfuis , & que çe défordre avoit caule
un dommage confidérable , qu’il' y avoit eu beaucoup
d’hommes hlefiès 8c d’armes perdues. « Pour
accoutumer les c h e v a u x au feu , ajoute-t-il quelques
pages plus bas , il faut, dans les garnifons,
lorfque l ’infanterie prend les armes pour faire
l’exerçice, avançer deffus Je feu au pas , traiter
fort froidement les c h e v a u x , les accoutumer de
proche en proche, ne les point châtier mais les
c are {Ter •, il faut prendre garde de ne pasj.es ap- ■
proçher affe* près, pour qu’ils foient brûlés , 8c
jamais on ne doit leur faire faire des mouvemens
de çonverüon 8c de côté près de l’infanterie,
parce qu’ils s’aççoutunieroientà ces mouvemens».
V o y e \ de plus fur cet objet la fin de notre article
A g u e r r i r .
Mais nous ne d e v o n s pas nous borner a aguerrir
les c h e v a u x , nous devons encore les fortifier
& l e s endurcir à la fatigue : « lorfqu’un c h e v a l n’a
pas é t é tourmenté, e n d u r c i air mal, dit l’homme
immortel dont nous venons de citer les paroles,
il eft fujet à beaucoup plus d ’ a c ç id e n s , & ne fa u -
roit ja m a i s être de, f e r v i c e » : oui, il e n eff des
c h e v a u x ç o ni me, des hommes j.çg ne font pas l e s
exercices v i o l e n s qui les excèdent, mais un paf-
fage fubit d ’ u n e l â ç h e o i f i v e t d à u n e a c t i v i t é extrême.
Voyez cependant notre cavalerie, dans fes
g a r n i f o n s , elle ne m o n t e que très-rarement ? elle
ne s’exerce que pendant un très-petit nombre
d’heu.res, elle çherçhe les terrains les p lu s doux,
les plus unis-, a u f f i eft-elle excédée par la route
la plus courte , ou même par une -manoeuvre un
peu longue; auffi a - t - e l l e , dès les premiers jours
de fatigue , un grand nombre de c h e v a u x h o r s
de fervice : fouvenon.s-nous fur-tout que ce. n’eft
point d a n s les manèges que n o u s devons exercer
les c h e v a u x de n o t r e c a v a l e r i e , ils ne doivent
y entrer que très - rarement : çe n’eft p o in t à
pafl’ager, à faire des vol tes, d e s c o u r b e t t e s q u ’ i ls
doivent être dreliés ; connaître le niors & les
aides , tourner a droite & à gauche, marcher
en avant & en arrièrç , ttoter 8c galoper, voilà
tout ce qu’ils doivent l’avoir, voilà tout çe qu’on
doit leur demander.
Quant aux c h e v a u x de vivres, voyez S u bsistan
ces ' m il it a ir e s , r e l a t i v em e n t aux c h e v a u x de
l ’ a i - t i l le r ië , voÿe\ le" d i c t io n n a i r e d’artillerie,
C h e v a u x d e B a t .* Relativement au
sombre d e çheyaux, :de- b â t permis dans une armée
3 à la manière de les .conduire & de le$
nourrir , voye^ les articles B a g a g e s 8c E q u i p
a g e s -, v o y e [ a u l l i le reglement proviloire de
l’infanterie, titre i , art. 46 ; tit. 7 , art. 11 ;
tic. 31, art. 48.
C h e v a u x d e c h a r i o t s . I l y a , pendant
la guerre, dans chaque régiment de deux bataillons,
uiPfchariot attelé de quatre bons c h e v a u x
pour porter les effets de remplacement à l’ufag®
du foldat, comme les chemil’es , les fouliers,. & c -
Ces chevaux.& ces chariots font achetés 8c entretenus
aux dépens du roi.
Tous les c h e v a u x d e c h a r io t doivent être atte-r
lés d e u x à deux. Voyerv aufir , relativement aux
c h e v a u x d e c h a r i o t , l’art. 5 du tit. 27
ment déjà cité..
C h e v a u x d e c o m p a g n i e .. Chaque»
compagnie aura dorénavant deux c h e v a u x , vulgairement
connus fous le nom de c h e v a u x d e p e l o to
n : ces c h e v a u x font deftinés à porter les tentes,
les manteaux d’armes | les couvertures d e s f o l -
dats 8c les marmites ;. ils doivent être choifis
a fie? forts pour porter chacun 300 livres. Un
foldat de chaque compagnie eft chargé du foirçi
de Tes panfer 8c de les conduire : ce foldat eft
çdnnu fous le nom de f o ld a t J 'u rn um é ra ire . V o y e *
ç e m o t . Au lieu des c h e v a u x de c om p a g n ie , ne
vaudroit^il point mieux avoir des chariots ? beaucoup
de militaires font de cet avis.
C h e v a u x de d é s e r t e u r s , Tous les
c h e v a u x que les d é f e r t e u r s ennemis amènent avec
eux ; doivent être conduits tout équipés au général.
S’ils font jugés propres au fervice , on
les garde p o u r le compte du roi.: on les paye
au d é f e r t e u r cent livres , s’ils font propres à la
cavalerie ; f o i x a n t e , s’ils font propres aux dragons;
8c cinquante, s’ils ne font bons q u e pour lés
hufl’ards. Si un homme dénué dès préjugés que
la fociété enfante , c o m p a r o i t , cet article de la
loi militaire avec ceux qui puniflent les acheteurs
d’effets qu’ils favent avoir été volés, il fer pic
sûrement tenté de rire de notre inconfequençe ;
mais l a i f f o n s là ces réflexions, elles-ne peuvent
guère être ici d’aucune .utilité. -*Si le c h e v a l
qu’amène un déferteur n’eft point jugé propre
au fervice du roi , le déferteur a la liberté de
le vendre ce qu’il veut, 8c perfonne n’a le droit
d e le taxer: Cette différence ne pourroit- elle
pas offrir encore matière à quelques réflexions s
mais encore une fois , elles feroiènt inutiles.
C h e v a u x é g a r é s . Les c h e v a u x qui font
trouvés dans le camp ou dans les environs ,
fans m a î t r e s - ou fans .conducteurs , doivent'être
menés au prévôt de l’armée, qui les fait rendre
à l e u r s maîtres. La loi veut a u f î i que leurs
maîtres reprennent de môme fans rien payer,
par-tout oû ils les trouvent, les chevaux qu’on
leur a Volés ou qu’ils ont perdus : Pachetéur
perd le prix qu’il a payé , parce qu’il eft défendu
par les ordonnances militaires d’acheter,
à l’armée , des c h e v a u x à d’autres perfonnes qu’à
«tes officiers connus.
CHEVAUX D’OFFICIER. Quant au nombre
de c h e v a u x permis aux différens officiers qui
compofent une armée , v o y e ç le tit. 1 , n?‘ . 43
8c 50 ; & le tit. 27, n°. 3 du réglement qui a
été déjà plufieurs fois cité dans cet article.
CHEVAUX POUR LES OFFICIERS , ou
CHEVAUX D’ORDONNANCE. Quand un ré.-
giment voyage , pendant la paix, dans l’intérieur
du royaume le roi fait fournir à chacun des
officiers qui compofent ce corps , un c h e v a l
connu fous le nom de c h e v a l d ’ o r d o n n a n c e . ;
Les officiers municipaux font chargés, dans
plufieurs provinces , de faire faire la fourniture
de ces c h e v a u x jj, dans d’autres , ce font les
prépaies de la compagnie chargée des étapes &
des convois militaires. Le nombre des c h e v a u x
d ’o r d o n n a n c e eft fixé d’après l’extrait de la revue
de route. Les officiers payent les c h e v a u x d ’ ord
o n n a n c e vingt-cinq fous pour chaque marche ;
le roi ajoute à cette fournie ce qui eft nécef-
faire pour parfaire le prix ordinaire de la journée
d’un cheval 8c de fon conducteur ; ce fup-
plément s’élève ordinairement jufqu’à deux liv.
quinze fous.
Dans les villes fituées fur les grandes routes,
la fourniture des c h e v a u x d 9o r d o n n a n c e n’eft point
très à charge à l’agriculture : on trouve dans
ces villes autant de chevaux dé louage qu’on
en a befoin ; mais- il n’en eft pas de même
dans lés villages 8c dans les bourgs ; il faut
là , pour fe procurer les chevaux néceffaires à un
régiment , eri faire venir de trois ou quatre
lieues de diftance. Lorfque les c h e v a u x d ’o r d o n n
a n c e font arrivés au lieu d’où part le régiment,
& ils doivent y être rendus une ou deux heures
avant le point du jour, des valets ou des foldats
les enlèvent aux malheureux payfans, quelquefois
avec des menaces, 8c toujours avec un ton
méprilànt. Dans les régimens bien policés, un
officier de fortune eft chargé, je le. fais , de la
diftribution des c h e v a u x d ’ o r d o n n a n c e , 8c il fie
doit permettre à perfonne d’en amener fans qu’on
ait payé le conducteur, 8c fans qu’on lui ait
donné par écrit le nom de l’officier quLdoit s’en
fervir ; mais ce réglement de police^ intérieure
n’étant point prefçrjt par la loi, n’eft point généralement
obfervé ; je dis plus , là où il eft étab
li, il eft fpuvent mal gardé : de'là il arrive
que le payfan ne fait prefque jamais , quand il
eft au nouveau logement, à qui redemander le
cheval qu?il a fourni ; il perd donc à le chercher
un temps qui lui eft précieux, trop heureux quand
il le retrouve lain 8c fauf, & portant la felle
fa bride , car il arrive fouvent que l ’offiçiêf
■ dire. M i l l e ,. S u p p l . T o m e I V .
âyaflt une felle 8c une bride à lui , laîffe , au lieu
du départ, celles du c h e v a l qu’on lui a amené. Ou
fent aifément combien eft à plaindre, dans ce £ tes
circonftànce , le citoyen qui a fourni le c h e v a l 9
8c dont l’habitation eft fouvent aufîi proche de
la nouvelle ftation que de l’ancienne. Le fort
de cet infortuné eft cependant encore plus fâcheux,
quand fon cheval meurt entre les mains
du jeune officier à qui il a été forcé de le,donner;
il lui faut un temps très-long & des courfes très-
répétées pour en obtenir le paiement-: c’eft bien
encore pis quand, ayant été attelé à un cabriolet
d’officier, ou à un petit chariot de vivandier,
le c h e v a l ne' meurt pas avant d’arriver au nouveau
logement,, mais quelques heures ou quelques
jours après la corvée ; le cultivateur perd alors
dans une feule journée le fruit d’un an de tra-,
vail 8c , l’efpoir de la moiffon. prochaine, V o y e ç
l’article M a r ch e d an s x’ i n t é r ie u r du
r o y a u m e . Voilà des abus dont j’ai Couvent
été le témoin, & qu’il importe de détruire. On
les rendra moins fréquens en rendant les garnirons
plus ftables ; on les détruira en donnant à
chaque officier un fupplément de paye pour cec
objet. En attendant le moment où l’on auras
adopté l’un 8c l’autre de ces moyens , tous deux»
très-fages, indiquons la manière de rendre à la
corvée des c h e v a u x p o u r le s o f fic ie r s plus légère
& moins dangereufe. Il faudroit pour cela xqu©
les bas-officiers , les foldats 8c les valets ne puffent,;
fous quelque prétexte que ce fût, monter, même
un l’eul inftant, des c h e v a u x d o rd o n n a n c e ; que
les officiers ne puffent atteler ces c h e v a u x , nz
à des charrettes ni à leurs voitures ; qu’ils ne
puffent en changer la Telle ou la bride ; il faudroit
qu’un capitaine fût nommé à l’ordre la
veille de chaque jour de marche pour veiller au
raffemblement & à la diftribution de’ ces c h e v a u x v 8c pour faire exécuter à la lettre le règlement
dont nous nous occupons ; il faudroit -encore
qu’un officier municipal du lieu fût obligé d’af-
fifter à cette diftribution ; il faudroit aulli qu’aucun
officier n’eût la liberté , pendant la marche ;
de s’éloigner de plus de' 30 ou 40 pas de la
première ou de la dernière file du régiment ; il
faudroit que chacun de ces Meilleurs fut obligé,
une demi-heure après l’arrivée du régiment à la
nouvelle ftation , de faire conduire fon c h e v a l
à un endroit déligné pour cet objet ; il faudroit
enfin que le capitaine 8c l’officier municipal , qui
le-matin auroient aflifté à la diftribution des c h e -
v a u x , fuffent obligés de fe trouver à ce rendez-
vous , afin d’affûter enfemble à la réception de
ces mêmes c h e v a u x dans le cas où tous les c h e v
a u x feroient rendus en bon état, l’officier municipal
donneroit au capitaine un certificat, dans
lequel il attefteroit que la diftribution des -
v a u x a été faite dans les formes preferites , 8c
qu’il n’y a eu aucune plainte portée par les citoyen
« ; dan$ le ça« çontt&ifej l’officier muni