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aiguillon plus fort que les loix & la crainte des
fupplices. On trouve une anecdote applicable à
notre o b je t, dans les campagnes de M. le maréchal
de Noailles } M. de Ségur lui écrivoit le 4
juin 1743 • je prends le parti de me débarraffer de
tous mes équipages , je montrerai l'exemple en ne
gardant qu'un porte-manteau. Voyez les campagnes 3 eNoailles , tome.i , pag. 96.
Ôue parti que prenne un général pour fe
;r de fes bagages, il lui en relie cependant
toujours aflfez pour l'incommoder un jour d'aélionj
auffi les écrivains militaires & les grands généraux
lui Font-ils la loi de les renvoyer dans cette cir-
conftance fur les derrières du champ de bataille.
Quant aux écrivains , voyez l’empereur Léon , par
Mezeroy,tome 1. p. 1 y 3 > Iss commentaires de C é-
far , 1 . 1. p. 23 5 les réflexions militaires de San&a-
C r u x , tome y , pag. 1S6 j les commentaires de
M . deTurpin fur Montécucullia tom. 1 , p. 2j y ,
tome 2 3 pag. 3 98 3 tome 3 , pag. 51 y j l'effai fur
les batailles , par M. de Grimoard , tome 1 , pag.
167. Quant aux batailles., voyez celles d'Arbelles,
de Bédriac , de Crémone , de Bulegneville, de
C r é c i , de-S.t -Gethard, de Lutzen , de Ramilles,
de Zenta , d'Hochftet, de CalTano , de Turin-,
de Malplaquet, &c.
Il faut auffi fe débarraffer de fes bagages quand
on veut faire une marche forcée oufecrettej il faut
s'en débarraffer encore quand on veut faire une retraite
en préfence, ou à portée de l'ennemi5
quand dans cette dernière circonftance , on ne
peut amener fon bagage avec fo i , il vaut mieux
le réduire en cendres que d'en abandonner la
jouiffance à l'ennemi. Dans tous les cas , i f vaut
mieux facrifier fes bagages que beaucoup d'hommes.
Jamais les bagages ne doivent dans une marche
être confondus avec les troupes j il faut plus , il
faut que leur marche foit combinée de manière a
•k ce qu'ils ne puiffent jamais nuire à celle des trour
jfpp pes , ni même la retarder. Les bagages font faits
pour l'armée, & non l ’armée pour les bagages.
Si avant une bataille on n’a point eu le temsde
fe débarraffer de. fes bagages , il faut , pour n'être
point obligé de leur laiffer une gardé trop confi-
dërable , les placer dans un endroit fort par fa nature
, & rendu plus fort par l'art.
La cavalerie & la bonne infanterie ne doivent
être’ employées que trèsrrarement à ia garde des
bagages•
L'efcorte des bagages doit être proportionnée
a la quantité de ces bagages, à la poffibilité où eft
l'ennemi de les attaquer, à la naturç du terrein
fur lequel l’ennemi peut faire fon attaque, & a
l ’efpèce d’armes avec lefquelles il doit naturellement
l'exécuter.
11 eft fouvent utile, pendant une bataille, d'en-
yoyer un corps de troupes attaquer ou au moins
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infulter les.bagagês de l’ennemi ; cette attaque produit
prefque toujours une diverfîon heureufe Le
général habile ne fera pas, il eft vrai, une grande-
attention à cette attaque , il dira avec Alexandre :
« Si je remporte la victoire, j'aurai toujours affez
de bagages. p Mais tous j^s chefs des armées n’ont
pas tant de fageffe.
Le conful Quintius Fabius & Frédéric I I , roi
de Pruffe , étoient perfuadés de la vérité de cette
maxime : le premier donna aux Samnites la facilité
de tomber fur fes bagages , & le fécond fit
conduire ceux de fon armée fur le chemin que
devoit fuivre fon adverfaire. Le premier de ces
deux généraux vouloit diminuer le nombre des
combattans qu'avoit l’ennemi, & le fécond empêcher
les troupes légères ennemies de tomber
fur les derrières de fon armée. Voyez l’hiftoire uni-
verfelle traduite de Langlois, tome 19 , p. 2 5 &
les commentaires de M. de Turpin fur Montéçu-
cu lli, tome 1 , pag. 256.
BAGUES. Mot anciennement ulîté, & qui
fignifioit hardes. Oh ne s'en fert aujourd’hui ,
comme terme de guerre, que dans cette phrafe :
fortir d'une place , vie & bagues fauves , pour dire
avoir la permiflion’, en évacuant une place, d’emi
porter fes bagages.
B A G U E T T E DE FUSIL. On trouvera dans
le diétionnaire des arts & métiers, article A rq
u e b u s i e r , la defcription & Ja fabrication des
baguettes defufil de munition. Voyez ce dictionnaire
, tome 1 , pag. 101.
Quelques puiffances de l'Europe ont adopté les
baguettes de fulîl avec lefquelles on bourre fans les
tourner, parce qu'elles ont deitx gros bouts. Ces
baguettes font-elles préférables à celles dont nous
nous fervons ? C ’eft l’expérience feule qui pourroit
-nous inftruire , & nous ne la confultons point.
Conferver les anciens ufages par habitude & fans
les juger 5 adopter des nouvèautés fans les appréc
ier, nous yoî-ià tels que nous fommes : cette maniéré
d'être durera-t-elle encore long-tems ? Il faut
efpérer que la révolution qui s'opère dans notre
gouvernement , en produira auffi une dans notre
caractère & dans nos moeurs.
B AGU E TTE S. Punition militaire. Supplément.
Lqrfqu'on fit imprimer l'article B a g u e t t e , qui
fe trouve dans le tome ï ," pag. 206 , du dictionnaire
de l’art militaire , la peine des baguettes étoit
placée par l'opinion & par la loi au rang des peines
infamantes} aujourd’hui elle n'eft plus reléguée
dans cette claffe que par la feule opinion.
Voyez l’ordonnance du premier juillet 1786. Si la
loi perfifte avec confiance , l'opinion changera
peut-être , mais encore faudrà-t-il qu'elle fort fécondée
par le tems & par la volonté des officiers
Frknçois.
Pour détruire le préjugé qui place la peine des
baguettes au njng des peines infamantes, il faudroit
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I „ e s’en fervir jamais contre les crimes infamans ;
E car ce n'eft que l'idée diin crime infamant qui
I rend la peine infamante il faudrait encore e'je-
M ver au rang de bas-officier, & placer dans les
B troupes d’élite quelques-uns des hommes qui ont
B paffé par les baguettes : mais pourquoi tous ces
B foins j peut-être les baguettes ne font point yiai-
§ ment faites pour être mifes au-rang des punitions
1 . militaires.
l( femble au premier afpeéb qu'on peut, en
1 employant les baguettes, proportionner avec fa ci-
■ lité la peine au délit : on p eu t, dit-on, multi-
1 plier les tours & les hommes : mais on s’apper- B ç o i t , après un peu de réflexion , que cette pro-
®> portion eft impoffible à établir} ce font des hom-
1 mes qui frappent, ils peuvent donc frapper plus
K ou moins fo r t, & même ne point frapper du
K tout : on a vu fouvent des foldats déchirés par
I cent hommes, après deux tours, & d’autres à peine
B* meurtris par deux cents, après fix tours.
La manière de choifîr les baguettes rend encore
B cette punition plus ou moins cruelle. Si les A^z-
B guettes font groffes', d’un bois dur & noueux, elles
B enlèvent'à chaque coup de grands lambeaux de
■ chair} tandis que fi elles font menues , & d’un
K bois flexible, elles font en apparence moins cje
B mal, mais en font réellement davantage.
Le foldat qui a la permiffion & la force de
I courir en parcourant la double haie , eft-il auffi
K cruellement puni que celui qui eft forcé de mar-
I cher lentement ? La punition ne varie-t-elle pas
K encore lorfque les officiers fuivent en: dehors de
» la haie l’homme qui paffe par les baguettes , &
I qu’ils obligent chaque foldat à frapper ? Ne varie-
I t-êllepas quand iis fuivent le coupable, mais en
B détournant la tête , & plus encore lorfqu’ils fe
B contentent de fe tenir aux extrémités de la double
B haie ? Si les forces manquent au patient,-fi la
B douleur ou la crainte l’empêchent de rentrer après
B quelques tours dans cette carrière pleine d’horreur,
B alors on fait t quelquefois , défiler le détachement
1 près du patient, & chaque foldat eft obligé de
ji le, frapper en pafiant .5 c’eft bien alors que la pro-
J portion peut ne plus exifter entre la peine & le
H crime. Et quand on fait paffe r de nouveau par les
t! baguettes un homme qui y a déjà paffe depuis peu
■ de jours, mais qui n’a pas eu la force de fournir
tous les tours ! Eloignons ce tableau', il eft affreux}
i la mort, la mort, quand elle vient feule , eft mille
B fois moins cruelle , & pour celui qui la fubit &
■ pour ceux que le devoir oblige d’en être les té-
| moins. Puifqu’ on ne peut, en employaut les ba-
1 --guettes , proportionner les peines aux délits , il
B faut donc les bannir de notre code pénal} il faut
B ^es ep bannir encore, parce qu’elles dépeuplent nos
1 armees : j ofe affirmer qu’il n'exifte pas dans nos
I , regimens lè quart des hommes qui ont fubï cette
I punition : il faut les en bannir, car il eft des
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foldats qu'elles affeéfent peu : on en a vu préférer -
la peiné des verges à la continuation de. leurs fer-
vices : il'faut bannir cette punition de notre code
pénal, parce que ce fout les foldats qui l’infligent,
& qu’ils ne rempliffent qn’avec une extrême répugnance
cet office cruel que le préjugé flétrit :
il faut la bannir parce qu’elle eft coûteufe , parce
qu’elle eft barbare, & enfin par.ee qu’ elle eft vi-
cieufe , foit qu’on renvoie ceux qui l’ont fubie , ,
foit qu’on les conferve. Voyez C o n g é , paragraphe
des C o n g é s i n f a m a n s . Si. l ’on croit cependant
devoir conferver la punition des baguettes,
au moins devroit-on la placer parmi les peines
capitales.
La. peine des baguettes eft aujourd’hui réfervée
pour le crime de défertion } on a efifayé , en multipliant
les tours & le nombre'des hommes , de
proportionner la peine au délit , & d’enlever
à cette punition la tache d’infamie qu’elle portoit
avec e lle, mais on n’y a point réuffi.
On ue s'attend point fans doute à trouver ici
les détails fur la manière de paffer par les baguettes :
j ils offriroient un fpeétacle inutilement déchirant.
Les hommes, qui par devoir font obligés de les
connoitre , doivent recourir à l’ordonnance que
nous ayons citée dans le commencement de cec
article.
B A IN . C Troupes à cheval. ) Relativement aux
foldats , on ne doit s'occuper des bains que pour
leur propreté } mais pour en tirer un parti doublement
utile;, il eft effentiel d'y joindre la natation.
Voyez ce. mot.
Relativement aux chevaux, il arrive trop fouvent
que l'on baigne les uns fans précaution , tandis
qu'on ne baigne prefque jamais les autres. Cependant
les.bains font infiniment utileSTa tous, & il
ne s'agît que de favoir les leur faire prendre à propos
, & avecTes- précautions néceffaires.
i ° . Il faut éviter de baigner les chevaux l'hiver ;
par la difficulté de les fécher & réchauffer après Je
bain j mais on ne fauroit trop les baigner l'é té , à
moins qu'il ne pleuve ou que l ’air ne foit v i f &
froid.
2°. Si l’ eau eft corrompue & malpropre, il faut
faire boire le cheval avant de l'y baigner.
3°. Pour que l ’eau ne gâte pas les pieds des
chevaux, avant de les mettre à l'eau il faut frotter
le fabot avec de l'onguent de pied ; & en les for-
tarit de l'eau , il fau t, avec le conteau de chaleur,
abattre l'eau totalement de. deffus le corps, &
avec l’éponge n’en pas laiffer une feule goutte fur
les jambes , fans cette précaution l'eau qui tombe
goutte à goutte des jambes fur la corne, la deffèche
& la rend caftante.
40. Avant d’envoyer un cheval à l’eau , il faut
s’ aifurer qu'il n'y répugne pas, & fi il y répugne,