
établi un corps particulier de fils d’ officiers &
de gentilshommes , qui v oui oient particulièrement
fe deftiner à l ’ ètat militaire. Comme le nombre
des élèves augmentoit. de jour en jour , aui fi -
bien que celai des fciencés qu’on enleignoi't ,
& que cet établiffement ne le eedoit point à
ceux qui portaient le nom d’académie , on lui
donna en 1773 nom à?-Academie militaire', 8c
il fut transféré à Stoutcgard , capitale du Wurtemberg
, parce que les bàdmens de la Solitude
commençaient à ne pas fuffire , qu’il étoit
trop difficile de fe procurer dans cet endroit ifolé
une allez grande quantité de vivres ?our nourrir
■ tant de monde. En 17S1 , cet établiffement eut
le titre d'Univerfité. Comme l’unique but n’étoit
point au commencement de ne former que des
lujets pour les troupes, il ne le fut point dans
la fuite , 5c peft encore' moins à préfent. Le
grand nombre de fciencés que l’on en feigne
dans cette univerfité pourra faire juger du cercle
étendu qu’elle embraffe. Quant à l’ infirucfion. ,
l ’univerfité eft divifee en lîx facultés ; la première
eft celle de droit ; la fesor.de , celle de
médecine -, la troi .ème , celle de philofophie •,
la quatrième , l’art militaire -, la cinquième ,
l’économie dans 1 quelle on a compris les finances,
la icience des forêts , la chaffe &. le commerce -,
la fixième comprend les beaux arts , tels que
1 architecture ci île , la peinture , la fculpture,
l ’art du flucareur , la gravure en taille douce,
le jardinage, & c. Outre cela , on forme aufli
des nuificiens dans tous les genres , des acteurs , I
des danfeidjs , & même des amians dans une
partie feparéc de l’ univerlité.
Le jeune homme qui fe defiine à Tétât militaire,
eft le feul qui nous intéreffe dan* cet
ouvrage. Ceux qui étudient pour ce bot , lorf-
qu’ ils ont fini leur coûts de langues & de
fciencés préparatoires font divifes en quatre
claffes , dont l’une entre toujours dans la carrière
militaire -, environ un an avant l’autre.
L’élève- reçoit des inftr.: étions dans les fciences
préparatoires & i'ubfidiaires -, on lui enfeigne a
lire , à écrire , Parithmétique, le latin , le grec ,
le François , l’ italien , l’anglois , la géographie ,
Phiftoire naturelle 8c politique , la ftatique ,
l ’ éloquence , la phyfique théorétique & expérimentale
, toutes les parties de la philofophie ,
les antiquités grèque* 8c romaines , la mythologie',
le droit de la nature, de la guerre, des
gens i le deffin , la danlè, les arme* , l’art du
voyageur & l’ équitation. Il apprend quelques- |
unes de ces fciences avant de commencer proprement
fes études militaires ; d’ autres 8c môme
la plupart font errfeignées auifi pendant le cours
de ces études« Le cours des études militaires
dure proprement trois ans 8c demi.
Dans le premier femeflre , on explique au
jeune homme cinq fois par fcmaine l’arithmétique
théorétique & l’ algèbre ; dans le fécond ,
neuf fois par femaine la théorie delà géométrie,
la trigonométrie & les fe étions coniques.-La
géométrie pratique 8c l’application de cette
géométrie a la géographie mathématique , fur-
tout par dé* exercices à la campagne , pend nt
quatre heures par femaine ■, les, mathématiques
appliquées en prennent cinq -, 8c le deflrn
géométrique trois , pendant le premier le me lire
de ta fécondé année. Après cela on coniacre
quatre heures par femaine à l’artillerie i cinq a
la tactique pure 8c à la caftramétacion- pure -, &
huit aux deffins de. l’artillerie & aux plans,
pendant le fécond femeftre.
On paffe le premier femeflre de la troifierae
année de la manière fui van te r trois heures de
la femaine font contactées à l ’architecture civile ,
& quatre aux delftns qui y ont rapport deux
à l’archkeéture hydraulique , cinq aux fortifications
de campagne , & quatre aux deifins qui
y ont rapport : dans l’autre femeflre , lix heures
par lemaine l'ont employées à apprendre l’archi-
teéture militaire , avec l’attaque 8c la defenle
des places -, cinq à l’hifloire de la guerre , &
huit aux différens deffins qui y ont rapport. >
Au commencement de la quatrième & dernière
année -, viennent cinq heures par femaine
la tactique appliquée 8c la flratégie , enfuite on
emploie huit heures aux deffins relatifs à la per-
fpeétîve 8c à la taétique -, & enfin trois heure»
à lire des inftruétions fur le ièrvice
Dans toute l ’univerlité , il y a environ quatre*
vingts inftituteu.rs •, fix font pour les fciences
militaires , cinq defquels font officiers -, un d’eux
lit un cours fur le fervice, d’après fa propre
expérience, 8c fondé fur les ordonnances militaires.
Il élève auifi les élèves dans le flyle de
la guerre , par les com polit ions qu'il leur fait
faire dans le ftyle ordinaire l’ur les avis , ordres
& autres chofes de cette efpèce. Un autre
enfeigne la flratégie , 8c la taétique appliquée
d’après Mauvillon , ainfi que l’hiftoire de la
guerre d’après fes propres idées.' Un troifième
enfeigne la fortification d’après S truenfee. Un quatrième
, la tactique pure 8c îa caflramétation , &
en même temps la géométrie pratique d’après l’es
propres cahiers , &: lyarcillerie d’ après Mauvillon ,
avec des additions tirées des ouvrages nouveaux.
Un cinquième enfeigne les mathématiques d’aprè*
Bélidor ■, & un fixième , les mathématiques pures
i d’après Unterberger. Les leçons de dellin l’ont
diflribuées entre la plupart des profeffeurs. mili-
faites- En expliquant les fciences militaires , on
étend- les idées des jeunes gens par des applications
pratiques , & fur-tout par ^exercice des
armes & l’exccution de tous les mouvemen*
qui font expliqués dans la théorie de la taétique*
Quand les troupes de Wurtemberg s’exercent,,
forment des champs > des retrançheiuens y cul
autre chofe flq éetre nature, on y fait fouvertt
affifler les élèves.
Outre c«s arrangemens convenables , par rap-
porc ans fciences, l’univerfité eft encore diftri-
buée en deux divifions de jeunes gentilshommes
& en trois de roturiers. Chaque divifton compose
de cinquante jeunes gens doit avoir un
capitaine, un lieutenant & deux gouverneurs
pour l’infpeûion , afin d’y entretenir l’ ordre
preferit par le duc. Il y a aufli dans chaque
Ævilion quelques domeftiqi.es pour fervir les
jeunes gens. Outre c e la , il y a un major qui
veille également fur toutes les divifions nobles
ou roturières, & un intendant qui a l’ i'nf- eâion
générale fur tout ce qui concerne l’uni,erficé.
I! y a à Luniverlité Caroline , comme dans toutes
les autres univerfités, un protecteur 8c un chancelier.
Comme le duc régnant entre dans tous
les détails de cet étabfixement , il ne fe pâlie
prefque rien dont il ne foie i h.(Irait 8c fans ion
agrément. Les muficiens, ies comédiens, ni les
antifar.s n’appartiennent pas, comme je l’ai d it,
à ces divifions. Les punirions écabiies à l’univerlité
font la priibn pour- les grand* , des
coups de baguettes pour les petits.^ On punit les
petites fautes, en refufant aux élèves la permifi-
lion d’ader les dimanches chez leurs pareras a
Ja ville. Dans quelques occafions on leur fait
quelques reproches lecrets 8c même quelquefois
publics , ou bien on les prive du fou per. Voici
quelles font le* récompenfes : quelques élèves
font placés le loir à la table du duc. Le duc
lui - même lit les locations 8c donne les
louanges à ceux qui ont gagné les premières
places. On diflnbue auifi des médailles d’argent
pu dorées à ceux qui fe font diflingués par leur
bonne conduite , 8c leur application dans les
arts & dans les Iciences. Cette difiributson fe
fait une fois chaque année avec beaucoup de
folemnité. Ï1 y a des petîrs 8c des grands ordres
pour ceux qui ont remporté quatre ou huit prix dans
Pannce. Enfin , on donne aufli aux élèves des
grades militaires , des titres de cour, auxquels
font attachés des dignités , des revenus , & on
n’attend pas pour cela qu’ ils aient fini leurs
études . ou qu’ ils foient furtis de la m îfon. Les
leçons fe donnent le matin depuis fept.heures
tufqu’ à onze , 8c l’après-midi depuis deux juf-
qu’à fix. Le refte du temps eft employé au repas,
à la promenade, à la culture du jardin de P*aca-
démie, dont chaque élève a un périt morceau à
fa difpofition. On joue aulfia-.i billard, au ballon
& à d’autres jeux. O11 donne aux jeunes g-'ns
une loupe à déjetWr , quatre plats à dîner &
deux à fouper, ils ont auifi du vin a proportion
de leur âge. Dans les heures de préparation &
de répétition , il y a toujours auprès des jeunes
gens des officiers , ou des gouverneurs qui
Veillent à les taire noa-icuiemeut étudiée en.
g én é ra lm a is suffi à fe préparer dans la partie
à laquelle chaque heure eft deftinée. ^
Le bâtiment de l’académie eft fort beau. On
V remarque une imprimerie , une bibliothèque
irtes conlidcrable , & la faite i-manger ornee
d’un plafond peint & des buftes de quelques
grands hommes qui ont illuftré les fciences &
les arts ; on y remarque aufli les cinq dortoirs,
l’auditoire 1 la (allé du fenat & les claffes. La
propreté qui règne dans la mailon , 1 ordre exatt
qu’on y obferve, & les grands avantages de
cette univerfité y ont attiré un grand nombre
de jeunes gens de toutes les nations de l’Europe.
Le duc lui-même fournit en grande partie au*
dépenfes confidérable* qu’exige un ctablmement
amii brillant. On trouve le refte c*ans les pen-
fions que paient les jeunes gens qui iont prefque
tous étrangers. Cette penfion qui augmente avec-
l ’â^e du jeune homme 8c le nombre des leçon$
Qu’il prend , ne paifent point cinq cents florins»
Depuis quelques années on reçoit aufli dans les
leçons, les jeunes gens du pays 8c .es étrangers
qui veulent feulement aflifter aux leçons de 1 académie',
Sc il leur en coûte fort peu pour jouit
de cet avantage,
§. I I I .
Des changemens à faire dans nos Ecoles Militaires.
En empruntant des différents écoles militaires
que nous venons de parcourir , ce que
chacune d'elles offre de meilleur , nous pourrions
, fans doute, perfedionner les nôtres i
mais pourrions-nous les rendre conflitutionneiles-?
fût-il poflible de rendre nos écoles militaires conf-
titutkmnelles , pourrions-nous les conflituer de
manière à ce quelles répandent & entretiennent
dans l ’armée les lumières q^ il eft de 1 intérêt
général d’y trouver ï je ne le crois point. J’ai
démontré dans l’ article Examen que pour faire
acquérir à un grand nombre de François les
connoiff^nces 4U* fo-nt née®flaires a nos défen-
leurs , ce n’eft point à des écoles- mititaires niait-
à de&exameas, & à des primes d’éducation qu’ il
faut lÉtôurir -, & je vais prouver dans ce paragraphe
, q,ue pour entretenir dans P armée
les connoiflances que tes examens y auront répandues,
iî faut établir à la fuite de chacun-
de nos régi me ns des profeffeurs de chacune des
fciences 8c des arts dont la connoiffunce eft ne-
celfaire à nos militaires.
Qu pique les . examens Sc les primes d?éduca-
: tio'n foient ,fo,.s tous les èappons plus propre*
| què les penfions gratuites 8c les collèges mi-
| litaires: à donner à l’armée dès officiers qui ayent
mérite leurs emplois par leurs wlens & par leurs
i vertus , Examen ) quoique les examens 8s