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de diamètre : ce trou eft percé de manière à ce
que fa direction forme avec la partie fupérieure
dé la planche un angle de 4 y degrés. On fait
entrer dans ce trou un bâton d’un bois-dur, qui
a trente pouces ou trois pieds de longueur. On
frappe la terre du parapet avec cet inftrument,
ainfî on produit le double effet de la taffer &
d’en applanir la furface.
v B A T T R E . Battre les ennemis, c’eft les vaincre
, les défaire.
Battre le tambour , battre la caifîe , c’eft frapper
fur le tambour avec deux petites baguettes.
Les différentes manières de battre le tambour
annoncent les différentes opérations que les troupes
doivent exécuter.
Battre la chamade. Voye£ C h A M A D E .
Battre l*eftrade. Voye% BATTEURS D’ESTRADE.
Battre la campagne. C ’eft courir de-ça & de-la ‘
dans la campagne , afin d’avoir des nouvelles des
ennemis. Voye^ E s t r a d e , D é c o u v r e u r s ,
D é c o u v e r t e , R e c o n n o i s s a n c e m i l i t a i r e .
BAUDRIER. Les baudriers ont été fucceflive-
ment pris, quittés & repris} ils font aujourd’hui
généralement adoptés , mais font-ils réellement
plus commodes que les ceinturons? Ne précipitent-
ils pas la dégradation de l’habillement ? N e rendent
ils pas , au moins pour le fantaffin , l’ épée
gênante dans les marches ? L ’épée ou le fabre
fufpendus au baudrier, ne peuvent-ils pas , par
leur poids, devenir nuifibles à la fanté du foldat,
.en ce qu’ils compriment conftamment fa poitrine?
Le ceinturon ne pourroit - il pas être confidéré
comme une efpèce de. ceinture , utile dans les
.marches , & capable de prévenir une des maladies
des plus communes dans l’armee , les hernies?
Toutes ces queftions mériteroient, ce me
femble, d’être propofées , difeutées , réfolues.
BECHE. L a beche e ft u n o u til d e f e r , n é c e f-
fa ire à la g u e rre p o u r r e m u e r la te rr e , fo it d a n s ;
le s l iè g e s , f o it d a n s le s m a rc h e s . Voye% P i o c h e . 1
Les Polonois viennent de faire conftruire des!
bêches qui fervent de plaftron à leur infanterie y
cette idée mériteroit peut-être quelque attention;,
quelques eflais de notre part.
BELIER. Le di&ionnaire des antiquités nous
parlera du belier antique} mais nous , nous*devons
parler d’une efpèce de belier, -dont les officiers
particuliers peuvent fe fervir pour faire
brèche au mur d’une maifon , d’ une églife ou 4 ’ un château. .. à
B E C B E L
Pour conftruire cette efpèce de belier il faut
fe procurer trois chevrons de fix pouces d’équa-
riffage environ , & de douze à quinze pieds de
longueur, une groffe & longue poutre> & une
groflTe corde. Avec les trois chevrôns on conf-
truit une efpèce de chevalet, à la partie fupérieure
duquel on fufpend la poutre , avec la groffe
corde. Pour former ce chevalet on place l’extrémité
inférieure de chacun des chevrons , au fom-
met d’un des angles d’un triangle équilatéral
qu’ on a tracé fur Té terrein , & dont les côtés
ont douze ou quinze pieds de longueur , & on en
réunit les extrémités fupérieures. Cela fa it , on
fufpend la poutre par fon milieu à trois pieds
de terre.
On conftruit cette efpèce 'de belier pendant la
nuit, à fept ou huit pieds du mur , vis-à-vis un
de fes angles & dans un endroit dont on a -rafé
les défenfes & éteint le feu. Pour mettre la ma-
chine en mouvement on retire la poutre en arrière
à force de bras , on la laiffe enfuite aller
contre le mur} les coups qu’elle frappe étant
précipitamment réitérés , & toujours dirigés vers
le même endroit , cbrànlent les principales pierres
du mur , les détachent , les font tomber, &
bientôt la brèche fe trouve faite. Voye% les commentaires
de Folard, tom. 5 , pag. 349 } la fcience
des poftes, de le Comte, pag. 10 4, & le guide
de l’officier particulier en campagne, lï^.ôyz.
B E L L IG ER AN T . Qui fait la guerre. C e mot
ne s’emploie ordinairement qu’ au féminin & au
plurier , les puijfances belligérantes.
BELLIQUEUX. Qui a l'humeur martiale 9
guerrière , qui aime la guerre.
BÉNÉFICE MILITAIRE . , Quoique les expre
fiions bénéfices militaires , précaires , fiefs , bénéfices
ecclêfiajliqucs donnés'a, des militaires , bénéfices
donnés pour des militaires , défignent des objets
très-différens en eux-mêmes, elles ont cependant
cela de commun qu’elles réveillent l’idée
d’une récompenfe accordée par la puiffance fou-
veraine, à des gens de guerre dont eilé veut payer
les ferviçes.
§. I.
Des bénéfices militaires , proprement dits+
. Nous n’entreprendrons point de prouver, contre
l’opinion commune , que les Romains n’ ont
pas les premiers fait ufage des bénéfices militaires
pour récompenfer ceux de leurs guerriers qui
àvoient bien mérité de leur patrie } il importe
peu à notre fujet de favoir fi c ’eft fur les bords
du Tibre ou du N il que ces récompenfes ont été
d’abord établies} il nous fuffit de favoir que les
B E N
Eeyptfens avoient créé des efpeces de benefi‘ ‘ *
f f i S a l q u e les foldats vétérans «cevo.ent chez
Jes Romains dans les premiers tems de la repu
blique quelques arpens de terre ; qu on leur dil-
tribuoit aufli quelquefois dequoi faire valoir ces
terres ; que ces récompenfes portoienc le nom
de bénéfices que ceux qui les avoient reçues
étoient nommés bénéficia™ ; que Cefar donna aufli
aux compagnons de fes-viftoires une partie des
terres qu’ il avoit ravies à ceux de ces concitoyens
qu’il avoit proferits , & que 1 exemple ne
ce dictateur fut imité par la plus grande partie
Les terreins avec lefquels on compofa les bénéfices
militaires furent d’abord pris indifféremment
dans le coeur de l’Italie , dans les colonies
& dans les provinces conquifes } mais bientôt ils
ne furent plus choifis que vers les frontières } on
efpéroit faire tourner l’intérêt perfonnel au profit
de l’ intérêt général} on fe flattoit que le defir de
conferver fes propriétés rendroit la bravoure & la
volonté des guerriers plus grandes, & mettroit, a
l ’abri des incurfions des barbares , les frontières
de l’Empire.
Ces bénéfices n’étoient d’abord qu’à v ie , &
l ’Etat en confervoit la propriété} mais par la
fuite les pères eurent la permiffion de les tranf-
mettre à leurs enfans, fous la condition que
ceux-ci ferviroienr l’Etat les armes à la main,
ainfi que ceux-là l’avoient fait. Pour empêcher
que les bénéfices militaires ne fufîént confondus
avec les biens patrimoniaux , il y avoit dans
chaque province, entre lès mains du gouverneur,
un regiftre,dans lequel on inferivoit, & les objets
concédés, & le nom de ceux en faveur de
qui les conceffions avoient été faites } mais la
cupidité rendit cette précaution inutile > on oublia
la claufe mife à la conceffion , & l’Etat fut
en même-tems fruftré de fes domaines & de fes
défenfeurs.
Nos rois dé la première race étoient placés
trop proche des empereurs romains pour ne
pas les imiter , auffi voit-on , dans Aimoin , que
Clovis donna des bénéfices militaires à ceux de
fes guerriers dont il voulut récompenfer les
ferviçes.
Les Turcs o n t auffi d a n s leurs tim a r io ts de
V rais bénéfices militaires. Voye% T lM A R lO T S .
Quelques écrivains, mais fur-tout beaucoup
de penfeurs modernes demandent fouvent pourquoi
nous ne renouvelions pas l ’ufage des bénéfices
militaires ? Nos rois o n t, d ifen t- ils , de
grands domaines qui rapportent infiniment peu
a 1 Etat, & qui , s’ils étoient confiés à des
hommes perfonnellement intéreflfés à les faire
Valoir, feroient très-produ&ift : il y a en jg ^ d f
B E N , 7 5
difent-ifs encore , des landes immenfes , des
terreins incultes & abandonnés, pourquoi ne
formeroit-on pas avec ces differentes pofieffions
des bénéfices militaires ? Cette queftion mériteroit
véritablement la peine d’être débattue : celui qui
fe chargeroit de la réfoudre devroit rappeller
fouvent à fa mémoire les changemens que les
bénéfices militaires ont éprouvés chez les Romains
& ne point oublier, cependant, que les hommes
ne prennent jamais un intérêt bien grand,
bien v i f , à des terres qu’ils ne peuvent efpérer
de tranfmettre à leurs defeendants.
§. I L
Des précaires & des fiefs.
Les précaires étoient des biens eccléfiaftiques
que les princes donnoient aux feigneurs à la
charge du fervice militaire. Les détails relatifs
aux précaires appartiennent aux dictionnaires
d’hiftoire & de jurifprudence. Il en eft de même
de ce qui concerne les fiefs. Voyeç le dictionnaire
d-hiftoire & de jurifprudence : vous trouverez
dans le fécond de ces ouvrages > article
F i e f , une analyfe bien faite des opinions de
Montefquieu & de M . l’abbé de Mabli fur l’o rigine
dés fiefs & fur leur emploi comme récompenfes
militaires.
S- I I I .
Des bénéfices eccléfiaftiques donnés a des mili-'
tàires.
Nos rois ont récompenfe pendant long-tems
les défenfeurs de l’Etat en leur accordant la
jouiflance de quelques bénéfices eccléfiaftiques, tels
que des évêchés , des prieurés, des abbayes ;
les preuves de cette vérité hiftorique font nom-
breufes : ouvrez les mémoires de Montluc, vous
y verrez que M. de Montfalès fut un des gentilshommes
des mieux récompenfes, car le roi
lui donna, pour un coup, deux évêchés, deux
abbayes , & d’argent plus de cent mille francs}
& dans en autre endroit que M. de Saint-Lary ,
maréchal de France , connu fous le nom de
maréchal de Bellegarde , obtint plus de , trente
mille livres de rente en biens d’églife & autres.
Les premiers confiftoient dans l’évêché
de Coüferans & l’abbaye de Gimont} on trouve
aufli plufieurs preuves de cette vérité dans les
mémoires de Tavannes, dans ceux de la Vieil-
leville , de Boivin du Villars, de Rabutin, & c.
On en voit un grand nombre d’autres dans l’article
C l e r g é , de la bibliothèque de l’homme
d’Etat & du citoyen. On voit enfin dans le dictionnaire
philofophique , tom 5 , pag. 3 3 , qu’on
donnoit des évêchés , même à des protef-
tans.
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