
ques propriétés, fe trouveroit en état d’ affurer
les moeurs , la fubfiftance & le bien - être de fa
femme & de fes enfans, à l’éducation defquels il
pourroit veiller. Pendant l’efpace de tems qu’ils
\ pafferoient chez eux , ces foldats pourroient travailler
leur héritage ou celui des autres, & même
recueillir le fruit de leurs travaux ; ils pourroient
mettre dans leurs affaires & dans l’intérieur de leur
ménage un ordre capable de réfifter à deux mois
d’abfence; leur paye les aideroit aifément à faire
les routes néceffaires pour rejoindre leurs drapeaux
& revenir chez eux.
Quant à leurs enfans , on pourroit placer les
garçons dans des écoles d’ éducation militaire que
l ’on formeroit exprès dans chaque divifîon , &
dans lefquelles on pourroit préparer d’avance des
remplaçans qui pourroient l’être à l ’âge de dix-
huit ans.
Mais dans ces fuppofitions les plus raifonnables
& les plus avantageufes que l’on puiffe defîrer, il
refteroit encore deux points affez épineux, le moment
où il faudroit faire la guerre , & pendant la
paix les fous-officiers & les officiers, auxquels naturellement
on ne devroit accorder ni autant de
Congés ni des congés auffilongs qu’à la très-grande
majorité des foldats.
Quant au moment de la guerre , elle mettroit,
dit on , les foldats mariés dans de grands embarras
; elle mettroit le défordre dans les affaires de ;
beaucoup d’entr’eu x , & en expoferoit un grand
nombre à des malheurs femblables à ceux qu’éprouvèrent
jadis les Spartiates. Mais on doit ob-
îerverque les guerres, à l’avenir, ne feront plus ni
auffi fréquentes ni auffi longues .D’ailleurs, n’avons-
nous pas feus les yeux l’expérience de nos matelo
ts, qui font prefque tous mariés, & qui même,
pendant la paix, font desabfences de plus d’une
année. Le gouvernement pourroit auffi, dans ces
tems défaftreux, venir au fecours des familles des
foldats qui en auraient un véritable befoin , ainfi
qu'on l’a fait pendant la guerre de la liberté , &
peut-être réfwlter oit-il de ces inconvéniens l’im-
menfe bonheur de nationalifer davantage les guerres
, & de les rendre & plus rares 8c plus courtes.
Quant aux fous-officiers & aux officiers, on
pourroit tolérer leurs mariages, en décidant les
garnifons permanentes dans chaque divifîon militaire,
& en rendant par ce moyen les mutations,
pu très rares, ou tellement rapprochées, que les
fous-officiers & lés officiers mariés ne fe trouve-
roient jamais affez éloignés de leur ménage, pour
qu’on ne leur permît pas d’ aller les revoir de tems
en tenis. -
On a cru devoir s’ arrêter à une fimple efquiffe
d’idées relativement à la queftion fi importante du
mariage des foldats français , convaincu qu’il fuf-
fifoit de jeter les bafes de la folution de ce problème
, pour donner au gouvernement le defir dé
les faire entièrement développer.
MARRON. On donne le nom de marron à une
pièce de cuivre ou de fer-blanc d’environ un pouce
en carré, qu’on remet aux officiers 8c aux fous-
officiers de ronde ou de patrouille.
Sur chacun des marrons font gravés des caractères
qui indiquent l ’heure à laquelle on doit faire
la ronde ou la patrouille, & le chemin qu’on doit
fuivre } chaque marron eft percé dans fon milieu
d’un trou rond de trois lignes de diamètre.
En remettant aux officiers 8c aux fous-officiers
de ronde ou de patrouille le nombre de marrons
qu’ils doivent avoir', on leur indique les endroits
où ils doivent les dépofer.
L’officier ou le fous-officier de ronde trouve à
chacun des endroits où il doit dépofer des marrons
qu’ il a reçus, une petite boîte faite en forme
de tronc, 8c fermée par un cadenas , il fait entrer
un marron dans cette boîte ; le marron , en tombant
, eft enfilé par une petite aiguille de fer plan^
tée dans le milieu de la boîte ; ainfi on ne peut
plus faire fortir le marron qu’ en ouvrant la boîte.
Les différentes boîtes font portées tous les matins
chez le major de la place : cet officier fupé-
rieur vérifie alors aifément, en comptant les marrons
& en examinant l’ordre dans lequel ils sont
difpofés, fi toutes les rondes & les patrouilles
qu’ il a ordonnées, ont été faites, & fi elles l'ont
été dans l’ordre qu’ il a preferit.
On peut, dans un polie, fuppléeraux boîtes 8c
aux marrons,en faifant ufage détaillés femblables
à celles dont certains marchands fe fervent pour
marquer la quantité de denrées qu’ ils ont fournie
à leurs pratiques.
M A S S E . Avant la révolution on diftinguoit
dans les troupes f.-ançaifes quatre efpèces demaffe,
i° . La maffe générale ;
2°. La mafle de linge & chauffure ;
30. La mafle de iy livres ;
40. La mafle de propreté.
On connut auffi la mafle pour le pain fabriqué
dans chaque corps, celle pour les hôpitaux régimentaires.
celle pour les fourrages, les remontes,
le chauffage, les étapes , & même la mafle pour
le cafernement de le campement.
En 1 7 9 1 , 92 & 93 , on s’occupa de ces différentes
maffes & des objets qu’elles dévoient regarder.
En 1799, ou en meflîdor an 7 , le citoyen Petiet
fit un rapport au nom de la commiflion relative au
matériel de la guerre , dans lequel il prouva que
les maffes affrétées aux différens objets dont nous
venons de parler, étaient trop fortes, & il pro-
pofa de les réduire à des prix plus raifonnables ;
mais contrarié fans doute par les circonftances,
il ne crut pas que l’on p û t, dans le moment où il
faifoit fon rapport, ofer propofer tout ce qui
étoie pour le mieux. Ainfi, pour l’habillement
des troupes, il propofa de donner feulement la
confection des yêtemens au corps, 8c confeiva
attrniniftre de la guerre la faculté de faire fournir
les matières premières : la même chofe pour
les remontes. Les hôpitaux furent fournis au
même régime, 8c fous le prétexte des difficultés
d’ avoir des infirmeries régimentaires pendant
la guerre , on perpétua les abus des hôpital x
militaires, & 'ainfi de tout le refte. Mais .pourquoi
, quand on fait le bien , s’arrêter à indi- j
quer ce qu’il faudroit faire, & ajourner l’exé- j
cution , qui ordinairement eft cependant fi pref-
fante ? Pourquoi ne pas a: rêter d’abord le principe,
s’il y a des obftacles infurmontables pour l'exécution
totale, décider au moins qu'elle aura lieu
dès l’inftant où la chofe fera poffible? Là , c ’eft la
guerre que l’ on oppofe & l’impoflibilité d’effectuer
le projet des maffes pendant qu’elle dure. I c i,
ce font-les confeils d’adminiftration des corps que
l’on ne veut pas croire en état d’être chargés d’auflî
grands intérêts. Quelques hommes, ou ignorans,
ou cupides , propofent des régies comme bien plus
avantageufes ; d’autres enfin croient que ce feroit :
au corps des capitaines , quelques-uns aux états-
majors des corps qu’il faudroit confier de-préfé- i
rence la direction des achats & des confections.
Il fuffit de favoir ce que c’ eft en général qu’une
régie , & combien elles font toutes difpendieufes
& dans l’impoflibilitéd’affurer aucun feivice, pour
ne pas s’occuper même à en prouver les dangers.
Le corps des capitaines ne peut pas être chargé
de la geftion des maffes, par la raifon que , pendant
la guerre , ils ne pourroient plus fuivre cette
importante opération.
L’auteur de YExamen critique du Militaire fran-
fais a raffemblé beaucoup de raifons pour prouver
que les états-majors des corps ne font nullement
propres à être chargés de la geftion des
maffes,
Refte donc les confeils d’adminiftration, que
l’on peut compofer de manière à ce qu’ils fui-
vent, avec l’attention la plus fcrupuleufe, l’emploi
des différentes maffes.
Mais pour remplir cet objet au plus grand
avantage du foldat & à la plus grande économie
pour le gouvernement, il faut que les garnifons
foient permanentes , au moins dans chaque divi-
fion militaire ; il faut que la très-grande majorité
des foldats foit environ dix mois fur fes foyers ;
il faut à la fuite de chaque bataillon une compagnie
auxiliaire, à laquelle feroient attachés les
différens ouvriers du corps, & qui pendant la
guerre feroit le féminaire des recrues & la garde
des magafins où l’on dépoferoit les effets que l’on
confeéfionneroit ou répareroit au milieu d’elle.
Dans cette hypothèfe, il faut que les matières
premières de l’habillement & du grand & petit
équipement foient achetées par le confeil d’aami-
niftration, & confectionnées enfuite fous les yeux
& la direction des officiers & fous-officiers chargés
fpécialement de ces objets. Les régimens à
cheval doivent auffi être chargés de l’achat, nourmure,
panfement, ferrage, & c. Ainfi, à l’exception
du pain pour lequel il faudroit prendre les
moyens les plus fûrs pour en affurer la meilleure
fourniture poffible aux troupes ( ce qui feroit
peut-être, en fe fourniffant chez des boulangers,
au moyen de la plus-value) , il faudroit arrêter des
maffes pour les fourrages, le ferrage, la guérifon,
l’enharnachement 8c l’achat des chevaux j pour
le chauffage des troupes, leur nourriture en route
, leurs guérifons au corps ou dans les hôpitaux
civils, leur habillement, armement, équipement,
petite monture ; enfin , leur logement, cafernement
& campement.
On s’abftient d’entrer dans de plus grands détails
fur cette partie importante des maffes dont
chaque objet exige des développemens On trouvera
dans le rapport du citoyen Petiet, tout ce
que l’on pourra defîrer relativement à tous les
calculs 8c à tous les moyens de fe fixer fur les
prix des différent'ës maffes ; 8c quand on aura réfléchi
à tous les avantages attachés à cette manière
de fubvenir aux différens befoins des troupes,
on n’héfitera pas à l’adopter après s’être foigneu-
fement appliqué à en écarter 8c à furmonter toutes
les difficultés qui pourroient fe rencontrer
dans l’ exécution, furtout en tems de guerre.
MÉDISANCE. La médifance eft le vice pré-
curfeur de la calomnie. On commence par médire
de quelqu’un, on finit par le calomnier ; & n’allez
pas croire que ces vices deftruCteurs de la fociété ,
qui affaffinent moralement les hommes qu’ils atteignent
, qui ruinent leur réputation, leur fortune,
qui détruifent leur bonheur, ne foient connus
que dans le monde. On médit dans les camps ,
dans.les armées, dans les garnifons; on médit
parmi les généraux, les officiers, les fous-officiers,
les foldats, 8c ainfi l’on cherche à nuire à ceux
que l’on jaloufe. L’on n’ eft pas capable d’indiferé-
tions fur fa propre gloire ; on ne néglige pas d’ en
parler, on ne craint pas même de publier des défauts
que l ’on croit faire quelqu’honneur dans le
monde; mais l’on ne fe délaffe jamais plus aifément
ni plus agréablement qu*en médifant de fes
camarades : c’eft leur rang, leurs talens, leur mérite
qui bleffe : de là le plaifir que l ’on a à réciter
ou à entendre les défauts des autres : partout
ailleurs on exeufe tout ; ici on envenime tout ,
& rarement s’en tient-on à la médifance; trop
fouvent l’on y mêle de la calomnie : on y ajoute
du fien ; on y mêle la malignité de fes conjectures
; on porte les auditeurs à des foupçons ; on
cache fes médifances fous un certain filence affecté,
qui en laiffe p’us à penfer qu’on en auroit
pu dire , & l’on devient ainfi calomniateur quand
en apparence on étoit à peine médifant.
Les médifances les plus légères en apparence, le
font-elles par rapport à laperfonne de laquelle on
les fait ? Elle eft peut-être dans un emploi, où
le moindre doute eft un foupçon formé, 8c en