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chaque peloton vient s’encadrer entre Ton chef
& celui du peloton fubféquent.
Dans les régimens qui font ufage de la fécondé
efpèce d’encadrement , les drapeaux relient
au commandement halte à l’endroit où ils fe
trouvent. A ce même commandement les chefs
de peloton fe portent fur la nouvelle* ligne de
direction indiquée par les drapeaux : ils font
face au drapeau du bataillon Malignenfent , 8c fe
placent de manière à ce que le chef de peloton
qui les précède immédiatement, leur dérobe la
vue de celui dont ils font féparés par lui. Quand 1
cette efpèce de ligne eft formée, les chefs de
bataillon commandent fur le centre alignement ,*
à ce commandement les chefs de peloton font
front 3 & chaque peloton vient s’encadrer entre
fon chef & celui du peloton fubféquent.
De ces différens moyens , le meilleur eft fans
doute l’encadrement , & des deux manières de
le former , la dernière eft celle qui mérite la
préférence.
Le tâtonnement eft long 3 difficile, incertain $
c’eft l’enfance de l’art.
Le moyen fourni par M. de Zimmerman eft
fondé fur l’obfervation fuivante. Un bataillon eft
parfaitement aligné quand tous les, hommes du
premier rang découvrent le bras de l’officier
major, placé au centre du bataillon pour Xaligner,
Cette obfer.vation eft fure , mais la méthode
à laquelle elle a donné lieu ne l’eft pas 5
il fuffit en effet pour empêcher la bonté & la
promptitude de l’alignement , que deux ou trois
foldats du centre fe portent trop en avant j car
dès-lors d’aile du bataillon force néceflàirement
la ligne de direction , & il faut beaucoup de
tems pour remédier à ce défaut.
La première efpèce à*encadrement eft vicieufe,
en ce qu’elle occafionne une perte de tems affez
çonfidérable î en ce que les chefs- de peloton nej
peuvent s aligner eux - mêmes ; en ce qu’ étant
obligés de fortir du rang,1 ou au moins d’avancer
le haut du corps pour diriger les foldats , ils
n’offrent plus à ceux de leurs camarades qui font,
vers les ailes du bataillon des points fixes d'alignement?
La dernière efpèce d’encadrement n’ayant que
le dernier des défauts de la première, il fuffiroit
pour la rendre parfaite d’ordonner que chaque
chef de peloton entraînât avec lu i, au commandement
halte 3 le premier des hommes placés à
fa droite & à fa gauche. Comme ces hommes
font toujours pris parmjs les caporaux , les appointés,
ou les foldats les plus inftruits , comme
sis refteroient face en tête , & fe placeroient
vis-à-vis le milieu du corps des officiers qu’ils
entoureroîent, ils n’empêcheroient jamais ces offi-!
gjjprs de prendre alignement général, ils deyien-i
A l 1
droient une bafe fûre pour l’alignement de chaque
peloton. Il faudroit encore que les chefs de peloton
ne revinflent face en tête que lorfque le peloton
vers lequel ils feroienttournés feroic parfaitement
aligné. Au moyen de ces changemens, la ligne la
plus longue feroit parfaitement alignée dans un
eTpace de tems très-court : ce qui m’a fait concevoir
cette opinion , c’eft qu’on a vu quatre
bataillons s'aligner très-exa£tement dans l’efpace
de dix fécondés, en employant l’encadrement
non-perfeétionné $ ils euffent confumé , fans doute
moins de tems , s’ ils euffent fait ufage de l’encadrement
tel que je l’ai décrit.
Defirer de conferver un alignement pafait en
marchant en bataille , fur un terrein inégal 8c
difficile, c’eft former un vain defir 5 efpérer de
voir ce defir fatisfait, c’eft concevoir la plus
trompeufe de toutes les efpérances. Comme il
faut cependant fe rapprocher de la perfection
autant que cela eft pôffible , on a imaginé pour
y parvenir beaucoup de moyens différens.
Au commandement en avant, les drapeaux 8c
le premier rang de leur garde , fe portoient ea
avant Je chef de bataillon prenoit des points
de direâiôn en avant : voilà tout ce qu’ on exi-
geoit jadis. C ’étoit trop peu , fans doute , au
moins pour un bataillon de direction ; auffi la
dérnière ordonnance y a-t-elle beaucoup ajouté.
Les moyens qu’elle employé font fûrs , il faut
en convenir, mais font- ils militaires , je veux
dire praticables à la guerre ? C ’eft ce dont tout
le monde doute. Donnons une idée de eés
moyens. IL faut au moins fix perfonnes pour
jalonner ou diriger, la marche. Un chef de bataillon
, un officier directeur, un adjudant & trois
jalonneurs. Les points de direction fe prennent
& le prolongent en arrière j on en prend auffi
un en avant. Ces points de direction- établis ,
le premier rang de la garde du drapeau fe porte
en avant j il en-eft de même de deux ferre-files
des ailes du bataillon : l’adjudant & l’officier
directeur changent fouvent de place , foit pour
rectifier la direction , foit pour maintenir le bas
officier directeur , foit pour diriger les jalonneurs.
Je le répète , tous ces moyens font bons, mathématiquement
parlant, mais non militairement.
Ne devroit-on p oint, ne pourroit-on pas fc
borner aux moyens que nous allons indiquer ,
dont l’expérience a prouve la bonté. Ces moyens
ont un grand avantage, c’eft qu’ils peuvent être
mis en ufage pendant la paix comme pendant la
guerre. Ad commandèment en avant, le tambour
major fe porteroit fur Y alignement des drapeaux.,
au centre des deux bataillons 5 le chef
du bataillon de direction, après avoir donné à
fon peloton des drapeaux la direction qu’il vou-
droit lui faire fuivre , s’en éloigneroit de" huit
à dix pas vers la droite- ou vers la gauche;, &
.saligneroit lui -même, avec les drapeaux 8c le
tambour
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cambotir-majot j un fergent 'de ferre-file de l’ailé
droite, & un de l’aîle gauche de ce bataillon
fe placeroient en avant de l’aîle du bataillon , 8c
auffi à . la hauteur des drapeaux , enfin les chefs
de chaque peloton feroient un pas de douze
pouces en avant de leur troupe. Au commaa-
dement marche, tout partiroit à la fois: les drapeaux
lé tambour-major, les ferre-files des
aîlesrj & le chèfdu bataillon , fe tiendroient facilement
alignés entre eux ; les bas-officicrs du centre
du bataillons fe maintenant à fix pas des drapeaux
, maintiendroient le centre du bataillon
à la haute.ur preferite} le capitaine du premier-
peloton & Je lieutenant en fécond du dernier
en maintiendroient'les ailes à la hauteur où elles
doivent être , car ils auroient en avant d’eux
chacun un bas-officier qui les guideroitj les dix
chefs de pelqion marcheroient alignés, car ils
n’auroient entr’eux rien qui les en empêchât j
leurs pelotons les fuivroient & feroient auffi
alignés que cela eft: néceffaire $ la diftance entre
les bataillons ne feroit enfin jamais changée, !
parce que le plus petit-changement feroit àifé-
ment apperçu par. le tambour-major & les bas-
officiers des ailes des deux bataillons confécutifs.
Ces moyens, font fimples & militaires, c’eft-à-
dire praticables par-tout, même cn préfence d’un
ennemi qu’on voudroit aborder, fi tant eft qu’on
puifle aborder fur trois de haUtéur.
Quant aux bataillons qui ne feroient point
bataillons de direction , ils fe difpoferoient de la
même manière que le bataillon directeur , avec 1
cette feule différence que leurs chefs fe placeroient
du côté oppofé au bataillon de direction ,
& qu’ils ne s’occuperoient qu’à fe tenir dans la
direction du bataillon directeur, & alignés avec
lui.
Il eft encore une précaution à prendre pour
bien marcher en bataille , c’eft de nommer non-
feulement un bataillon à?alignement, mais encore
un_bataillon correfpondant. Quand on ne nomme
point dejaataillon correfpondant, le chef du bataillon
Malignement peut, fans s’en appercevoir,
fe jetter trop à droite ou trop à gauche ; il peut
de meme emporter l’aîle droite de la ligne, &
faire réfuter l’aîle gauche, ou vice versa ,* la
ligne n’ayant en effet qu’un feul point de direc-‘
non , peut tourner fur ce point comme fur un
pivot. Dès l’inftant où il y aura un bataillon
correfpondant , il fera prefque impoffible qu’il
arrive dans la direction de la ligne des variations
involontaires car elle aura deux points «détermines
} & l’on fait que. deux points fuffifent
pour fixer invariablement la.direaion d’ une ligne,
droite.. ... , • . . , , . ; ? • ;
chevaux. ) On entend par aliment h notirritur
qne 1 on prend1 pour entretenir la vie. La qualit
A n milit, Suppl, Tome IV ,
A L I p
des alimens eft donc un des objets les plus in-
téreffans pour la confervation de l ’efpèce humaine.
Il I’eft fur-tout pour des hommes / q u i ,
comme les foldats, voués à la defenfe de la pâ-
trié, n’pnt ni le tems ni les moyens de s’occuper
de cette' partie fi effentielle. Pendant la guerre
Je fôldat eft expofé plus qu’aucun autre citoyen
à une vie dure , à de grandes fatigues , à des;
bleffures. & à^ des maladies dangereuses. Pendant
la paix , il n’en a pas moins befoin d’être bien
nourri, . . . Eli - il déjà vétéran? Il eft néceffaire
qu’il; entretienne fe s forces, plus aifées à épuifer.
N eft il que novice 8c fort jeune ? fon .tempérament
a befoin de fe former, fes membres veu-
(lent prendre de l’accroiffement, fa force n’ell pas
^encore à fon terme j 8c les différentes leçons
qu’il .'reçoit pour fon inftruéfcion, les fervices 8c
les marches qu’il eft obligé de faire occasionnent
des déperditions qu’il eft effentiel de réparer.
Mais l’objet eflfentiel des alimens dépend de h
paye des troupes, 8c il n’y a pas. un militaire
qui ne fâche combien en France cette paye eft:
trop fouvent infuffifante. ( Voyeç Solde. )'•
: Cependant dans chaque Etat on doit regarder
la milice comme une nombreufe & grande famille
, divifée 8c fous-divifée en une infinité de
branches , pour la nourriture defquelles il y a
une fcience économique , dont- on devroit s’ attacher
à fuivre ftriélement les principes.
On ne fait pas affez que la confiance , 8c le courage
des foldats tiennent à leur fanté. Que pour-
roit on attendre en effet, à la guerre , d’ un homme
foible , infirme & fouffrant ? L ’expérience a
prouvé affez fouvent que nos troupes fe détrui-
fent moins par le . fer que par les maladies 5 8c
1 on ne peut pas fe cacher que la plupart des
maladies prennent leur fource dans la nourriture,
fouvent très-mauvaife , 8c prefque toujours infuffifante,
que l’on donne à nos foldats.
Cependant, en cherchant à donner aux troupes
françoifes^ une nourriture plus abondante , il
faudroit préférer celle pour laquelle on confond
meroft les;Matières les moins chères & les plus
nourriffantes pour lu i , ainfi que lés 'plus faines,
;ce-.qui femble exiger des recherches & des détails
fur la quantité , la qualité & le prix des
alimens■ que l ’on devroit donner aux troupes.
Voye^ Su bsistanc e , P a in , V ia n d e , R i z ,
V iv r e s , & ç .
Relativement aux chevaux , faute de leur don-
nef-la^'houfriruffe qui leur convient, 8c la quantité
néceffaire , on les rend poufîifs.... goufeaux...
entrepris, fujët» au , coup de ' fan g:, en un mot
expofés à toiis: les maux qui tiennent à la replé-
tion,. :
Pour éviter ces inconvéniens :
1?. Il faut régler la quantité de foin 8c d’avoi-
C