
de fon armée à être dégradés Sc à fouffrîr la
mort ; dans une autre circonftance il les condamna
à fervir fous l’enfeigne du bagage. Sous
Je bas-empire , la troupe qui la première prenoit
la fuite étoit décimée , & ceux que, le lort avoit
condamnés étoient tués, à coups de fléchés par le
relie de l’ armée. Tout homme qui fuÿoit etoit
traité comme celui qui avoit abandonné fon rang.
Sous Charlemagne & Charles le Chauve , celui
qui prenoit la fuite perdoit fon emploi , il étoit
déclaré infâme, & fon témoignage étoit nul en
juftice. Le lâche devint enfuite homme taillable
a volonté , queftable , corvéable , main-mor-
table fi méprifable enfin qu’on ne croyoit pas
pouvoir le réduire à. un état plus humiliant.
Pendant le- règne de la chevalerie , tout chevalier
qui donnoit des preuves de foibleffe voyoit
les pièces honorables de fon écu changées , diminuées
ou même retranchées *, celui qui s’étoit
montré lâche étoit exclus de la table des chevaliers
, chacun étoit en droit de venir tailler la
nappe devant lui , il ne pouvoit plus portér l’habit
de l’ordre , fon timbre , fon écu étoient tournés
à l’envers ; celui qui avoit été juridiquement
condamné étoit publiquement dégrade. Voye^
D é g r a d a t io n . Sous François Ier la lâcheté
fut punie par la mort , elle l’efl aujourd’hui par
J’ignominie , on' chafle l’homme lâche , on laifle
à Popinion publique le foin-de fa punition , mais
le lâche la craint-il.
Luxe militaire. Celui qui chez les-Grecs étalojt
le luxe dans les camps étoit puni par une augmentation
d’impôt. Sous Louis XIV les officiers
qui avoient- violé les lois portées contre le luxe
étoient condamnés à demeurer pendant une campagne
entière dans une place voifine de la frontière.
g Maraude. La maraude a été punie prefque
toujours par la mort : on l’a punie en France
par des coups de bâton. Le maréchal de Saxe
vouloit qu’on la punît différemment. Voye\ ce
mot«
Moeurs. Sous S. Louis les militaires qui man-
quoient de moeurs étoient punis par la honte.
On trouve dans le lire de Joinville l’anecdote
fui van te: Pendant que l’armée de S. Louis étoit
a Céfaire un chevalier ayant été pris dans un
mauvais lieu , on lui donna le choix entre les
deux peines fuivantes , w ou que la ribaulde avec
laquelle , il avoit été trouvé- le meneroit parmi
l’oft , -en fa chemife , une corde liée à fes géni-
toires , laquelle corde la ribaulde tiendroit d'ung
bout -, jou , s’ il ne vouloit telle chofe fouffrir ,
qu’il perdrait fon cheval , fes armeures &arnois ,
& qu’il feroit déchaffé 8c fourbany de l’oft du
roi : le chevalier eluft qu’ il aima mieux perdre
|*on.cheval & armeures, & s’en partir de Loft ».
Mutins. Les mutins & les fcditieux furent fo.us
|a première raç.e de nos rois lapidé^ par l ’armée.
Négligence dans les exercices militaires. On
puniffoit •a Rome les foldats qui fai (oient 1’exér*
cice militaire avec négligence , en les- téd ni !ant
a l’ orge 8c en ne leur rendant le-'fromen t que
lorfqu’ ils étoient inftruits & attentifs. Pourquoi
ne pouvons-nous faire ulage de cette punition ?
Il feroit bien à délirer que nos foldats puffene
craindre une punition de ce .genre.
Se rendre prifonnier de guerre. Ceux qui .chez
les Romains s’étoient rendus trop tôt étoient mis
dans une arme moins honorée que celle dans
laquelle ils fervoient , & campoient eh dehors
des retranchemens. Le gendarme qui fous François
Ier fe rendoit prifonnier de guerre avant
d’avoir perdu fon cheval .ou un bras, étoit puni,
de mort. Sous Henri II , celui qui fe rendoit
fans de grandes railbns étoit paffé par les
piques : celui qui le rend aujourd’hui fans être
réduit à la dernière, extrémité elt chaffé de fon
corps & puni plus févé rement encore par l’opinion ;
il efl déshonoré.
Ne point punir fes inférieurs. Chez les Romains
tout fupérieur qui ne puniffoit point fes inférieurs ,
ou qui ne dénonçoit point les fautes qu’ ils
. avoient faites, étoit puni par la baflonade.
Querelleurs. Les Romains puniffoient les querelleurs,
par la baftônade.
Refus de fervicé. Le refus de fervice militaire
étoit puni à Athènes comme l’abandon de fon
rang. A Sparte , le coupable perdoit le droit de
voter , d’entrer dans les temples , & d’aflifter
aux cérémonies publiques. A Syracufe comme à
Athènes -, les Thuriens les puniffoient comme les
lâches. A Rome , le citoyen qui à la fommation
du conful ne fe préfen toit point pour être enrôlé,
étoit pris par les licteurs , dépouillé & battu des
verges: quelquefois on puniffoit le coupable ,par
une amende ; quelquefois on faififfoit fes biens ;
quelquefois on le xnettûit en prifon & l’ erirôloit
par force j quand la punition confifloit en une
amende elle étoit évaluée au prix d’une brebis,
& on la payoit tous les jours tant que duroit
l’expédition. Quelquefois on faifoit couper les
arbres & ruiner les maifons des coupables ;
quelquefois on fe bornoit à enlever leurs beftiaux
&• leurs inftrumens aratoires. D’autres fois on
réduifoitle coupable à la fervitude , & ©n le faifoit
vendre comme efcîave , le coniul difoit que la
république n’avoit pas Befora. d’un citoyen qui ne
favoit point obéit -, d’autres fois on le dépoüil-
lôit de tous les privilèges de citoyen , & on le
notoit d’infamie. Sous Charlemagne , ce délit
étoit puni par une amende de foixante fols. Si le
coupable ne pouvoit payer cette amende , il
devenoit ferf du roi' jufqu’ à l’entier payement.
Philippe Augufte çonfifqua les fiefs des coupables.
' Philippe III les condamna à payer une fomme
proportionnée à leur qualité 8c a l’argent qu’ils
auraient dépende pour leurs voyages 8c leur féjpuT
à l ’armée»
§
âParmée. Charles V I les dégrada & îe s prîva de
nobleffe.
Serment militaire. Le foldat romain qui avoit
violé le ferment militaire n’étoit plus cenfé foldat,
11 en perdoit tous les droits , ceux même qui
étoient confervés aux foldats condamnés à mort
pour d’autres crimes. Ils perdoient le droit de
teftér.
Traîtres. Chez les Grecs les traîtres étoient
punis de mort , leurs biens étoient confifqués ,
& leur corps privé de fépulture fur les terres de
la républiqueÆn Perfe , ils étoient auffi punis
de mort. Chez les Germains , ils étoient. pendus
à des arbres. Sous Charles VII , on leur inter-
difit le fervice & l’ ufage des armes. SousFranço-is
premier, les chefs étoient décapités , & les
foldats enchaînés 8c condamnés aux ouvrages ‘
publics.
Transfuges. Chez les Grecs les transfuges
étoient lapidés. A Rome , ils étoient punis de
mort •, quelquefois Audi on leur coupoit la main
droite , on les vendoit comme el’claves , on les
faifoit combattre dans l’arêne contre les bêtes
féroces , on les faifoit fouler aux pieds par lçs
éléphans. Sous le Bas-empire , ils étoient ’punis
commè ceux qui avaient abandonné leur rang.
Sous lé règne de Charles V I I , ils furent ou
décapités ou pendus.; les chefs , étoient chaffés "
du fervice 8c déclarés indignes de porteries armes.
Se vanter dune action g T on n'a pas faite.
Celui qui .chez des Romains fe vantpit d’une
aélion qu’il ri’^voit pas faite., race voit la baf-
tonade &.ét,oit noté d’infamie. En un mot,
©n le traitoit comme des ypleurs.
Ville mal défendue. -Chez les Grecs le coupable
étoit purji de mort. Les Romains fai-
foîenj- décimer ;la .g,arnifon -qui s’était mpllejnent
défendue ceux qui fous Je Bas-Empire rendaient
, une ville qu’ ils auraient pu défendre ■
étoient:punis du dernier, fuppliçe. Sous François
I er on dégrada de nobleffe & pn punit de mpr-t
les -gouverneurs qui avaient rendu lâchement
une place. .Depuis cette époque .on les a tantôt
exilés», . tantôt enfermés dans des châteaux forts,
Vial. Un foldat detF.armée de l’empereur Au-
jtéüen ayant ufé de violence contre une femme,
il -le fit éearteler , en ,1e faifant attacher à deux
ibranéhes d’arbre courbées avec fouee , on a
îporté depuis contre ce crime la peine dè la
tCprde.
Vol, Le\vol étoit puni chez les Romains par 3a dégradation , mais plus fouvent par une
[peine plus forte. Tibère condamnai à mort un
foldat prétorien qui avoit volé |m pàon dans
un verger. Niger ordonna de trancher la tête
aux dix lbldats d’une chambrée pour avoir mangé
d’un coq .volé par un d’entre eux; il ne le relâcha
de ..cette rigueur que fur les prières de
Art, Milit. Suppl. Tçme IV ,
toute l’armée v 8c tout ce qu’on put obtertitî-d»,
lui fut que les dix foldats rendraient au payfan
chacun dix coqs 8c q,u’aucun d’eux ne feroit
rien cuire, 8c ne vivroit que de nourriture froide
pendant toute la campagne, On faigna an fil quelquefois
les voleurs à la tête du camp. Sous la pre_-
mière race de nos rois, on les obligea de payer
une amende triple. Lors des croifades on .oou.-o
poit les cheveux aux voleurs, on ver!oit lu-r
leur tête de la poix bouillante , on la eouvrois.
de plumes 8c on les expofoit dans çet état fur le
premier rivage. L’eftrapade fut enfuite la punition
des voleurs ; aujourd’hui c’eft la çprde,
DÉMANTELER. Démanteler une place: C’efic.
en démolir les fortifications. La guerre de Hollande
apprit à Louis XIV qu’il faut démanteler
les places qu’on prend dans le pays» ennemi ,
fi l’on ne veut point ruiner fon armée ou là.
diminuer exceflivem.ent par les garnifons -qu’ on
elt obligé d’y laiffer, & qu’on perd enfuite au
premier revers qu’on effuie.
Il faudroit en Francë démanteler toutes les
places inutiles , 8c réparer avec .foin i e man--
teau de celles que l’on jugeroit' .néçeffaire^.
DEMOISELLE. On donne ce nom à uns'
pièce de bois , .ronde , haute de trois ou quatre
pieds, 8c d’un pied de diamètre : dans fon milieu
on place des ànfes ou d e s . efpèçes de
mains : :on s’ en fert pour taffer & aplanir
les- terres des .ouvrages que l’on confirait. La
demoifelle -efl l ’ inflrument dont fe fervent les
? paveurs ; le battoir remplace la demoifelle avec
avantage. Voye[ fa defeription à Partic-le Bat-
t !o ,i r».
DÉNONCIATEUR. (Celui qui déno’nce.) Ce-
n’eft point à nous à montrer la différence qui-
exifte entre le dénonciateur public & le dénôn&
; dateur fepret, qui n’èfl qu’un délateur ; entre
celui qui nomme un coupable &: celui qui avertit
les adminiflrateufs d’un délit projeté. Ce
n’efl point ,à nous à faire voir que: dans un
Etat régi par de bonnes lois conflitucionnelles
tout citoyen doit dénoncer les hommesnqiti :ië-g
ont viplées, ou qui ont formé le .projet. déifies»,
violer ; mais nous -devons examiner fi l’o» '• doit
obliger des militaires à dénoncer leurs çamaradëâ.
coupables ; fi l’on doit délirer . qu’i'ls ' rle^ déq,
non ce rtt ; quelles font les-fautes .qu’ils doivent:
-dénoncer; fi Fon doit réçompehfer les dénonciateurs
; 8c comment an doit les récompenfer.-
On eft frappé d’un grand étonnement, Jorf-
qu’en parcourant les ordonnances militaires- frân-
çoifes , on voit que les légidateurs ont ordonné
I au foldat de dénoncer ceux de fes camarades1
qui on.t commis une faute - -, qu’ ils le puniffenfe
1 quand U ne les dénonce jo in t , .& qu’ils
î i